Saint Basile le Grand

Saint Basile, également connu sous le nom de Basile le Grand, fut un évêque influent, un écrivain théologique et un des Pères de l'Église du IVe siècle. Né autour de l'année 330 à Césarée de Cappadoce, dans l'actuelle Turquie, il est célèbre pour son rôle dans le développement du monachisme chrétien et pour sa contribution à la doctrine orthodoxe.

Après avoir reçu une éducation classique à Césarée, Constantinople et Athènes, Basile commença sa carrière en tant qu'enseignant. Cependant, il se tourna vers la vie religieuse et fut ordonné prêtre en 364. Il devint rapidement connu pour son éloquence et sa dévotion profonde.

Basile fut consacré évêque de Césarée en 370. Dans cette position, il combattit l'hérésie arienne, qui niait la divinité du Christ, et joua un rôle crucial dans la consolidation de la doctrine de la Trinité dans la tradition chrétienne. Il est également reconnu pour son travail en faveur des pauvres et des marginalisés, fondant un complexe connu sous le nom de Basiliade, qui servait de refuge pour les pauvres et les malades.

En tant qu'écrivain théologique, les contributions de Basile incluent plusieurs œuvres importantes, telles que ses homélies, ses lettres et ses traités sur la monastique. Ses Règles monastiques sont particulièrement influentes et continuent de guider la vie monastique dans les églises orthodoxes et catholiques orientales.

Saint Basile est aussi célèbre pour sa participation au développement de la liturgie chrétienne. La Liturgie de Saint Basile, encore célébrée dans de nombreuses églises orthodoxes, témoigne de son impact durable sur la pratique de la foi chrétienne.

Il décéda le 1er janvier 379. Saint Basile est vénéré comme un saint dans les Églises orthodoxe et catholique, et est commémoré comme l'un des Trois Hiérarques dans la tradition orthodoxe. Son héritage continue d'inspirer les chrétiens à travers le monde, tant pour sa profonde spiritualité que pour son engagement envers la justice sociale et la communauté.

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L'étoile vient de s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. C'est pourquoi les mages, quand ils virent l'étoile, éprouvèrent une très grande joie (Mt 2,9-10). Accueillons, nous aussi, cette grande joie dans nos coeurs. Car c'est de la joie que les anges annoncent aux bergers. Adorons avec les mages, rendons gloire avec les bergers, dansons avec les anges! Il nous est né aujourd'hui un Sauveur, qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2,11). C'est Dieu, le Seigneur, qui nous illumine (Ps 117,27), non pas sous la forme de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous la forme du serviteur, afin de donner la liberté à ceux qui étaient réduits en servitude. Qui donc a un coeur assez endormi, qui donc est assez ingrat pour ne pas se réjouir, exulter et rayonner devant un tel événement?

Cette fête est commune à toute la création: elle accorde à notre monde les biens qui sont au-delà du monde, elle envoie des archanges à Zacharie et à Marie, elle constitue des choeurs d'anges qui proclament: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance aux hommes (Lc 1,14). Les étoiles accourent du haut du ciel, les mages quittent les nations païennes, la terre offre son accueil dans une grotte. Personne n'est indifférent, personne n'est ingrat. Nous-mêmes, fêtons le salut du monde, le jour de naissance de l'humanité. On ne peut plus dire maintenant: Tu es poussière, et tu retourneras à la poussière (Gn 3,19), mais: Rattaché à l'homme céleste (cf. 1Co 15,48), tu seras élevé au ciel. On n'entendra plus dire: Tu enfanteras dans la souffrance, (Gn 3,16), car bienheureuse celle qui a enfanté l'Emmanuel, et les mamelles qui l'ont allaité. Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, l'insigne du pouvoir est sur son épaule (Is 9,6).

Unissez-vous à ceux qui ont reçu avec joie le Seigneur venant du ciel. Pensez aux bergers pénétrés de sagesse, aux grands prêtres qui prophétisent, aux femmes remplies de joie, quand Marie est invitée par Gabriel à se réjouir, et que Jean tressaille dans les entrailles d'Elisabeth. Anne propageait la bonne nouvelle; Syméon tenait dans ses bras ce petit enfant dans lequel tous adoraient le Dieu de majesté. Bien loin de mépriser ce qu'ils voyaient, ils magnifiaient la grandeur de sa divinité. Car la vertu divine apparaissait à travers ce corps humain, comme la lumière à travers les vitres, resplendissante, pour ceux dont les yeux du coeur étaient purifiés.

Puissions-nous être trouvés avec eux, nous aussi, contemplant la gloire du Seigneur comme dans un miroir, et être nous-mêmes transfigurés de gloire en gloire (2Co 3,18), par la grâce et la tendresse miséricordieuse de notre Seigneur Jésus Christ: à lui la gloire et la puissance, pour les siècles des siècles. Amen.

Il te suffit de regarder la vigne avec intelligence pour te souvenir de ta nature. Tu te rappelles évidemment la comparaison faite par le Seigneur quand il dit qu'il est lui-même la vigne et son Père, le vigneron. Chacun de nous avons été greffés par la foi sur l'Église, et le Seigneur nous appelle des sarments, il nous exhorte à porter beaucoup de fruits, de peur que notre stérilité ne nous fasse condamner et livrer au feu. Il ne cesse, en toutes occasions, de comparer les âmes humaines à des vignes. Mon bien-aimé avait une vigne, dit-il, sur un coteau, en un lieu fertile (Is 5,1), et: J'ai planté une vigne, je l'ai entourée d'une haie (cf. Mt 21,33). Ce sont évidemment les âmes humaines que Jésus appelle sa vigne, elles qu'il a entourées comme d'une clôture, de la sécurité que donnent ses commandements et de la garde de ses anges, car l'ange du Seigneur campera autour de ceux qui le craignent (Ps 33,8). Ensuite il a planté autour de nous une sorte de palissade en établissant dans l'Église premièrement des Apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs.

En outre, par les exemples des saints hommes d'autrefois, il élève nos pensées sans les laisser tomber à terre où elles mériteraient d'être foulées aux pieds. Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles d'une vigne, nous attachent à notre prochain et nous fassent reposer sur lui afin qu'en gardant constamment notre élan vers le ciel, nous nous élevions comme des vignes grimpantes jusqu'aux plus hautes cimes.

Il nous demande encore de consentir à être sarclés. Or une âme est sarclée quand elle écarte d'elle les soucis du monde qui sont un fardeau pour nos coeurs. Ainsi celui qui écarte de soi l'amour charnel et l'attachement aux richesses, ou qui tient pour détestable et méprisable la passion pour cette misérable gloriole, a, pour ainsi dire, été sarclé, et il respire de nouveau, débarrassé du fardeau inutile des pensées terrestres.

Mais, pour rester dans la ligne de la parabole, il ne nous faut pas produire que du bois, c'est-à-dire vivre avec ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors: il nous faut porter du fruit en réservant nos oeuvres pour les montrer au vrai vigneron.

J'ai lu dans un certain auteur que le Fils dont il est ici question n'est point le Fils uni que de Dieu, mais le Fils par adoption; car le Sauveur n'aurait point placé comme il le fait les anges avant le Fils unique: «Ni les anges des cieux, ni le Fils».

Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes! Cette fois il ne promulgue pas sa loi au milieu des éclairs, au son de la trompette, sur la montagne fumante, dans l'obscurité d'un orage terrifiant, mais il s'entretient d'une façon douce et paisible, dans un corps humain, avec ses frères de race. Dieu dans la chair! Ce n'est plus celui qui agit par intermittence comme les prophètes, mais celui qui assume pleinement la nature humaine et, par sa chair qui est celle de notre race, ramène à lui tout le genre humain.

Comment donc, direz-vous, sa splendeur s'est-elle étendue à tous à partir d'un seul? Comment la divinité peut-elle habiter la chair? Comme le feu habite le fer, non pas en se déplaçant, mais en se communiquant. En effet, le feu ne se jette pas sur le fer mais, en demeurant à sa place, il lui communique sa propre vertu. En cela il n'est nullement diminué, mais il remplit entièrement le fer auquel il se communique. De la même manière, Dieu, le Verbe, qui a habité parmi nous (Jn 1,14), n'est pas sorti de lui-même; le Verbe qui s'est fait chair (Jn 1,14) n'a pas été soumis au changement: le ciel n'a pas été dépouillé de celui qu'il contenait, et pourtant la terre accueillit dans son propre sein cet être céleste.

Pénètre-toi de ce mystère: Dieu est dans la chair afin de tuer la mort qui s'y cache. En effet, si des médicaments capables de chasser les poisons sont introduits dans un corps, ils en chassent les causes de corruption, afin que les ténèbres qui règnent dans cet organisme se dissipent quand paraît la lumière. Et de même que, dans l'eau, la glace l'emporte sur le liquide aussi longtemps que règne l'obscurité de la nuit, mais se met à fondre sous le rayon du soleil qui la réchauffe, de même la mort a régné jusqu'à la venue du Christ. Mais quand la grâce de Dieu s'est manifestée pour notre salut (Tt 2,11), quand s'est levé le soleil de justice (Ml 3,20), la mort a été engloutie dans la victoire (1Co 15,54) parce qu'elle ne supportait pas la cohabitation avec la vie véritable.

O profondeur de la bonté et de l'amour de Dieu pour les hommes! Rendons gloire avec les bergers, dansons avec les choeurs des anges, car il est né aujourd'hui un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2,11-12).

Dieu, le Seigneur, nous illumine (Ps 117,27), non sous son aspect de Dieu, pour ne pas épouvanter notre faiblesse, mais sous son aspect de serviteur, afin de conférer la liberté à ceux qui étaient condamnés à la servitude. Qui aurait le coeur assez lâche et assez indifférent pour ne pas se réjouir, exulter d'allégresse, rayonner de joie devant cet événement? C'est une fête commune à toute la création. Tous doivent y contribuer, nul ne doit se montrer ingrat. Nous aussi, élevons la voix pour chanter notre allégresse.

Quoi de plus facile que de dire: J'ouvrirai mes greniers, je réunirai tous les pauvres; mais non, une seule pensée le préoccupe, ce n'est point de distribuer le trop plein de ses greniers, c'est d'entasser sa nouvelle récolte: «Voici, dit-il, ce que je ferai: Je détruirai mes greniers». Vous faites là une bonne action, ces greniers d'iniquité méritent d'être détruits; abattez donc ces greniers d'où la consolation n'est jamais sortie pour personne. Il ajoute: «Et j'en ferai de plus grands».Et si vous parvenez encore à les remplir, les détruirez-vous de nouveau? Mais quelle folie que ce travail sans fin? Vos greniers (si vous voulez), doivent être les maisons des pauvres. Vous me direz: A qui fais-je tort, en gardant ce qui m'appartient? Car ce riche ajoute: «Et j'y amasserai le produit de mes terres et tous mes biens».Dites-moi quels sont les biens que vous avez en propre? De quelle source les avez-vous tirés pour les apporter dans cette vie? Semblables à un homme qui, arrivant avant l'heure du spectacle, empêcherait les autres d'y venir, et prétendrait avoir la jouissance exclusive de ce qui est destiné au public, les riches regardent comme leur appartenant en propre des biens dont ils se sont emparé, lorsqu'ils étaient la propriété commune de tous les hommes. Si chacun ne prenait que ce qui suffit à ses besoins, et abandonnait tout le superflu aux indigents, il n'y aurait plus ni riche ni pauvre.

Mais si vous reconnaissez que vous les tenez de Dieu, est-ce que Dieu serait injuste en nous distribuant inégalement les biens de la fortune? Pourquoi êtes-vous dans l'abondance, celui-ci dans la pauvreté, si ce n'est pour vous donner occasion d'exercer une générosité méritoire, à ce pauvre de recevoir un jour le prix glorieux de sa patience? Or, n'êtes-vous pas un véritable spoliateur, en regardant comme votre propriété ces biens que vous n'avez reçus que pour en faire part aux autres? Ce pain que vous conservez, appartient à cet homme qui meurt de faim; cette tunique que vous serrez dans votre garde-robe, appartient à cet autre qui est sans vêtement; cette chaussure qui dépérit chez vous, est à celui qui marche pieds nus; cet argent que vous avez enfoui dans la terre, appartient aux indigents; vous commettez donc autant d'injustices que vous pourriez répandre de bienfaits.

O riche, tu es si oublieux des biens de l'âme, que tu lui donnes en nourriture les aliments du corps ! Si cette âme est vertueuse, si elle est féconde en bonnes oeuvres, si elle s'attache à Dieu, elle possède alors de grands biens, et jouit d'une véritable joie; mais comme tu es tout charnel et esclave de tes passions, tes désirs et tes cris viennent tout entiers du corps et non de l'âme.

Cet homme a été laissé libre de délibérer sur toutes ces choses, et de faire connaître ses intentions, afin que son avarice insatiable reçût le juste châtiment qu'elle méritait. Tandis, en effet, qu'il parle ainsi dans le secret de son âme, ses pensées et ses paroles sont jugées dans le ciel, d'où lui vient cette réponse: «Insensé ! cette nuit même, on te redemandera ton âme». Entendez-vous ce nom d'insensé que votre folie vous a mérité, ce ne sont pas les hommes, c'est Dieu lui-même qui vous l'a donné.

Il y avait, dit l'évangile, un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se disait: Que vais-je faire? <> Je vais démolir mes greniers et j'en construirai de plus grands (Lc 12,16-18). Pourquoi donc cette terre avait-elle tant rapporté à un homme qui ne devait faire aucun bon usage de cette fertilité? C'était pour mieux mettre en lumière la patience de Dieu dont la bonté s'étend même sur de telles gens. Car il fait tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes, et il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons (Mt 5,45).

De quel état d'esprit cet homme faisait-il montre? L'aigreur du caractère, la haine des hommes, l'égoïsme, voilà ce qu'il offrait en retour à son bienfaiteur. Il oubliait que nous appartenons tous à la même nature. Il ne jugeait pas nécessaire de distribuer son superflu aux pauvres.

Mais ses greniers craquaient, trop étroits pour ses immenses dépôts, et son coeur d'avare n'était pas encore comblé. D'ailleurs, ses nouvelles récoltes s'ajoutaient sans cesse aux anciennes et les apports annuels venaient accroître son opulence, de sorte qu'il se trouva dans une situation sans issue. Il n'acceptait pas de se défaire de ses anciennes réserves, tant il était avare, et il n'arrivait plus à entreposer les nouvelles récoltes trop abondantes. De là les projets non réalisés et les angoisses insurmontables.

Que vais-je faire? Qui n'aurait pitié d'un homme en proie à un pareil tourment? <> Car ce ne sont pas des bénéfices que la terre lui apporte, mais des soupirs. Elle ne lui procure pas d'abondants revenus, mais des soucis, des peines et un embarras extrême. Il pousse des lamentations comme le ferait un miséreux. Ne sont-ce pas là les plaintes de celui qui est réduit à la mendicité? Que vais-je faire? Comment vais-je me nourrir, me vêtir?

Considère, homme, celui qui t'a comblé de ses dons. Souviens-toi de toi-même. Rappelle-toi qui tu es, quelles affaires tu conduis, qui te les a confiées, pour quelle raison tu as été préféré à beaucoup. Tu es le serviteur du Dieu bon, tu as la charge de tes compagnons de service. Ne crois pas que tous ces biens sont destinés à ton ventre. Dispose des biens que tu as entre les mains comme s'ils appartenaient à autrui: ils te donneront du plaisir pendant quelque temps, puis s'évanouiront et disparaîtront. Mais il t'en sera demandé un compte détaillé.

Que vais-je faire? La réponse était simple: "Je rassasierai les affamés, j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai les pauvres. J'imiterai Joseph, j'annoncerai à tous ma charité, je ferai entendre une parole généreuse: 'Vous tous, qui manquez de pain, venez à moi. Que chacun prenne une part suffisante des dons que Dieu m'a accordés! Venez y puiser comme à des fontaines publiques.'"

Quant aux choses nécessaires: «Votre Père sait que vous en avez besoin».

Voulez-vous bien comprendre en quoi consiste cette élévation, rappelez-vous la vanité de vos jeunes années, alors qu'étant seul, vous pensiez à la vie et à ses honneurs, promenant vos désirs de dignité en dignité, amassant des richesses, bâtissant des palais, comblant de bienfaits vos amis, et vous vengeant de vos ennemis. Or, de telles pensées sont coupables, parce qu'en mettant son plaisir dans les choses superflues, l'âme s'éloigne de la vérité; aussi Notre-Seigneur ajoute: «Car ce sont ces choses que les nations du monde recherchent».

On me demandera peut-être pour quel motif il faut vendre ce que l'on possède? Est-ce parce que les biens de la terre sont naturellement mauvais, ou à cause des tentations dont ils peuvent-être la source? Je réponds premièrement, que si une seule des choses qui existent dans le monde, était essentiellement mauvaise, elle cesserait par là même d'être créature de Dieu, car toute chose créée de Dieu est bonne ( 2Tm 4 ); secondement que le sauveur en nous disant: «Faites l'aumône»,ne nous commande pas de nous dépouiller de nos richesses comme si elles étaient mauvaises, mais de les distribuer aux pauvres.

Il ne dit pas qu'il trouvera agissant par hasard, mais «agissant ainsi»; car il ne suffit pas de vaincre, il faut encore combattre suivant les règles: c'est-à-dire faire chacune de ses actions, comme Dieu nous l'ordonne.

Le corps n'est pas divisé, en ce sens qu'une partie soit soumise au châtiment, tandis que l'autre partie en serait exempte; car c'est une opinion fausse et contraire à toute justice, qu'une partie seulement du corps soit punie, quand le corps a péché tout entier. L'âme non plus ne sera pas divisée; car elle est unie tout entière à la conscience coupable, et partage avec le corps la complicité du mal; cette division n'est donc autre chose que l'éternelle séparation de l'âme avec l'Esprit saint. En effet, dans la vie présente, bien que la grâce de ce divin Esprit ne réside pas dans les âmes, qui en sont indignes, elle paraît cependant être près d'elles en quelque sorte, attendant la conversion qui doit les conduire au salut, mais alors cette grâce sera complètement retranchée de l'âme coupable. Le Saint-Esprit est donc tout à la fois la récompense des justes et la première condamnation des pécheurs, parce que les indignes en seront dépouillés à jamais.

Mais s'il est vrai que l'un reçoive un plus grand nombre de coups, et l'autre un plus petit nombre, comment peut-on dire que les supplices de l'autre vie n'auront point de fin? Il faut donc entendre que ces paroles ont pour objet d'exprimer, non la durée ou la fin des supplices, mais leurs différents degrés. Un homme peut avoir mérité d'être condamné au feu qui ne s'éteint pas, mais qui est plus ou moins intense; et au ver qui ne meurt pas, mais qui ronge et déchire avec plus ou moins de force.

Remarquons que les pronostics que l'on tire des astres sont nécessaires aux hommes pourvu qu'ils ne soient pas exagérés. Il est utile en effet de connaître par avance les signes qui annoncent la pluie, les signes précurseurs des grandes chaleurs et des tempêtes soit particulières soit universelles, et de savoir si elles seront violentes ou modérées. Il n'est personne qui ne sache quelle utilité on peut retirer dans la vie de ces divers pronostics. Il importe en effet au navigateur de prévoir les dangers des tempêtes, au voyageur les cha ngements de temps, au laboureur les signes qui lui promettent une grande abondance de fruits.

C'est le propre de la divine miséricorde, de ne pas infliger de punitions sans avertir, mais de faire toujours précéder les menaces, pour rappeler à la pénitence. C'est ainsi qu'il avait fait pour les Ninivites, et qu'il fait encore ici en disant au vigneron: «Coupez-le»; il le presse par là d'en prendre soin, et il excite cette âme stérile à produire les fruits qu'il a droit d'exiger d'elle.

Les animaux ont la tête inclinée vers la terre et ne regardent que les choses de la terre, tandis que la tête de l'homme est tournée vers le firmament, et ses yeux contemplent le ciel; car il est appelé à chercher les choses du ciel et à porter ses regards au-dessus de la terre.

On appelle hypocrite celui qui joue sur un théâtre le rôle d'une personne étrangère, c'est ainsi que dans cette vie, quelques-uns ont da ns le coeur des sentiments tout différents de ceux qu'ils affichent à l'extérieur devant les hommes.

De même que dans cette vie, quand on sort du droit chemin, on trouve de larges issues, ainsi quand on sort du sentier qui conduit au royaume des cieux, on tombe dans les voies larges de l'erreur. Le droit chemin est toujours étroit, on ne peut sans danger s'en écarter soit à droite soit à gauche, il est semblable à un pont qu'on ne peut quitter d'un côté ou de l'autre sans être englouti dans le fleuve.

L'âme, en effet, hésite et chancelle quand, d'un côté, la considération de l'éternité lui fait choisir le chemin de la vertu, et quand en même temps la vue des choses de la terre lui fait donner la préférence aux séductions du monde. D'un côté elle voit le repos et les plaisirs de la chair, de l'autre l'assujettissement, l'esclavage de soi-même; d'un côté l'intempérance, de l'autre la sobriété; d'un côté les rires dissolus, de l'autre des ruisseaux de larmes, d'un côté les danses, de l'autre les prières; ici le son des instruments, là les pleurs; d'un côté la volupté, de l'autre la chasteté.

Peut-être s'adresse-t-il à ceux que l'Apôtre semble personnifier lui-même, quand il dit: «Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges quand j'aurais toute la science..., quand je distribuerais toutes mes richesses pour nourrir les pauvres, si je n'ai point la charité, je ne suis rien» ( 1Co 13,3 ); car ce qui ne se fait point par un motif d'amour de Dieu, mais pour obtenir les louanges des hommes, ne mérite point les éloges de Dieu.

Il compare aussi les enfants de Jérusalem à des petits qui ne peuvent sortir de leur nid, comme s'il disait: Les oiseaux qui prennent leur essor dans les airs, échappent aux atteintes de ceux qui leur dressent des embûches; mais pour vous, vous serez comme un poussin qui a besoin de protection et de secours, et une fois privé de votre mère qui s'envolera, vous serez arraché de votre nid, incapable de vous défendre, et trop faible pour prendre la fuite. C'est ce qu'il lui prédit en ces termes: «Voilà que votre maison va demeurer déserte».

Prendre la dernière place dans les repas, est chose louable pour tous, mais vouloir s'en emparer avec obstination est une action digne de blâme, parce qu'elle trouble l'ordre et devient une cause de tumulte, et une contestation soulevée à ce sujet vous rend semblables à ceux qui se disputent la première place. Nous devons donc laisser au maître du festin, comme l'observe Notre-Seigneur, le soin de placer ses convives. C'est ainsi que nous nous supporterons mutuellement en toute patience et en toute charité, nous traitant les uns les autres avec déférence selon l'ordre, et fuyant toute vaine gloire et toute ostentation. Nous ne chercherons pas non plus à pratiquer une humilité affectée au prix de vives contestations, mais nous paraîtrons humbles surtout par la condescendance mutuelle et par la patience. Car l'amour de la contestation et de la dispute est un plus grand signe d'orgueil que de s'asseoir à la première place, quand on ne la prend que par obéissance.

Il dit: «Je ne puis venir», parce que l'esprit de l'homme qui se laisse entraîner par les charmes du monde, n'a plus de force pour pratiquer les commandements divins.

Ou bien cette tour est un observatoire élevé, d'où l'on peut facilement veiller à la garde de la ville et découvrir les approches de l'ennemi; de même Dieu nous a donné l'intelligence pour veiller avec soin sur nos richesses spirituelles et prévoir tout ce qui pourrait nous en dépouiller. Avant de construire cette tour, Dieu nous commande de nous asseoir pour calculer si nous avons des ressources suffisantes pour l'achever.

L'intention de Notre-Seigneur dans les deux comparaisons précédentes, n'est pas de laisser croire à chacun qu'il a le droit ou la permission d'être ou de n'être pas son disciple, de même qu'on est libre de ne pas poser les fondements de la tour ou de ne pas faire la paix; mais de montrer l'impossibilité de plaire à Dieu au milieu de toutes ces affections qui divisent l'âme et la mettent en péril, parce qu'elle est ainsi plus exposée à tomber dans les embûches et dans les piéges que lui tend le démon.

Ce qui donne à l'aîné plus de constance dans le bien, c'est moins son âge avancé et ses cheveux blancs que sa maturité et la gravité du caractère; et celui qui est ici condamné n'est pas le plus jeune par l'âge, mais celui qui, jeune par sa conduite, suit les inspirations de ses passions.

On peut distinguer trois degrés d'obéissance d'après leurs différents motifs. Ou bien nous nous éloignons du mal par la crainte des supplices, et nous sommes dans une disposition servile; ou nous faisons ce qui nous est commandé exclusivement par le désir de la récompense, et nous ressemblons à des mercenaires; ou enfin nous obéissons par amour pour le bien et pour celui qui nous a donné la loi, et nos dispositions sont celles d'un véritable fils.

Ou bien si vous héritez d'un patrimoine, peut-être est-il le fruit de l'injustice, car quel est celui qui parmi ses ancêtres, n'en trouvera nécessairement quelqu'un qui aura pris injustement le bien d'autrui? Mais admettons que votre père n'a rien acquis par des voies injustes, d'où vient cet or que vous avez? Si vous me répondez: Il vient de moi, vous ne connaissez pas Dieu, et n'avez aucune notion de votre Créateur; si vous dites qu'il vient de Dieu, pour quelle raison l'avez vous reçu? Est-ce que la terre et tout ce qu'elle contient n'appartient pas au Seigneur? ( Ps 24,1 ). Si donc nos biens appartiennent à un commun maître, ils appartiennent aussi à vos semblables.

L'enfer est un lieu immense situé dans les profondeurs de la terre, couvert de tous côtés d'épaisses ténèbres, dont l'ouverture donne dans un abîme profond, par où descendent les âmes condamnées aux supplices éternels.

Ce riche reçoit le juste châtiment qui lui est dû, le feu et le supplice de l'enfer, une langue desséchée; les gémissements remplacent les sons harmonieux de la lyre; une soif brûlante l'usage des plus délicieuses boissons; d'épaisses ténèbres, les spectacles brillants et licencieux; le ver qui ne dort point les empressements assidus des flatteurs: «Pour me rafraîchir la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme»

«Il faisait en lui-même cette prière», c'est-à-dire qu'il ne l'adressait pas à Dieu, parce que dans son orgueil il n'envisageait que lui-même: «Mon Dieu, je vous rends grâces».

L'orgueilleux ne diffère de celui qui insulte que par l'extérieur; celui-ci abaisse les autres par ses outrages, celui-là s'élève au-dessus par les efforts présomptueux de son âme.

Il y a aussi une fierté louable, c'est celle de l'âme qui dédaigne de penser aux choses de la terre, et qui s'élève avec noblesse jusqu'à la hauteur de la vertu. Cette grandeur d'âme consiste à dominer les chagrins, à faire preuve de courage dans les tribulations, à mépriser toutes les choses de la terre, pour penser à celles du ciel. Cette grandeur de l'âme diffère autant de la hauteur qui est le produit de l'orgueil, que l'embonpoint d'un corps bien portant diffère de l a grosseur qui vient de l'hydropisie.

Or, nous recevrons le royaume de Dieu comme un enfant, si nous apportons aux enseignements du Seigneur les dispositions d'un enfant aux instructions qui lui sont données; il ne contredit pas ses maîtres, il ne dispute pas avec eux, mais il reçoit leurs leçons avec confiance et soumission.

Par voleurs, il ne faut pas seulement entendre les coupeurs de bourse, et ceux qui font métier de voler dans les bains, mais encore ceux qui sont placés à la tête des légions, ou préposés au gouvernement des villes et des provinces, les premiers volent furtivement, les seconds emploient la violence et la force ouverte.

Cependant si Notre-Seigneur conseille à ce jeune homme de vendre ses biens, ce n'est pas qu'ils soient mauvais par leur nature, autrement ils ne seraient pas des créatures de Dieu. Le Sauveur ne lui conseille pas de les rejeter, mais de les distribuer aux pauvres, et ce que Dieu condamne dans quelques-uns, ce n'est pas la possession des richesses, mais le mauvais usage. Au contraire, en les distribuant aux pauvres selon le commandement de Dieu, on efface ses péchés et on mérite le royaume des cieux. C'est ce que Notre-Seigneur indique par ces paroles: «Et donnez-le aux pauvres».

Devant cette parole formelle du Sauveur: «Donnez-le aux pauvres», la négligence dans l'accomplissement de ce devoir n'est permise à personne, et chacun doit s'en acquitter avec le plus grand soin, par lui-même autant que cela est possible; ou s'il ne le peut, par celui dont la prudence et la fidélité lui sont connues; car: «Maudit est celui qui fait les oeuvres de Dieu avec négligence». ( Jr 48, 18).

Le marchand ne s'attriste pas de dépenser son avoir dans les marchés publics pour acheter les choses dont il a besoin, et vous vous affligez de donner une misérable poussière pour acquérir la vie éternelle ?

Cette noblesse, il ne la tire pas seulement de sa divinité, mais de son humanité, puisqu'il est né selon la chair de la race de David. Il s'en est allé dans un pays lointain, non point par la distance matérielle qui nous sépare de lui, mais par l'effet des rapports qui existent entre lui et nous. Dieu est près de chacun de nous, toutes les fois que nous lui sommes unis par la pratique des bonnes oeuvres, et il s'en éloigne, toutes les fois que poursuivant notre perte, nous nous séparons de lui. Il s'en alla donc dans cette région terrestre si éloignée de Dieu, pour prendre possession du royaume des nations, selon cette prédiction du Roi-prophète: «Demandez-moi, et je vous donnerai toutes les nations pour héritage» ( Ps 2 ; cf. Ac 13,3 He 1,5 He 5,5 )

C'est ainsi que nous devons accepter avec empressement et avec zèle les plus humbles fonctions, persuadés qu'aucune action n'est petite lorsqu'elle est faite en vue de Dieu, et qu'elle est digne du royaume des cieux.

Il leur parle de la sorte comme à des criminels qui n'ont rien à opposer à la justice de leur condamnation. Or, c'est le propre de la miséricorde divine de ne jamais punir sans avertir, sans prédire les châtiments dont les coupables sont menacés pour exciter en eux un repentir salutaire: «Il viendra et exterminera ces vignerons et donnera sa vigne à d'autres».

Tous les animaux ont reçu de Dieu un mystérieux instinct qui leur fait pourvoir à leur propre conservation. Or, le Sauveur nous donne cet avertissement pour que nous fassions ici par raison et par prudence ce qui est chez les animaux l'effet de l'instinct naturel. Nous devons donc fuir le péché, comme les animaux sans raison évitent les aliments qui leur seraient mortels, et rechercher la justice comme ils recherchent les plantes pleines pour eux d'un suc nutritif. C'est donc pour nous faire discerner ce qui est salutaire de ce qui est nuisible, que Notre-Seigneur nous dit: «Prenez garde à vous». Mais il y a deux manières de prendre garde ou de veiller, l'une extérieure par les yeux du corps, l'autre intérieure par l'attention de l'esprit; or, l'oeil du corps ne peut conduire à la vertu, c'est donc un acte de l'esprit que Notre-Seigneur nous conseille, lorsqu'il nous dit: «Prenez garde à vous», etc., c'est-à-dire, soyez pleins de circonspection, et que la lumière de votre âme veille sans cesse sur vous pour vous garder de tout danger. il ne nous dit pas: Veillez sur ce qui est à vous ou sur les choses, qui vous entourent, mais: «Veillez sur vous». Ce qui est vous, c'est votre intelligence et votre âme, ce qui est à vous, c'est votre corps et vos sens, ce qui est autour de vous, ce sont vos biens, votre industrie et tous les autres soutiens de votre vie. Or, ce n'est point à toutes ces choses que doit s'étendre votre vigilance, c'est votre âme qui doit être l'objet principal de vos soins. Ce même avertissement guérit à la fois les malades et donne une santé, parfaite à ceux qui sont déjà guéris; il nous fait conserver le présent et pourvoir à l'avenir, il nous détourne de la censure du prochain pour reporter toute notre attention sur nos propres actions, il ne permet pas que notre esprit devienne l'esclave de ses passions, et soumet le corps et les sens dépourvus de raison à l'âme spirituelle et raisonnable. Mais pour quel motif devons nous veiller? Le voici: «De peur que vos coeurs ne s'appesantissent», etc.

Nous devons éviter la curiosité et les préoccupations de cette vie, alors même qu'elles semblent n'avoir rien de coupable si elles ne concourent point à nous faire honorer Dieu. Le Sauveur donne ensuite la raison de cet avertissement: «De peur que ce jour ne vienne tout d'un coup vous surprendre», etc.

Apprenez à quelles conditions il nous est permis de manger le corps de Jésus-Christ, c'est-à-dire, en mémoire de l'obéissance qu'il a portée jusqu'à la mort, de sorte que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. ( 2Co 5,45 ).

Parmi les maladies du corps, il en est qui ne sont point senties par ceux mêmes qui en sont atteints, et ils ont plus de foi aux conjectures des médecins qu'à leur propre insensibilité. Il en est de même pour les maladies de l'âme, celui qui ne se sent point coupable, doit s'en rapporter plus volontiers au témoignage de ceux qui peuvent mieux connaître l'état de son âme.

Que personne donc ne s'enorgueillisse de la préséance, s'il ne veut perdre le mérite et la récompense de la béatitude promise à l'humilité ( Mt 5), et qu'il sache que la véritable humilité nous porte à être le serviteur de tous nos frères. Or, de même que celui qui est chargé du soin d'un grand nombre de blessés, et qui étanche le sang de leurs plaies, ne s'enorgueillit point des services qu'il leur rend, à plus forte raison celui à qui Dieu a confié le soin de guérir les langueurs spirituelles de ses frères, et qui doit, comme serviteur de tous, rendre compte de tout au tribunal de Dieu, doit veiller avec le plus grand soin sur lui-même, et ainsi: « Celui qui est le plus grand, doit être comme le moindre ». Il est juste encore que ceux qui sont à la tête des autres, leur rendent des services même corporels, à l'exemple de Notre-Seigneur qui a lavé les pieds de ses disciples: « Et celui qui a la préséance, doit être comme celui qui sert ». Il n'est pas à craindre que cette condescendance du supérieur ne détruise l'humilité dans, l'inférieur, c'est au contraire pour lui une éclatante leçon d'humilité.

Il est bon de savoir que Dieu permet quelquefois que les justes eux-mêmes fassent des chutes pour les guérir de l'orgueil dont ils se sont précédemment rendus coupables. Bie n que leurs fautes paraissent avoir les mêmes caractères que celles des autres, il y a cependant une grande différence; le juste, en effet, pèche comme par surprise, et presque sans le vouloir, tandis que les autres pèchent sans prendre aucun souci, ni d'eux-mêmes, ni de Dieu, et ne mettent même aucune distinction entre le péché et la vertu. Aussi ne doivent-ils pas être repris de la même manière, l'âme timorée a besoin d'être soutenue, et la réprimande qui lui est faite doit se borner à la faute qu'elle a commise. Quant aux autres, au contraire, qui ont détruit dans leur âme tout ce qu'il y avait de bien, il faut les soumettre aux châtiments, aux avertissements, aux reproches sévères, jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'ils ont pour juge un Dieu juste, et qu'ils en conçoivent une crainte salutaire.

Ou encore, le Seigneur ne fait pas ici un commandement de porter une bourse et un sac et d'acheter un glaive, mais il prédit ce qui doit arriver à ses Apôtres, qui, oubliant les circonstances de la passion, les grâces qu'ils avaient reçues, et la loi de Dieu, oseront se servir de l'épée; souvent, en effet, l'Écriture emploie l'impératif pour l e futur dans les prophéties, quoique cependant, dans plusieurs manuscrits, on ne lise point: Qu'il prenne, qu'il porte et qu'il achète, mais: «Il prendra, il portera, il achètera».