Saint Bède le Vénérable

Bède le Vénérable, un moine et érudit anglais, est une figure emblématique du début du Moyen Âge. Né vers 673 près de Sunderland, dans le royaume de Northumbrie, Bède passa la majeure partie de sa vie au monastère de Saint-Pierre à Wearmouth et à son abbaye jumelle, Saint-Paul à Jarrow.

Bède était un moine dévoué ainsi qu'un érudit prolifique. Il s'est distingué dans de nombreux domaines du savoir, notamment la théologie, l'histoire, la chronologie et la science. Son œuvre la plus célèbre, "Histoire ecclésiastique du peuple anglais", reste une source cruciale pour la compréhension de l'Angleterre au début du Moyen Âge et a établi Bède comme l'un des premiers véritables historiens de l'Angleterre.

En plus de ses travaux historiques, Bède a écrit de nombreux traités théologiques, des commentaires bibliques, des poèmes et des œuvres sur des sujets scientifiques, comme les phénomènes naturels et le calcul du temps. Ses écrits démontrent une érudition vaste et profonde et reflètent son engagement envers la foi chrétienne et la quête de la connaissance.

Bède est également connu pour son travail en tant que traducteur. Il a contribué à la traduction des Écritures et d'autres textes du latin en vieil anglais, rendant ces œuvres accessibles à un public plus large de l'époque.

Reconnu pour sa piété et son érudition, Bède fut surnommé "le Vénérable" de son vivant. Il mourut le 26 mai 735 et fut enterré au monastère de Jarrow. Sa vie et son œuvre ont eu une influence durable sur l'église chrétienne et l'éducation, et il continue d'être vénéré comme saint dans plusieurs confessions chrétiennes.

L'héritage de Bède le Vénérable réside dans sa capacité à combiner la foi et la raison, et dans sa contribution significative à l'histoire, à la théologie et aux sciences. Sa vie dédiée à l'étude et à l'enseignement fait de lui un exemple inspirant pour les érudits et les croyants.

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L'évangéliste Matthieu, avec peu de mots, mais pleins de vérité, rapporte la naissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, par laquelle, étant fils éternel de Dieu avant les siècles, il est apparu dans le temps comme un fils d'homme. Il avait rappelé les générations de ses ancêtres, depuis Abraham jusqu'à Joseph, l'époux de Marie. Et certes, il convenait de toute façon que Dieu, puisqu'il voulait devenir homme par amour pour les hommes, ne naquît pas d'une autre que d'une vierge et que, lorsqu'il arriverait qu'une vierge enfantât, elle ne put procréer un autre fils que Dieu lui-même: Voici, dit le prophète, la Vierge portera et enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, nom qui se traduit: Dieu avec nous (Is 7,14).

Le nom de Sauveur "Dieu-avec-nous", donné par le prophète, signifie les deux natures de son unique personne. En effet, celui qui est Dieu, né du Père avant tous les siècles, c'est lui-même qui est Emmanuel à la fin des temps, c'est-à-dire Dieu avec nous. Il l'est devenu dans le sein de sa mère, parce qu'il a daigné accepter la fragilité de notre nature dans l'unité de sa personne, quand le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous (Jn 1,14). C'est-à-dire qu'il a commencé d'une manière admirable à être ce que nous sommes, sans cesser d'être ce qu'il était, en assumant notre nature, de façon à ne pas perdre ce qu'il était en lui-même.

Marie mit donc au monde son fils premier-né (Lc 2,7), c'est-à-dire le fils de sa substance; elle enfanta celui qui, avant toute créature, était Dieu, né de Dieu, et qui, dans l'humanité où il était créé, devançait en mérite toute créature.

Et elle lui donna le nom de Jésus (cf. Lc 2,21). Donc, le nom de Jésus est celui du fils qui, né de la Vierge, signifie selon l'explication de l'ange qu'il sauvera son peuple de ses péchés. Or, celui qui sauve des péchés, c'est évidemment lui aussi qui sauvera des corruptions de l'âme et du corps, qui sont les suites du péché.

Quant au nom du Christ, c'est le titre d'une dignité sacerdotale et royale. Car les prêtres et les rois, sous la loi ancienne, étaient appelés Christs à cause de la chrismation. Cette onction d'huile sainte préfigurait celui qui, en venant dans le monde comme vrai roi et pontife, a été consacré d'une onction de joie, comme aucun de ses semblables (Ps 44,8). A cause de cette onction ou chrismation, le Christ en personne et ceux qui participent à la même onction, c'est-à-dire à la grâce spirituelle, sont appelés "chrétiens".

Du fait qu'il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés; du fait qu'il est pontife, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père; du fait qu'il est roi, qu'il daigne nous donner le royaume éternel de son Père, Jésus Christ notre Seigneur qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Comme ils entendaient les paroles des prophètes dans un sens char nel, ils n'observaient ce précepte que Dieu donne par Isaïe: «Lavez-vous et soyez purs» qu'en lavant leurs corps, et ils avaient donc établi qu'on ne pouvait manger qu'après s'être lavé les mains.

Le Seigneur a donc retrouvé la brebis perdue, quand il eut accompli l'oeuvre de la réparation de l'homme, et il y a dans le ciel une joie bien plus grande pour cette seule brebis qui est retrouvée, que pour les quatre-vingt dix-neuf autres. En effet, la réparation du genre humain donne beaucoup plus de gloire à Dieu que la création des anges; car, si la création des anges est une oeuvre admirable de la puissance de Dieu, la rédemption des hommes est bien plus admirable encore.

Ou bien encore, les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont laissées sur la montagne, sont les orgueilleux auxquels il manque l'unité pour arriver à la perfection désignée par le nombre cent. Lorsque le Sauveur aura retrouvé le pécheur qui s'égarait, il se réjouira donc davantage, c'est-à-dire qu'il fera éprouver aux siens plus de joie de cette conversion, que de la prétendue persévérance des faux justes.

Remarquez le zèle toujours croissant de cet ouvrier infatigable, il retourne le matin à la ville pour y prêcher de nouveau, et gagner quelques âmes à son Père.

Ou bien dans un autre sens, ce que dit S. Matthieu, que les femmes vinrent au tombeau le soir du sabbat, lorsque le premier jour de la semaine commençait à peine à luire, doit s'entendre en ce sens qu'elles se disposèrent à partir le soir, mais qu'elles n'arrivèrent au tombeau qu'à l'aurore du premier jour de la semaine; c'est-à-dire qu'elles préparèrent, le soir, les parfums dont elles voulaient embaumer le corps du Seigneur, mais elles ne portèrent au tombeau, que le matin, ces parfums préparés de la veille. S. Matthieu, voulant abréger, s'est exprimé ici d'une manière plus obscure, mais les autres Évangélistes ont rapporté plus clairement les faits dans l'ordre où ils se sont passés. Lorsque le Seigneur fut enseveli le sixième jour, les saintes femmes quittè rent le tombeau et préparèrent les parfums et les aromates, alors qu'il leur était permis de le faire, elles suspendirent leur travail le jour du sabbat pour obéir aux prescriptions de la loi, comme sai nt Luc le dit en propres termes. Mais lorsque le jour du sabbat fut passé, et que le retour de la nuit leur permit de reprendre leur travail, pleines d'une tendre charité, elles se hâtè rent d'acheter les parfums qu'elles n'avaient pas eu le temps de préparer entièrement, comme le rapporte saint Marc, pour venir embaumer Jésus, et c'est de grand matin qu'elles arrivent au tombeau.

Depuis le commencement du monde jusque là, la marche naturelle du temps était que le jour précédât la nuit, parce que l'homme, ayant perdu par son péché la lumière du paradis, était tombé dans les ténèbres et dans les douleurs de ce monde. Mais mainte nant par une raison pleine de sagesse, le jour vient après la nuit; car, par la foi en la résurrection, nous passons des ténèbres du péché et de l'ombre de la mort à la lumière de la vie par l'effet de la grâce de Jésus-Christ.

La terre tremble, lorsque le Seigneur ressuscite du tombeau, comme elle a tremblé lorsqu'il était mort sur la croix, et nous annonce qu'il faut que les coeurs des hommes, pour se convertir, soient pénétrés d'une crainte salutaire par la foi que nous devons avoir d'abord en sa passion, puis en sa résurrection.

Jésus-Christ étant tout à la fois Dieu et homme, jamais le ministère et le service des anges, auquel il avait droit comme Dieu, ne lui a fait défaut dans le cours de sa vie mortelle: «Il s'approcha, et renversa la pierre», non pas pour ouvrir un passage par où le Seigneur put sortir du tombeau, mais prouver, au contraire, qu'il en était déjà sorti; car celui qui a pu venir au monde sans ouvrir par sa naissance le sein d'une vierge, a bien pu, en ressuscitant à une vie immort elle, sortir du monde en laissant fermé le tombeau qu'il quittait.

L'ange qui est venu annoncer au monde l'avènement du Seigneur se tint debout avec raison, déclarant par cette attitude que le Seigneur était venu pour combat tre le prince de ce monde, tandis que le héraut de la résurrection nous est représenté assis, pour marquer que le Sauveur était monté sur son trône éternel après avoir triomphé de l'auteur de la mort. Il était assis sur la pierre renversée, qui fermait précédemment l'entrée du sépulcre, pour nous apprendre qu'il avait fait tomber par sa puissance les portes de l'enfer.

C'est avec raison que le Seigneur apparaît à ses disciples dans la Galilée, lui qui avait déjà passé de la mort à la vie, de la corruption à l'incorruptibilité, car le mot Galilée signifie transmigration. Heureuses femmes, qui méritèrent d'annoncer au monde le triomphe de la résurrection. Plus heureuses encore les âmes qui, au jour du jugement, mériteront d'entrer dans la joie de la bienheureuse résurrection, tandis que les méchants seront saisis d'épouvante.

Après nous avoir rapporté comment l'ange vint annoncer la résurrection du Sauveur, saint Mathieu raconte comment le Seigneur se manifesta à ses disciples: «Or, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se ren dre», car, lorsqu'il se dirigeait vers le lieu de sa mort, il avait dit à ses disciples «Après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée» ( Mt 26 Mc 14). L'ange avait dit aussi aux femmes: «Annoncez à ses disciples qu'il vous précédera en Galilée». C'est donc à un ordre de leur divin Maître que les disciples obéissent. L'Évangéliste ne compte avec raison que onze disciples qui vont pour adorer Jésus, car un d'eux avait péri, celui qui avait trahi son Seigneur et son Maître.

Lui qui, avant sa passion, leur avait dit: «Vous n'irez point dans la voie des nations», ( Mt 10) leur dit lorsqu'il est ressuscité des morts: «Allez, instruisez tous les peuples». Que les Juifs soient donc confondus, eux qui prétendent que le Christ ne viendra seulement que pour le salut de leur nation. Que les donatistes rougis sent, eux qui voulant renfermer Jésus-Christ dans un espace déterminé, ont osé dire qu'il n'était que dans l'Afrique, à l'exclusion des autres contrées de la terre.

Mais comment le Sauveur a-t-il pu dire: «Voici que je suis avec vous», alors qu'il dit dans un autre endroit: «Je m'en vais vers celui qui m'a envoyé ?» C'est que les attributs de la nature divine sont différents des propriétés de la nature humaine. Le Sauveur ira vers son Père par son humanité, et il restera avec ses disciples dans cette nature divine qui le rend l'égal de son Père. Dans ces paroles: «Jusqu'à la consommation des siècles», il emploie le fini pour signifier l'infini, car il est évi dent que celui qui reste dans le siècle présent avec les élus, pour les protéger, demeurera éter nellement avec eux après la fin du monde, pour les récompenser.

Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné (Mc 6,30). Les Apôtres ne sont pas seuls lorsqu'ils rapportent au Seigneur ce qu'ils ont fait et enseigné, mais ses disciples et ceux de Jean Baptiste viennent aussi lui annoncer ce que Jean a souffert pendant que les Apôtres enseignaient. <> Et il leur dit: Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. <> Pour faire comprendre combien il était nécessaire d'accorder du repos aux disciples, l'évangéliste poursuit en disant: De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger (Mc 6,31) La fatigue de ceux qui enseignaient, ainsi que l'ardeur de ceux qui s'instruisaient, montrent bien ici comme on était heureux en ce temps-là.

Plût au ciel qu'il en fût de même encore à notre époque, qu'un grand concours de fidèles se pressât autour des ministres de la Parole pour les entendre, sans même leur laisser le temps de reprendre des forces! Car lorsqu'ils manquent du temps nécessaire pour prendre soin d'eux-mêmes, ils ont encore moins la possibilité de s'abandonner aux séductions de l'âme et du corps. Ou plutôt, du fait que l'on réclame d'eux à temps et à contretemps la parole de foi et le ministère du salut, ils brûlent du désir de méditer les pensées célestes et de les mettre sans cesse en pratique, de sorte que leurs actes ne démentent pas leurs enseignements.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart (Mc 6,32). Les disciples ne montèrent pas seuls dans la barque, mais ils prirent avec eux le Seigneur et gagnèrent un endroit désert, comme l'évangéliste Matthieu l'indique clairement. Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux (Mc 6,33). En disant qu'ils partirent à pied et arrivèrent avant eux, l'évangéliste laisse entendre que les disciples et le Seigneur n'ont pas navigué jusqu'à l'autre rive de la mer de Galilée ou du Jourdain, mais qu'après avoir traversé en barque un bras de mer ou une crique, ils sont parvenus à un endroit proche, situé dans la même région, et que les gens du pays pouvaient aussi gagner à pied.

En débarquant, Jésus vit une foule nombreuse, et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les instruire longuement (Mc 6,34). Matthieu donne plus d'explications sur la manière dont Jésus eut pitié d'eux, quand il dit: Et il en eut pitié, et il guérit leurs infirmes (Mt 14,14). Car avoir pitié des pauvres et de ceux qui n'ont pas de berger, c'est précisément leur ouvrir le chemin de la vérité en les instruisant, faire disparaître leurs infirmités physiques en les soignant, mais aussi les nourrir quand ils ont faim, et les encourager ainsi à louer la générosité divine. C'est ce que Jésus a fait, comme nous le rappelle encore la suite de cet évangile.

Il a en outre mis à l'épreuve la foi de la foule, et l'ayant éprouvée, lui a donné en retour une récompense proportionnée. Il a gagné en effet un endroit isolé pour voir si les gens auraient soin de les suivre. Eux l'ont suivi. Ils ont pris en toute hâte la route du désert, non sur des ânes ou des véhicules de tout genre, mais à pied, et ils ont montré, par cet effort personnel, quel grand soin ils avaient de leur salut.

En retour, Jésus a accueilli ces gens fatigués. Comme sauveur et médecin plein de puissance et de bonté, il a instruit les ignorants, guéri les malades et nourri les affamés, manifestant ainsi quelle grande joie lui procure l'amour des croyants.

Frères très chers, l'évangile qui est lu aujourd'hui met en valeur la naissance de notre salut. En effet, il nous raconte l'envoi par Dieu d'un ange du ciel chargé d'annoncer à la Vierge la naissance inouïe, dans la chair, du Fils de Dieu, par lequel nous pourrions rejeter notre vieillerie coupable, et être renouvelés au point d'être comptés parmi les fils de Dieu. Donc, pour que nous puissions obtenir les dons du salut promis, écoutons d'une oreille attentive le récit de son origine.

L'ange Gabriel, dit l'évangile, fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie (Lc 1,26-27).

Ce qui est dit de la maison de David ne concerne pas seulement Joseph, mais aussi Marie. Car la Loi prescrivait que chacun devait épouser une femme de sa tribu et de sa famille, au témoignage de l'Apôtre, qui écrit à Timothee: Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David: il est ressuscité d'entre les morts, voilà mon évangile (2Tm 2,8). Le Seigneur est véritablement issu de la descendance de David parce que sa mère vierge a réellement pris naissance de la souche de David. L'ange entra chez elle et dit: Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (Lc 1,30-32).

Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d'Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi, en obéissant aux ordres du Seigneur et en bénéficiant de son secours. Donc le Seigneur a donné à notre Rédempteur le trône de David son père, quand il décida de le faire s'incarner dans la race de David. Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l'entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel dont l'Apôtre dit: Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entr er dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1,13).

Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob (Lc 1,33). La maison de Jacob désigne l'Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des Patriarches, soit chez ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit chez ceux qui, nés charnellement d'une autre nation, sont renés dans le Christ, par le baptême dans l'Esprit.

C'est sur cette maison de Jacob qu'il régnera éternellement: et son règne n'aura pas de fin (Lc 1,33). Oui, il règne sur elle dans la vie présente, lorsqu'il gouverne le coeur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste; il règne dans l'avenir, lorsque, une fois achevé l'état de l'exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu'ils n'ont rien à faire d'autre que de chanter ses louanges.

Le récit sacré lu dans l'évangile nous présente la naissance du précurseur du Seigneur dans le resplendissement de miracles sublimes. Car il convenait, en vérité, que, dès sa naissance, celui que nul n'a dépassé parmi les hommes, brille plus que tous les autres saints de l'éclat de ses vertus.

Ses parents, âgés et restés longtemps sans enfant, se réjouissent vivement qu'un fils si glorieux leur soit donné. Son père, frappé de mutisme à cause de son incrédulité, sent ses lèvres et sa langue se délier pour saluer le héraut de la grâce nouvelle. Non seulement la faculté de bénir Dieu lui est rendue, mais sa capacité de prophétiser sur Dieu en est encore accrue. La rumeur en parvient à tous les voisins qui restent frappés d'étonnement et de crainte et, tout autour, ceux qui ont appris la nouvelle préparent leurs coeurs à la venue du nouveau prophète.

Alors que la sainte Église célèbre partout dans le monde les victoires qui ont valu à tant de saints martyrs d'entrer dans le Royaume des cieux, exceptionnellement, pour les raisons que j'ai dites, elle a accoutumé, à juste titre, de célébrer aussi, outre la naissance du Seigneur, celle de Jean Baptiste. Nous devons croire que cet usage ne s'est certainement pas répandu sans l'autorité de l'Évangile, et nous devons avoir très présents à l'esprit les faits suivants. A la naissance du Seigneur, l'ange apparut aux bergers et dit: Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple: Aujourd'hui nous est né un Sauveur. Il est le Messie, le Seigneur (Lc 2,10-11). De la même manière, un ange a annoncé ainsi à Zacharie la naissance de Jean: Tu seras dans la joie et l'allégresse, beaucoup d'hommes se réjouiront de sa naissance, car il sera grand devant le Seigneur (Lc 1,14-15).

A juste titre, la naissance de l'un et de l'autre est célébrée par des liturgies solennelles. Mais dans celle-là la bonne nouvelle est annoncée à tout le peuple pour qu'il se réjouisse comme à la naissance du Seigneur, du Sauveur du monde, du Fils du Dieu tout-puissant et du soleil de justice. Tandis que cette célébration-ci rappelle à beaucoup qu'ils ont à se réjouir comme à la naissance du précurseur du Seigneur et d'un incomparable serviteur de Dieu, comme à l'apparition d'une lampe allumée et brillante.

Jean a marché devant le Seigneur avec l'esprit et la puissance d'Élie (cf. Lc 1,17) pour baptiser dans l'eau le peuple du Seigneur et lui apprendre à bien se disposer pour accueillir le Seigneur lors de sa venue.

Que la naissance de Jean soit commémorée quand les jours diminuent, et celle du Seigneur lorsqu'ils commencent à augmenter, comporte une signification symbolique. Jean, en effet, a lui-même révélé le secret de cette différence. Les foules le prenaient pour le Messie en raison de ses vertus éminentes, tandis que certains considéraient le Seigneur non comme le Messie mais comme un prophète, à cause de la faiblesse de sa condition corporelle. Et Jean dit: Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse (Jn 3,30). Le Seigneur a vraiment grandi car, alors qu'on le regardait comme un prophète, il a fait connaître aux croyants du monde entier qu'il était le Messie. Jean a décru et diminué car lui qu'on prenait pour le Messie est apparu non comme le Messie, mais comme l'annonciateur du Messie.

Il est donc normal que la clarté du jour commence à diminuer à partir de la naissance de Jean, puisque la réputation de sa divinité allait s'évanouir et son baptême bientôt disparaître. Il est également normal que la clarté des jours les plus courts recommence à grandir dès la naissance du Seigneur: il est, en vérité, venu sur terre pour révéler à tous les païens la lumière de sa connaissance dont, auparavant, les Juifs seuls possédaient une partie, et pour répandre partout dans le monde le feu de son amour.

La lecture du saint Évangile qu'on vient de proclamer, frères très chers, est limpide et n'a pas besoin que nous y ajoutions un commentaire. Elle englobe le bas âge et l'enfance de notre Rédempteur, par lequel il a daigné se faire participant de notre humanité; et elle rappelle l'éternité de la Majesté divine, par laquelle il est demeuré et demeure toujours égal au Père. C'est afin que nous-mêmes, rappelant à notre souvenir l'abaissement de l'Incarnation, nous nous efforcions de lutter contre toutes les blessures du péché en les guérissant par une sincère humilité. Nous qui sommes poussière et cendre, nous devrions toujours nous rappeler affectueusement combien, pour reconnaître l'amour divin aussi bien que pour assurer notre salut, nous devons nous humilier, puisque cette puissance souveraine n'a pas dédaigné de s'abaisser pour nous, au point de rejoindre les derniers degrés de notre faiblesse.

Que Jésus lui-même, à douze ans, soit assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant, c'est un témoignage de son humilité d'homme, et en outre un exemple éclatant qui nous enseigne à pratiquer cette vertu.

Ce que dit le Seigneur assis dans le Temple: C'est chez mon Père que je dois être (Lc 2,50), met en lumière que sa puissance et sa gloire sont coéternelles à celles du Père. Mais que, revenant à Nazareth, il était soumis (Lc 2,51) à ses parents, c'est à la fois un indice de vérité et un exemple d'humilité. Car il était soumis aux hommes selon cette nature qui le rend "inférieur au Père" (cf. Jn 14,28).

Et sa mère, dit l'Évangile, retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur (Lc 2,19 Lc 2,51). Toutes les paroles dites au sujet du Seigneur, toutes les actions accomplies par lui, la Vierge Mère les gardait attentivement dans son coeur et les confiait soigneusement à sa mémoire.

Frères très chers, si nous désirons, dans la béatitude du siècle futur, habiter la maison du Seigneur pour le louer éternellement, il faut sans nul doute, dès ce siècle, montrer activement par avance ce que nous cherchons pour ce siècle futur. Il faut visiter les églises, non seulement en y chantant les louanges du Seigneur, mais encore en montrant, aussi bien par nos actes que par nos paroles, ce qui contribue à la louange et à la gloire de notre Créateur sur toute l'étendue de so n empire (Ps 102,22).

Après avoir dit que Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce, on a bien fait d'ajouter: sous le regard de Dieu et des hommes (Lc 2,52), parce que, en révélant aux hommes, avec les progrès en taille et en âge, les dons de sagesse et de grâce qui étaient en lui, il n'avait pas d'autre souci que de les exciter sans cesse à louer Dieu le Père. Ainsi accomplissait-il lui-même ce qu'il avait prescrit aux autres de faire: Que votre lumière brille devant les hommes: alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5,16).

Notre Seigneur et Sauveur désire que nous parvenions aux joies du Royaume céleste. Il nous a appris à le prier lui-même afin de les obtenir, et il a promis qu'il nous les donnerait si nous les lui demandions. Demandez, dit-il, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte (Lc 11,9).

Frères bien-aimés, il nous faut méditer sérieusement et très attentivement ces paroles du Seigneur. Il affirme en effet que le Royaume n'appartiendra pas aux inactifs et aux désoeuvrés, mais qu'il sera donné, manifesté et ouvert à ceux qui demandent, "cherchent et frappent. Nous devons donc demander dans notre prière que la porte du Royaume nous soit ouverte, la chercher par notre vie droite et y frapper par notre persévérance. Car il ne suffit pas de prier uniquement en paroles, il nous faut encore chercher avec beaucoup de soin de quelle manière nous devons vivre pour être dignes d'obtenir ce que nous demandons. Il déclare lui-même: Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux (Mt 7,21).

Voilà pourquoi, mes frères, il nous faut faire des demandes pressantes et des prières incessantes. Prosternons-nous devant Dieu, versons des larmes en présence du Seigneur qui nous a faits (cf. Ps 94,6). Et pour mériter d'êtres exaucés, examinons soigneusement comment celui qui nous a faits veut que nous vivions, et ce qu'il nous a ordonné de faire. Cherchons le Seigneur et sa puissance, recherchons sans trêve sa face (cf. Ps 104,4). Et pour mériter de le trouver et de le voir, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit (2Co 7,1), car, au jour de la résurrection, seuls ceux qui auront gardé leur corps chaste monteront au ciel, et seuls ceux qui auront le coeur pur contempleront la gloire de la majesté divine.

Et si nous désirons savoir ce que le Seigneur veut que nous demandions, écoutons cette parole de l'Évangile: Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6,33). Or, chercher le Royaume de Dieu et sa justice, c'est désirer les dons de la patrie céleste et s'employer sans cesse à découvrir par quelles saintes actions nous devons les obtenir. Craignons que, si nous venions à nous écarter du chemin qui y mène, nous ne puissions jamais parvenir au but auquel nous tendons.

Les biens que nous devons donc demander à Dieu en premier lieu, et la justice de son Royaume que nous devons chercher par-dessus tout, ce sont la foi, l'espérance et la charité. Il est écrit en effet: Le juste vit de la foi (Ga 3,11); la grâce du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui (Ps 31,10); et l'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour (Rm 13,10), car toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Ga 5,14).

Aussi le Seigneur fait-il cette promesse pleine de bonté: Le Père céleste donnera l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11,13). Il veut certainement nous faire comprendre comment les hommes, qui sont naturellement mauvais, peuvent devenir bons en accueillant la grâce de l'Esprit Saint. Il promet que le Père donnera l'Esprit Saint à ceux qui le demandent, parce que la foi, l'espérance et la charité, comme tous les autres biens célestes que nous désirons obtenir, nous sont accordés uniquement par la grâce de l'Esprit Saint.

Mes frères bien-aimés, poursuivons notre marche sur les pas du Seigneur, autant que nous le pouvons, et prions Dieu le Père de nous conduire par la grâce de son Esprit sur le chemin de la foi droite qui produit son effet par l'amour. Et pour mériter d'obtenir les biens que nous désirons, appliquons-nous à n'être pas indignes d'un Père si grand. Bien plus, gardons toujours intact, dans une âme et un corps purs, le sacrement de notre renaissance baptismale qui a fait de nous des fils de Dieu. Si nous observons, en effet, les commandements de notre Père, le Très-Haut, il nous donnera certainement en récompense l'éternelle bénédiction que, depuis le commencement, il nous a réservée comme part d'héritage. Par Jésus Christ notre Seigneur qui vit et règne avec lui, Dieu dans l'unité du Saint-Esprit, pour tous les siècles des siècles. Amen.

Ce tombeau était taillé dans le roc, car s'il avait été construit de plusieurs pierres assemblées, on aurait accusé ses disciples d'en avoir soulevé les fondements pour enlever le corps de leur maître. Il est déposé dans un tombeau neuf, comme le fait remarquer l'Évangéliste: «Dans lequel personne n'avait encore été mis», car s'il était resté d'autres corps dans ce sépulcre, après la résurrection on aurait pu croire que c'était un autre que Jésus qui était ressuscité. C'est le sixième jour que l'homme avait été créé, c'est aussi le sixième jour que le Seigneur fut crucifié pour accomplir le mystère de la réparation du genre humain: «Or, c'était le jour de la préparation»; c'est le nom que les Juifs donnaient au sixième jour, parce qu'ils préparaient ce jour-là tout ce qui était nécessaire pour le jour du sabbat. De même aussi que le créateur s'est reposé de son oeuvre le septième jour, ainsi le Sauveur s'est reposé dans le sépulcre le septième jour: «Et le jour du sabbat allait commencer». Nous avons vu plus haut que tous ceux qui étaient de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l'avaient suivi se tenaient à l'écart. Lors donc que le corps de Jésus eut été détaché de la croix, les amis du Sauveur s'en retournèrent chez eux; et les femmes seules qui l'aimaient plus tendrement, suivirent ses funérailles, dans le désir qu'elles avaient de voir où son corps serait déposé. «Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, virent le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été déposé»,afin de pouvoir lui offrir en temps opportun l'hommage de leur pieuse affection.

Notre-Seigneur a voulu être crucifié le sixième jour, et se reposer le septième jour dans le sépulcre, pour nous apprendre que pendant le sixième âge du monde, nous devons souffrir et être crucifié au monde pour le Seigneur. ( Ga 6, 14). Mais au septième âge, c'est-à-dire après la mort, les corps reposent dans les tombeaux et les âmes dans le sein de Dieu. Aujourd'hui encore, il y a de saintes femmes, c'est-à-dire des âmes vraiment humbles et embrasés d'amour qui suivent avec un pieux empressement la passion de Jésus-Christ, et qui, afin d'en faire l'objet de leur imitation, méditent avec soin l'ordre dans lequel elle s'est accomplie. Après qu'elles l'ont lue, entendue et gravée dans leur mémoire, elles s'appliquent à la pratique des bonnes oeuvres qui sont agréables à Jésus-Christ, afin que lorsque finira la préparation de la vie présente, elles puissent, le jour de la résurrection, aller au-devant du Sauveur dans le repos bienheureux, portant avec elles les parfums des oeuvres spirituelles.

Les saintes femmes ne se contentèrent pas de ce qu'elles avaient fait le jour de la préparation; lorsque le sabbat fut passé (c'est-à-dire après le coucher du soleil) et dès qu'il leur fut permis de reprendre leur travail, elles achetèrent des parfums, pour aller embaumer dès l'aurore le corps de Jésus, comme le rapporte saint Marc; mais l'obscurité de la nuit les empêcha d'aller au sépulcre: «Le premier jour donc de la semaine, de grand matin, elles vinrent au sépulcre», etc. Le jour d'après le sabbat, ou le premier jour de la semaine, est le premier qui suit le sabbat, et que les chrétiens ont appelé depuis le jour du Seigneur, à, cause de la résurrection du Sauveur. La démarche de ces pieuses femmes, qui viennent au sépulcre de grand matin, montre la grandeur de leur amour et du désir qu'elles avaient de chercher et de trouver le Seigneur.

A la vue des anges qui leur apparaissent, les saintes femmes ne se prosternent pas la face contre terre, elles tiennent simplement leurs yeux baissés vers la terre. Nous ne voyons également qu'aucun des saints qui furent témoins de la résurrection du Seigneur se soit prosterné la face contre terre, lorsque le Seigneur lui-même ou ses anges leur apparaissaient. C'est de là qu'est venu l'usage dans l'Église de prier les yeux baissés vers la terre, mais sans fléchir les genoux, tous les jours de dimanche et pendant les cinquante jours qui forment le temps pascal, soit en mémoire de la résurrection du Seigneur, soit comme un signe de l'espérance de notre propre résurrection. Or, ce n'était point dans un sépulcre (qui est la demeure des morts), qu'il fallait chercher celui qui était ressuscité d'entre les morts à une vie nouvelle. Aussi les anges disent-ils aux saintes femmes: «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est point ici, il est ressuscité». En effet, c'est le troisième jour après sa mort, qu'il célébra le triomphe de sa résurrection, comme il l'avait prédit aux saintes femmes qui étaient avec ses disciples: «Souvenez-vous de ce qu'il vous a dit lorsqu'il était encore en Galilée: Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour». En effet, il expira le jour de la préparation du sabbat, vers la neuvième heure, il fut enseveli le soir du même jour, et ressuscita au commencement du premier jour après le sabbat.

Il est resté dans le tombeau un jour et deux nuits, parce qu'il a voulu joindre la lumière de sa mort qui est une aux ténèbres de notre double mort.

et Jeanne (épouse de Chusaï, intendant d'Hérode); et Marie, mère de Jacques, (de Jacques le Mineur et de Joseph). Quant aux autres, saint Luc ne les désigne que de cette manière générale: «Et les autres qui étaient avec elles, qui racontèrent ceci aux Apôtres».

Pour décharger la femme du crime et de l'opprobre perpétuel dont elle était chargée aux yeux des hommes, Dieu permet qu'après avoir été pour l'homme l'intermédiaire du mal, elle devienne aujourd'hui l'intermédiaire de la grâce.

Ce doute est moins un effet de la faiblesse de leur foi, que le fondement inébranlable de la nôtre, car pour triompher de leurs doutes, Dieu fit ressortir la vérité de la résurrection par une multitude de preuves, et lorsque nous lisons ces preuves, le doute même des Apôtres produit en nous la certitude.

Dans le sens figuré, ces pieuses femmes qui viennent au tombeau de grand matin, nous apprennent par leur exemple à dissiper les ténèbres de nos péchés avant d'approcher du corps de Jésus-Christ. En effet, ce sépulcre était la figure de l'autel du Seigneur où les mystères du corps de Jésus-Christ doivent être consacrés, non dans la soie ou dans la pourpre, mais sur le lin pur, figuré par le suaire dans lequel Joseph d'Arimathie l'enveloppa. Ainsi de même que le Sauveur a offert pour nous à la mort la véritable substance de sa nature terrestre, nous aussi, en souvenir de sa passion, nous étendons sur l'autel le lin blanc et pur que produit la terre après l'avoir préparé par un travail qui figure les divers genres de mortification. Les aromates que les saintes femmes apportent, sont l'emblème de l'odeur des vertus et du parfum suave des prières avec lesquelles nous devons approcher de l'autel (cf. Ap 8, 4.8). Le renversement de la pierre figure la révélation des mystères qui étaient cachés sous le voile de la le ttre de la loi, écrite sur des, tables de pierre; lorsque cette pierre est ôtée on ne trouve plus dans le sépulcre le corps de Jésus-Christ, qu'on y avait déposé après sa mort, mais on annonce et on prêche qu'il est plein de vie, «parce que si nous avons connu Jésus-Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette sorte». (2 Co 5, 16). De même enfin que les anges se tenaient autour du corps. du Seigneur déposé dans le sépulcre, ainsi devons-nous croire que les anges environnent le corps du Seigneur au moment de la consécration des divins mystères. Nous donc aussi, à l'exemple des saintes femmes, chaque fois que nous approchons des saints mystères, et autant par respect pour les anges qui sont présents que par vénération pour l'oblati on sainte, abaissons nos yeux vers la terre dans un profond sentiment d'humilité, en nous rappelant que nous ne sommes que cendre et poussière.

C'est aujourd'hui Nicopolis, ville célèbre de la Palestine, qui après que la Judée eut été réduite en servitude, fut rebâtie par l'empereur Marc-Aurèle, et changea d'aspect et de nom. Le stade qui, selon les Grecs, fut inventé par Hercule pour mesurer les distances, est la huitième partie du mille, ainsi soixante stades font sept mille cinq cents pas, ce fut la distance qu'eurent à parcourir ceux qui étaient certains de la mort et de la sépulture du Seigneur, mais qui doutaient encore de sa résurrection; on ne peut nier en effet que la résurrection qui eut lieu après le septième jour de la semaine, ne soit figurée par le nombre huit. Or, ces deux disciples qui marchaient en s'entretenant du Seigneur, avaient déjà parcouru six mille de chemin, parce qu'ils s'affligeaient qu'on eût mis à mort (le sixième jour), un homme innocent de tout crime. Ils avaient même parcouru le septième mille, parce qu'ils ne doutaient nullement que son corps n'eût reposé dans le sépulcre, mais ils n'avaient encore parcouru que la moitié du huitième, parce qu'ils ne croyaient qu'imparfaitement à la gloire de la résurrection qui s'était déjà accomplie.

Pendant qu'ils s'entretiennent ainsi du Seigneur Jésus, il s'approche et fait route avec eux pour allumer dans leurs âmes la foi de sa résurrection, et accomplir cette promesse qu'il avait faite: «Là où deux où trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux» ( Mt 18). «Pendant qu'ils discouraient et se communiquaient leurs pensées, Jésus lui-même vint les joindre et se mit à marcher avec eux».

Ils lui tiennent ce langage, parce qu'ils le prenaient pour un étranger dont le visage leur était inconnu; en effet, il était véritablement pour eux un étranger, la gloire de sa résurrection mettait entre lui et leur faible nature une distance immense, et il demeurait aussi comme un étranger pour leur foi qui ne pouvait croire à sa résurrection. Cependant il continue de les interroger: «Quelles choses, leur dit-il? Ils répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète». Ils reconnaissent hautement qu'il est un prophète mais non qu'il est le Fils de Dieu, soit que leur foi sur ce point fût encore imparfaite, soit par crainte de tomber dans les mains persécutrices des Juifs. Ils ne savaient donc qui il était, ou ils dissimulaient ce qu'ils regardaient comme la vérité: ils ajoutent cependant à sa louange: «Puissant en oeuvres et en paroles».

C'est donc avec raison qu'ils sont dans la tristesse, ils se reprochent pour ainsi dire d'avoir placé leurs espérances de rédemption dans celui qu'ils ont vu mourir sur la croix, et à la résurrection duquel ils ne peuvent croire, et ils s'affligent de la mort injuste de celui dont ils connaissaient l'innocence.

Or, si Moise et les prophètes ont parlé de Jésus-Christ et prédit qu'il n'entrerait dans sa gloire que par le chemin des souffrances, comment peut-on se glorifier d'être chrétien, et ne point examiner avec soin le rapport que les Écritures ont avec Jésus-Christ, et surtout ne point vouloir obtenir par les souffrances la gloire qu'on désire partager avec Jésus-Christ ?

L'Évangéliste nous a fait observer précédemment que les yeux des deux disciples étaient comme fermés, et qu'ils ne purent le reconnaître, jusqu'à ce que les paroles du Sauveur eurent disposé leur âme à la foi; il raconte maintenant comment Jésus se découvrit à eux après les avoir préparés par ses enseignements: «Cependant ils approchèrent du village où ils allaient, et Jésus feignit d'aller plus loin».

C'est donc à saint Pierre, le premier de tous, que Notre-Seigneur est apparu d'après le témoignage des quatre Évangélistes et de l'Apôtre saint Paul. Il ne se manifestait, pas à tous, parce qu'il voulait jeter les semences de la foi; en effet, celui à qui le Seigneur apparaissait le premier, et qu'il rendait ainsi certain de sa résurrection, racontait cette apparition aux autres; et ce récit, se propageant, préparait ceux qui l'entendaient à voir le Sauveur lui-même. C'est donc pour cette raison qu'il apparut d'abord au plus digne et au plus fidèle de tous ses Apôtres. Il fallait, en effet, une âme dont la fidélité fût à toute épreuve pour recevoir cette apparition sans être troublé d'une vision aussi inattendue. Il apparaît donc à Pierre qui méritait d'être le premier témoin de la résurrection, parce qu'il avait confessé le premier qu'il était le Christ. Il lui apparaît encore le premier, parce que Pierre l'avait renié, et qu'il voulait ainsi le consoler et le préserver du désespoir. Il apparût ensuite à d'autres, tantôt plus, tantôt moins nombreux, au rapport des deux disciples: «Eux-mêmes, à leur tour, racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu dans la fraction du pain».

Les disciples qui avaient vécu si longtemps avec Jésus-Christ, ne doutaient point qu'il fût véritablement homme; mais lorsqu'il fut mort, ils ne croyaient pas qu'il pût ressusciter avec un corps véritable. Aussi croient-ils voir l'esprit qu'il avait rendu au moment de sa mort Sur la croix: «Dans leur trouble et leur saisissement, ils croyaient voir un esprit». Cette erreur des Apôtres est devenue celle des Manichéens.

Quelles pouvaient être ces pensées? des pensées fausses et dangereuses; car Jésus-Christ eût perdu tout le fruit de sa passion, s'il n'était vraiment ressuscité. Il est semblable ici à un laboureur habile qui dirait: Je dois trouver ce que j'ai planté (c'est-à-dire la foi qui. descend dans le coeur, parce qu'elle vient du ciel); or, ces pensées ne sont point descendues du ciel, mais elles sont montées de la terre dans le coeur, comme de mauvaises herbes.

Ses mains et ses pieds qui avaient conservé la trace des clous qui les avaient transpercés. D'après saint Jean, il leur montra aussi son côté que le fer de la lance avait ouvert, afin que la vue des cicatrices de ses plaies guérît la blessure de leurs doutes. Les infidèles soulèvent ici une difficulté, et accusent le Seigneur de n'avoir pu guérir les blessures qui lui ont été faites. Nous leur répondons qu'il n'est pas logique d'admettre que celui qui a fait évidemment des miracles beaucoup plus grands n'ait pu en faire de moindre s. C'est donc par un dessein plein de miséricorde, que celui qui a triomphé de la mort n'a point voulu détruire les signes que la mort avait imprimés sur son corps: premièrement pour rendre plus ferme dans ses disciples la foi à sa résurrection; secondement, afin qu'en intercédant pour nous près de son Père, il pût lui montrer toujours le genre de mort qu'il avait souffert pour le salut des hommes; troisièmement, pour rappeler à ceux qu'il a rachetés par sa mort, quels secours miséricordieux il leur aménagés en leur mettant sous les yeux les signes visibles de sa mort; quatrièmement enfin, pour faire comprendre aux impies, au jour du jugement, la justice de leur condamnation.

Si donc il a mangé après sa résurrection, ce n'est ni qu'il eût besoin de nourriture, ni pour figurer qu'après la résurrection qui fait l'objet de notre espérance, nous aurons encore besoin d'aliments, mais pour établir ainsi la vérité de sa résurrection.

C'est donc pour démontrer la vérité de sa résurrection, qu'il daigne non seulement se laisser toucher par ses disciples, mais manger avec eux, il détruit ainsi dans leur esprit la pensée que le corps qui leur apparaissait n'était pas réel, mais imaginaire: «Lorsqu'il eut mangé devant eux, prenant ce qui restait, il le leur donnai» Manger pour lui est un acte de puissance et non une nécessité; en effet, la terre altérée et le soleil brûlant n'absorbent point l'eau de la même manière, la terre le fait par indigence, le soleil par puissance. Mais, dira-t-on, si nous accordons que le Seigneur ait véritablement mangé, il faut admettre aussi qu'après la résurrection les hommes auront également besoin des aliments comme soutien de leur existence. Nous répondons que les actions que le Sauveur a faites dans une pensée de miséricorde ne sont ni une règle générale ni une loi établies par la nature, en vertu de sa conduite particulière dans certains cas. Ainsi il ressuscitera nos corps sans aucun défaut, et dans un état de perfection et d'incorruptibilité entières, bien qu'il ait voulu conserver dans son corps ressuscité les trous dont les clous ont percé ses pieds et ses mains, et la cicatrice de son côté, pour montrer qu'après sa résurrection il a conservé à son corps la même nature et ne l'a point changé en une autre substance.

Dans le sens figuré, ce poisson grillé représente Jésus-Christ dans sa passion, il a daigné, en effet, vivre caché dans les, eaux du genre humain, il s'est laissé prendre dans les filets de notre mort, il a été comme brûlé par la tribulation au temps de sa passion, mais il est devenu pour nous un rayon de miel après sa résurrection. Ce rayon de miel représente la double nature de sa personne, car le rayon de miel repose dans la cire, et ce miel dans la cire, c'est la divinité dans l'humanité.

Après qu'il s'est laissé voir et toucher et qu'il a mangé avec ses disciples; pour achever de montrer qu'il ne veut faire illusion à aucun de nos sens, Notre-Seigneur apporte en preuve les Écritures: «Puis il leur dit: C'est là ce que je vous ai dit, étant encore avec vous», c'est-à-dire, lorsque j'étais revêtu de la chair mortelle dont vous êtes revêtu vous-même. C'était encore la même chair qui était ressuscitée, mais elle n'était plus comme celle des Apôtres, soumise à la mortalité. Le Sauveur ajoute: «Il fallait que tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes s'accomplit».

Jésus-Christ aurait perdu tout le fruit de sa résurrection, s'il ne fût véritablement ressuscité. Aussi ajoute-t-il: «Et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour». Après avoir établi la vérité de son corps, il veut aussi établir l'unité de son Église: «Et qu'on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations».

Notre-Seigneur s'est fait voir aux yeux et toucher par les mains de ses disciples, il vient de leur rappeler les témoignages des saintes Écritures, il ne lui restait plus que de leur en découvrir le véritable sens: «Alors il leur ouvrit l'esprit pour leur faire comprendre les Écritures».

La raison de ce précepte n'est pas seulement parce que c'est aux Juifs que les oracles de Dieu ont été confiés ( Rm 3, 2); et qu'à eux appartient l'adoption des enfants, et la gloire et l'alliance ( Rm 9,4 ); mais parce que Dieu veut que les Gentils, plongés dans tant d'erreurs différentes, conçoivent une vive espérance d'obtenir leur pardon, en voyant la divine miséricorde l'accorder à ceux mêmes qui ont crucifié le Fils de Dieu.

C'est de cette vertu céleste, c'est-à-dire, de l'Esprit saint, que l'ange dit à Marie: «La vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre»; ( Lc 1) et que le Seigneur lui-même dit ailleurs: «J'ai senti qu'une vertu était sortie de moi» ( Lc 8).

Saint Luc ne dit rien absolument de tout ce qui se passa entre le Seigneur et les Apôtres pendant quarante-trois jours, et il joint sans intermédiaire au premier jour de la résurrection le dernier où Jésus quitta la terre pour remonter au ciel: «Ensuite il les emmena hors de la ville jusqu'à Béthanie». Ce fut d'abord à cause du nom de ce village qui signifie maison d'obéissance , car celui qui est descendu sur la terre pour expier la désobéissance des méchants, est remonté aux cieux pour récompenser l'obéissance des bons. Ce fut encore à cause de la position de ce village, situé sur le versant de la montagne des Oliviers, parce qu'en effet., la maison, de l'Église, modèle d'obéissance, a placé sur le versant de la montagne céleste, c'est-à-dire de Jésus-Christ, les fondements de sa foi, de son espérance et de sa charité. Le Sauveur bénit ensuite ceux à qui il venait de confier la mission d'instruire: «Et ayant élevé les mains, il les bénit».

Pendant que le Seigneur s'élevait vers le ciel, les disciples adorèrent la dernière trace de ses pas, puis retournèrent immédiatement à Jérusalem, où Jésus leur avait commandé d'attendre la promesse du Père: «Et eux, l'ayant adoré, retournèrent à Jérusalem avec une grande joie», etc. Ils sont remplis d'une grande joie, parce qu'ils ont eu le bonheur de voir le Seigneur et leur Dieu remonter dans les cieux après le triomphe de sa résurrection. Or, ils passaient leurs journées dans les veilles, dans les prières, dans les jeûnes; ils ne restent point chacun dans leurs maisons particulières, mais ils demeurent dans le temple, attendant la grâce qui doit descendre des cieux, et s'exerçant à la piété et à la vertu dans ce lieu si propre à inspirer l'une et l'autre: «Et ils étaient toujours dans le temple».

Remarquez enfin que parmi les quatre animaux symboliques ( Ez 1; Ap 4), saint Luc est désigné sous l'emblème du taureau, qui était la victime prescrite pour la consécration des prêtres ( Ex 29), parce qu'il a eu pour but d'exposer plus au long que les autres le sacerdoce de Jésus-Christ, et qu'après avoir commencé son Évangile par le récit des fonctions sacerdotales que Zacharie exerçait dans le temple, il le termine en rapportant les pratiqu es de religion auxquelles les Apôtres se livraient aussi dans le temple. Il nous montre ces futurs ministres du sacerdoce nouveau qui ne verse plus le sang des victimes, mais ne cesse de louer et de bénir Dieu, et c'est dans le lieu même de la prière et au milieu des pieux exercices de la religion, qu'ils préparent leurs coeurs à recevoir l'Esprit saint qui leur a été promis.

De même que le serpent fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais obtienne la vie éternelle (Jn 3,14). Avec sa science admirable de la divine doctrine, le Seigneur fait découvrir au docteur de la loi mosaïque le sens spirituel de cette même loi. Évoquant une ancienne histoire, il montre avec exactitude qu'elle annonçait symboliquement sa passion et notre salut.

Le livre des Nombres raconte, en effet, que les Israélites, accablés par la longue et pénible marche au désert, murmurèrent contre le Seigneur et contre Moïse. Aussi le Seigneur envoya-t-il contre eux des serpents brûlants. Couverts de blessures - et beaucoup en mouraient - ils crièrent vers Moïse et celui-ci pria pour eux. Alors, le Seigneur lui ordonna de fabriquer un serpent de bronze et de l'exposer pour qu'il serve de signe. Il ajouta: Ceux que les serpents ont mordus le regarderont et ils auront la vie (Nb 21,8). Et cela se passa comme il l'avait dit.

Ainsi, les blessures provoquées par les serpents brûlants sont les poisons et les brûlures des vices qui, en frappant l'âme, causent sa mort spirituelle. Il convenait aussi que ceux qui murmuraient contre le Seigneur soient abattus par les morsures des serpents, pour que le châtiment extérieur leur fasse reconnaître tous les dégâts spirituels causés par leurs murmures.

Quant au serpent de bronze élevé pour guérir les morsures de ceux qui le regardaient, il représente notre Rédempteur dans sa passion sur la croix, car seule la foi en lui remporte la victoire sur le Règne du péché et de la mort. Et vraiment, les péchés qui mènent l'âme et le corps à leur perte sont représentés à juste titre par des serpents qui sont, en effet, habiles à donner la mort par leur morsure brûlante et venimeuse. En outre, un serpent persuada nos premiers parents encore immortels de commettre le péché qui les a assujettis à la mort.

Le Seigneur venu avec une chair semblable à celle du péché (Rm 8,3) est figuré avec raison par un serpent de bronze. Car, tout en possédant une forme semblable aux serpents brûlants, le serpent de bronze ne contenait dans ses membres absolument aucun poison brûlant et nuisible; bien plus, après qu'on l'eut élevé, il guérissait les hommes mordus par les serpents. Et de la même façon, en vérité, le Rédempteur des hommes a revêtu, non la chair du péché, mais une chair semblable à celle du péché, et il a souffert en elle la mort de la croix afin de libérer ceux qui croient en lui, de tout péché et aussi de la mort même.

C'est pourquoi il dit: De même que le serpent fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé. Aussi bien, ceux qui regardaient le serpent de bronze élevé pour servir de signe, étaient-ils protégés pour un temps de la mort temporelle et guéris de la blessure infligée par la morsure des serpents. Et, de la même façon, ceux qui regardent le mystère de la passion du Seigneur en mettant en lui leur foi, en le confessant et en l'imitant sincèrement, sont-ils sauvés pour toujours de toute espèce de mort, corporelle aussi bien que spirituelle, encourue pour leurs péchés.

Voilà pourquoi il ajoute avec raison: afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais obtienne la vie éternelle. Du moins le sens de cette parole est-il clair: celui qui croit dans le Christ échappe non seulement aux châtiments de l'enfer, mais il reçoit encore la vie éternelle. La différence entre la figure et la réalité réside dans le fait que celle-là prolongeait la vie temporelle tandis que celle-ci fait don de la vie qui durera toujours.

Quant à nous, nous devons faire en sorte que les bonnes pensées conçues par notre esprit se traduisent en actes méritoires, de sorte que nous pourrons, en confessant la vraie foi et en menant une existence pleine de piété et de sagesse, mériter de parvenir à la plénitude de vie qui nous est promise.