Eusèbe de Césarée

Eusèbe de Césarée, souvent considéré comme le père de l'histoire de l'Église, était un érudit, historien et évêque du début du IVe siècle. Né vers 260-265, Eusèbe fut un témoin clé des premiers développements du christianisme après la persécution et la légalisation ultérieure de la religion sous l'empereur Constantin.

Eusèbe devint l'évêque de Césarée en Palestine vers 314 et joua un rôle important dans les premiers conciles de l'Église. Il est surtout connu pour son œuvre "Histoire ecclésiastique", un recueil complet de l'histoire de l'Église depuis le temps des apôtres jusqu'à son époque. Ce travail demeure une source inestimable pour la compréhension des premiers siècles de l'Église chrétienne.

Outre ses contributions historiques, Eusèbe a écrit de nombreux autres travaux, y compris des commentaires bibliques, des apologies, et des traités théologiques. Il a également compilé une Chronique, retraçant l'histoire du monde depuis sa création jusqu'à son époque, et a été impliqué dans la préparation de la version de la Bible connue sous le nom de "Hexapla" d'Origène.

Eusèbe est également connu pour ses relations avec l'empereur Constantin, ayant écrit une biographie louangeuse de l'empereur et ayant joué un rôle dans la promotion du christianisme comme religion d'État.

Il décéda vers 339-340. Sa contribution à l'histoire de l'Église et à la théologie est immense, et il continue d'être une figure de référence pour les historiens et les théologiens étudiant les origines du christianisme.

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En effet, même dans la ville de Sodome, les anges trouvèrent l'hospitalité, et Loth fut jugé digne de les recevoir ( Gn 19,1-21 ). Si donc en entrant dans une ville, les Apôtres ne trouvent pas un seul habitant qui veuille les recevoir, comment le sort de cette ville ne serait-il pas plus triste que celui de Sodome? Le Sauveur leur enseignait encore par ces paroles à embrasser avec courage la vie de pauvreté; car une ville, une maison, un bourg ne peuvent exister, qu'à la condition de renfermer quelque serviteur fidèle connu de Dieu. La ville de Sodome elle-même n'eût pu exister, si Loth ne l'eût habitée, et à peine en fut-il sorti, qu'elle fut soudainement réduite en cendres.

Or, qu'y aura-t-il de plus glorieux que de voir le Fils unique, le Verbe de Dieu, rendant témoignage au jour du jugement, et donnant dans son amour une récompense sensible du témoignage qui lui a été rendu sur la terre, à l'âme qu'il aura jugée digne de cette récompense? Car il ne restera pas en dehors de cette âme, mais il lui rendra témoignage en habitant au milieu d'elle et en l'inondant de sa lumière. Après avoir fortifié ses Apôtres par la douce espérance d'aussi magnifiques promesses, il les affermit encore par des menaces non moins effrayantes: «Mais celui qui m'aura renié devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu».

Le Sauveur fait ici cette menace, pour leur faire comprendre combien il est important qu'ils confessent son nom, par la perspective du châtiment qui les attend, châtiment qui consiste à être renié par le Fils de Dieu, c'est-à-dire, par la sagesse de Dieu; à perdre la vie, à être privé de la lumière, et dépouillé de tous les biens, à souffrir ce châtiment devant le Père, qui est dans les cieux et les anges de Dieu.

Peut-être aussi, l'exemple des corbeaux a-t-il une signification particulière; car les oiseaux qui se nourrissent de graines et de plantes, trouvent plus facilement leur pâture; tandis que les corbeaux qui sont carnivores, la trouvent avec plus de difficulté, et cependant ces derniers eux-mêmes ne manquent jamais de nourriture, grâce àcette providence de Dieu qui s'étend à tout. Il prouve ensuite la même vérité par un troisième raisonnement: «Qui de vous, pourrait avec tous ses soins, ajouter une coudée à sa taille ?»

Comme s'il disait: Si aucun homme n'a pu par tous ses soins se donner sa teille, s'il ne peut, avec toute son industrie, ajouter un seul instant à la durée que Dieu a fixée à son existence, pourquoi s'inquiéter outre mesure des choses nécessaires à l'entretien de sa vie?

Que celui qui désire se parer de vêtements précieux considère que Dieu étendant sa providence jusqu'aux fleurs qui naissent sur la terre, les a ornées de couleurs variées en donnant à leurs membranes délicates, des teintes plus vives que celles de la pourpre et de l'or, à ce point que les plus grands rois, et Salomon lui-même qui fut si célèbre parmi les anciens par ses richesses, sa sagesse et sa magnificence, n'eurent jamais une si riche parure, au témoignage de Notre-Seigneur: «Je vous déclare que Salomon même, dans toute sa gloire, n'était pas vêtu comme l'un deux».

En effet, tout homme devient naturellement l'esclave de ce qui fait l'objet de ses affections; il applique toute son âme aux choses dont il espère retirer de plus grands avantages. Si donc il met dans les biens de la vie présente toute son âme, et toutes ses intentions, il est tout entier plongé dans les choses de la terre. Si, au contraire, il dirige toutes les facultés de son âme vers les choses du ciel, il y aura aussi son coeur, il paraîtra vivre avec les hommes par le corps seul, tandis que par son âme, il sera déjà en possession des demeures célestes.

Ou bien dans un autre sens, le levain c'est l'Esprit saint, qui est comme la vertu qui procède de son principe, c'est-à-dire du Verbe de Dieu; les trois mesures de farine signifient la connaissance du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que donne cette femme, c'est-à-dire, la divine sagesse et l'Esprit saint.

Les patriarches, en effet, avant la promulgation de la loi, abandonnaient l'erreur de la pluralité des Dieux, comme s'ils avaient été instruits par l'Évangile, et se sont élevés à la connaissance du Dieu très-haut. Un grand nombre de Gentils ont été associés à leur bonheur, parce qu'ils ont suivi leurs exemples, tandis que leurs enfants ont repoussé les enseignements de la doctrine évangélique: «Et ce sont les derniers qui seront les premiers, et ce sont les premiers qui seront les derniers».

Notre-Seigneur venait de recommander d'inviter au repas ceux qui ne peuvent le rendre, afin d'en recevoir la récompense à la résurrection des justes. Un des convives qui confondait la résurrection des justes avec le royaume de Dieu, exalte cette récompense qui est promise: «Un de ceux qui étaient à table avec lui, ayant entendu ces paroles, lui dit; Heureux celui qui mangera le pain dans le royaume de Dieu».

Le sel est naturellement composé d'eau et d'air mêlés d'un peu de terre; il absorbe la partie liquide des corps corruptibles, et les conserve ainsi après leur mort. C'est donc avec raison qu'il compare les Apôtres au sel, parce qu'ils ont été régénérés par l'eau et par l'esprit; et que par leur vie toute spirituelle et séparée des inclinations de la chair, ils étaient comme le sel qui changeait la vie corrompue des hommes qui vivaient sur la terre, et répandait sur leurs disciples l'assaisonnement agréable d'une vie vertueuse. (cf. Lv 2,13 ).

Les anciens prophètes avaient eu aussi la connaissance du royaume des cieux, mais aucun d'eux ne l'avait enseigné en termes exprès au peuple juif, parce que cç peuple avait un esprit trop léger et trop faible pour comprendre l'étendue de cet enseignement. Jean-Baptiste fut le premier qui annonça ouvertement que le royaume des cieux était proche, et que les péchés seraient remis par le baptême de la régénération: «Depuis Jean, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun fait effort pour y entrer».

Ce n'est pas sans de grands combats, que de faibles mortels peuvent monter jusqu'au ciel. Comment, en effet, des hommes revêtus d'une chair mortelle, pourraient-ils, sans se faire violence, dompter la volupté et tout désir criminel, et imiter sur la terre la vie des anges? En les voyant se livrer à des travaux si pénibles pour le service de Dieu, et réduire presque leur chair à une mort véritable (Rm 8, 13; Col 3, 5), qui n'avouera qu'ils font véritablement violence au royaume des cieux? Peut-on encore, en considérant le courage admirable des saints martyrs, ne pas reconnaître qu'ils ont fait une véritable violence au royaume des cieux?

C'est-à-dire, si à la venue de l'Antéchrist, le bruit se répand que c'est le Christ qui apparaît, ne sortez point, ne marchez pas à sa suite, car il est impossible que celui qui s'est manifesté une fois clairement aux hommes, puisse revenir se renfermer dans quelque lieu particulier de la terre. Ce sera donc celui dont on doit dire: Ce n'est pas le vrai Christ. Un signe évident du second avènement de notre Sauveur, c'est que l'éclat de son arrivée remplira tout à coup l'univers tout entier: «Comme l'éclair brille soudain d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi paraîtra le Fils de l'homme en son jour».Car on ne le verra pas marchant sur la terre comme un homme ordinaire, mais il répandra sur nous tous les rayons de sa gloire et fera briller à tous les yeux les splendeurs de sa divinité.

Le déluge que Notre-Seigneur vient d'apporter en exemple, pouvait donner la pensée que le déluge à venir serait un déluge d'eau; il cite donc en second lieu l'exemple de Loth, pour nous apprendre quel sera le genre de supplice des méchants, c'est-à-dire que la colère de Dieu fera tomber sur eux un feu descendu du ciel: «Et comme il est arrivé encore aux jours de Loth»,etc. Il passe sous silence le crime infâme de Sodome, et ne parle que de ces fautes qu'on regarde ordinairement comme légères ou comme nulles, pour nous faire comprendre quel sera le châtiment des actions criminelles, puisque l'usage immodéré des choses permises sera puni par le feu et par le souffre: «Le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel, qui les fit périr tous».Remarquez que le feu ne tomba du ciel sur les infâmes habitants de Sodome, que lorsque Loth en fut sorti, de même que le déluge ne fit périr les habitants de la terre que lorsque Noé fut entré dans l'arche; car tant que Noé et Loth vivaient au milieu des impies, Dieu suspendait les effets de sa colère pour ne pas confondre dans un même supplice les justes et les pécheurs. Mais quand il voulut faire périr les pécheurs, il retira le juste du milieu d'eux; de même à la consommation des siècles, le supplice des méchants ne commencera qu'après leur séparation d'avec les justes: «Ainsi en sera-t-il au jour où le Fils de l'homme sera révélé».

Notre-Seigneur nous apprend par là que le fils de perdition soulèvera une violente persécution contre les fidèles disciples du Christ. Ce jour dont il parle, c'est le temps qui précédera la fin du monde; temps où celui qui prendra la fuite ne devra ni revenir sur ses pas, ni s'inquiéter des biens qu'il perd, et ne point imiter la femme de Loth qui, s'étant retournée lorsqu'elle fuyait de la ville de Sodome, fut frappée de mort et changée en colonne de sel: «Souvenez-vous de la femme de Loth», dit Notre-Seigneur.

Ou bien encore, les aigles qui se nourrissent de la chair des animaux morts, figurent les princes de ce monde, et ceux qui persécuteront alors les saints de Dieu, et il laisse en leur pouvoir ceux qui n'ont point mérité d'être pris et auxquels il donne le nom de corps ou de cadavres, ces aigles peuvent encore représenter ces puissances vengeresses qui voleront vers les impies.

Il en était qui pensaient que le premier avènement du Sauveur serait immédiatement suivi de l'établissement de son royaume, et ils croyaient que ce royaume commencerait lors de son entrée à Jérusalem, tant la vue des miracles qu'il avait opérés les avait frappés d'étonnement. Il les avertit donc que son père ne le mettrait pas en possession de son royaume, avant qu'il eût quitté les hommes pour retourner à son Père: «Comme ils écoutaient ces discours, il ajouta encore une parabole sur ce qu'il était près de Jérusalem»,etc.

Ou bien ce départ pour un pays lointain, signifie son ascension de la terre aux cieux; et lorsqu'il ajoute «Pour prendre possession de son royaume et revenir», il fait allusion à la gloire et à la majesté de son second avènement. Il prend seulement d'abord le nom d'homme, à cause de sa naissance temporelle, il y ajoute le titre de noble, mais il n'y joint pas celui de roi, parce que lors de son premier avènement il n'était pas environné de l'éclat de la majesté royale. Il ajoute avec raison:» Pour entrer en possession de son royaume, car il l'a reçu des mains de son Père qui le lui a donné, selon ces paroles de Daniel: «Le Fils de l'homme venait sur les nuées, et le royaume lui fut donné». ( Dn 7).

Ceux qui reçoivent ces mines représentent ses disciples, à chacun desquels il confie la même somme, en leur recommandant à tous le même emploi, c'est-à-dire de la faire fructifier: «Et il leur dit: Faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne». Or, le seul moyen pour les disciples de les faire valoir, était d'annoncer aux hommes attentifs la doctrine de son royaume, doctrine qui est la même pour tous, c'est la même foi, le même baptême, et c'est pour cela que chacun d'eux reçoit une mine.

Le Sauveur, après avoir parlé de ce qui a trait à son premier avènement, prédit son retour dans tout l'éclat de sa gloire et de sa majesté: «Etant donc revenu après avoir été mis en possession de son royaume».

Il nous apprend ainsi que son avènement a eu pour objet la paix du monde entier; il est venu, en effet, pour annoncer la paix à ceux qui étaient près, comme à ceux qui étaient loin ( Ep 2 , 17), mais cette paix est restée cachée pour eux, parce qu'ils n'ont pas voulu la recevoir, lorsqu'elle était annoncée «Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux». Il lui prédit donc dan s les termes les plus clairs le siège qui la menace: «Viendront des jours sur toi», etc.

Nous pouvons vérifier l'accomplissement de ces paroles dans le récit de Josèphe, qui, tout juif qu'il était, a raconté ces événements d'une manière conforme à ce qui avait été prédit par Jésus-Christ.

Le Sauveur demande non pas quelle était l'origine de Jean-Baptiste, mais d'où venait son baptême?

Tandis que les principaux d'entre les Juifs auraient dû être dans l'admiration devant la doctrine toute céleste du Sauveur, et reconnaître à ses paroles comme à ses actions qu'il, était le Christ prédit par les prophètes, ils ne cherchent qu'à soulever le peuple contre lui et à entraver son enseignement: «Et ils lui parlèrent de la sorte: Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses», etc.

Les princes des Juifs s'étant trouvés réunis dans le temple, Jésus leur prédit sous le voile de cette parabole les excès au xquels ils allaient se porter contre lui, et la destruction de leur nation qui devait en être le châtiment: «Alors il commença à dire au peuple cette parabole: Un homme planta une vigne», etc.

Mais dans la parabole d'Isaïe c'est à la vigne que le Seigneur adresse ses reproches; ici au contraire, ce n'est pas à la vigne, mais aux vignerons: «Il la loua à des vignerons, c'est-à-dire, aux anciens du peuple, aux princes des prêtres et aux grands de la nation.

Le Christ est comparé ici à une pierre à cause de son corps d'une nature terrestre; cette pierre a été détachée de la montagne sans la main d'aucun homme, selon la vision de Daniel ( Dn 2, 34), parce qu'il est né d'une vierge: cette pierre n'est ni d'argent ni d'or, parce qu'il n'a point paru comme un roi resplendissant de gloire, mais comme un homme humble et méprisé; aussi ceux qui bâtissaient l'ont rejeté.

L'histoire nous atteste quelle était la magnificence des constructions du temple, et ce qui en reste encore aujourd'hui nous fait comprendre quelle devaient être la grandeur et la richesse de cet édifice. Or, comme ses disciples admiraient les constructions du temple, Notre-Seigneur leur déclare qu'il n'en restera pas pierre sur pierre: «Quelques-uns lui faisant remarquer la beauté des pierres du temple, et les riches offrandes dont il était orné, il dit: Il ne restera pas pierre suit pierre». Il était juste, en effet, que ce lieu fût entièrement détruit, pour punir l'insolence audacieuse de ceux qui venaient y accomplir les cérémonies de leur culte.

Il appelle cette ruine la désolation de Jérusalem, parce qu'elle ne sera plus rebâtie par ses habitants, ni reconstituée selon les prescriptions de la loi, et que personne, après le siège et la désolation qui doivent avoir lieu, ne doit espérer ion rétablissement, comme au temps du roi des Perses, d'Antiochus le Grand, et aussi comme au temps de Pompée.

Or, le Seigneur, prévoyant que la ville devait être désolée par la famine, avertissait ses disciples de ne point s'y réfugier lors du siége, comme dans un lieu sûr et protégé de Dieu, mais de s'en éloigner bien plutôt, et de s'enfuir vers les montagnes: «Alors que ceux qui sont dans la Judée, s'enfuient vers les montagnes».

Lorsque les Romains arrivèrent et s'emparèrent de Jérusalem, une multitude innombrable de Juifs périrent par le glaive, selon la prédiction du Sauveur: «Ils tomberont sous le tranchant du glaive». Néanmoins, un plus grand nombre furent victimes de la famine. Ces tristes événements arrivèrent d'abord sous Tite et Vespasien, et ensuite sous le règne de l'empereur Adrien, quand il fut interdit aux Juifs de rentrer dans leur patrie: «Ils seront emmenés captifs dans toutes les nations». En effet, les Juifs furent dispersés dans tout l'univers, et se répandirent jusqu'aux extrémités de la terre, et tandis que la Judée est habitée par des étrangers, ils sont les seuls qui ne puissent remettre le pied dans leur patrie: «Et Jérusalem sera foulée aux pieds par les Gentils, jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli».

Ajoutons que le Fils de Dieu devant venir dans sa gloire pour confondre la superbe tyrannie du fils du péché ( 2Th 2,3 ), environné des anges du ciel qui lui serviront de ministres, les portes du ciel depuis si longtemps fermées s'ouvriront pour nous laisser contempler les splendeurs du ciel.

Ou encore: Les vertus des cieux, sont les esprits qui gouvernent les diverses parties du monde visible; ils s'ébranleront alors pour s'élever à un état meilleur, car ils seront déchargés du ministère qu'ils remplissent par ordre de Dieu auprès des créatures visibles qui sont encore soumises à la corruption.

En effet, lorsque la consommation de cette vie mortelle et corruptible sera venue, la figure de ce monde passera, selon l'expression de l'Apôtre, ( 1Co 7 ) pour faire place à un monde nouveau, dans lequel, au lieu des astres visibles, Jésus-Christ lui-même brillera comme l'astre et le roi de ce monde nouveau, et l'éclat de la gloire de sa divinité sera si grand, que le soleil qui nous éclaire maintenant, la, lune, et les autres astres disparaîtront en présence de cette incomparable lumière.

Le Sauveur expose ensuite ce qui doit arriver après que les astres du ciel seront obscurcis, et quelles seront les angoisses de tous les peuples de la terre: «Et sur la terre, les nations seront dans l'abattement et dans la consternation», etc. Il semble vouloir nous dire que le principe de la transformation de l'univers viendra de la suppression de l'élément liquide, qui sera dévoré par le feu ou gelé par le froid, de sorte qu'on n'entendra plus le bruit de la mer, que ses flots ne viendront plus mouiller les sables du rivage, par suite de cette excessive sécheresse, et qu'alors les autres parties du monde, ne recevant plus ces vapeurs humides, produites par les eaux, seront transformées. Comme l'avènement du Sauveur doit combattre et renverser les prodiges de l'ennemi de Dieu, c'est-à-dire de l'Antéchrist, ses premières vengeances commenceront par ce fléau de la sécheresse, qui sera si grande, qu'on n'entendra plus ni le bruit des tempêtes de la mer, ni le frémissement de ses flots soulevés; ce qui jettera dans les plus terribles angoisses les hommes qui survivront: «Les hommes sècheront de frayeur dans l'attente de ce qui doit arriver dans tout l'univers». Quels seront ces nouveaux fléaux qui doivent fondre sur l'univers, c'est ce que nous apprend la suite des paroles du Sauveur: « Les vertus des cieux seront ébranlées ».

Notre-Seigneur parle ainsi à ses disciples, non pas que leur vie dût se prolonger jusqu'à la fin du monde, mais parce qu'ils ne font qu'un seul corps avec nous et avec tous ceux qui dans la suite de temps doivent croire en Jésus-Christ jusqu'à la consommation des siècles.

Ou encore: aux choses corporelles et sensibles qui, auront cessé d'exister, succéderont les choses spirituelles et célestes, c'est-à-dire le règne d'un siècle qui n'aura plus de fin, et alors ceux qui en sont dignes, verront s'accomplir pour eux les promesses du salut: «Lorsque ces choses commenceront d'arriver, regardez en haut», etc. En effet, en voyant l'effet des promesses qui faisaient l'objet de nos espérances, nous nous relèverons, nous qui étions auparavant dans l'abaissement, et nous lèverons la tête, nous qui étions humiliés, parce que la rédemption que nous espérions et que toutes les créatures attendaient, est arrivée.

De même que dans cette vie, lorsque le printemps succède à l'hiver, le soleil réchauffe et vivifie de ses rayons les semences confiées à la terre, les transforme et leur fait produire d'innombrables plantes nuancées à l'infini; ainsi le glorieux avènement du Fils unique de Dieu répandant ses rayons vivifiants sur le monde nouveau, fera renaître à la lumière les semences ensevelies dans le monde entier, c'est-à-dire ceux qui dorment dans la poussière de la terre (cf. ), leur rendra des corps bien préférables aux premiers, et fera succéder au règne de la mort vaincue à jamais, le règne d'une vie toute nouvelle.

Ou bien, c'est la génération de sa sainte Église, et Jésus prédit au peuple fidèle, qu'il vivra jusqu'au temps où il sera témoin de tous ces événements, et contemplera de ses yeux l'accomplissement des promesses du Sauveur.

Notre-Seigneur nous recommande donc la vigilance pour nous prémunir contre l'appesantissement que produisent les plaisirs et les sollicitudes de la terre: «Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d'échapper à tous ces maux qui arriveront».

On me dira peut-être: Puisque les disciples ont préparé, le premier jour des azymes, ce qu'il fallait pour que leur divin Maître pût manger la pâque, nous devons aussi célébrer la pâque le même jour, je réponds que ce n'est pas ici une prescription, mais le simple récit d'un fait qui a eu lieu au temps de la passion du Sauveur, et que le récit d'un fait qui s'est passé est tout différent de l'établissement d'une règle qui oblige pour l'avenir. Je dirai plus, c'est que le Sauveur n'a point mangé la pâque le jour où les Juifs immolaient l'agneau pascal; car cette immolation n'eut lieu que la veille du sabbat, le jour même de la passion du Seigneur: c'est pour cela qu'ils n'entrèrent point dans le prétoire de Pilate, afin de pouvoir manger la pâque ( Jn 19). Du moment qu'ils conspirèrent contre la vérité, ils ne craignirent plus de s'écarter des règles tracées par la vérité, et ils ne mangèrent plus la pâque, comme ils avaient coutume de le faire le premier jour des azymes, où la pâque devait être immolée (car ils étaient occupés de bien autre chose), mais ils la célébrèrent le jour suivant, qui était le second jour des azymes. Le Seigneur, au contraire, célébra la pâque avec ses disciples le premier jour des azymes, c'est-à-dire le cinquième jour après le sabbat.

Ou bien encore, le Seigneur étant sur le point d'instituer une pâque nouvelle, il dit avec raison: «J'ai désiré ardemment cette pâque», c'est-à-dire, le mystère nouveau du Nouveau Testament qu'il donnait à ses disciples, et que tant de prophètes et de justes avaient désiré voir. Or, comme il avait soif du salut de tous les hommes, il instituait un mystère qui devait être célébré dans le monde entier, tandis que la pâque établie par Moïse ne pouvait être célébrée que dans un seul endroit, c'est-à-dire, à Jérusalem; elle n'était donc point destinée à toutes les nations et ne pouvait être l'objet d'un désir si ardent.

Si au contraire, après avoir vécu sur la terre au milieu des hommes, il eût disparu subitement sans passer par la mort, on l'eût regardé comme un fantôme. De même donc que pour prouver qu'un vase quelconque est à l'épreuve du feu, et d'une nature incombustible, on le jette dans les flammes pour l'en retirer complètement intact; ainsi le Verbe de Dieu, voulant prouver que le corps dont il s'est servi pour le salut du genre humain est supérieur à la mort, l'a livré à la mort pour montrer sa nature, puis, presque aussitôt, l'a délivré de la mort par la vertu de sa divine puissance. Telle est la première raison de la mort de Jésus-Christ; la seconde est de faire ressortir la puissance divine qui habite dans son corps comme dans un temple. Dans l'antiquité, on déifiait les hommes qui avaient subi la loi commune de la mort, et on leur décernait le nom de héros et de dieux; mais Jésus a voulu nous enseigner que celui-là seul méritait d'être proclamé vrai Dieu après sa mort, qui avait triomphé de la mort, et s'était revêtu des glorieux trophées de sa victoire. La troisième raison de sa mort, a été d'immoler une victime digne pour le salut du genre humain tout entier, une victime dont l'immolation détruisit la puissance des démons et anéantit toutes les erreurs. Une quatrième raison enfin, était de rendre ses disciples témoins de sa résurrection, de ranimer ainsi leur foi, de relever leur espérance, et de les préparer à marcher avec joie au combat contre toutes les erreurs, sans craindre la mort.

Le corps du Verbe était étendu sans vie dans le tombeau, et une grande pierre en fermait l'entrée, comme si la mort eût voulu le retenir captif; mais trois jours n'étaient pas encore écoulés, que la vie se manifesta de nouveau, après que la mort du Sauveur eut été environnée de toute la certitude possible: «Et elles virent que la pierre qui était au-devant du sépulcre, en avait été ôtée».

Les messagers de cette heureuse résurrection apparaissent revêtus d'habits resplendissants, comme présages de joie et de bonheur. Lorsque Moïse était sur le point de frapper l'Égypte de plaies, il vit un ange au milieu d'une flamme ardente; mais ce n'est point dans cet appareil terrible, que les anges se montrent aux saintes femmes, ils sont environnés de la grâce et de la douceur qui convenaient au règne et au glorieux triomphe du Seigneur. Et de même qu'au temps de sa passion le soleil s'était éclipsé, pour témoigner son horreur et sa tristesse aux bourreaux qui crucifièrent le Fils de Dieu; ainsi les anges messagers de la vie et de la résurrection annoncent, par l'éclat de leurs vêtements, la joie de cette grande fête qui est le salut du monde.

Seul parmi les Apôtres, il se rend au témoignage des femmes, qui lui rapportent l'apparition des anges, et comme il avait pour Jésus un amour plus grand que les autres Apôtres, il montrait aussi un plus grand zèle, et regardait de tous côtés pour découvrir le Seigneur: «Et s'étant penché, il ne vit que les linges par terre».

En effet, si deux évangélistes, saint Luc et saint Jean, ont écrit que Notre-Seigneur est apparu aux onze dans la ville de Jérusalem, les deux autres rapportent que l'ange aussi bien que le Sauveur commandèrent de se rendre en Galilée, non seulement aux onze, mais à tous les disciples et aux frères dont parle saint Paul, quand il dit: «Ensuite il apparut à plus de cinq cents frères réunis». ( 1Co 15 ). Mais la solution la plus vraisemblable de cette difficulté, est que Jésus apparut d'abord une ou deux fois pour la consolation des Apôtres qui se tenaient cachés dans Jérusalem, et qu'il se manifesta ensuite dans la Galilée, non plus une fois ou deux, comme dans le cénacle, mais dans tout l'éclat de sa puissance, et en faisant voir à ses Apôtres par beaucoup de preuves qu'il était vivant, comme l'atteste saint Luc dans le livre des Actes (Ac 1, 3).

Dieu lui avait en effet: «Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage» ( Ps 2). Il était nécessaire, en effet, que ceux des Gentils qui se convertiraient à lui, fussent purifiés par sa vertu de toutes les taches et de toutes les souillures contractées au milieu des erreurs diaboliques de l'idolâtrie et des abominations d'une vie d'impudicité. Voilà pourquoi il ajoute: «Il fallait qu'on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations»; car tous ceux qui témoignent un véritable repentir, reçoivent de sa grâce et de sa miséricorde le pardon des iniquités pour l'expiation desquelles il a voulu souffrir la mort.

Or, si les prédictions que Jésus-Christ a faites, ont déjà leur accomplissement, et si la foi du monde entier reconnaît la puissance et l'efficacité de sa parole, il est temps désormais de croire à l'auteur de cette parole, et de reconnaître aussi qu'il doit nécessairement être Dieu, puisque les oeuvres divines qu'il opère sont conformes à ses divins enseignements. C'est ce qui s'est accompli par le ministère des Apôtres: «Pour vous, vous êtes témoins de ces choses» etc., c'est-à-dire, de ma mort et de ma résurrection.