Sévère d'Antioche

Sévère d'Antioche, né vers 465 et décédé en 538, était un théologien et patriarche influent dans l'Église orthodoxe orientale. Il est surtout connu pour son rôle dans les controverses christologiques de son temps et sa défense de la doctrine mia-physite.

Élu patriarche d'Antioche en 512, Sévère s'est impliqué activement dans les débats théologiques de l'époque. Sa doctrine mia-physite affirmait que, dans le Christ, la nature divine et la nature humaine sont unies en une seule nature, sans confusion ni séparation. Cette position s'opposait à la définition chalcédonienne, qui reconnaissait deux natures distinctes en Christ.

Ses écrits théologiques et ses sermons, riches en contenu doctrinal, ont joué un rôle clé dans la formation de la théologie de l'Église orthodoxe orientale. Bien que controversés et rejetés par l'Église catholique romaine, ses enseignements ont eu un impact durable sur certaines Églises orientales.

Sévère a été exilé en 518 en raison de ses vues théologiques, mais il a continué à avoir une influence considérable sur l'Église orthodoxe orientale. Sa pensée et son héritage continuent d'être étudiés et vénérés dans ces communautés chrétiennes.

Sévère d'Antioche reste une figure significative dans l'histoire de l'Église, illustrant la complexité des débats théologiques et ecclésiastiques de l'époque byzantine.

Commentaires de Sévère d'Antioche

Jésus-Christ ne vient pas détruire, mais éclairer le jour du sabbat: «Je ne suis pas venu détruire la loi, a-t-il dit, mais l'accomplir». Dieu éclaire ce jour pour lui donner la splendeur qui convient au jour du Seigneur, et le faire briller dans toute l'Eglise, alors que dans la synagogue il était couvert des ténèbres que les Juifs répandaient autour de lui. - Suite. «Marie Magdeleine vint», etc. La femme accourt le soir pour obtenir son pardon, elle qui avait couru le matin vers le crime; elle avait puisé dans le paradis l'esprit d'incrédulité, elle se hâte de venir puiser la foi au sépulcre du Sauveur, elle s'efforce d'arracher la vie du sein même de la mort, après qu'elle a vait trouvé la mort au sein même de la vie. Or, l'Évangéliste ne dit point: Elles vinrent, mais: «Elle vint». Sous le même nom, elles viennent deux, non par hasard, mais par une raison mysté rieuse. Marie Magdeleine vient elle-même, mais elle vient toute autre, un bienheureux change ment s'est opéré en elle, non pas dans son nom, mais dans sa vie, non pas dans son sexe, mais dans les dispositions de son âme. Ces femmes, appelées toutes deux Marie, précèdent les Apô tres, et portent pour ainsi dire le symbole des Églises au tombeau du Seigneur. Marie est le nom de la mère de Jésus-Christ, ce même nom est porté simultanément par deux femmes comme figure de l'unité de l'Église qui est composée de deux peuples, c'est-à-dire des Gentils et des Juifs. Or, Marie vint au sépulcre comme au sein qui devait enfanter la résurrection, d'où Jésus-Christ devait naître de nouveau à la foi, comme il était né du sein de sa mère à cette vie mortelle; de manière que le sépulcre fermé rendit à la vie éternelle celui que le chaste sein d'une vierge avait enfanté à la vie présente. C'est une preuve éclatante de sa divinité d'avoir laissé intacte et ferme le sein de la Vierge qui lui avait donné le jour, comme aussi d'être sorti avec son corps de ce tombeau qu'il laisse également fermé.

Il ne dit pas: Il roula la pierre, mais: «Il la renversa»; car la pierre, roulée à l'entrée du tombeau, était une preuve de la mort de Jésus-Christ, tandis qu'étant ren versée, elle est une démonstration de sa résurrection. L'ordre naturel des choses est ici renver sé; le tombeau dévore la mort elle-même, et non le cadavre; la demeure de la mort devient un séjour vivifiant; nous voyons ici un sein d'un nouveau genre, il reçoit un mort et rend un vi vant: «Et il était assis sur la pierre». Il était assis sans être sujet à aucune fatigue; mais comme docteur de la foi, pour annoncer la résurrection; et il était assis sur la pierre pour que la solidité de cette chaire put affermir la foi des croyants. L'ange posait les fondements de la foi sur cette pierre sur laquelle Jésus-Christ devait fonder son Église. - Ou bien cette pierre du tombeau peut être considérée comme une figure de la mort qui pesait sur tous les hommes; et l'ange assis sur la pierre nous représente Jésus-Christ qui a triomphé de la mort par sa puis sance.

Car ils gardaient le tombeau par un instinct de cruauté, et non par un sentiment de piété. Or, celui que sa conscience abandonne et que le remord accable, ne peut rester debout: Voilà pourquoi l'ange renverse les impies, tandis qu'il adresse la parole aux âmes justes pour les consoler.

Elles cherchaient en core celui qui avait été crucifié et qui était mort, car la cruelle tempête de la passion avait trou blé leur foi, et le poids de cette épreuve les avait tellement abattues qu'elles cherchaient, dans le tombeau, le Dieu du ciel. «Il n'est point ici».

L'éclat du visage est distinct de la blan cheur des vêtements; son visage est comparé à l'éclair, et ses vêtements à la neige, parce que l'éclair vient du ciel, et que la neige vient de la terre, c'est pour cela que le prophète a dit: «Louez le Seigneur du sein de la terre, feu, grêle, neige», etc. ( Ps 147) L'ange conserve sur son visage l'éclat de sa nature céleste, et ses vêtements figurent la faveur qu'il nous fait d'entrer en communion avec notre nature. L'aspect de cet ange qui s'adresse aux saintes fem mes est donc tempéré de manière que des yeux mortels puissent supporter la douce clarté de ses vêtements, et que l'éclat de son visage leur fassent craindre et révérer en lui l'envoyé de celui qui les a créées. Mais pourquoi ces vêtements, là où il n'y a aucune nécessité de se couvrir? C'est que l'ange figure ici, par avance, la forme et la figure que nous devons avoir dans la résurrection, alors que l'homme sera revêtu d'un corps éclatant.

L'ange ajoute ces paroles, pour leur ôter toute crainte de danger qui aurait pu être. un obstacle à la foi.

Nous voyons, dans ces femmes, une figure parfaite de l'Église, car, en s'adressant à ses disciples, Jésus-Christ leur reproche leurs doutes et les rassure contre leurs appréhensions, tandis qu'en venant au-devant de ces saintes femmes, il ne les effraye pas par le spectacle de sa puissance, mais les prévient par l'ardeur de sa charité, car c'est à lui-même qu'il souhaite le salut dans la personne de l'Église, avec laquelle il ne fait qu'un seul corps.

Mais, d'un côté, Jésus ne permet pas à Marie de le toucher, ici, au contraire, il accorde aux saintes femmes, non-seulement de le toucher, mais de tenir embrassés ses pieds: «Elles s'approchèrent, et, embrassant ses pieds, elles l'adorèrent».

Ces femmes tiennent embrassés les pieds de Jésus-Christ, parce qu'elles sont, dans l'Église, la figure de la prédication évangélique, et qu'elles ont mérité cet honneur par leur pieux empressement; et elles étreignent ainsi, par la foi, les pieds de leur Sauveur, pour obtenir l'honneur de connaître la divinité toute entière. Celle au contraire qui, sur la terre, pleure le Seigneur, et qui cherche comme mort, dans le sépulcre, celui dont elle ne sait pas qu'il règne dans les cieux avec son Père, entend de sa bouche ces paroles: «Ne me touchez pas». Il n'y a aucune difficulté que ce soit la même Marie, qui, d'un côté, élevée au sommet de la foi, touche les pieds de Jésus-Christ et l'étreint de toute la force d'un saint amour, et qui, de l'autre, abat tue sous le poids de l'infirmité de la chair et de la faiblesse naturelle à son sexe, est agitée par le doute et ne mérite point de toucher son Créateur. D'un côté, sa foi est un symbole; de l'autre, ses doutes viennent de la faiblesse de son sexe. Ici, il faut voir l'action de la grâce divine; là, l'infériorité de la nature humaine, car, lorsque nous parvenons à la co nnaissance des choses divines, nous vivons pour Dieu; mais, lorsque nous avons des goûts terrestres, notre aveugle ment vient de nous-mêmes. Ces saintes femmes embrassèrent les pieds du Seigneur, pour ap prendre ainsi que, dans un sens figuré, la tête de Jésus-Christ était l'homme, que, pour elles, elles étaient à ses pieds, et qu'elles devaient suivre et non précéder en Jésus-Christ l'homme qui leur était donné. Le Sauveur leur répète ce que l'ange leur avait dit, pour augmenter en elles la confiance que le discours de l'ange leur avait inspirée.

Il appelle ses frères ceux qu'il s'est unis par les liens du corps qu'il a pris; il appelle ses frères ceux que, dans sa bonté, il a fait ses cohéritiers, lui l'héritier de Dieu; il appelle ses frères ceux qu'il a adoptés pour les enfants de son Père.

Ce n'est pas assez pour eux d'avoir mis le Maître à mort, ils cherchent encore les moyens de perdre les disciples, et veulent leur faire un crime de la puissance de leur maître. Oui les soldats ont laissé échapper, et les Juifs ont perdu le corps de Jésus; mais, si les disciples l'ont enlevé, ce n'est point furtivement, mais par la foi; ce n'est point par fraude, mais par leur vertu; ce n'est point par un crime, mais par leur sainteté, et ils l'ont enlevé plein de vie, et non comme une victime de la mort.

Ce bruit s'est répandu parmi les Juifs, mais non parmi les chrétiens, car ce que les Juifs ont voulu obscurcir dans la Judée, à prix d'argent, la foi l'a fait briller du plus vif éclat dans tout l'univers.

Car le Fils de Dieu a communiqué au fils de la Vierge, Dieu à l'homme, la Divinité à la chair, ce qu'il possédait de toute éternité avec son Père.

C'est donc la même puissance qui répare et sanctifie toutes les nations qu'elle a créées et appelées à la vie.

Comme les quatre Évangélistes racontent qu'une femme a répandu des parfums sur Jésus-Christ, je crois, eu égard à la condition des personnes, à leur manière d'agir, à la différence des temps, que ce sont trois personnes différentes. Ainsi saint Jean raconte de Marie, soeur de Lazare, que six jours avant la fête de Pâques, elle oignit les pieds de Jésus dans sa propre maison. Saint Matthieu, après ces paroles du Seigneur: «Vous savez que la pâque se fera dans deux jours»,ajoute, qu'à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme répandit des parfums sur la tête du Seigneur, et non sur ses pieds, comme Marie. Le récit de saint Marc est conforme à celui de saint Matthieu. Saint Luc enfin place ce fait, non aux approches de la fête de Pâques, mais au milieu de son Évangile. Saint Chrysostome prétend qu'il y a ici deux femmes différentes: l'une dont parle saint Jean, la seconde dont il est question dans les trois autres Évangélistes.

Notre-Seigneur s'appelle ici samaritain on ne peut plus à propos, en répondant à ce docteur, fier de la connaissance de la loi; il veut lui faire comprendre que ni le prêtre, ni le lévite, ni ceux qui vivaient sous la loi, ne pratiquaient les commandements de la loi, mais qu'il était venu lui-même pour en accomplir les prescriptions.

Ou bien encore, il vint près du même chemin, car il a véritablement suivi la voie droite, sans s'en écarter jamais en descendant sur la terre. pour notre salut.

Ou bien encore, en nous disant :«Frappez», peut-être nous enseigne-t-il à joindre les oeuvres à la prière; car c'est avec la main qu'on frappe, et la main est comme l'instrument des bonnes oeuvres. Ces trois choses peuvent encore s'entendre d'une autre manière; le premier degré de la vertu est de demander la connaissance de la voie qui conduit à la vérité; le second degré est de chercher à savoir comment on doit marcher dans cette voie; le troisième degré consiste lorsqu'on est arrivé à la pratique des vertus, à frapper à la porte, pour entrer dans une connaissance plus étendue de la vérité, toutes choses qui s'obtiennent par la prière. Ou bien encore, demander, c'est prier; chercher, c'est joindre à la prière des oeuvres qui la rendent digne d'être exaucée; frapper, c'est persévérer dans la prière sans se décourager.

On peut dire encore qu'à la première veille appartiennent ceux dont la vie est plus parfaite et qui occupent le premier rang, à la seconde, ceux dont la vertu est ordinaire; à la troisième, ceux qui leur sont inférieurs, et ainsi de la quatrième et de la cinquième (si toutefois elle existe); car il y a divers degrés dans la vertu, et le juste rémunérateur rend à chacun suivant son mérite.

Cette répétition est aussi l'indice d'un violent reproche, comment, en effet, cette ville qui a reçu la connaissance de Dieu, peut-elle persécuter les ministres de Dieu?