Basile de Séleucie

Basile de Séleucie, actif au Ve siècle, était un évêque et rhéteur chrétien, reconnu pour son éloquence et son rôle dans les débats théologiques de son époque. Il fut évêque de Séleucie en Isaurie, une région de l'actuelle Turquie, et participa activement aux controverses christologiques qui ont marqué l'Église de cette période.

Basile est surtout connu pour son implication dans le Concile d'Éphèse en 431 et le Concile de Chalcédoine en 451, où il a joué un rôle significatif dans les discussions sur la nature de Jésus Christ. Ses positions théologiques, initialement en faveur du nestorianisme, ont évolué vers un soutien de l'orthodoxie chalcédonienne, affirmant la double nature, humaine et divine, du Christ.

En tant que rhéteur, Basile de Séleucie était réputé pour son style éloquent et persuasif. Ses sermons et discours, qui traitent de divers sujets théologiques et moraux, sont caractérisés par leur richesse littéraire et leur profondeur doctrinale.

Malgré les controverses de son temps, Basile de Séleucie est resté une figure influente dans l'Église byzantine, contribuant au développement de la théologie et de la prédication chrétienne. Ses écrits offrent un aperçu précieux de la pensée et de la pratique religieuse de son époque.

Basile de Séleucie demeure une figure importante pour l'étude de l'histoire de l'Église ancienne et de la théologie patristique.

Commentaires de Basile de Séleucie

Le Créateur de l'univers, le Tout-Puissant, né de la Vierge Mère de Dieu, s'est uni à la nature humaine; il a pris une chair vraiment dotée d'une âme, et il n'a connu aucune faute : Il n'a jamais commis de péché ni proféré de mensonge (1P 2,22).

Corps très saint qui a abrité le Seigneur! C'est en Marie qu'a été annulé le constat de notre péché; c'est en elle que Dieu s'est fait homme tout en restant Dieu. Il a voulu se soumettre à cette grossesse et il s'est abaissé à naître comme nous; sans abandonner le sein du Père, il était comblé par les caresses de sa mère.

Car Dieu ne se divise pas lorsque il accomplit sa volonté; c'est même en demeurant chez tous sans division qu'il donne le salut au monde. Gabriel est venu vers la Vierge Mère sans quitter le ciel, et le Verbe de Dieu qui embrasse toutes choses, tandis qu'il s'incarne en elle, ne cesse pas d'être adoré dans le ciel.

Est-il nécessaire de faire intervenir tout ce qu'ont dit les prophètes qui ont annoncé la venue du Christ qui naîtrait de la Mère de Dieu? Quelle voix serait assez sublime pour entonner des hymnes convenant à sa dignité? De quelles fleurs lui tresserons-nous la couronne qui lui est due? Car c'est d'elle qu'a germé la fleur de Jessé (cf. Is 11,1) qui a couronné notre race de gloire et d'honneur.

Quels présents dignes d'elle lui offrirons-nous, quand tout ce qu'il y a dans le monde est indigne d'elle? Car, si saint Paul dit des autres saints: Le monde n'en était pas digne (He 11,38), que dirons-nous de la Mère de Dieu qui resplendit au-dessus de tous les martyrs autant que le soleil brille plus que les étoiles?

O virginité par laquelle les anges, d'abord éloignés du genre humain, se réjouissent avec raison d'être mis au service des hommes! Et Gabriel exulte d'être chargé d'annoncer la conception divine. C'est pourquoi il ouvre son message de salut en invoquant la joie et la grâce: Réjouis-toi, comblée de grâce (Lc 1,28), prends un visage joyeux. Car c'est de toi que va naître la joie de tous, avec celui qui, après avoir détruit la puissance de la mort et avoir donné à tous l'espérance de ressusciter, nous délivrera de l'antique malédiction.

L'Emmanuel s'est donc produit dans ce monde qu'il avait créé jadis, en apparaissant comme un nouveau-né, lui qui était Dieu avant l'éternité; couché dans une mangeoire, exclu de la salle commune, alors qu'il venait préparer les demeures éternelles. Confiné dans une grotte et signalé par l'étoile, comblé de cadeaux par les mages et payant la rançon du péché, porté dans les bras de Syméon et embrassant l'univers par l'étendue de sa puissance divine, vu comme un nourrisson par les bergers et reconnu comme Dieu par l'armée des anges qui chantaient sa gloire dans le ciel, la paix sur la terre, la bienveillance de Dieu envers les hommes (Lc 2,14).

Tout cela, la sainte Mère du Seigneur de l'univers le méditait dans son coeur (Lc 2,19 Lc 2,51), dit l'évangile. Elle se réjouit intérieurement de cette accumulation de merveilles, en même temps qu'elle est bouleversée par la grandeur de son Fils qui est Dieu, grandeur qu'elle perçoit par les yeux de l'âme. Comme elle restait à contempler l'enfant divin, entraînée, comme je le crois, par des élans pleins de respect, elle était seule à converser avec le seul.

André, le plus illustre des Apôtres, est touché par les paroles du Baptiste. Quittant son maître, il court vers celui qu'il lui désigne: ses paroles lui sont parvenues comme un signal, et il gagne même de vitesse la langue de Jean. Signe évident de son amour, il accourt vers le Seigneur, emmenant avec lui l'évangéliste Jean. Laissant là le flambeau, tous deux s'élancent vers le soleil.

André a été la première plantation du Seigneur. C'est lui qui ouvrit la porte à l'enseignement du Christ. Le premier, il récolta les fruits de la terre cultivée par les prophètes. Le premier, il embrassa celui que tous attendaient, devançant ainsi l'espérance de tous. Le premier, il montra que les commandements de la Loi étaient arrivés à leur terme.

Le premier, il mit un frein à la langue de Moïse, et il ne la laissa plus parler après la venue du Christ. On ne l'en blâma pas, et il ne jeta pas le blâme sur celui qui avait été le guide des Juifs, mais, avant l'envoyé, il honora celui qui l'avait envoyé. Qui plus est, il se montra le premier à honorer Moïse, en étant le premier à reconnaître celui que Moïse avait annoncé: Le Seigneur notre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète tel que moi: écoutez-le (Dt 18,15). André, pour obéir à la Loi, l'a rejetée. Il a entendu la parole de Moïse: Ecoutez-le.

Ayant entendu Jean proclamer: Voici l'Agneau de Dieu (Jn 1,37), il va spontanément vers celui qu'il lui désigne. L'ayant trouvé, et ayant reconnu en lui le prophète annoncé, il lui amène son frère. A Pierre, qui ne le connaît pas encore, il révèle le trésor: "Nous avons trouvé le Messie (Jn 1,41), celui dont nous désirions la venue. <> Oh! Nous qui avons veillé durant tant de nuits près des eaux du Jourdain, nous venons de trouver celui que nous désirions."

Dès qu'André a fini de parler, Pierre, son frère, qui l'a écouté attentivement, part en toute hâte, plein d'enthousiasme. En amenant Pierre au Seigneur, André fait de son frère un disciple comme lui. C'est la première bonne chose à mettre à son actif: il a augmenté le nombre des Apôtres, il a présenté Pierre au Christ, si bien que Jésus trouvera en lui le guide de ses disciples.

C'est donc André qui aura semé en Pierre tout le bien qui, par la suite, sera porté au crédit de celui-ci. La louange adressée à l'un rejaillit également sur l'autre, car les vertus de l'un appartiennent aussi à l'autre, et chacun se glorifie des mérites de l'autre.

Vraiment, quelle joie Pierre ne procurera-t-il pas à tous les disciples quand il rompit leur silence embarrassé en répondant sans retard à la question du Seigneur! <> Pierre seul prononça ces paroles: Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant (Mt 16,16)! Il parlait au nom de tous, comme s'il était la langue de ceux dont Jésus attendait une réponse, ou comme si eux tous s'exprimaient par lui. En une seule phrase, il proclama le Sauveur et son plan de salut.

Oh! Que cette proclamation s'accorde bien avec celle d'André! Pour approuver les paroles qu'André avait dites à Pierre lorsqu'il l'avait conduit au Christ, le Père céleste les a aussi inspirées à Pierre.

Le Pasteur se fait égorger pour son troupeau, comme s'il était une brebis. Il n'a pas refusé la mort, il n'a pas anéanti ses bourreaux comme il en avait le pouvoir, car sa Passion ne lui a pas été imposée. C'est en toute liberté qu'il a donné sa vie pour ses brebis. J'ai le pouvoir de donner ma vie, et le pouvoir de la reprendre (Jn 10,18). Par sa passion il expiait nos passions mauvaises; par sa mort il guérissait notre mort; par son tombeau il anéantit le tombeau; par les clous de sa croix il ruinait jusqu'aux fondements de l'enfer.

La mort a gardé son empire jusqu'à la mort du Christ. Les tombeaux sont restés écrasants, notre prison indestructible, jusqu'à ce que le Pasteur y descende pour annoncer aux brebis qui s'y trouvaient enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. Son apparition au milieu d'elles leur donnait la garantie de leur appel à une vie nouvelle. Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis, et c'est ainsi qu'il cherche à s'attirer leur amour. Or, on aime le Christ si l'on écoute attentivement sa voix.

Le pasteur sait bien séparer les chèvres des brebis. Selon l'Évangéliste, toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres: il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux, qui seront à sa droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde (Mt 25,32-34).

Qu'avaient-ils donc fait pour mériter cette invitation? J'avais faim, et vous m'avez donné à manger; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli (Mt 25,35). Ce que vous avez donné aux miens, c'est moi qui vous le revaudrai. C'est par eux que moi je suis nu, étranger, errant et pauvre. C'est à eux que l'on donne, c'est moi qui suis reconnaissant. C'est moi qui suis dans la peine quand ils vous supplient.

Gagne le juge à ta cause par tes présents, avant que vienne le procès. Donne-lui une raison d'être indulgent, donne-lui matière à pardonner. Ne nous préparons pas cette sentence sévère: Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel, préparé pour le démon et ses anges. Quels sont donc ces crimes qui nous feraient condamner avec le démon! J'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé (Mt 25,41-43).

Qui donc est passé à côté de son Pasteur, qu'il voyait affamé? Qui a méprisé, en le voyant nu, celui qui sera bientôt son juge? Qui va condamner à la soif le juge de l'univers? Le Christ se laissera gagner par les services et les présents des pauvres, il dispensera d'un long supplice en récompense d'un petit présent. Éteignons le feu par notre miséricorde. Soyons compatissants envers les autres, faisons-leur grâce comme Dieu nous a fait grâce dans le Christ. A lui gloire et puissance pour les siècles des siècles.