Saint Athanase

Saint Athanase, également connu sous le nom d'Athanase d'Alexandrie, est l'un des Pères de l'Église les plus éminents du IVe siècle. Né vers 296-298, il est surtout connu pour sa défense vigoureuse de la Trinité et sa lutte contre l'arianisme, une doctrine qui niait la divinité du Christ.

Élu évêque d'Alexandrie en 328, Athanase devint rapidement un leader clé dans les premières controverses théologiques chrétiennes. Il joua un rôle important au premier concile de Nicée en 325, où il défendit la doctrine de la consubstantialité du Fils avec le Père.

Athanase a écrit plusieurs ouvrages théologiques influents, y compris "De Incarnatione Verbi Dei" (Sur l'Incarnation du Verbe) et "Vie de Saint Antoine", qui a grandement contribué à la popularité de l'ascétisme chrétien. Ses écrits sont caractérisés par une profonde compréhension théologique et une rhétorique puissante.

En raison de son opposition ferme à l'arianisme, Athanase fut exilé à plusieurs reprises, mais son influence et son soutien parmi les chrétiens ordinaires restaient forts. Il est vénéré comme un saint et un docteur de l'Église dans le catholicisme, l'orthodoxie, et le protestantisme.

Saint Athanase est décédé le 2 mai 373. Son héritage comme défenseur de l'orthodoxie chrétienne et son rôle dans la formation de la doctrine chrétienne ont eu un impact profond sur l'histoire de l'Église.

50 derniers commentaires de Saint Athanase

La circoncision qui avait lieu sur cette partie du corps, qui est la cause de la naissance corporelle, ne signifiait autre chose que le dépouillement de la génération charnelle. On la pratiquait alors comme signe du baptême que le Christ devait instituer. Aujourd'hui donc que nous possédons l'objet figuré, la figure a cessé d'exister; puisque la chair du vieil homme se trouve détruite tout entière par le baptême, l'incision figurative d'une partie de la chair est maintenant superflue.

Mais quand donc le Seigneur cessa-t-il un seul instant d'être en la présence de son Père, de manière à échapper à ses regards? et quel est l'endroit de la terre qui ne soit pas soumis à son empire, et où le Fils soit séparé de son Père, à moins qu'on ne l'apporte à Jérusalem et qu'on le présente au temple? N'oublions pas que toutes ces circonstances sont écrites à cause de nous; car de même que ce n'est point pour lui que le Sauveur s'est fait homme, et qu'il a été circoncis, mais pour faire de nous comme autant de dieux par sa grâce, et nous donner l'exemple de la circoncision spirituelle; de même, il se présente à son Père, pour nous apprendre à nous offrir tout entiers au Seigneur.

La loi ordonnait d'offrir deux de ces oiseaux, parce que l'homme étant composé d'un corps et d'une âme, Dieu demande de nous deux choses, la chasteté et la douceur, non seulement du corps, mais aussi de l'âme; autrement l'homme ne serait à ses yeux qu'un hypocrite cherchant à dissimuler la malice secrète de son coeur, sous les dehors d'une innocente trompeuse.

Il veut parler ici du salut que Jésus-Christ est venu apporter à l'univers entier. Comment donc est-il dit plus haut que Siméon attendait l a consolation d'Israël? C'est que l'Esprit saint lui avait fait connaître, que le peuple d'Israël recevrait sa consolation, lorsque le salut serait révélé à tous les peuples de la terre.

Considérez la pénétration de ce saint et auguste vieillard: avant qu'il fût honoré de cette bienheureuse vision, il attendait la consolation d'Israël, mais aussitôt qu'il a contemplé l'objet de ses espérances, il s'écrie qu'il a vu le salut de tous les peuples, car les splendeurs qui environnent ce divin enfant l'inondent d'une si vive lumière, que les événements qui doivent arriver dans la suite des temps lui sont pleinement révélés.

En effet, avant l'avènement de Jésus-Christ, les nations étaient plongées dans les plus profondes ténèbres, privées qu'elles étaient de la connaissance du vrai Dieu.

Le peuple d'Israël était éclairé, quoique faiblement, par la loi, aussi le vieillard Siméon ne dit pas que le Sauveur est venu leur apporter la lumière, mais il ajoute: « Pour être la gloire d'Israël, votre peuple ». Il rappelle le souvenir de l'histoire des anciens temps, alors que Moise sortait de ses entretiens avec Dieu, la figure toute rayonnante de gloire; ainsi après avoir eux-mêmes contemplé la divine lumière que répand l'humanité du Verbe, ils devaient rejeter le voile ancien pour être transformés en la même image de clarté en clarté, et de gloire en gloire.

Mais si, comme quelques-uns le prétendent, la chair avait été changée et absorbée par la nature divine, comment pouvait-elle prendre de l'accroissement? car on ne peut sans blasphème attribuer de l'accroissement à celui qui est incréé.

La sainte Écriture donne au nom de Fils deux significations différentes, la première, comme dans ce passage de l'Évangile: « Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu»; la seconde, lorsque par exemple elle dit qu'Isaac est fils d'Abraham. Or, Jésus-Christ est appelé non pas simplement Fils de Dieu, mais avec l'addition de l'article: «Vous êtes mon Fils», pour nous faire comprendre qu'il est le seul qui soit véritablement le Fils de Dieu par nature. Aussi est-il appelé encore: «Fils unique». S'il était Fils de Dieu dans le sens absurde d'Arius, comme ceux qui n'obtiennent ce nom que par un effet de la grâce, il ne différerait en rien de nous autres. Il ne nous reste donc qu'à dire, dans le second sens, que Jésus-Christ est vraiment le Fils de Dieu, comme Isaac est vraiment le fils d'Abraham. En effet, celui qui est engendré naturellement par un autre, et qui ne tire point son origine d'un autre principe extérieur, est regardé comme le Fils par nature. Mais dira-t-on peut-être: Est-ce que la naissance du Fils a été accompagnée de souffrance comme la naissance de l'homme? nullement. Dieu est indivisible, il est donc le Père impassible de son Fils, qui est appelé Verbe du Père, parce que le Verbe de l'homme lui-même est produit sans aucune souffrance. De plus, comme la nature divine est simple, Dieu est Père d'un seul Fils, c'est pourquoi il ajoute: « Bien-aimé ».

Le prophète avait été autrefois l'organe des promesses de Dieu, lorsqu'il disait par sa bouche: «J'enverrai le Christ mon Fils». Aujourd'hui que cette promesse reçoit son accomplissement sur les bords du Jourdain, Dieu ajoute: « J'ai mis en vous mes complaisances ».

C'est le propre de la vaine gloire, en inspirant à celui qu'elle domine de s'élever présomptueusement à nui degré supérieur par la pratique d'oeuvres plus parfaites, de le faire tomber dans les actions les plus humiliantes: «Et il lui dit: Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous au bas», etc.

Ce n'est pas contre la divinité que le démon engage le combat (il n'eût osé le faire), aussi c'est pourquoi il dit à Jésus: «Si vous êtes le Fils de Dieu», mais c'est contre l'homme qu'il avait autrefois réussi à séduire.

C'est bien ici la voix du démon qui cherche à précipiter l'homme du haut rang où ses vertus l'ont élevé, mais il dévoile en même temps toute sa faiblesse et toute sa méchanceté, puisqu'il ne peut nuire à personne avant qu'on ne se soit pour ainsi dire précipité dans l'abîme. En effet, celui qui, aux choses du ciel, préfère les biens trompeurs de la terre, se jette comme volontairement dans un précipice où il trouve la mort. Cependant lorsque le démon vit son arme émoussée, lui qui avait soumis tous les hommes à son empire, il jugea que Jésus était plus qu'un homme. Or, il est à remarquer que Satan se transforme souvent en ange de lumière (2Co 3). Tu sais que si tu empruntais tes témoignages à d'autres livres, tu ne pourrais réussir à tromper.

La sainte Écriture n'eût pas dit que le démon avait épuisé toutes les tentations, si les trois qui précédent n'étaient l'occasion de tous les crimes. En effet, toutes les tentations viennent des concupiscences qui sont le plaisir de la chair, le désir de la gloire et l'ambition du pouvoir.

L'ennemi de notre salut s'était approché de Jésus comme d'un homme, mais n'ayant trouvé en lui aucun des caractères de ses premiers ancêtres, il se retira.

Il parle de la sorte pour nous expliquer les causes de son incarnation et de sa manifestation en ce monde; car de même que lui, qui, comme Fils de Dieu, envoie et donne l'Esprit saint, ne fait pas difficulté d'avouer, comme homme, que c'est par l'Esprit de Dieu qu'il chasse les démons; de même, en tant qu'il s'est fait homme, il ne craint pas de dire «L'Esprit du Seigneur est sur moi».

Il l'appelle le saint de Dieu, non pas comme s'il était semblable aux autres saints, mais comme étant saint d'une sainteté toute particulière, saint par excellence et avec addition de l'article. En effet, Jésus-Christ est le seul saint par nature, et les autres ne méritent le nom de saints que par leur participation à sa sainteté. Toutefois en parlant de la sorte, le démon ne le connaissait pas en réalité, mais il feignait de le connaître.

Bien qu'il confessât la vérité, Jésus ne laisse pas de lui imposer silence; il ne veut pas qu'avec la vérité il puisse propager le mensonge, et il voulait aussi nous accoutumer à ne faire aucun cas de semblables révélations, bien qu'elles paraissent conformes à la vérité, car c'est un crime de choisir le démon pour maître, quand nous avons pour nous instruire les saintes Écritures: «Mais Jésus lui dit avec menace: Tais-toi et sors de cet homme».

Ce lépreux adora le Seigneur son Dieu sous une forme humaine, la chair mortelle qu'il avait sous les yeux ne lui fit point croire que le Verbe de Dieu fut une simple créature; quoique reconnaissant dans Jésus le Verbe de Dieu, il ne méprisa point la chair dont il était revêtu; au contraire, il se prosterne le visage contre terre, pour adorer, comme dans un temple créé, le Créateur de toutes choses: «Apercevant Jésus, il se prosterna la face contre terre, et le pria».

Disons enfin que Notre-Seigneur veut parler ici du jeûne de l'âme, comme le prouvent les paroles suivantes: « Il leur proposa aussi cette comparaison: Personne ne met à un vieux vêtement un morceau pris à un vêtement neuf ». Il appelle le jeûne un vêtement vieux, dont l'Apôtre nous exhorte à nous dépouiller, lorsqu'il dit: « Dépouillez-vous du vieil homme et de ses actes ». ( Col 3 ). Toute la suite des préceptes de Notre-Seigneur concourt donc à établir cette vérité que nous ne devons pas mêler les actes du vieil homme avec ceux du nouveau.

C'est-à-dire que la considération des bienfaits qu'il répand sur les hommes, doit nous porter à leur faire du bien, non point en vue des hommes, mais en vue de Dieu, afin d'obtenir de lui seul, et non pas des hommes, la récompense de nos oeuvres de charité.

Ce langage n'est pas celui d'un homme, mais celui d'un Dieu qui fait voir qu'il est engendré par le Père, car celui-là seul est Seigneur, qui tire son origine de l'unique et seul Seigneur; cependant ne craignez pas de dualité, car tous deux ont une seule et même nature.

Le Seigneur exige la foi de ceux qui l'invoquent, non qu'il ait besoin du secours d'autrui (puisqu'il est le maître et le distributeur de la foi), mais pour ne point paraître faire acception de personne dans la distribution de ses dons. Il montre ainsi qu'il n'accorde ses grâces qu'à ceux qui croient, parce qu'il ne veut pas que ses bienfaits tombent dans une âme dépourvue de foi, qui les laissera bientôt perdre par son infidélité, Il veut au contraire que la grâce de ses bienfaits persévère, et que la guérison qu'il accorde soit constante et durable.

Il ose encore s'égaler à la puissance incompréhensible du Sauveur en lui disant: «Je vous suivrai, partout où vous irez». Car si la nature humaine, dans la condition que Dieu lui a faite, peut suivre le Sauveur pour entendre sa doctrine, il lui est impossible de le suivre partout où il est; car il est incompréhensible, et n'est circonscrit par aucun lieu.

Ou bien encore, le Seigneur veut montrer ici la grandeur de sa nature, comme s'il disait: Toutes les créatures peuvent être circonscrites par un espace, mais la puissance du Verbe de Dieu ne peut être ni comprise ni limitée par un lieu quelconque. Ne dites donc point: «Je vous suivrai partout où vous irez». Si cependant vous désirez devenir son disciple, renoncez à tout ce qui est contraire à la raison; car il est impossible que celui qui se plaît au milieu des choses déraisonnables, devienne le disciple du Verbe.

Nous voyons aujourd'hui des enfants triompher, par la vertu du Christ, de la volupté qui, autrefois, séduisait les vieillards; et des vierges persévérer dans l'innocence, en foulant aux pieds les artifices du serpent de la volupté. Quelques-uns mêmes ont écrasé l'aiguillon du scorpion, c'est-à-dire du démon, en affrontant la mort, et en devenant les martyrs de Jésus-Christ; et la plupart ont sacrifié les jouissances de la terre pour marcher plus librement vers les biens du ciel, sans crainte, aucune, des puissances de l'air.

Nous savons que souvent le Sauveur s'exprime d'une manière toute humaine, car sa divinité est intimement unie à son humanité; gardez-vous cependant de méconnaître la divinité à cause du voile du corps qui la recouvre. Mais que répondront à cela ceux qui veulent que le mal ait une existence distincte, et qui se forment un Dieu différent du vrai Père du Christ. Ils disent que ce Dieu n'a pas été engendré, qu'il est l'auteur du mal, le prince de l'iniquité, et la créature de ce monde matériel. Mais le Sauveur, confirmant les paroles de Moïse, dit hautement: «Je vous rends gloire, Père, Dieu du ciel et de la terre». - S. Epiph. L'Évangile de Marcion porte: «Je vous rends grâces, Dieu du ciel», et supprime ces paroles: «Et de la terre», et ces autres: «Mon Père», pour ne point donner à entendre que Jésus-Christ appelle son Père le Créateur du ciel et de la terre.

Les partisans d'Arius ne comprennent pas le véritable sens de ces paroles, et en donnent cette interprétation absurde et injurieuse au Seigneur: Si toutes choses, disent-ils (c'est-à-dire le domaine sur toute créature), lui ont été données, il fut un temps où il ne les avait pas, il n'est donc pas consubstantiel au Père; car s'il l'était, il n'aurait pas eu besoin de recevoir le domaine sur toutes choses. Mais cette explication fait ressortir davantage leur folie; car si avant de recevoir le domaine sur toute créature, le Verbe était étranger aux créatures, comment admettre ces paroles de l'Apôtre: «Toutes choses subsistent en lui ?» ( Col 1 , 47). D'ailleurs, si toutes les créatures lui ont été données, aussitôt qu'elles furent créées, il n'était pas besoin de les lui donner de nouveau; car c'est par lui que toutes choses ont été faites» ( Jn 1). Il n'est donc pas question ici, comme le prétendent les ariens, du domaine sur les créatures, mais ces paroles ont un rapport évident aux suites de l'incarnation du Verbe. En effet, le péché de l'homme fut cause d'un bouleversement général, et le Verbe s'est fait chair pour rétablir tout dans le premier état. Si donc toutes choses lui ont été données, ce n'est pas chez lui défaut de puissance, mais elles lui ont été données pour qu'il les réformât en qualité de Sauveur. Ainsi de même qu'au commencement toutes les créatures ont été tirées du néant par le Verbe, de même, c'est le Verbe fait chair qui les a rétablies et renouvelées.

Il est évident que les ariens se mettent en contradiction avec ces paroles du Sauveur, quand ils osent avancer que le Père ne peut être vu par le Fils. Mais n'est-ce pas une absurdité manifeste, que le Verbe ne se connaisse pas lui-même, alors qu'il donne à tous la connaissance de lui-même et de son Père: «Et celui à qui le Fils voudra le révéler ?»

Or, si le Saint-Esprit n'avait pas une seule et même substance avec Dieu qui est seul bon, on ne lui donnerait pas ici la qualification de bon, puisque le Seigneur lui-même ne voulut point être appelé bon, en tant qu'il s'était fait homme.

Toutefois, pour le moment Notre-Seigneur ne refuse pas à raison de son humanité de se déclarer inférieur à l'Esprit saint, en reconnaissant que c'est par lui qu'il chasse les démons, comme si la nature humaine ne pouvait opérer ce miracle sans le secours de ce divin Esprit.

S'ils font mourir ceux qui leur sont envoyés, la mort des victimes criera plus haut contre eux; s'ils les persécutent, ils donneront plus d'éclat et d'étendue aux témoignages de leur iniquité. En effet, la fuite de ceux qui souffrent persécution, augmente et atteste le crime de leurs persécuteurs; car on ne fuit pas celui qui est ami de la piété et de la douceur, mais bien plutôt celui dont l'âme est cruelle et les instincts mauvais. Notre-Seigneur ajoute: «Afin qu'on redemande à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde».

Or, je demanderai aux ariens: si Dieu dédaignant de créer les autres êtres, n'a fait que son Fils, et lui a abandonné toutes les autres créatures, comment sa providence s'étend-elle jusqu'aux moindres choses, jusqu'à un cheveu, un passereau? Car tous les êtres que Dieu embrasse par sa providence, il les a créés par sa parole.

D'anciens auteurs, le savant Origène et l'admirable Théognoste, enseignent qu'on se rend coupable du blasphème contre l'Esprit saint, quand après avoir reçu ce divin Esprit par le baptême, on retourne à ses anciens péchés, et c'est la cause, disent-ils, qui les rend indignes de pardon, suivant ces paroles de saint Paul: «Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don du ciel, qui ont été faits participants du Saint-Esprit, soient renouvelés par la pénitence» ( He 6). Chacun de ces deux docteurs motive ainsi son sentiment: Dieu le Père, dit Origène, pénètre et embrasse toutes choses; la puissance du Fils ne s'étend qu'aux créatures raisonnables, et l'Esprit saint n'habite que les âmes qui l'ont reçu dans le baptême. Lors donc que les catéchumènes ou les gentils se rendent coupables, ils pèchent contre le Fils, qui demeure au milieu d'eux; ils peuvent cependant obtenir leur pardon, quand ils deviennent dignes du sacrement de la régénération. Au contraire, quand ils retombent dans le péché, après le baptême, leur crime atteint l'Esprit saint, contre lequel ils pèchent après l'avoir reçu; aussi leur condamnation est-elle irrévocable. Théognoste, de son côté, enseigne que celui qui a franchi le premier et le second degré de culpabilité, mérite un moindre châtiment, mais celui qui franchit le troisième n'a plus de pardon à espérer. Or, suivant lui, le premier et le second degré, c'est la doctrine du Père et du Fils; le troisième, c'est la participation à l'Esprit saint, conformément à ces paroles du Sauveur: «Lorsque l'Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité» ( Jn 16). Ce n'est pas sans doute, que la doctrine de l'Esprit saint surpasse la doctrine du Fils; mais le Fils est plein de condescendance pour les âmes imparfaites, tandis que le Saint-Esprit est comme le sceau des âmes arrivées à la perfection. Si donc le blasphème contre l'Esprit saint ne mérite aucun pardon, ce n'est pas que l'Esprit saint soit supérieur au Fils, mais parce que les âmes imparfaites ont droit au pardon, tandis que celles qui sont arrivées à la perfection, ne peuvent apporter aucune excuse. Car il faut reconnaître que le Fils étant dans le Père, il est dans ceux en qui le Père habite, et que l'Esprit saint y est aussi, car la sainte Trinité est indivisible. Ajoutons que si toutes choses ont été faites par le Fils, et ne subsistent que par lui ( Jn 1, 3; Col 1, 16.17), il est donc lui-même en toutes choses, et ainsi celui qui pèche contre le Fils, pèche nécessairement contre le Père et le Saint-Esprit. Enfin le sacrement de baptême s'administre au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; ceux donc qui retombent dans le péché après le baptême, blasphèment contre la sainte Trinité. Mais, puisque les pharisiens n'avaient pas reçu le baptême, pourquoi les accuse-t-il de blasphème contre le Saint-Esprit, qu'ils n'avaient pas encore reçu, alors surtout qu'il ne les accuse pas de simples péchés, mais de blasphème? car le péché n'est que la transgression de la loi, tandis que le blasphème est un outrage direct à Dieu lui-même. Et encore, s'il n'y a plus de pardon à espérer pour ceux qui pèchent après le baptême, pourquoi l'Apôtre pardonne-t-il à l'incestueux pénitent de Corinthe. ( 2Co 2 ). Pourquoi écrit-il aux Galates, qui étaient retournés en arrière, qu'il les enfante de nouveau, jusqu'à ce que Jésus-Christ soit formé en eux? (Ga 3). Pourquoi reprochons-nous à Novatien de ne pas admettre la pénitence après le baptême? Disons donc que l'Apôtre, dans son Épître aux Hébreux, ne détruit pas la pénitence après le baptême, mais il combat la fausse idée des Juifs devenus chrétiens, qu'il pût y avoir des baptêmes multipliés tous les jours pour la rémission des péchés, selon les prescriptions de la loi. Il exhorte donc à la pénitence, mais il déclare qu'il n'y a qu'une seule régénération par le baptême. En méditant ces diverses considérations, je me reporte à l'admirable économie de l'incarnation du Christ qui, étant Dieu s'est fait homme; qui comme Dieu ressuscitait les morts, et en tant qu'homme, revêtu de notre chair, était soumis à la soif, à la fatigue, à la souffrance. Ceux donc qui, ne considérant en lui que l'homme, le voient sujet à la soif et à la douleur, et tiennent des discours injurieux à son humanité, sont coupables, il est vrai, mais ils peuvent par le repentir obtenir promptement le pardon de leur péché, en s'excusant sur le s faiblesses de la nature humaine. Ceux qui au contraire considèrent les oeuvres divines de Jésus-Christ, et doutent qu'il ait un corps véritable, pèchent gravement eux-mêmes, cependant le repentir peut encore leur mériter le pardon, parce qu'ils peuvent donner pour excuse la grandeur des oeuvres opérées par Jésus-Christ. Mais quand ils attribuent aux démons les oeuvres de la divinité, ils prononcent contre eux une sentence de condamnation irrévocable, en donnant an démon un pouvoir divin, et en n'accordant pas au vrai Dieu plus de puissance qu'au démon. C'est à ce degré d'aveuglement et de perfidie, que les pharisiens en étaient arrivés. Le Sauveur opérait sous leurs yeux les oeuvres de son Père, il rendait la vie aux morts, la vue aux aveugles, il faisait mille autres prodiges semblables, et ils attribuaient ces oeuvres à Béelzébub. Ils auraient pu dire avec autant de raison, en voyant l'ordre du monde, et la Providence qui le gouverne, qu'il a été créé par Béelzébub. Aussi tant qu'ils se sont bornés à ne voir en Jésus-Christ qu'un homme, et à dire d'un esprit incertain et douteux: «N'est-ce pas là le fils du charpentier? (cf. Mt 13,55 ) Et comment sait-il les Écritures, puisqu'il ne les a pas apprises ?»il a supporté leur incrédulité qui était un péché contre le Fils de l'homme. Mais dès qu'ils ont poussé le délire jusqu'à dire que les oeuvres de Dieu avaient pour auteur Béelzébub, il ne put les souffrir davantage. C'est ainsi qu'autrefois il avait supporté l'incrédulité de leurs pères, tant qu'ils ne murmuraient que de manquer de pain et d'eau, mais lorsqu'ils eurent fondu le veau d'or et qu'ils lui attribuèrent les bienfaits qu'ils avaient reçus du ciel, Dieu les punit, et par la mort d'un grand nombre d'entre eux, et par la prédiction des châtiments à venir: «Je les punirai, dit-il, au jour de la vengeance, du crime qu'ils ont commis» ( Ex 32, 34). Le Sauveur prédit le même châtiment aux pharisiens condamnés à brûler éternellement avec le démon, dans le feu qui a été préparé pour lui. Notre-Seigneur ne veut donc point ici établir une comparaison entre le blasphème proféré contre lui et le blasphème contre le Saint-Esprit, comme si le Saint-Esprit était plus grand que lui; mais des deux blasphèmes qu'ils proféraient contre lui, il veut montrer que l'un est plus grave que l'autre, car ils l'outrageaient en ne voyant en lui qu'un homme, et en attribuant à Béelzébub les oeuvres toutes divines qu'il faisait.

Celui qui vit comme s'il devait mourir chaque jour, à cause de l'incertitude naturelle de la vie, ne commettra point ce péché; car cette crainte de la mort prémunit contre l'attrait séduisant des voluptés; mais au contraire, celui qui se promet une longue vie, aspire après les plaisirs de la chair. Écoutez en effet ce riche: «Mon âme, repose-toi, mange, bois, fais bonne chair», c'est-à-dire fais des repas somptueux.

Celui-là seul meurt qui a existé: ainsi les Gentils n'existent plus, le chrétien seul est vivant. On peut encore entendre ces paroles du genre humain: Adam a existé, et nous avons tous existé en lui, il est mort, et tous sont morts en lui, l'homme est donc réparé dans cet homme qui était mort. On peut aussi les appliquer à celui qui fait pénitence, car il ne peut mourir sans avoir auparavant vécu, quant aux gentils ils ont reçu la vie par la grâce aussitôt qu'ils eurent embrassé la foi, tandis que celui qui tombe dans le péché, revient à la vie par la pénitence.

Ne pensons pas, en effet, avoir fa it un grand sacrifice en renonçant aux biens de ce monde; car la terre tout entière est bien petite en comparaison du ciel; fussions-nous donc maîtres de toute la terre, le sacrifice que nous en ferions ne serait rien en comparaison du royaume des cieux.

Dieu nous a donné des grâces et fait connaître des vérités qui appartiennent à l'ordre surnaturel (par exemple les règles de la vie céleste, la puissance contre les démons, l'adoption, la connaissance du Père et du Fils, et le don de l'Esprit saint); aussi le démon, notre ennemi, rôde sans cesse autour de nous pour nous ravir la semence de la parole divine. Dieu donc, pour conserver en nous les dons précieux qu'il nous a faits et les enseignements qu'il nous a donnés, nous prémunit contre la séduction. Le Verbe de Dieu nous a fait une grâce extraordinaire, c'est non seulement de ne pas nous laisser tromper par les choses apparentes, mais encore de discerner, à l'aide de la grâce de l'Esprit saint celles qui sont cachées. Le démon, auteur de tout mal, sait l'horreur qu'il inspire, il cache donc avec soin ce qu'il est, et se couvre astucieusement d'un nom qu'il sait être cher à tous. Il fait comme celui qui veut gagner des enfants en l'absence de leurs parents, il prend leur extérieur et simule leur Voix pour tromper l'amour de ces enfants. Ainsi donc, dans toutes les hérésies, le démon se déguise et dit: Je suis le Christ, la vérité est avec moi: «Plusieurs viendront en mon nom et diront: C'est moi, et le temps approche».

Gardez-vous donc de tout sentiment d'orgueil, gardez-vous du monde, c'est à celui qui a dit: «Nous avons tout quitté pour vous suivre», ( Mt 19) que Notre-Seigneur commande de confirmer ses frères.

Le Sauveur prédit à Pierre, dont l'esprit était prompt mais dont la chair était faible, qu'il le renierait, car il ne pouvait égaler le courage et la force d'âme de son divin Maître. Notre-Seigneur, dans sa passion, peut avoir des imitateurs mais pas d'égaux.

Notre-Seigneur nous fait donc voir en lui deux volontés, la volonté humaine et la volonté divine; la volonté humaine, qui ne voit que la faiblesse de la chair, refuse de souffrir, mais la volonté divine se soumet à la passion avec amour, parce qu'elle sait que le Fils de Dieu ne peut rester enchaîné dans les liens de la mort.

Notre-Seigneur a livré son corps aux souffrances et à la mort, là où le genre humain a perdu son intégrité première, afin que l'incorruptibilité prit naissance là où la corruption avait comme été semée, et c'est pour cette raison qu'il veut être crucifié sur le mont du Calvaire: «Et lorsqu'ils furent arrivés au lieu qui est appelé Calvaire, ils le crucifièrent».Les docteurs des Juifs disent que c'est sur cette montagne que se trouvait le tombeau d'Adam.

Celui qui, par amour pour nous, s'était soumis à toutes les conditions de notre nature, se couvrit aussi de nos vêtements (signes de la mortalité d'Adam), pour s'en dépouiller ensuite, et nous revêtir en échange de la vie et de l'incorruptibilité.

«Partageant ensuite ses vêtements, ils les jetèrent au sort». Peut-être plusieurs d'entre eux en avaient besoin, ou plutôt c'est par dérision et pour lui faire outrage qu'ils agirent de la sorte, car de quel prix pouvaient être les vêtements du Sauveur.

Le Seigneur Jésus, qui est le Sauveur véritable, voulait être reconnu en cette qualité, non en se sauvant lui-même, mais en délivrant ses créatures. Un médecin ne fait point connaître son talent médical en se guérissant lui-même, mais en appliquant sa science aux maladies des autres; ainsi Notre-Seigneur qui était aussi notre Sauveur, n'avait pas besoin d'être sauvé, il voulait être reconnu pour Sauveur, non pas en descendant de la croix, mais en mourant sur la croix; car en mourant sur la croix, il a sauvé bien plus efficacement les hommes, qu'il n'aurait pu le faire en descendant de la croix.

Chaîne des Pères grecs. Le démon, se voyant forcé dans tous ses retranchements, ne savait plus que faire, et en désespoir de cause, il fait présenter du vinaigre à boire au Sauveur: «Les soldats aussi s'approchaient et l'insultaient, lui présentant du vinaigre».Le démon ignorait qu'il agissait ici contre lui-même. En effet, il offrait au Sauveur l'amertume de la colère, produite par les prévarications de la loi (qui pesaient sur tous les hommes); Jésus prenait pour lui toute cette amertume, pour nous donner à boire, en échange de ce vinaigre, le vin préparé par la sagesse divine. ( Pv 9).

C'est avec raison que cette inscription est placée au haut de la croix, parce que le règne de Jésus-Christ n'a point pour principe sa nature humaine, mais sa puissance divine. Je lis l'inscription du roi des Juifs, lorsque je lis dans saint Jean: «Mon royaume n'est pas de ce monde» ( Jn 19). Je lis au-dessus de la tête de Jésus-Christ la cause de sa condamnation, quand je lis: «Et le Verbe était Dieu; car Dieu est la tête ou le chef de Jésus-Christ». ( 1Co 11 ).

Dans sa personne, il recommande à son Père tous les hommes auxquels il a rendu la vie, car nous sommes ses membres, selon ces paroles de l'apôtre saint Paul aux Galates: «Vous n'êtes tous qu'un en Jésus-Christ». ( Ga 4, 28).

C'est un véritable crime que d'embaumer les corps des morts, et de ne pas les ensevelir, même quand ce seraient les corps des saints, car qu'y a-t-il de plus saint ou de plus grand que le corps du Seigneur? Cependant il fut mis dans le tombeau et y demeura jusqu'au troisième jour, où il ressuscita: «Et il le déposa dans un tombeau taillé dans le roc».

Il aurait pu sans doute ressusciter immédiatement son corps, mais on n'eût pas manqué de dire qu'il n'était pas véritablement mort, ou que la mort ne l'avait pas entièrement atteint; au contraire, si la résurrection du Seigneur avait été différée, la gloire de son incorruptibilité eût été moins évidente; il mit donc un intervalle d'un jour entre sa mort et sa résurrection, pour prouver que son corps était véritablement mort, et il le ressuscita le troisième jour pour démontrer qu'il n'était pas soumis à la corruption.