Denys l'Aréopagite

Saint Denys l'Aréopagite est une figure emblématique du christianisme primitif, mentionnée dans les Actes des Apôtres comme un membre du tribunal de l'Aréopage d'Athènes converti au christianisme par l'apôtre Paul. Il est souvent associé à une série d'œuvres mystiques chrétiennes influentes, bien que leur attribution exacte soit un sujet de débat parmi les érudits.

Les écrits attribués à Denys l'Aréopagite, notamment "Les Noms Divins", "La Hiérarchie Céleste" et "La Hiérarchie Ecclésiastique", ont exercé une profonde influence sur la théologie et la mystique chrétiennes. Ces œuvres explorent des thèmes comme la nature mystique de Dieu, l'ordre des anges et la structure de l'Église en tant que reflet de la hiérarchie céleste.

Ces textes, caractérisés par leur profondeur théologique et leur style complexe, ont été largement lus et commentés tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance, influençant des penseurs tels que Thomas d'Aquin, Dante Alighieri et de nombreux mystiques chrétiens.

La figure de Saint Denys l'Aréopagite, en tant que converti du paganisme au christianisme et en tant qu'auteur présumé de ces œuvres, représente un pont important entre les traditions philosophiques grecques et le christianisme naissant.

Commentaires de Denys l'Aréopagite

Je vois que Jésus lui-même, placé par sa nature au-dessus de toutes les essences célestes, étant descendu jusqu'à nous sans rien changer à sa nature, accepte toutes les conditions inhérentes à la nature humaine, qu'il avait lui-même déterminées. Il obéit donc et se soumet aux ordres de Dieu son Père qui lui sont communiqués par les anges ; c'est par les anges que Dieu le Père intime à Joseph l'ordre de partir pour l'Égypte et plus tard celui de revenir de l'Égypte en Judée.

Alors, en effet, devenus in corruptibles et immortels, nous serons remplis de la vue de Dieu, qui nous apparaîtra dans de chastes contemplations, et nous jouirons de la lumière spirituelle qu'il répandra sur nous dans une âme impassible et immatérielle, à l'exemple des intelligences qui habitent au-delà des cieux, et c'est pour cela que le Sauveur ajoute que nous serons égaux aux anges (cf. Lc 20,36 ).

Nous voyons encore ici que le Verbe de Dieu, un et simple dans son essence, est devenu un être composé par son incarnation, et s'est rendu visible en descendant jusqu'à nous, et qu'il a recherché avec bienveillance notre société, pour nous ren dre participants des biens spirituels qu'il est venu répandre sur la terre «Et il le donna à ses disciples».

Nous vîmes tout d'un coup et sans y être préparés, la lune s'interposer entre le soleil et la terre (car ce n'était pas le temps de la rencontre naturelle de ces deux astres), nous la vîmes de nouveau depuis la neuvième heure jusqu'au soir, couvrir contrairement aux lois de la nature le diamètre du soleil. Nous vîmes cette éclipse commencer à l'Orient, s'avancer vers le couchant, et puis revenir pour ainsi dire sur ses pas. Nous fûmes encore témoins de ce fait extraordinaire, que ce ne fut pas du même côté du soleil que la lune s'avança sur cet astre, et se retira ensuite, mais dans un sens diamétralement opposé.

Cette action de se mettre à table, figure le repos après tous les travaux, une existence sans douleur, une vie divine dans la lumière et la région des vivants, avec toutes les saintes affections, et l'abondance de tous les dons, source d'une joie parfaite. Voilà ce que fera Jésus en les faisant asseoir à table, il les mettra en possession d'un repos éternel, et leur distribuera la multitude de ses dons: «Et passant de l'un à l'autre, il les servira».

Ou bien encore, ces paroles: «Éloignez de moi ce calice», ne veulent pas dire: Faites qu'il ne m'arrive pas; car on ne peut l'éloigner que parce qu'il est déjà arrivé. C'est donc lorsque le Sauveur sentit que ce calice était présent, qu'il commença à être affligé et attristé; et c'est lorsqu'il le vit sous ses yeux, qu'il dit à son Père: «Éloignez de moi ce calice», car ce qui passe, ne demeure pas dans le même état, Jésus donc demande à Dieu d'éloigner de lui la tentation qui commence à l'assaillir; et c'est dans ce sens qu'il nous conseille de prier pour ne point entrer en tentation. Or, il nous indique la voie la plus parfaite et la plus sûre pour échapper aux tentations: «Cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre».En effet, Dieu est essentiellement étranger au mal, et il veut sincèrement nous combler de biens, au delà même de ce que nous pouvons demander et comprendre. Le Sauveur demande donc que la volonté parfaite du Père qui lui est connue, ait son plein effet, parce que cette volonté est la même que la sienne en tant qu'il est Dieu, et il renonce à l'accomplissement de la volonté humaine, qu'il appelle la sienne, et qui est inférieure à celle de son Père.

Nous étions alors à Héliopolis, et nous vîmes que la lune était venue inopinément se placer devant le soleil (car ce n'était pas l'époque de sa conjonction), et qu'ensuite, depuis la neuvième heure jusqu'au soir, elle revint miraculeusement en opposition directe avec le soleil. Nous vîmes aussi cette éclipse commencer du côté de l'Orient, et elle atteignit jusqu'au bord occidental du soleil. Ensuite elle rebroussa chemin, de sorte que la disparition et le retour de la lumière ne se firent point par le même côté, mais par le côté opposé. Tels sont les phénomènes surnaturels qui parurent alors et qui n'ont pu avoir pour auteur que le Christ, créateur de toutes choses.

Lorsque Jésus, le Verbe divin, dans sa bonté et son amour pour les hommes, a assumé notre nature humaine, son unité simple et cachée s'est rendue présente en un être composé et visible, sans en subir aucune altération. En unissant étroitement notre bassesse à sa souveraine divinité, il a généreusement établi entre lui et nous une intime communion.

Celle-ci ne peut se réaliser que si nous lui sommes unis harmonieusement, comme les membres au corps, si nous nous conformons à la même vie pure et divine et si nous ne nous livrons pas à la mort en cédant aux passions destructrices, qui nous rendraient incapables de nous adapter et d'adhérer aux membres parfaitement sains de Dieu, et de vivre en union avec eux.

Car si nous désirons être en communion avec lui, il faut que nous contemplions la vie toute divine qu'il a menée dans la chair. Il faut aussi qu'en mettant dans notre vie la sainte innocence qui la rendra semblable à la sienne, nous tendions vers l'état de pureté parfaite et la divinisation. C'est ainsi, en effet, qu'il nous donnera de bénéficier de sa ressemblance selon le mode qui nous convient.

Cela, l'évêque le révèle lorsque, dans la célébration des mystères, il découvre les dons cachés et divise leur unité en de nombreuses parts, et que, par l'union intime des réalités sacramentelles avec ceux qui les reçoivent, il accomplit en ceux qui y participent, la parfaite communion avec elles.

En présentant à notre regard le Christ Jésus, l'évêque montre d'une manière sensible, au moyen des éléments sacramentels, qui en sont comme les figures, ce qui constitue notre vie spirituelle. Il révèle que le Christ, sorti du secret de sa divinité, a pris la forme humaine par amour pour nous en assumant toute notre humanité sans se mélanger à elle; qu'il est descendu de son unité essentielle jusqu'à notre nature divisée sans subir aucun changement; qu'il appelle l'humanité à avoir part à sa divinité et à ses biens propres, en lui offrant les bienfaits de son amour pour les hommes.

Il nous demande seulement de nous unir à sa vie divine en imitant celle-ci autant que nous le pouvons, afin que s'accomplisse en nous la véritable communion avec Dieu et ses divins mystères.