Saint Aelred de Rievaulx

Saint Aelred de Rievaulx, né vers 1110 et décédé le 12 janvier 1167, était un moine cistercien anglais et l'abbé de l'abbaye de Rievaulx dans le Yorkshire. Reconnu pour son éloquence, sa sagesse spirituelle et son influence significative dans la vie monastique du XIIe siècle, il est souvent célébré pour sa compréhension profonde de l'amitié et de la communauté chrétienne.

Originaire de Hexham, Aelred a passé un temps considérable à la cour du roi David I d'Écosse avant d'entrer dans la vie monastique. Son expérience à la cour a influencé sa compréhension de l'amitié et des relations humaines, thèmes qu'il a explorés dans ses écrits spirituels.

En tant qu'abbé de Rievaulx, Aelred a supervisé l'expansion de l'abbaye, la transformant en un centre spirituel et éducatif majeur. Il a écrit plusieurs ouvrages importants, notamment « De l'Amitié Spirituelle » et « De l'Âme », dans lesquels il développe ses idées sur l'amour chrétien et la vie spirituelle en communauté.

Ses enseignements sur l'amitié chrétienne, en particulier, ont eu un impact durable, mettant en lumière l'importance des relations humaines dans le contexte de la foi et de la vie spirituelle. Il prônait une approche holistique de la spiritualité, intégrant les émotions et les relations personnelles dans la quête de la sainteté.

Saint Aelred est vénéré pour son approche compatissante et profonde de la vie monastique et spirituelle. Sa fête est célébrée le 12 janvier dans l'Église catholique et les Églises anglicanes.

Commentaires de Saint Aelred de Rievaulx

Aujourd'hui nous est né le Sauveur du monde, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David (cf. Lc 2,11-12), qui est Bethléem. Nous devons donc y accourir comme firent les bergers lorsqu'ils eurent entendu cette nouvelle, et mettre en pratique les paroles que nous chantons traditionnellement à cette date: Ils chantèrent la gloire de Dieu, ils accoururent à Bethléem (cf. Lc 2,15 Lc 2,20).

Et ceci, dit l'ange, sera pour vous un signe: vous trouverez un enfant enveloppé de langes et déposé dans une mangeoire (cf. Lc 2,12-13). Or, voici ce que je vous dis: vous devez aimer. Vous craignez le Seigneur des anges, mais aimez le petit enfant; vous craignez le Seigneur de majesté, mais aimez ce petit emmailloté; vous craignez celui qui règne dans le ciel, mais aimez celui qui est couché dans une mangeoire.

Quel signe les bergers ont-ils donc reçu? Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. C'est lui le Sauveur, c'est lui le Christ, c'est lui le Seigneur. Mais qu'y a-t-il de remarquable à être emmailloté et couché dans une mangeoire? Est-ce que les autres enfants ne sont pas emmaillotés aussi? En quoi consiste donc ce signe?

Il est remarquable, certes, mais pourvu que nous le comprenions. Nous comprenons non seulement si nous entendons la nouvelle, mais si nous avons aussi dans notre coeur la lumière qui apparut avec les anges. L'ange qui proclama le premier la bonne nouvelle apparut entouré de lumière pour nous apprendre que ceux-là seuls entendent vraiment, qui ont dans l'esprit la lumière spirituelle.

On pourrait dire bien des choses sur ce signe, mais comme l'heure passe je n'en dirai que peu et brièvement. Bethléem, "la maison du pain", c'est la sainte Eglise, où l'on distribue le corps du Christ, le vrai pain. La mangeoire de Bethléem, dans l'Eglise, c'est l'autel. C'est là que se nourrissent les familiers du Christ. Au sujet de cette table, il est écrit: Tu prépares la table pour moi (cf. Ps 22,5). Dans cette mangeoire se trouve Jésus emmailloté. Cet enveloppement de langes, c'est l'aspect extérieur des sacrements. Dans cette mangeoire, sous l'apparence du pain et du vin, il y a le vrai corps et le vrai sang du Christ. Là, nous voyons qu'il y a le Christ en personne, mais enveloppé de langes, c'est-à-dire présent de façon invisible sous les sacrements. Nous n'avons pas de signe aussi grand et aussi évident de la naissance du Christ que le fait de consommer quotidiennement son corps et son sang au saint autel, et le fait que lui, qui est né pour nous d'une vierge une seule fois, nous le voyons chaque jour s'immoler pour nous.

Donc, mes frères, hâtons-nous vers la crèche du Seigneur, mais, autant que nous le pouvons, préparons-nous à cette approche par sa grâce, en tant qu'associés aux anges, avec un coeur pur, une bonne conscience et une foi sincère (cf. 2Co 6,6), nous chanterons au Seigneur par toute notre vie et notre comportement: Gloire à Dieu dans les hauteurs, et sur la terre paix aux hommes, objet de sa bienveillance (cf. Lc 2,14). Par notre Seigneur Jésus Christ, à qui appartiennent l'honneur et la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

La solennité de ce jour nous enthousiasme, non seulement parce que nous reconnaissons son importance, mais aussi parce que nous savourons sa douceur. Ce qu'elle met surtout en valeur, c'est l'amour. Or il n'y a pas dans le langage des hommes une parole plus douce à entendre, un sentiment plus délicieux à cultiver. Cet amour n'est rien d'autre que la bonté de Dieu, sa bienveillance, son amour. Ou plutôt, c'est Dieu qui est en personne la bonté, la bienveillance, l'amour. Et cette bonté de Dieu s'identifie à son Esprit, lequel est lui-même Dieu.

Et selon le dessein de Dieu, au commencement, l'Esprit de Dieu a rempli l'univers, déployant sa vigueur d'un bout du monde à l'autre et gouvernant toute chose avec douceur (Sg 8,1). Mais, en ce qui concerne son oeuvre de sanctification, c'est à partir de ce jour de Pentecôte et par la suite que l'Esprit du Seigneur a rempli l'univers. Car c'est aujourd'hui que cet Esprit de douce ur est envoyé par le Père et le Fils pour sanctifier toute créature selon un plan nouveau, une manière nouvelle, une manifestation nouvelle de sa puissance et de sa vertu. Certes, auparavant l'Esprit n'avait pas été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié (Jn 7,39).

Mais aujourd'hui, venant du séjour céleste, l'Esprit s'est donné aux âmes des mortels avec toute sa richesse, toute sa fécondité. Ainsi cette rosée divine s'étendrait sur toute l'étendue de la terre, dans la diversité de ses dons spirituels. Et il est juste que la plénitude de ses richesses ait ruisselé pour nous du haut du ciel, puisque peu de jours auparavant, par la générosité de notre terre, le ciel avait reçu ce fruit d'une merveilleuse douceur. Car notre terre a-t-elle jamais produit rien de plus doux, de plus agréable, de plus délicieux, de plus saint? Oui, la vérité a germé de la terre (Ps 84,12).

Il y a quelques jours, nous avons envoyé en avant-coureur ce que le ciel possédait de plus doux, afin que nous le possédions à notre tour. L'humanité du Christ, c'est toute la grâce de la terre; l'Esprit du Christ, c'est toute la douceur du ciel. Il s'est donc produit une sorte d'échange très salutaire: l'humanité du Christ est montée de la terre au ciel; aujourd'hui, du ciel est descendu vers nous l'Esprit du Christ.

Puisque l'Esprit du Christ remplit l'univers, lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix (Sg 1,7). C'est partout que l'Esprit Saint agit, c'est partout que l'Esprit prend la parole. Sans doute, avant l'Ascension, l'Esprit du Seigneur fut donné aux disciples, lorsque le Seigneur leur dit: Recevez le Saint-Esprit. Tous ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus (Jn 20,23). Mais en aucune façon, avant la Pentecôte, on n'entendit la voix de l'Esprit Saint, on ne vit briller sa puissance. Et sa connaissance ne parvint pas aux disciples du Christ, qui n'avaient pas été confirmés en courage, puisque la peur les obligeait encore à se cacher dans une salle fermée à clé.

Mais à partir de ce jour, la voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, la voix du Seigneur brise les cèdres, elle taille des lames de feu, elle épouvante le désert de Cadès, elle ravage les forêts, et tous s'écrient: Gloire! (cf. ps 28,3-9)