Saint Jean Damascene

Saint Jean Damascène, également connu sous le nom de Jean de Damas, était un prêtre, théologien et hymnographe chrétien du VIIIe siècle. Né vers 676 à Damas, alors sous le règne musulman, il est l'un des derniers Pères de l'Église grecque et est vénéré pour son érudition et ses contributions à la théologie orthodoxe.

En tant que haut fonctionnaire sous le califat omeyyade, Jean Damascène eut accès à une éducation diversifiée, enrichissant sa compréhension théologique avec des influences de la pensée islamique et grecque classique. Après avoir quitté son poste, il devint moine au monastère Saint-Saba, près de Jérusalem.

Saint Jean Damascène est particulièrement célèbre pour sa défense des icônes durant la controverse iconoclaste byzantine. Ses écrits, en particulier ses "Trois discours contre les iconoclastes", ont été cruciaux pour soutenir l'utilisation et le vénération des icônes dans la pratique chrétienne.

Ses autres œuvres majeures incluent "La Source de la Connaissance", une encyclopédie de la philosophie et de la théologie, ainsi que de nombreux hymnes liturgiques qui continuent à être utilisés dans les services de l'Église orthodoxe.

Saint Jean Damascène est vénéré comme un saint et un Docteur de l'Église dans les traditions catholique et orthodoxe. Sa fête est célébrée le 4 décembre. Son héritage perdure en tant que l'un des derniers grands Pères de l'Église et un défenseur influent de la tradition chrétienne.

Commentaires de Saint Jean Damascene

Quoique Jésus-Christ soit mort comme homme, et que son âme sainte ait été séparée de son corps exempt de toute souillure, cependant la divinité est restée inséparablement unie à l'une et à l'autre, c'est-à-dire à l'âme et au corps, et l'unité de personne n'a souffert aucune division. Le corps et l'âme ont eu, dès le commencement, leur existence dans la personne du Verbe, et l'ont conservée jusque dans la mort; car ni le corps ni l'âme n'ont eu d'autre personnalité que celle du Verbe.

Voici qu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre (Mt 17,5), et les disciples furent saisis d'une crainte glus grande en voyant Jésus le Sauveur, avec Moïse et Élie dans la nuée.

Jadis, il est vrai, quand Moïse vit Dieu, il entra dans la divine nuée, donnant ainsi à entendre que la Loi était une ombre. Écoute ce que dit saint Paul: La Loi, en effet, n'avait que l'ombre des biens à venir, non la réalité même (He 10,1). Israël, en ce temps-là, n'avait pas pu fixer les yeux sur la gloire passagère du visage de Moïse (2Co 3,7). Mais nous, le visage découvert, nous reflétons la gloire du Seigneur et nous sommes transformés d'une gloire en une gloire plus grande, par l'action du Seigneur qui est Esprit (2Co 3,18).

Aussi la nuée qui couvrit les disciples de son ombre n'était-elle pas remplie de ténèbres - car elle ne les menaçait pas - mais de lumière. En effet, le mystère resté caché depuis les siècles et les générations a été révélé (Col 1,26) et la gloire perpétuelle et éternelle est manifestée. Voilà pourquoi Moïse et Élie, aux côtés du Sauveur, personnifiaient la Loi et les Prophètes. Celui qu'annonçaient la Loi et les Prophètes, c'est, en vérité, Jésus, le dispensateur de la vie.

Et une voix sortit de la nuée, qui disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour; écoutez-le!" (Mt 17,5).

Tels sont les mots du Père sortis de la nuée de l'Esprit: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, lui qui est homme et apparaît tel. Hier, il s'est fait homme, a vécu humblement parmi vous, et maintenant son visage resplendit. Celui-ci est mon Fils bien-aimé, lui qui est avant les siècles. Il est le Fils unique de l'Unique. Hors du temps et éternellement il procède de moi, le Père. Il n'a pas accédé après moi à l'existence, mais, de toute éternité, il est de moi, en moi et avec moi."

C'est par la bienveillance du Père que son Fils unique, son Verbe, s'est fait chair. C'est par sa bienveillance que le Père a accompli, dans son Fils unique, le salut du monde entier. C'est la bienveillance du Père qui a fait l'union de toutes choses en son Fils unique. Car l'homme est par nature un petit monde, portant en lui-même l'union entre toute essence visible et invisible, du fait qu'il est à la fois l'une et l'autre. Vraiment, il a plu au Maître de toutes choses, au Créateur qui gouverne l'univers, d'unir en son Fils unique et consubstantiel la divinité et l'humanité, et, par celle-ci, toute créature, pour que Dieu soit tout en tous (1Co 15,28).

"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, le resplendissement de ma gloire, l'empreinte de ma substance (cf. He 1,3), par qui aussi j'ai créé les anges, par qui le ciel a été affermi, et la terre établie. Il porte l'univers par sa parole toute-puissante et par le souffle de sa bouche, c'est-à-dire l'Esprit qui guide et donne la vie."

"Écoutez-le, car celui qui le reçoit, me reçoit, moi qui l'ai envoyé, non en vertu de mon souverain pouvoir, mais à la façon d'un père. En tant qu'homme, en effet, il est envoyé, mais en tant que Dieu, il demeure en moi, et moi en lui. Celui qui n'honore pas mon Fils unique et bien-aimé, ne m'honore pas, moi, le Père, qui l'ai envoyé. Ecoutez-le, car il a les paroles de la vie éternelle."

Les anges cependant n'apparaissent pas aux hommes dans leur propre nature, mais ils revêtent pour se rendre visibles, la forme que Dieu lui-même a déterminée.

Tout ce qui peut être mesuré ou compté s'exprime d'une manière déterminée, mais on appelle grandes, considérables en général, les choses qui, par leur excellence, sont au-dessus de tout nombre et de toute mesure, et c'est ainsi que nous disons que la miséricorde de Dieu est grande.

Saint Matthieu et saint Marc placent la transfiguration six jours après la promesse faite aux disciples, tandis que saint Luc rapporte que ce fut huit jours après. Il n'y a toutefois aucune contradiction dans leur récit; les deux Évangélistes qui ne parlent que de six jours, n'ont pris que les jours intermédiaires, sans compter les extrêmes, le premier et le dernier; c'est-à-dire celui où la promesse fut faite, et celui de son accomplissement, tandis que saint Luc, qui compte huit jours, comprend les deux dont nous venons de parler. Or, pourquoi le Sauveur n'admet-il pas tous ses disciples, mais quelques-uns seulement à j ouir de cette vision? Il n'y en avait qu'un parmi eux (c'était Judas), qui fût indigne de voir cette révélation de la divinité, selon ces paroles: «Faites disparaître l'impie, pour qu'il ne voie point la gloire de Dieu ( Is 26) ». Or, si Notre-Seigneur l'avait seul excepté, sa jalousie eût donné un nouvel aliment à sa méchanceté; le Sauveur enlève donc à ce traître un prétexte à sa trahison, en laissant avec lui tous les autres disciples au bas de la montagne. il en prend trois avec lui, pour que toute parole soit confirmée par deux ou trois témoins. Il choisit Pierre, pour qu'il entendît le Père confirmer par son témoignage celui qu'il avait rendu lui-même à la divinité du Christ, et aussi parce qu'il devait être le chef de toute l'Église. Il prend Jacques, parce que le premier de tous les Apôtres, il devait donner sa vie pour Jésus-Christ; enfin il choisit Jean comme l'interprète le plus pur des secrets divins qui, après avoir été témoin de la gloire éternelle du Fils, devait faire entendre ces paroles sublimes: «Au commencement était le Verbe».

Toutefois, la prière du Seigneur est différente de la prière des serviteurs; la prière du serviteur est une élévation de l'esprit vers Dieu, mais la sainte intelligence du Christ (unie hypostatiquement à Dieu), qui nous conduit comme par la main et par degrés, au moyen de la prière, jusqu'à Dieu, nous enseigne par là, que loin d'être l'adversaire de Dieu, il honore son Père comme le principe de toutes choses. Par cette conduite, il tend aussi un piège au démon qui cherchait à savoir s'il était Dieu, ce que l'éclat de ses miracles attestait suffisamment. Il cachait ainsi le hameçon sous l'appât de la nourriture, pour prendre, comme avec un hameçon, par l'humanité dont il était revêtu, celui qui avait séduit le premier homme par l'appât trompeur de la divinité. La prière est une révélation de la gloire divine; aussi l'Évangéliste ajoute «Et pendant qu'il priait, l'aspect de sa face devint tout autre».

Le Sauveur leur fit aussi cette recommandation, parce qu'il connaissait l'imperfection de ses disciples, qui n'avaient pas encore reçu la plénitude de l'Esprit saint, il ne voulait ni exposer aux sentiments d'une profonde tristesse ceux qui n'avaient pas été témoins de sa gloire, ni exciter contre lui la jalouse fureur de son traître disciple.

Il ne vous est pas avantageux, ô Pierre, que Jésus reste sur la montagne, car s'il y fut resté, la promesse qu'il vous a faite n'aurait pas eu son accomplissement, vous n'auriez pas reçu les clefs du royaume, et l'empire de la mort n'eût pas été détruit. Ne cherchez pas le bonheur avant le temps marqué, comme Adam, qui cherchait à devenir semblable à Dieu. Viendra un jour où vous contemplerez éternellement cette sublime vision, et où vous habiterez avec celui qui est la lumière et la vie.

Le Seigneur vous a donné la mission de construire, non point des tentes, mais l'Église universelle; vos disciples, vos brebis ont acc ompli votre désir en construisant une tente pour le Christ et aussi pour ses serviteurs. Du reste, saint Pierre ne parlait pas ainsi de lui-même, mais par une inspiration de l'Esprit saint, qui lui révélait les choses futures, c'est pour cela que l'Évangéliste ajoute: «Ne sachant ce qu'il disait».

Ou encore pour être plus précis: il était dans le tombeau quant à son corps; quant à son âme, à la fois dans les enfers et dans le paradis avec le bon larron, et comme Dieu sur son trône avec le Père et l'Esprit saint.