Saint Jean Cassien
Saint Jean Cassien, né vers 360 et décédé vers 435, était un moine et théologien chrétien, considéré comme l'un des Pères du monachisme occidental. Né en Scythie Mineure (actuelle Roumanie), il voyagea dans les régions monastiques d'Égypte et de Palestine avant de s'établir en Gaule.
Cassien fonda deux monastères à Marseille, un pour les hommes et l'autre pour les femmes, et joua un rôle central dans la diffusion de la vie monastique en Occident. Ses écrits, en particulier les "Institutions cénobitiques" et les "Conférences", sont des sources précieuses sur la vie monastique primitive et la spiritualité chrétienne.
Dans ses ouvrages, Cassien a combiné les traditions monastiques orientales avec les besoins et les circonstances de l'Église occidentale. Il a abordé des thèmes tels que la prière, la vie communautaire, les vices et les vertus, et l'ascèse, influençant profondément le développement de la spiritualité chrétienne en Occident.
Ses écrits ont également été influents dans la formulation de la règle de saint Benoît, devenant ainsi une référence pour de nombreux ordres monastiques. Cassien est vénéré pour sa contribution à la vie monastique et sa compréhension profonde de la spiritualité chrétienne.
Saint Jean Cassien est célébré comme un saint dans les Églises catholique et orthodoxe. Sa fête est commémorée le 23 juillet.
Il a dit en premier lieu: Quitte ton pays, c'est-à-dire les biens de ce monde et les richesses de la terre. En second lieu: Quitte ta famille, c'est-à-dire la façon de vivre, les habitudes et les vices passés qui, en s'attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte d'affinité et de parenté. En troisième lieu: Quitte la maison de ton père, c'est-à-dire tout souvenir du monde actuel qui se présente à nos yeux.
Ce détachement devient réalité lorsque, morts avec le Christ aux éléments de ce monde, nous contemplons, comme le dit l'Apôtre, non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel (2Co 4,18). Il en va de même lorsque, abandonnant de coeur cette demeure temporelle et visible, nous tournons les yeux de notre âme vers celle que nous habiterons éternellement. Et nous y parviendrons, dès que, vivant dans la chair, mais non selon la chair, nous engagerons le combat (2Co 10,3) pour le Seigneur, et que nous proclamerons par nos actions vertueuses ces paroles de l'Apôtre: Nous, nous sommes citoyens des cieux (Ph 3,20).
Cela étant, il ne nous servirait pas à grand-chose d'exercer, fût-ce avec la foi la plus ardente, le premier renoncement, si nous n'accomplissions pas le deuxième avec le même zèle et la même ardeur. De même, après avoir pratiqué celui-ci, nous serons en mesure de passer également au troisième. Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était, nous le savons, notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres (Ep 2,3), et nous porterons toute l'attention de notre esprit aux choses célestes.
Nous mériterons dès lors d'atteindre à la vraie perfection de ce troisième renoncement lorsque notre âme aura été débarrassée, en effet, de toute la pesanteur de la chair qui l'engourdissait, et purifiée de toute attache et disposition terrestre, grâce à un polissage très soigneux. Notre âme s'élèvera alors jusqu'au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle, si bien qu'elle n'aura plus conscience d'être enfermée dans un corps fragile et un lieu particulier, tant elle sera attentive aux réalités célestes et incorporelles.