Saint Chromace d'Aquilée

Saint Chromace d'Aquilée, évêque et érudit chrétien du début du Ve siècle, est reconnu pour son rôle dans l'Église primitive et son influence dans la région d'Aquilée, en Italie. Son épiscopat, s'étendant de 388 à environ 407, a été marqué par son engagement en faveur de l'orthodoxie chrétienne et son opposition à l'arianisme.

Chromace était un contemporain et un allié de Saint Ambroise de Milan et a joué un rôle actif dans les débats théologiques et ecclésiastiques de son époque. Il est particulièrement reconnu pour ses efforts pour renforcer la foi nicéenne et combattre les hérésies, en particulier l'arianisme qui était répandu dans certaines régions de l'Empire romain.

En tant qu'auteur, il a laissé derrière lui un corpus d'écrits, notamment des sermons et des traités, qui offrent un aperçu précieux de la théologie et de la pratique pastorale du début du Ve siècle. Ses œuvres mettent en lumière sa profonde compréhension des Écritures et son talent pour les expliquer de manière accessible à son auditoire.

Saint Chromace est également connu pour son rôle dans le développement de la liturgie et la gouvernance ecclésiastique dans la région d'Aquilée, où il a contribué à la consolidation de l'Église et à l'établissement de ses structures organisationnelles.

Sa contribution à l'Église primitive, à la fois en tant que défenseur de l'orthodoxie et en tant que pasteur, continue d'être reconnue et célébrée dans la tradition chrétienne.

Commentaires de Saint Chromace d'Aquilée

En ce jour, comme nous venons de l'entendre par la lecture de l'Évangile, notre Seigneur et Sauveur a été baptisé par Jean dans le Jourdain, et c'est pourquoi cette solennité n'est pas petite, mais grande, et même très grande. Car, lorsque notre Seigneur a daigné se faire baptiser, l'Esprit Saint vint sur lui sous la forme d'une colombe, et l'on entendit la voix du Père qui disait: Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17).

Quel grand mystère dans ce baptême céleste! Le Père se fait entendre du haut du ciel, le Fils est vu sur la terre, l'Esprit Saint se montre sous la forme d'une colombe. Car il.n'y a pas de vrai baptême ni de vraie rémission des péchés là où il n'y a pas la vérité de la Trinité; et la "rémission des péchés ne peut être donnée là où la foi en la Trinité n'est pas parfaite ;

Le baptême que donne l'Église est unique et véritable: il n'est donné qu'une fois et, en y étant plongé une seule fois, on est purifié et renouvelé. Purifié, parce qu'on a déposé la souillure des péchés; renouvelé, parce qu'on ressuscite pour une vie nouvelle après avoir dépouillé la vieillerie du péché. Car ce bain du baptême rend l'homme plus blanc que neige, non quant à la peau de son corps, mais par la splendeur de son esprit et la pureté de son âme.

Donc les cieux se sont ouverts, au baptême du Seigneur, afin que, par le bain de la nouvelle naissance, on découvre que les royaumes des cieux sont ouverts aux croyants, selon cette sentence du Seigneur: Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3,5). Il est donc entré, celui qui renaît et qui n'a pas négligé de préserver son baptême; et, semblablement, il n'est pas entré celui qui n'est pas rené.

Donc, parce que notre Seigneur était venu donner le baptême nouveau pour le salut du genre humain et la rémission de tous les péchés, lui-même a voulu être baptisé le premier, non pour dépouiller le péché, puisqu'il n'avait pas commis de péché, mais pour sanctifier les eaux du baptême afin de détruire les péchés de tous les croyants renés par le baptême. Lui, le Seigneur, fut donc baptisé dans l'eau pour que, par le baptême, nous soyons lavés de tous nos péchés.

Un jour où notre Seigneur et Sauveur parcourait de nombreuses villes et régions en prêchant et en guérissant toute maladie et toute infirmité dans le peuple, voyant, dit la lecture de ce jour, les foules qui l'entouraient, il gravit la montagne (Mt 5,1). Comme il convient, le Dieu très haut monte sur une hauteur afin de proclamer de sublimes paroles à l'adresse de ceux qui aspirent à s'élever aux plus hautes vertus. Et, comme la Loi a été donnée à Moïse sur une montagne, il sied que la loi nouvelle soit promulguée sur une montagne. Celle-là comportait les dix commandements, en vue de parvenir à la connaissance et à la sagesse dans la vie présente; celle-ci comprend les huit béatitudes, car elle conduit ceux qui l'observent à la vie éternelle et à la patrie céleste.

Heureux les doux: ils hériteront de la terre (Mt 5,4). Il faut donc que les doux aient une âme pacifique et un coeur sincère. Le Seigneur montre clairement que leur mérite est considérable, quand il dit qu'ils hériteront de la terre. Il s'agit, sans aucun doute, de cette terre dont il est écrit: J'en suis sûr, je verrai la bonté du Seigneur sur la terre des vivants (Ps 26,13), si bien que l'héritage de cette terre-là, c'est l'immortalité du corps et la gloire de la résurrection éternelle.

Car la douceur ignore l'orgueil, elle ignore la vantardise, elle ignore l'ambition. Aussi le Seigneur exhorte-t-il ailleurs avec juste raison ses disciples en ces termes: Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes (Mt 11,29).

Heureux ceux qui pleurent: ils seront consolés (Mt 5,5). Non ceux qui pleurent la perte d'êtres chers, mais ceux qui pleurent leurs péchés et lavent leurs fautes de leurs larmes; et sans doute ceux qui s'affligent de l'iniquité de ce monde ou gémissent sur les péchés d'autrui.

Heureux les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5,9). Voyez comme le mérite des artisans de paix est grand, puisqu'on ne les appelle plus serviteurs mais fils de Dieu. A juste raison, car celui qui aime la paix, aime le Christ, auteur de la paix, lui que l'Apôtre Paul a nommé paix, quand il a dit: C'est lui, en effet, qui est notre paix (Ep 2,14). Celui qui, au contraire, n'aime pas la paix, s'attache à la discorde, parce qu'il aime le diable, auteur de la discorde. Celui-ci, en effet, a fomenté au commencement la discorde entre Dieu et l'homme, puisqu'il a fait de l'homme un transgresseur du commandement divin.

Mais le Fils de Dieu est descendu du ciel pour condamner le diable, auteur de la discorde; pour établir la paix entre Dieu et l'homme en réconciliant l'homme avec Dieu, et en amenant Dieu à rendre sa grâce à l'homme. Et il nous faut devenir des artisans de paix afin de mériter le nom de fils de Dieu. Car, sans la paix, non seulement nous perdons le nom de fils de Dieu, mais même celui de serviteurs, selon ce que dit l'Apôtre: Aimez la paix (cf. He 12,14), sans laquelle aucun de nous ne peut plaire à Dieu (cf. He 11,6).