Didyme d'Alexandrie

Didyme l'Aveugle, né vers 313 et décédé vers 398, était un théologien et érudit chrétien éminent du IVe siècle. Malgré sa cécité survenue dans sa jeunesse, Didyme devint un enseignant influent à l'école théologique d'Alexandrie.

Didyme a acquis une maîtrise impressionnante des Écritures, de la théologie et des langues classiques grâce à son extraordinaire mémoire et sa détermination. Il est particulièrement reconnu pour ses commentaires sur la Bible, qui comprennent des analyses détaillées de nombreux livres, notamment les Psaumes, les Épîtres de Paul, et d'autres textes significatifs.

En plus de ses contributions exégétiques, Didyme a joué un rôle important dans la défense de l'orthodoxie nicéenne contre l'arianisme. Ses écrits théologiques reflètent un engagement profond envers la foi chrétienne et une compréhension nuancée de la doctrine.

Didyme a influencé de nombreux étudiants et théologiens, y compris Saint Jérôme, qui a parlé de lui avec une grande admiration. Sa capacité à surmonter son handicap et à contribuer de manière significative à l'éducation chrétienne et à la pensée théologique fait de lui une figure inspirante et respectée dans l'histoire de l'Église.

Didyme l'Aveugle est célébré pour son érudition, son enseignement, et son dévouement à la vie intellectuelle et spirituelle, malgré les défis imposés par sa cécité.

Commentaires de Didyme d'Alexandrie

Il y a une promesse de Dieu rapportée par le prophète Ézékiel qui s'accorde avec les passages de l'Ecriture concernant l'élévation d'un personnage célèbre. Dieu dit à ceux qu'il veut combler de ses bienfaits et sauver: Je vous susciterai un pasteur unique, mon serviteur David (Ez 34,23). C'est celui qui a dit dans l'évangile: Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). Il est leur guide et leur très bon berger, et il s'expose au danger pour elles. Il meurt, en effet, ayant, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour le salut de tous (He 2,9), afin de leur donner la vie et de glorifier le Seigneur tout-puissant.

Car Michée, le saint prophète, a prophétisé à son sujet, et fait cette prédiction dans un cantique: Le Seigneur se dressera, il verra et il fera paître son troupeau avec puissance, et ils vivront au nom de leur Dieu tout-puissant (Mi 5,3), c'est-à-dire qu'ils participeront à Celui qui a dit à Moïse, l'annonciateur des divins mystères: Je suis celui qui suis (Ex 3,14).

De même que le véritable David, pasteur très bon à la main vigoureuse, s'est dressé pour faire paître les brebis qui écoutent la voix de Jésus (cf. Jn 10,3), brebis conduites par la main de Jésus et peuple de son pâturage (Ps 94,7), de même Celui qui s'élève d'une racine, comme le dit l'Écriture (Is 11,1), s'est levé en très bon chef de guerre envoyé par la bienveillance du Père. Il a mis en déroute ses ennemis épouvantés, en les frappant dans le dos avec ses mains. Il est loué et glorifié par ses propres frères, car il est apparu comme le premier-né d'entre eux, selon la parole de l'Apôtre: Ceux que lui, Dieu, connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères (Rm 8,29). A leur propos, le premier-né dit à Dieu: Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée (Ps 21,23).

Notre-Seigneur appelle l'Esprit saint un autre con solateur, non qu'il ait une nature autre que la sienne, mais parce que son opération est différente. Le Sauveur était venu pour remplir l'office de médiateur et d'ambassadeur, et comme un pontife qui devait prier pour nos péchés, l'Esprit saint reçoit le nom de Paraclet ou de consolateur dans un autre sens, parce que sa mission est de consoler ceux qui sont dans la tristesse. Mais de cette diversité d'opérations, il faut se garder de conclure à la différence de natures, puisque nous voyons dans un autre endroit l'Esprit consolateur remplir près du Père l'office d'ambassadeur. «L'Esprit lui-même, dit saint Paul, demande pour nous par des gémissements inénarrables» ( Rm 8, 20). Le Sauveur, de son côté, répand la consolation dans les coeurs affligés, car il est écrit: «Il a consolé tous les humbles de son peuple» ( 1 M 14, 14).

Le Sauveur affirme que l'Esprit saint est envoyé par le Père en son nom, et le nom du Sauveur est celui de Fils, qui exprime à la fois l'unité de nature et la distinction des personnes. En effet, il est exclusivement le propre du Fils de venir au nom du Père, en conservant les relations qui existent du Père le Fils; aussi nul autre n'est venu au nom du Père, mais plusieurs sont venus au nom du Seigneur Dieu tout-puissant. De même donc que les serviteurs qui viennent au nom de leur maître rappellent le souvenir de leur maître, par cela seul qu'ils sont ses serviteurs et ses subordonnés; ainsi le Fils qui vient au nom de son Père porte et rappelle son nom par cela seul qu'il est reconnu pour le Fils unique de Dieu. Par cela donc que l'Esprit saint est envoyé par le Père au nom du Fils, il montre les liens étroits qui l'unissent au Fils; aussi est-il appelé l'Esprit du Fils, et par la grâce de l'adoption, il donne à ceux qui veulent le recevoir le titre et les droits d'enfants de Dieu. Or, ce divin Esprit, qui est envoyé par le Père et qui vient au nom du Fils, enseignera toutes choses à ceux dont la foi eu Jésus-Christ est parfaite, c'est-à-dire tous les mystères et les secrets spirituels de la vérite et de la sagesse, et il les enseignera non comme les hommes enseignent les arts et la sagesse, à force d'étude et d'habilité, mais cet Esprit de vérité les enseignera comme étant lui-même par essence la doctrine et la sagesse, et répandra invisiblement dans les âmes la science des choses divines.

Le Sauveur donne à l'Esprit saint le nom de consolateur, nom significatif de ce qu'il produit dans les âmes, parce que, non-seulement il affranchit de toute espèce de trouble ceux qu'il en trouve dignes, mais il les remplit encore d'une joie ineffable; car les coeurs où l'Esprit saint fixe son séjour, jouissent d'une joie éternelle. Cet Esprit consolateur est envoyé par le Fils, non comme Dieu envoyait les anges, les prophètes ou les Apôtres, mais comme il convenait à la sagesse et à la vérité d'envoyer l'Esprit de Dieu qui a une nature indivisible avec cette même sagesse et cette même vérité. En effet, le Fils qui est envoyé par le Père, n'en est pour cela ni séparé, ni divisé, il demeure dans son Père, et son Père demeure en lui. Ainsi l'Esprit saint envoyé par le Fils, sort du Père, sans aller d'un lieu dans un autre; car de même que le Père ne peut être contenu dans un espace limité, puisque son infinité s'étend au-delà de tous les espaces matériels, ainsi l'Esprit de vérité ne peut être circonscrit par aucune limite, parce qu'il est incorporel et qu'il est au-dessus de toutes les créatures raisonnables.

Notre-Seigneur dit donc: «Il ne parlera pas de lui-même», c'est-à-dire sans la volonté de mon Père et la mienne; parce qu'il tire son existence de mon Père et de moi, et c'est de mon Père et de moi qu'il a reçu d'être, et de parler. Pour moi, je dis la vérité, c'est-à-dire je lui inspire ce que je dis, car il est l'Esprit de vérité. Lorsqu'il s'agit de la Trinité, il ne faut point entendre ces expressions dire et parler dans leur signification ordinaire, mais dans le s ens qui seul peut convenir aux natures incorporelles, et surtout à la Trinité qui inspire sa volonté dans le coeur des fidèles et de ceux qui sont dignes d'entendre sa voix. Pour le Père parler, et pour le Fils entendre, est le signe d'une entière égalité de nature, et d'une parfaite unité de volonté. Quant à l'Esprit-Saint, qui est l'Esprit de vérité, l'Esprit de sagesse, lorsque le Fils parle, on ne peut dire qu'il entend ce qu'il ne sait pas, puisqu'il est lui-même ce qui sort du Fils, la vérité qui procède de la vérité, le consolateur qui émane du consolateur, le Dieu esprit de vérité qui procède de Dieu. Et afin que personne ne lui attribuât une volonté différente de celle du Père et du Fils, Notre-Seigneur ajoute: «Ce qu'il entendra, il le dira».

Ou bien Notre-Seigneur veut dire que ses disciples ne savaient pas encore tout ce qu'ils auraient à souffrir dans la suite pour son nom; il ne leur en faisait connaître qu'une partie, réservant pour plus tard la connaissance des épreuves plus grandes qu'ils ne pouvaient porter alors, avant que leur chef leur en eut donné l'exemple par l'enseig nement de sa croix. Ils étaient encore asservis aux figures, à l'ombre et aux images de la loi, et ils ne pouvaient regarder la vérité dont la loi n'était que l'ombre. Mais lorsque l'Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité; et par sa doctrine et par son enseignement, vous fera passer de la mort de la lettre à l'esprit de vie dans lequel seul se trouve la vérité de tontes les Écritures.

C'est encore par l'Esprit de vérité que la science certaine de l'avenir est accordée à de saints personnages, c'est sous l'inspiration de cet Esprit dont ils étaient remplis que les prophètes prédisaient, et voyaient comme présents des événements qui ne devaient arriver que bien longtemps après: «Et il vous annoncera les choses à venir».