Syméon le Nouveau Théologien
Syméon le Nouveau Théologien, né en 949 à Galatie (actuelle Turquie) et décédé en 1022, est l'un des plus grands mystiques et poètes de la tradition chrétienne orthodoxe. Reconnu pour son approche profondément personnelle et expérientielle de la foi, il est considéré comme l'un des Pères de l'Église les plus importants après les Pères cappadociens et Jean Chrysostome.
Après avoir rejoint le monastère Stoudion à Constantinople, Syméon a poursuivi un chemin spirituel intense, caractérisé par des expériences mystiques profondes. Ces expériences, qu'il a décrites dans ses écrits, ont contribué à sa renommée en tant que théologien et mystique.
Ses œuvres, comprenant des hymnes, des poèmes et des discours, explorent des thèmes tels que la repentance, la grâce divine, et l'union avec Dieu. Syméon a mis en avant l'importance de l'expérience personnelle dans la vie spirituelle, insistant sur le fait que la connaissance de Dieu ne peut être pleinement acquise que par l'expérience directe de sa présence.
Les enseignements de Syméon, parfois controversés de son vivant, ont été influents dans le développement ultérieur de la spiritualité orthodoxe. Ses écrits restent une source d'inspiration pour de nombreux fidèles et sont considérés comme des œuvres majeures de la littérature mystique chrétienne.
Syméon le Nouveau Théologien est vénéré comme saint dans l'Église orthodoxe, où sa fête est célébrée le 12 mars.
Que veux-je dire? L'homme entend la parole du Seigneur : Heureux les pauvres de coeur: le Royaume des cieux est à eux (Mt 5,3)! Il doit donc s'examiner et s'éprouver continuellement, en toute situation humiliante - je veux dire outrages, déshonneur, mépris -, et regarder en lui-même pour voir si la vertu d'humilité est en lui ou non.
Car celui qui la possède supporte tout sans chagrin ni accablement. Rien de ce qui arrive ne blesse son coeur. Et même s'il en est un peu blessé, il n'est pas complètement bouleversé; ou plutôt, à cause de cette blessure au corps, simplement parce qu'il s'est un peu chagriné au lieu d'avoir accepté avec joie ce qui arrivait, il se flagelle et se regarde comme méprisable, il s'attriste et pleure; il se retire dans le secret de son âme ou de sa cellule, et, persuadé qu'il a complètement perdu sa vie, il se prosterne devant Dieu et se confesse à lui.
Puis il entend encore: Heureux ceux qui s'affligent (Mt 5,5). Observe aussi que le Christ ne dit pas: ceux qui se sont affligés, mais: ceux qui s'affligent continuellement. Il faut donc que nous examinions également ce point, à savoir si nous nous affligeons chaque jour. Car si nous sommes devenus humbles par la pénitence, il est évident que nous ne passerons pas un jour ni une nuit sans larmes, sans affliction et sans componction.
Et encore: Heureux les doux (Mt 5,4). Celui qui s'afflige chaque jour peut-il continuer à vivre dans la colère et non dans la douceur? De même, en effet, que l'eau éteint la flamme d'un foyer, de même l'affliction et les larmes éteignent la fureur de l'âme au point que celui qui s'est maintenu dans la colère voit la fureur de son âme se transformer et parvenir à un calme immuable.
Ensuite il doit examiner s'il a faim et soif de la justice (Mt 5,6) de Dieu. En effet, il peut se trouver quelqu'un qui recherche la justice sans en avoir faim et s oif, car Dieu est la justice; ainsi l'entends-tu appeler soleil de justice (Ml 4,2). Celui qui a faim et soif de lui considère, en tout cas, le monde et ce qui est dans le monde comme des balayures. Quant aux honneurs des princes, il les regarde comme honteux, ou même il n'a pas la moindre idée des honneurs des hommes.
Et encore: Heureux les miséricordieux (Mt 5,7). Qui sont donc les miséricordieux? Ceux qui sont devenus pauvres pour Celui qui s'est appauvri pour nous. Alors qu'ils n'ont rien à donner, ils se soucient constamment d'une manière spirituelle, des pauvres, des veuves, des orphelins et des malades. Ils les entourent de nombreuses attentions et de leur compassion, et versent sur eux des larmes brûlantes, à l'instar de Job qui disait: N'ai-je point pleuré sur tous les infirmes? (Jb 30,25). Et lorsqu'ils ont de quoi, ils leur font l'aumône avec joie et à tous ils rappellent de bon coeur les moyens de sauver leurs âmes, pour obéir à Celui qui a dit: Ce que j'ai appris avec simplicité, j'en fais part sans réserve (Sg 7,13).
C'est eux que le Seigneur déclare bienheureux, eux les vrais miséricordieux: aussi est-ce à partir d'une telle miséricorde, comme par un degré, qu'ils s'élèvent et parviennent à la parfaite pureté de l'âme.
C'est donc à ce titre que Dieu a également proclamé bienheureux ceux qui ont le coeur pur, quand il déclare: Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu (Mt 5,8)! <> L'âme ainsi purifiée voit Dieu en tout et se réconcilie avec lui. La paix s'établit entre Dieu, notre Créateur, et l'âme qui était naguère son ennemie, et elle est alors déclarée bienheureuse par Dieu pour avoir fait oeuvre de paix. Heureux, dit-il, les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5,9)!