Nicolas Cabasilas

Nicolas Cabasilas, né au XIVe siècle et décédé après 1391, était un théologien et mystique byzantin. Il est surtout connu pour ses écrits sur la vie spirituelle et la liturgie dans l'Église orthodoxe. Sa pensée a eu une influence notable sur la théologie et la spiritualité orthodoxes.

Cabasilas a vécu à une époque de profonds bouleversements pour l'Empire byzantin, marquée par des défis politiques et religieux. Malgré cela, il a concentré son érudition sur le développement d'une compréhension profonde de la vie chrétienne.

Son œuvre la plus célèbre, "La Vie en Christ", est un traité détaillé sur la spiritualité chrétienne, dans lequel il explore la signification de l'Incarnation, des sacrements, et de la vie de prière. Il souligne l'importance de la participation active à la vie liturgique et sacramentelle pour l'union avec le Christ.

Cabasilas a également écrit un commentaire important sur la Divine Liturgie, offrant une explication profonde des rites liturgiques byzantins et de leur signification spirituelle. Ses écrits reflètent une fusion de la théologie orthodoxe traditionnelle avec une approche personnelle et mystique de la foi.

Reconnu pour sa piété, son intelligence et son approche accessible de sujets théologiques complexes, Nicolas Cabasilas reste une figure influente dans la tradition orthodoxe, ses écrits continuant d'inspirer les fidèles à ce jour.

Commentaires de Nicolas Cabasilas

Bien que la sainte Trinité ait donné le salut au genre humain par un seul et même amour des hommes, la foi nous dit que chacune des personnes divines y apporte sa contribution particulière. Le Père se réconcilia avec nous, le Fils opéra la réconciliation, et le Saint-Esprit fut le don accordé à ceux qui étaient devenus les amis de Dieu. Le Père nous a libérés, le Fils fut la rançon de notre délivrance; quant à l'Esprit, il est la liberté en personne, selon la parole de saint Paul: Là où l'Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté (2Co 3,17). Si le Père nous a créés, le Fils nous a re-créés, et c'est l'Esprit qui fait vivre (Jn 6,63). Car, dans la création initiale, la Trinité s'inscrivait en filigrane. Le Père était le modeleur, le Fils était sa main, l'Esprit Défenseur insufflait la vie. Mais pourquoi parler de cela? Car c'est seulement dans la création nouvelle que nous ont été révélées les distinctions qui existent en Dieu.

En effet, à toutes les époques, Dieu a répandu ses bienfaits sur la création, mais vous n'en trouverez pas un que l'on puisse rapporter au Père seul, au Fils seul, ou à l'Esprit seul. Au contraire, ils sont tous communs à la Trinité, parce que c'est par une seule puissance, une seule providence et une seule activité créatrice qu'elle réalise toute chose.

Dans le plan du salut par lequel elle a restauré notre genre humain en le renouvelant, c'est bien la Trinité tout entière qui a voulu mon salut et qui a prévu comment il se réaliserait. Mais ce n'est pas la Trinité tout entière qui l'a réalisé. Son artisan, ce n'est ni le Père ni le Saint-Esprit, mais le Verbe seul, le Fils unique seul. C'est lui qui a assumé la chair et le sang. C'est lui qui a subi les fouets et la douleur, c'est lui qui est mort et ressuscité. C'est par lui que la nature a reçu une vie nouvelle et que le baptême fut institué comme une naissance nouvelle et une création nouvelle. C'est pourquoi, lorsque l'on baptise, il faut invoquer Dieu en distinguant les personnes: le Père, le Fils, le Saint-Esprit, que cette création nouvelle est seule à nous révéler.

Il fallait que la Vierge fût associée au Fils en tout ce qui regarde notre salut. De même qu'elle lui fit partager sa chair et son sang et qu'elle fut, en retour, gratifiée de ses bienfaits, de même elle eut part à toutes ses souffrances et à toutes ses peines. Il fut attaché à la croix et eut le côté percé par la lance. Elle eut le coeur transpercé par une épée, comme le divin Syméon l'avait annoncé.

La première, elle fut rendue conforme à la mort du Sauveur par une mort semblable à la sienne. C'est pourquoi, avant tous les autres, elle eut part à la résurrection. En effet, après que le Fils eut brisé la tyrannie de l'enfer, elle eut le bonheur de le voir ressuscité et de recevoir sa salutation, et elle l'accompagna autant qu'elle le put, jusqu'à son départ vers le ciel. Après son ascension, elle prit la place que le Sauveur avait laissée libre parmi ses Apôtres et ses autres disciples, ajoutant ainsi aux bienfaits que Dieu avait dispensés à l'humanité celui de compléter ce qui manquait au Christ (Col 1,24) beaucoup mieux que quiconque. Cela ne convenait-il pas à sa mère plus qu'à tout autre?

Mais il fallait que cette âme très sainte se détache de ce corps très sacré. Elle l'a quitté et s'est unie à l'âme du Fils, elle, une lumière créée, à la lumière primordiale. Et son corps, après être resté quelque temps sur la terre, a été lui aussi emporté au ciel. Il fallait, en effet, qu'il emprunte tous les chemins que le Sauveur avait parcourus, qu'il resplend isse pour les vivants et les morts, qu'il sanctifie en toutes choses la nature et qu'il reçoive ensuite la place qui lui convenait. Le tombeau l'a donc abrité quelque temps, puis le ciel a recueilli cette terre nouvelle, ce corps spirituel, ce trésor de notre vie, plus digne que les anges, plus saint que les archanges. Et le trône fut rendu au roi, le paradis à l'arbre de vie, le monde à la lumière, l'arbre à son fruit, la Mère au Fils: elle en était parfaitement digne puisqu'elle l'avait engendré.

Qui, ô bienheureuse, trouvera les mots capables d'égaler ta justice et les bienfaits que tu as reçus du Seigneur, et ceux que tu as prodigués à toute l'humanité? Quand bien même, comme dirait saint Paul, il parlerait les langues des hommes et des anges (1Co 13,1). Je pense que c'est aussi une part du bonheur éternel réservé

aux justes, que de connaître tes privilèges et de les publier aussi bien que tu le mérites. Car cela fait partie également des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues (1Co 2,9) et que, selon saint Jean, l'immortel, le monde lui-même ne pourrait comprendre (Jn 21,25). Tes merveilles ne peuvent resplendir que dans ce théâtre, ce ciel nouveau et cette terre nouvelle (Ap 21,1), où luit le soleil de justice, que les ténèbres ne suivent ni ne précèdent. Tes merveilles, le Seigneur lui-même les proclame tandis que les anges applaudissent.