Commentaire grec

Dans la "Chaîne d'Or" (Catena Aurea), une œuvre exégétique de Saint Thomas d'Aquin, les "Commentaires grecs" font référence aux écrits des Pères de l'Église et des théologiens de la tradition byzantine. Ces commentaires, rédigés en grec, sont des analyses approfondies des textes bibliques, en particulier des Évangiles.

Saint Thomas d'Aquin a compilé ces commentaires pour créer une exégèse continue des Évangiles, intégrant les perspectives de divers auteurs ecclésiastiques. Parmi ces auteurs, des figures telles que Jean Chrysostome, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et d'autres théologiens byzantins occupent une place prépondérante.

Ces commentaires grecs sont caractérisés par leur richesse théologique, leur profondeur spirituelle et leur style rhétorique. Ils offrent des interprétations uniques et éclairantes des Écritures, reflétant la tradition théologique et exégétique de l'Église orthodoxe orientale.

La "Chaîne d'Or" de Saint Thomas, en intégrant ces commentaires, fournit une perspective diversifiée et complète de l'interprétation biblique, rassemblant les enseignements et les réflexions de l'Orient et de l'Occident chrétiens.

Commentaires de Commentaire grec

Saint Luc commence son récit par l'histoire de Zacharie et de la naissance de Jean-Baptiste; préludant ainsi par le récit d'un moindre prodige au récit d'un prodige plus étonnant. Une Vierge devait être mère, la grâce nous prépare à ce mystère, en nous montrant une femme stérile devenue féconde. Le temps se trouve indiqué par ces paroles: «Dans les jours d'Hérode», et la dignité d'Hérode par ces autres: «Roi de Judée». Cet Hérode était différent de celui qui mit à mort Jean-Baptiste, il était roi, tandis que ce dernier n'était que tétrarque.

Mais quelles seront les oeuvres que Jean-Baptiste accomplira sous la conduite de l'Esprit saint, les voici: Il convertira plusieurs des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu.

Ou bien encore, les Juifs étaient parents de Jean et des Apôtres, et cependant par orgueil autant que par incrédulité, ils se déchaînaient contre l'Évangile. Que fit alors Jean-Baptiste, et après lui les Apôtres? comme des enfants pleins de douceur, ils découvraient la vérité à leurs pères, et cherchaient ainsi à les rendre participants de leur propre justice et de leur prudence. C'est ainsi qu'Elie doit convertir les restes des Hébreux à la vérité prêchée par les Apôtres.

Tandis que ces choses se passaient dans l'intérieur du temple, la multitude qui attendait au dehors était surprise de ce que Zacharie tardait à revenir: «Cependant le peuple attendait Zacharie, et s'étonnait de ce qu'il demeurait si longtemps dans le temple». Chacun se livrait à ses conjectures et donnait ses suppositions; Zacharie étant enfin sorti, leur apprit, par son silence forcé, ce qui lui était arrivé dans l'intérieur du temple. «Et étant sorti, il ne pouvait leur parler.

Aussi l'Évangéliste ajoute: «Elle se cachait pendant cinq mois», c'est-à-dire jusqu'au temps où Marie elle-même conçut son divin fils, et que l'enfant d'Elisabeth, tressaillant de joie dans son sein, commença de remplir les fonctions de prophète.

C'est là le complément de l'ambassade céleste, le Verbe de Dieu contracte comme un époux une union incompréhensible à la raison; engendrant tout à la fois et engendré, il s'associe intimement toute la nature humaine. Les dernières paroles de l'ange sont le couronnement et l'abrégé de tout ce qui précède: «Vous êtes bénie entre les femmes», c'est-à-dire seule entre toutes les femmes; par là même toutes les femmes seront bénies en vous, comme tous les hommes en votre Fils, ou plutôt les uns et les autres seront bénis en vous deux. En effet, c'est par une femme et un homme que le péché et la douleur sont entrés dans le monde; c'est aussi par une femme et par un homme que la bénédiction, que la joie sont appelées et répandues sur toute créature.

Comme ces visions du ciel lui étaient familières, ce n'est point à la vision elle-même, mais aux paroles de l'ange que l'Évangéliste attribue son trouble: «Ayant entendu ces paroles, elle en fut troublée». Remarquez encore tout à la fois la pudeur et la prudence de cette divine Vierge, les sentiments de son âme, les paroles qui sortent de sa bouche. Elle entend parler de joie, de bonheur, elle examine ce qu'on lui dit, elle ne résiste pas ouvertement par incrédulité, elle ne croit pas aussitôt à la légère, elle évite à la fois la légèreté d'Eve, et l'obstination de Zacharie: «Et elle se demandait ce que pouvait être cette salutation». Car elle ignorait encore la grandeur du mystère qui allait s'acc omplir en elle. Cette salutation est-elle inspirée par la passion, comme serait celle d'un homme à une vierge? Ou bien est-elle divine, puisqu'on fait intervenir le nom même de Dieu: «Le Seigneur est avec vous».

Comme s'il disait: Je ne suis point venu pour vous tromper, mais pour apporter le pardon de l'ancienne déception, je ne viens point non plus porter atteinte à votre inviolable virginité, mais préparer en vous une demeure à l'auteur, au gardien de toute pureté; je ne suis pas l'envoyé du serpent, mais l'ambassadeur de celui qui détruit son empire, je viens non vous tendre un piége, mais traiter de l'union mystérieuse que Dieu veut contracter avec vous. Il ne veut pas la laisser en proie à des pensées inquiétantes, pour sauver l'honneur de la mission divine qu'il vient remplir.

Cette Vierge sainte a trouvé grâce devant Dieu, parce que l'éclat de sa chasteté qui était le plus bel ornement de son âme, en a fait une demeure agréable à Dieu; et que non seulement elle a gardé une virginité perpétuelle, mais a conservé son âme pure de toute tache.

L'ange dit à Marie: «C'est vous qui lui donnerez ce nom, et non pas son père; car il n'a point de père dans sa génération temporelle, comme il n'a point de mère dans sa génération divine.

Mais comme ce nom lui était commun avec le successeur de Moïse, l'ange fait ressortir la différence qui les sépare en ajoutant: «Il sera grand».

Et ne croyez pas que l'incarnation du Fils de Dieu porte la moindre atteinte à la majesté divine, au contraire, elle élève jusqu'aux cieux notre pauvre humanité: «Et il sera appelé, dit l'ange, le Fils du Très-Haut». Ce n'est pas vous qui lui donnerez ce nom: «Il sera appelé», et par qui donc, si ce n'est par son Père qui lui est consubstantiel? Celui-là seul qui a la connaissance parfaite de son fils, peut seul aussi lui donner le nom qui lui convient, ce qu'il fait quand il dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». Il l'est de toute éternité, bien que ce nom ne nous ait été révélé que dans le temps pour notre instruction; aussi l'ange dit: «Il sera appelé», et non pas, il deviendra, ou il sera engendré; car avant tous les siècles il était consubstantiel à son Père. Celui donc que l'immensité des cieux ne peut contenir, c'est lui que vous concevrez, c'est lui dont vous deviendrez la mère, c'est lui que votre sein virginal va renfermer.

L'ange voulant rappeler au souvenir de Marie les oracles des prophètes, ajoute: «Et Dieu lui donnera le trône de David», etc., afin qu'elle sache à n'en pouvoir douter, que celui dont elle deviendra la mère, c'est le Christ qui, selon les prophètes, devait naître de la race de David.

A Dieu seul il appartient de régner éternellement; aussi, bien que l'ange déclare qu'il prendra possession du trône de David par suite de son incarnation, en tant que Dieu, il est le roi éternel des siècles. «Et son royaume n'aura point de foi». Non seulement comme Dieu, mais aussi en tant qu'il est homme; dans le temps présent, il règne sur un grand nombre, à la fin des siècles, son empire s'étendra sur tous sans exception, lorsque tout es choses lui seront soumises.

Considérez comment l'ange, parlant à Marie, fait intervenir toute la Trinité, en mentionnant distinctement l'Esprit saint, le Verbe et le Très-Haut; car la Trinité est indivisible.

Considérez comment l'ange lève le doute de la Vierge, et lui explique la chaste union et l'enfantement ineffable qui doit la suivre: «Et l'ange lui répondit: L'Esprit saint surviendra en vous», etc.

C'est près d'Elisabeth seule qu'elle va se réfugier; elle avait coutume d'en agir ainsi à cause de sa parenté qui les unissait, et plus encore à cause de la conformité de leurs sentiments et de leurs moeurs.

Le prophète voit et entend plus clairement que sa mère, il salue le prince des prophètes, et au défaut de la parole qui lui manque, il tressaille dans le sein de sa mère (ce qui est le signe le plus expressif de la joie); mais qui jamais a ressenti ces tressaillements de la joie avant sa naissance? La grâce produit, des effets inconnus à la nature: le soldat renfermé dans les entrailles de sa mère reconnaît son Seigneur et son roi dont la naissance approche, l'enveloppe du sein maternel n'est point un obstacle à cette vision mystérieuse; car il le voit non des yeux ou du corps, mais des yeux de l'âme.

C'est donc ici le seul fruit vraiment béni, parce qu'il a été produit sans le concours de l'homme et l'influence du péché.

Elle semble dire: Le mystère étonnant que Dieu a prédit, c'est dans mon corps qu'il doit l'opérer, mais mon âme ne peut rester stérile devant lui. Il faut que je lui offre le fruit de ma volonté, car plus est grand le miracle dont je suis l'objet, plus aussi je dois glorifier l'auteur de toutes ces merveilles.

Marie fait connaître la cause de la gloire qu'elle rend à Dieu, et de ses divins transports: « Parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante », c'est-à-dire: c'est lui qui le premier a jeté les yeux sur moi contre mon espérance, j'étais contente de mon humble condition, et maintenant Dieu me choisit pour l'accomplissement d'un dessein vraiment ineffable, et m'élève de la terre aux cieux.

Si elle se proclame bienheureuse, ce n'est po int par un sentiment de vaine gloire; et comment l'orgueil aurait-il pu trouver accès dans celle qui s'est appelée la servante du Seigneur? C'est donc par une inspiration de l'Esprit saint, qu'elle prédit ses destinées futures.

C'est par cette miséricorde qu'il existe d'âge en âge, que j'ai conçu et qu'il s'est uni lui-même à un corps vivant, pour traiter l'affaire de notre salut par un sentiment d'amour. Toutefois, sa miséricorde ne s'exerce pas indist inctement, mais sur ceux qui dans toute nation sont soumis à la crainte de Dieu. Voilà pourquoi Marie ajoute: « Sur ceux qui le craignent »,c'est-à-dire, sur ceux que le repentir amène à la foi et à une vraie pénitence, car ceux qui résistent avec obstination se sont fermé, par leur incrédulité coupable, la porte de la miséricorde. - Theophyl. Ou bien encore, ces paroles signifient que ceux qui craignent Dieu obtiendront miséricorde, et dans cette génération, c'est-à-dire, dans le siècle présent, et dans la génération future, ou dans le siècle à venir, et qu'ils recevront le centuple en ce monde, et dans la vie future une récompense beaucoup plus grande.

Il a fait, ou plutôt, il fera éclater sa puissance, non comme autrefois, lorsqu'il anéantit par Moise l'armée des Egyptiens, ou qu'il détruisit par un ange, au nombre de plusieurs mille, l'armée des Assyriens rebelles. Ici c'est par sa seule puissance et sans le concours de personne qu'il triomphe des intelligences révoltées contre lui: «Il a dissipé les orgueilleux dans les pensées de leur coeur», c'est-à-dire, il a dissipé toute âme qui a refusé de croire à sa venue; bien plus, il a dévoilé et mis à découvert leurs pensées superbes et criminelles.

Nous savons que notre esprit doit être le siège de la divinité; mais aussitôt le péché de notre premier père, les puissances d'iniquité ont envahi l'intérieur de notre âme, pour y régner comme sur leur propre trône. Or Dieu est venu justement sur la terre pour chasser ces esprits mauvais du siége de nos volontés, et relever ceux que les démons avaient terrassés, en purifiant leurs consciences et en établissant son trône dans leur coeur.

Il est d'usage, en effet, que les vierges se retirent lorsqu'une femme est sur le point d'enfanter. Dès qu'elle fut rentrée dans sa maison, elle n'en sortit plus, elle y demeura jusqu'au moment où elle connut que l'heure de son enfantement était proche, et ce fut alors qu'un ange fut envoyé pour éclaircir le doute de Joseph.

En effet, Dieu opérait en lui des prodiges dont Jean n'était pas l'auteur, mais la main (ou la droite) de Dieu. - Glose. Cette crainte est au sens mystique la figure de la crainte salutaire que produisit la prédication de la grâce de Jésus-Christ, dans les temps qui suivirent sa résurrection, et qui ébranla les coeurs non seulement des Juifs (qui étaient proches, soit par la contrée qu'ils habitaient, soit par la connaissance de la loi), mais encore des nations les plus éloignées. Et la renommée de Jésus-Christ, non seulement a franchi les montagnes de la Judée, mais a surpassé les sommets les plus élevés des royaumes du monde et de la sagesse humaine.

C'est donc Dieu qui a parlé par leur bouche, et ce qu'ils ont annoncé, ne vient point de l'homme.

Il habite le plus haut des cieux, et cependant il se rend présent sur la terre, sans être assujetti à aucune division, à aucune limite; mystère que nulle intelligence ne peut comprendre, que nulle parole ne peut exprimer.

Remarquez encore que Jésus-Christ vient au monde lorsque le sceptre de la souveraineté n'est plus entre les mains des Juifs, mais entre celles des empereurs romains dont ils sont devenus tributaires. Ainsi se trouve accomplie la prophétie qui annonçait que le sceptre ne sortirait point de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vint celui qui devait être envoyé. ( Gn 49). Ce fut la quarante-deuxième année du règne de César-Auguste que parut cet édit qui ordonnait de procéder au recensement de tout l'univers pour établir le paiement des impôts. L'empereur Auguste confia le soin de ce dénombrement à Cyrinus, qu'il avait nommé gouverneur de la Judée et de la Syrie. «Ce premier dénombrement se fit», etc.

L'Évangéliste désigne cette ville sous le nom de ville de David, pour nous apprendre que la promesse que Dieu avait faite à David (que le Roi éternel sortirait de sa race) (cf. 2 R 7, 12; Ps 131, 11), se trouvait accomplie; c'est aussi pour cela qu'il ajoute: « Parce qu'il était de la maison et de la famille de David ». Par là même que Joseph était de la race de David, l'Évangéliste prouvait que la Vierge en descendait également, puisque la loi divine ordonnait que les mariages fussent contractés dans la même famille, il se contente donc d'ajouter: « Avec Marie son épouse », etc. - Cyril

A quels admirables abaissements se réduit, à quels voyages lointains s'assujettit celui qui contient le monde entier dans son immensité ! Dès son entrée dans le monde, il recherche la pauvreté et la rend honorable dans sa personne.

Ce miracle les remplit de frayeur: « Et ils furent saisis de crainte »,etc. Mais l'ange dissipe bientôt cette frayeur qui les trouble: « Et il leur dit », etc. Non content d'apaiser leur crainte, il leur inspire un vif sentiment de joie. Entendez en effet la suite: « Voici que je vous annonce le sujet d'une grande joie , etc., non seulement pour le peuple juif, mais pour tous les hommes. Quelle est la cause de cette joie, c'est cet enfantement nouveau et vraiment admirable d'après les noms que l'ange donne à cet enfant. Il ajoute: « Parce qu'il vous est né aujourd'hui un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur . Le premier de ces noms (celui de Sauveur), exprime l'action; le troisième (celui de Seigneur), la majesté.

L'ange leur fait connaître ensuite le moment de cette naissance: « Aujourd'hui»; le lieu: « Dans la ville de David»; et les signes pour le reconnaître: « Et voici le signe que je vous donne »,etc. C'est ainsi que les anges annoncent à des pasteurs le prince des pasteurs qui naît et se manifeste comme un agneau dans une étable.

Tout ce que l'ange avait dit à Marie, tout ce qu'elle avait appris de Zacharie et d'Elisabeth elle le conservait dans son âme, elle en faisait le rapprochement, et cette Mère de la sagesse en admirait la parfaite harmonie, qui lui faisait reconnaître un Dieu dans celui dont elle était la Mère.

L'apparition de l'ange, son récit, jetèrent les bergers dans un grand étonnement; ils laissèrent donc leurs troupeaux et partirent cette nuit-là même pour Bethléem, à la recherche de cette lumière du Sauveur: «Et ils se disaient l'un à l'autre»,etc.

Ils contemplent avec foi dans le secret de leurs coeurs l'accomplissement de l'heureuse nouvelle qui leur a été annoncée, et non contents de ce sentiment d'admiration, ils racontaient tout ce qu'ils avaient vu et entendu, non seulement à Marie et à Joseph, mais à tous c eux qu'ils rencontraient, et (ce qui est mieux encore) ils le gravaient dans les coeurs: «Et tous ceux qui l'entendirent admirèrent», etc. Et quel plus juste sujet d'admiration que de voir celui qui habite dans les cieux, s'unissant à la terre pour la réconcilier avec les cieux, et cet ineffable petit enfant, unissant étroitement ensemble les choses célestes par sa divinité, avec les choses terrestres par son humanité, offrant ainsi une admirable alliance entre ces deux natures intimement unies en lui-même.

Ou bien ils ignoraient si par ces paroles: «Aux choses qui regardent le service de mon Père», il voulait parler du temple, ou si ces paroles renfermaient un sens plus élevé, d'une utilité plus immédiate; car chacun de nous, s'il est bon et vertueux, devient la demeure et comme le siégé de Dieu le Père; et si nous sommes la demeure et le siége de Dieu, nous avons Jésus au milieu de nous. Toute la vie de Jésus-Christ qui s'est écoulée depuis ce moment jusqu'au temps de sa manifestation et de son baptême, et qui n'a été signalée ni par la publicité d'aucun miracle, ni par l'éclat de sa doctrine, se trouve résumée dans ces seules paroles de l'Évangéliste: «Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis».

Notre-Seigneur suit tour à tour ces deux méthodes: Tantôt il commence par établir la loi, et puis il la confirme par ses oeuvres, comme lorsque ayant dit: «Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis», lui-même, quelque temps après, sacrifia sa propre vie pour notre salut. Quelquefois, au contraire, il donne tout d'abord l'exemple, et trace ensuite dans ses enseignements la règle qu'il faut suivre. C'est ce qu'il fait ici en nous apprenant, par sa conduite, ces trois principaux devoirs: Aimer Dieu, honorer ses parents, et savoir leur préférer Dieu quand il le faut. En effet, au reproche que lui font ses parents, il répond en mettant au premier rang, et avant tout, le service de Dieu; puis il rend ensuite à ses parents l'obéissance qui leur est due.

Il croissait en âge, parce que son corps atteignait successivement la virilité; il croissait en sagesse dans les divines leçons qu'il donnait à ceux qu'il instruisait; il croissait dans cette grâce qui nous fait nous - même croître et avancer avec joie dans l'espérance d'obtenir à la fin les biens qui nous sont promis. Il croissait devant Dieu, parce qu'il accomplissait l'oeuvre de son Père dans la chair qu'il avait prise; il croissait devant les hommes en les retirant du culte des idoles pour les élever à la connaissance de la divine Trinité. - Théoph. L'Évangéliste dit qu'il croissait devant Dieu et devant les hommes, parce qu'il faut plaire à Dieu, avant de plaire aux hommes.

Mais comment le Sauveur a-t-il été comme entraîné malgré lui, alors que nous-mêmes agissons en tout dans la plénitude de notre libre arbitre? Il faut donc entendre ces paroles: «Il était poussé par l'Esprit» dans ce sens, que c'est volontairement qu'il a embrassé cette vie de solitude spirituelle pour donner lieu au démon de le tenter.

Le Sauveur se sert avec dessein du terme générique, il ne dit pas: Quelqu'un descendait, mais; «Un homme descendait», car soit discours embrasse l'humanité toute entière.