Saint Césaire d'Arles

Saint Césaire d'Arles, né vers 470 et décédé en 542, était un évêque influent et un figure majeure de l'Église en Gaule au VIe siècle. Nommé évêque d'Arles en 503, il a joué un rôle crucial dans la spiritualité et la politique ecclésiastique de son époque.

Césaire est reconnu pour ses efforts de réforme et de revitalisation de la vie ecclésiastique. Il a établi des règles monastiques strictes pour les hommes et les femmes, contribuant à la fondation de nombreux monastères dans la région. Ces règles, connues sous le nom de Règle de Saint Césaire, ont influencé le développement ultérieur du monachisme en Occident.

En tant qu'évêque, Césaire s'est engagé dans l'organisation de l'Église locale, la lutte contre l'hérésie et la promotion de la discipline ecclésiastique. Il a également joué un rôle important dans les relations entre l'Église et les pouvoirs séculiers, naviguant habilement dans les complexités politiques de son temps.

Ses sermons, qui nous sont parvenus, témoignent de son éloquence et de son dévouement à l'enseignement chrétien. Ils offrent un aperçu précieux de la vie religieuse et des pratiques dévotionnelles de l'époque.

Saint Césaire d'Arles est vénéré pour son leadership éclairé, sa piété et son influence durable sur l'Église en France. Il est célébré le 27 août dans le calendrier liturgique.

Commentaires de Saint Césaire d'Arles

La lecture de l'évangile, frères bien-aimés, nous a fait entendre ces paroles du Seigneur: Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 4,17). Le Royaume des cieux est le Christ qui, nous en avons la certitude, connaît les actes bons et mauvais et juge tous les motifs de nos actes.

Aussi nous faut-il devancer Dieu en confessant nos fautes et réprimer tous les dérèglements de l'âme avant le jugement. Nous nous exposons au danger si nous ne savons quel traitement suivre pour nous guérir du péché. Nous devons faire pénitence avant tout parce que nous savons que nous aurons à rendre compte des raisons de nos errements.

Voyez, frères bien-aimés, combien la bonté de notre Dieu est grande envers nous, si grande qu'il veut remettre le péché de celui qui s'en reconnaît coupable et le répare avant le jugement. Car lui, le juste juge, fait toujours précéder le jugement d'un avertissement, pour n'avoir jamais à exercer une justice sévère. Si Dieu veut tirer de nous des ruisseaux de larmes, ce n'est pas pour rien, frères bien-aimés, mais pour que nous puissions recouvrer par le repentir ce que nous avions perdu par la négligence.

Car notre Dieu sait que l'homme n'a pas toujours une volonté droite, et qu'il peut souvent pécher dans sa chair ou commettre des écarts de langage. Au ssi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons réparer les dommages que nous avons causés, et nous corriger de nos fautes. Pour être sûrs d'en obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos péchés.

Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit désespérer. Car le Seigneur est d'une générosité si grande qu'il répand de bon coeur sur tous ceux qui sont à bout de force les dons de sa miséricorde.

Mais l'un de vous dira peut-être: "Pourquoi craindrais-je, puisque je ne fais aucun mal?" Sur ce point, écoutez ce que dit l'apôtre Jean: Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous (1Jn 1,8). Que personne donc ne vous égare, mes bien-aimés, car la pire espèce de péché est de ne pas apercevoir ses péchés. Alors que tous ceux qui reconnaissent leurs fautes peuvent se réconcilier avec Dieu en se repentant, aucun pécheur ne mérite davantage notre pitié que celui qui croit n'avoir rien à se reprocher.

Je vous exhorte donc, mes bien-aimés, avec les paroles de l'Écriture, à vous tenir humblement sous la main toute-puissante de Dieu (1P 5,6). Et que personne ne refuse de réparer son péché, puisque personne n'en est exempt, car ce serait déjà une faute que de prétendre être sans péché. Il peut se faire que l'un soit moins coupable que l'autre, mais nul n'est exempt de tout péché. Les hommes sont certes pécheurs à des degrés divers; il n'y en a pourtant aucun qui soit net de toute souillure.

Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il faut que ceux qui se sont rendus coupables d'offenses plus graves implorent leur pardon avec plus de foi. Quant à ceux qui se sont préservés des fautes les plus honteuses, qu'ils prient afin de ne pas les commettre. Par la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.

Quand le Seigneur nous dit dans l'évangile: Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même (Mc 8,34), nous trouvons qu'il nous commande une chose difficile et nous considérons qu'il nous impose un lourd fardeau. Mais si celui qui commande nous aide à accomplir ce qu'il commande, cela n'est pas difficile.

Où devons-nous suivre le Christ, sinon là où il est allé? Or, nous savons qu'il est ressuscité et monté aux cieux: c'est là que nous avons à le suivre. Il ne faut certainement pas nous laisser envahir par le désespoir, car, si nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous avons la promesse du Christ. Le ciel était loin de nous avant que notre Tête y soit montée. Désormais, si nous sommes les membres de cette Tête, pourquoi désespérer de parvenir au ciel? Pour quel motif? S'il est vrai que sur cette terre tant d'inquiétudes et de souffrances nous accablent, suivons le Christ en qui se trouvent le bonheur parfait, la paix suprême et l'éternelle tranquillité.

Mais l'homme désireux de suivre le Christ écoutera cette parole de l'Apôtre: Celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher lui-même dans la voie où lui, Jésus, a marché (1Jn 2,6). Tu veux suivre le Christ? Sois humble, comme il l'a été. Tu veux le rejoindre dans les hauteurs? Ne méprise pas son abaissement.

En péchant, l'homme avait couvert sa route d'obstacles, mais celle-ci fut aplanie lorsque le Christ l'eut foulée à sa résurrection et qu'il eut fait d'un étroit sentier, une avenue digne d'un roi. L'humilité et la charité sont les deux pieds qui permettent de la parcourir rapidement. Tous sont attirés par les hauteurs de la charité, mais l'humilité est le premier degré qu'il faut monter. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi? Tu veux donc tomber et non monter? Commence par la première marche, c'est-à-dire l'humilité, et déjà elle te fait monter.

Voilà pourquoi notre Seigneur et Sauveur ne s'est pas borné à dire: Qu'il renonce à lui-même, mais il a ajouté: Qu'il prenne sa croix et qu'il me suive (Mc 8,34). Que signifie: Qu'il prenne sa croix? Qu'il supporte tout ce qui lui est pénible, c'est ainsi qu'il marchera à ma suite. Dès qu'il aura commencé à me suivre, en se conformant à ma vie et à mes commandements, il trouvera sur son chemin bien des gens qui le contrediront, qui chercheront à le détourner, qui non seulement se moqueront de lui, mais le persécuteront. Ces gens-là ne se trouvent pas uniquement parmi les païens qui sont hors de l'Église; il s'en trouve même parmi ceux qui semblent être dans l'Église, si on les juge de l'extérieur. Mais ils lui sont bel et bien étrangers, en raison de leurs actions mauvaises.

Tout en se glorifiant du seul nom de chrétien, ils persécutent sans cesse les bons chrétiens. Dès lors, si tu désires suivre le Christ, porte sa croix sans plus attendre et supporte les méchants sans te laisser abattre.

Le Seigneur a dit: Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Si donc nous voulons mettre ceci en pratique, efforçons-nous, avec l'aide de Dieu, de faire nôtre cette parole de l'Apôtre: Lors donc que nous avons nourriture et vêtement, sachons être satisfaits. Il est à craindre que si nous recherchons plus de biens terrestres qu'il ne nous en faut, dans l'intention de nous enrichir, nous ne tombions dans la tentation, dans le piège du démon, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent l'homme dans la ruine et la perdition (1Tm 6,8-9).

Daigne le Seigneur nous prendre sous sa protection et nous délivrer de cette tentation, lui qui vit et règne avec le Père et l'Esprit Saint dans tous les siècles des siècles. Amen.