Saint Jérôme

Saint Jérôme, un des Pères de l'Église les plus éminents, est surtout connu pour sa traduction de la Bible en latin, la Vulgate, qui est devenue le texte biblique standard de l'Église catholique romaine pendant de nombreux siècles. Né vers 347 à Stridon, à la frontière entre la Dalmatie et la Pannonie, il a joué un rôle crucial dans le développement du christianisme au IVe siècle.

Après avoir reçu une éducation à Rome, Jérôme mena une vie ascétique pendant un certain temps, avant de devenir prêtre. Il voyagea ensuite à travers l'Europe et le Proche-Orient, établissant des contacts avec diverses communautés chrétiennes.

Jérôme s'établit finalement à Bethléem où il fonda un monastère. C'est là qu'il entreprit son œuvre majeure : la traduction de la Bible en latin. Son travail fut remarquable pour son utilisation des textes hébreux originaux pour l'Ancien Testament, plutôt que de se baser sur la Septante grecque, comme c'était la norme à l'époque.

En plus de la Vulgate, Jérôme a écrit un grand nombre de commentaires sur les Écritures, des traités théologiques, des lettres et des ouvrages historiques. Ses écrits reflètent une combinaison de l'érudition, de la rigueur intellectuelle et de la ferveur religieuse.

Saint Jérôme est également connu pour ses vues sur la vie monastique et son plaidoyer en faveur de la chasteté. Il est vénéré comme saint par l'Église catholique, l'Église orthodoxe, et les Églises anglicane et luthérienne, et est souvent représenté dans l'art chrétien.

Il mourut vers 420 à Bethléem. La contribution de Saint Jérôme à la théologie chrétienne et à la tradition monastique a laissé une empreinte indélébile sur le christianisme.

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On ne trouve aucune trace de cette prophétie dans Jéré mie, mais nous lisons quelque chose de semblable dans Zacharie, le dernier des douze petits prophètes ( Za 11,12 ); c'est-à-dire que le sens est à peu près le même, bien que la contexture de la phrase et les expres sions soient différentes.

J'ai lu dernièrement dans un texte hébreu apocryphe de Jérémie, qu'un juif de la secte des Nazaréens m'avait procuré, et j'y ai trouvé la reproduction littérale de cette citation. Mais il me paraît plus vraisemblable qu'elle a été empruntée au prophète Zacharie, selon la coutume des Évangélistes et des prophètes qui, sans tenir compte de la suite des paroles, ne citent que le sens de l'Ancien Testament à l'appui des faits qu'ils racontent.

Remarquez que Jésus satisfait en partie à la question de Pilate qui le jugeait malgré lui, tandis qu'il garde un silence absolu devant les anciens et les princes des prêtres qu'il regarde comme indignes d e toute réponse: «Et comme les princes des prêtres et les anciens l'accusaient, il ne répondit rien».

Celui qui méprise ainsi Jésus-Christ est un païen, mais il en fait retomber la responsabilité sur le peuple juif.

Barrabas, d'après l'Évangile, selon les Hébreux, veut dire le fils de leur maître, et il avait été condamné pour cause d'homicide et de sédition. Or, Pilate leur offre de délivrer, à leur choix, Barrabas ou Jé sus, ne doutant pas qu'ils ne choisissent Jésus. «Les ayant donc assemblés, Pilate leur dit: Lequel voulez-vous que je vous délivre de Barrabas ou de Jésus qui est appelé Christ ?»

Il faut observer aussi que Dieu s'est souvent servi de songes pour révéler la vérité aux Gentils, et que Pilate et sa femme, confessant l'innocence du Seigneur, personnifient en eux le témoignage rendu à Jésus-Christ par les Gen tils.

Pilate ne fit en cela qu'exécuter la loi romaine, qui ordonnait de flageller d'abord celui qui devait être crucifié. Jésus fut donc livré aux soldats pour être flagellé, et les coups de fouets déchirèrent le corps si saint, et cette poitrine où Dieu reposait.

Pilate ne se rend pas encore à cette cruelle réponse des Juifs, mais sous l'impression de l'avertissement que sa femme lui a donné: «Ne vous mêlez pas de l'affaire de ce juste», il insiste de nouveau. «Le gouverneur lui dit: Mais quel mal a-t-il fait ?» Pilate décharge ainsi Jésus de toute accusation. «Mais ils se mirent à crier encore plus fort: Qu'il soit crucifié», accomplissant ainsi cette prédiction du Roi-prophète. «Un grand nombre de chiens m'ont en vironné; l'assemblée des méchants m'a assiégé ( Ps 22,17 ) », et cette autre de Jérémie:» Ceux qui étaient mon héritage, sont devenus pour moi comme le lion dans la forêt, ils ont élevé leur voix contre moi» ( Jr 12,8 ).

Pilate se fit apporter de l'eau conformément à ces autres paroles du Roi-prophète: «Je laverai mes mains parmi les innocents», et il semble dire par là à haute voix «Pour moi, j'ai voulu délivrer l'innocent, mais comme une sédition est prête d'éclater, et qu'on veut m'accuser du crime de haute trahison contre César, je suis innocent du sang de ce juste». Ainsi ce juge, que l'on force de rendre une sentence de mort contre le Seigneur, ne condamne point celui qui lui est présenté, mais il confond ceux qui l'amènent devant son tribunal, en proclamant l'innocence de celui qu'ils veulent crucifier. Il ajoute: «A vous d'en répondre», c'est-à-dire: Je suis l'exécuteur des lois, mais c'est votre voix qui répand le sang innocent: «Et tout le peuple répondit: Que son sang soit sur nous», etc. Cette imprécation pèse encore aujourd'hui sur les Juifs, et le sang du Seigneur s'attache à eux jusqu'à ce jour.

Comme Jésus avait été appelé roi des Juifs, et que les scribes et les prêtres lui avaient fait un crime d'avoir voulu usurper le pouvoir sur le peuple d'Israël, les soldats, pour se moquer de lui, le dépouillent de ses vêtements et le couvrent d'un manteau d'écarlate, pour figurer le manteau bordé de rouge que portaient les anciens rois. Pour diadème, ils lui placent sur la tête une couronne d'épines; pour sceptre royal, ils lui donnent un roseau, et ils se prosternent devant lui comme devant un roi, ce que l'Évangéliste nous raconte en ces termes: «Et après lui avoir ôté ses habits, ils le couvrirent d'un manteau d'écarlate», etc.

De même que Jésus s'est rendu malédiction pour nous sur la croix, il consent à être crucifié comme un criminel entre deux criminels.

Ils le blasphémaient, parce qu'ils marchaient en dehors de la voie, et qu'ils ne vou laient pas entrer dans le véritable chemin des Écritures; ils branlaient la tête, parce que leurs pieds chancelaient depuis longtemps et ne s'appuyaient plus sur la pierre ( Ps 72,2 Ps 39,3 ). Le peuple insensé se joint à eux pour l'insulter, en répétant les inventions des faux témoins: «Et ils lui disaient: Vah ! Toi qui détruit le temple de Dieu», etc.

Les scribes et les pharisiens sont forcés de confesser qu'il a sauvé les autres. Vous êtes donc condamnés par vos propres paroles, car celui qui a sauvé les autres pourrait se sauver lui-même s'il le voulait. - Suite. «S'il est roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui».

Ils ajoutent: «Et nous croirons en lui», promesse pleine de mensonge, car qui exige plus de puissance, de descendre vivant de la croix, ou de s'arracher aux bras de la mort dans le tombeau? Or, il est ressuscité et vous n'avez pas cru en lui; donc, s'il descendait de la croix, vous ne croiriez pas davantage. Mais, en tenant ce lan gage, ils obéirent à l'inspiration des démons, car, aussitôt que le Seigneur fut crucifié, ils éprouvèrent la vertu de sa croix; ils comprirent que leur puissance était brisée, et ils font tous leurs efforts pour que le Sauveur descende de la croix. Mais Notre-Seigneur, qui connaissait les ruses de ses ennemis, reste attaché sur la croix, pour détruire la puissance du démon. «Il met sa confiance en Dieu; si donc Dieu l'aime, qu'il le délivre maintenant».

Ou bien, ces deux voleurs représentent les deux peuples, Juif et Gentil, qui, tous deux, ont d'abord blasphémé le Seigneur; mais ensuite l'un d'eux, effrayé par la multitude des miracles dont il était témoin, fit pénitence, et, jusqu'à ce jour, il reproche aux Juifs leurs blasphèmes.

Ou bien, on peut dire encore que tous deux commencèrent par blasphémer; mais, qu'après avoir vu le soleil s'obscurcir, la terre trembler, les rochers se fendre ou se renverser, les ténèbres se répandre sur la terre, l'un d'eux crut en Jésus et racheta son incrédulité et ses premiers blas phèmes par la confession qu'il fit ensuite de la divinité du Sauveur.

Ce n'est pas tous, mais quelques-uns, sans doute les soldats romains qui ne compre naient pas l'hébreu, et qui pensaient qu'il appelait Elie, parce qu'il s'était écrié: Eh ! Eh ! Si l'on attribue cette réflexion aux Juifs, il faudra dire que suivant leur habitude, i ls accusent le Seigneur de faiblesse, parce qu'il demande le secours d'Elie.

Notre-Seigneur a cité le commencement du psaume vingt et unième. Ces paroles qui se trouvent au milieu du verset: «Jetez les yeux sur moi», ont été surajoutées, car le texte hébreu porte seu lement: «Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné ?» Il n'y a donc que des impies qui puissent prétendre que ce psaume a pour objet la personne d'Esther et de Mardo chée, puisque les Évangélistes lui ont emprunté d'autres témoignages qu'ils appliquent au Sau veur, celui-ci en particulier: «Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont percé mes mains».

C'est pour Jésus-Christ un acte de puissance toute divine que de rendre l'esprit, comme lui-même l'avait prédit: «Personne ne peut m'ôter la vie; mais c'est de moi-même que je la quitte, et j'ai le pouvoir de la reprendre». L'esprit, dans ce passage, doit être pris pour l'âme, soit parce qu'il donne la vie au corps et le rend pour ainsi dire spirituel, soit parce que l'esprit est l'essence de l'âme, selon ces paroles: «Vous leur ôterez l'esprit, et ils tomberont dans la défaillance» ( Ps 104,29 ).

Personne lie peut douter de la signification littérale de tous ces prodiges étonnants, où l'on voit le ciel, la terre et tous les éléments proclamer ainsi que c'est leur Dieu qui vient d'être crucifié.

Ces corps des saints ressuscitèrent de la même manière que Lazare était ressuscité, pour prouver la résurrection du Seigneur. Et quoique leurs tombeaux fussent ouverts, ils ne ressuscitèrent qu'après la résurrection du Sau veur, afin qu'il fût le premier né de la résurrection d'entre les morts ( Col 1,18 ). La sainte cité, où apparurent ceux qui ressuscitèrent, figure ou la Jérusalem céleste, ou la Jérusalem de la terre, qui fut autrefois la cité sainte; car Jérusalem était appelée la ville sainte à cause du tem ple, du Saint des Saints, et de sa séparation d'avec les autres villes livrées au culte des idoles. Ces paroles: «Et ils apparurent à plusieurs», prouvent que cette résurrection n'eut pas un caractère général qui la rendit visible aux yeux de tous, mais qu'elle fut restreinte à un certain nombre pour en rendre témoins ceux qui méritaient cette faveur.

Remarquons ici qu'au milieu de ce scandale de la passion, le centurion confesse que Jésus est Fils de Dieu, tandis qu'au sein de l'Église, Arius le proclame une simple créature.

C'était, chez les Juifs, une coutume consacrée par les moeurs antiques, et que personne ne songeait à blâmer que les femmes prissent soin de fournir à ceux qui les instruisaient le vêtement et la nourriture. Saint Paul nous rapporte qu'il crut devoir renoncer à cet usage, parce qu'il pouvait être un sujet de scandale pour les Gentils. Or, elles assistaient le Seigneur de leur avoir, et lui permettaient ainsi de moissonner leurs biens matériels, alors qu'elles moissonnaient elles-mêmes ses grâces spirituelles. Ce n'est pas que le Seigneur eût besoin d'être nourri par ses créatures; mais il voulait ainsi donner l'exemple à ceux qui devaient enseigner l'Évangile, et leur apprendre à se contenter de la nourriture et du vêtement qu'ils recevraient de leurs disciples. Mais voyons quelles étaient ces pieuses femmes: «Parmi elles, étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée».

Il est donc évident, dit Helvidius, que Jacques et Joseph, que les Juifs appellent les frères de Jésus-Christ, sont les enfants de Marie. L'Évangéliste dit: «de Jacques le mineur», pour le distinguer de Jacques le Majeur, fils de Zébédée; et ce serait, ajoute Helvi dius, se rendre coupable d'impiété à l'égard de Marie, que de penser qu'elle pût être absente dans cette circonstance où les autres femmes étaient près de Jésus, ou qu'il y eut là on ne sait quelle autre Marie de notre inventio n, alors surtout que saint Jean atteste qu'elle était présente au pied de la croix. O fureur aveugle, ô âme dont la folie tourne à sa propre ruine, entends ce que dit saint Jean l'Évangéliste: «Or, la mère de Jésus, et la soeur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine étaient debout près de la croix». Personne ne doute qu'il y ait eu deux apôtres du nom de Jacques: «Jacques, fils de Zébédée, et Jacques, «fils d'Alphée». Ce je ne sais quel Jacques le Mineur, que l'Écriture appelle fils de Marie, ne peut être que le fils d'Alphée, s'il est apôtre; et s'il ne l'est pas, mais qu'il soit je ne sais quel troi sième disciple du nom de Jacques, comment peut-on le regarder comme le frère du Seigneur? Et comment, s'il est le troisième du nom de Jacques, peut-il être appelé Jacques le Mineur, par opposition à Jacques le Majeur? car la distinction de Majeur et de Mineur ne peut exister entre trois, mais entre deux personnes seulement. Et, d'ailleurs, saint Paul l'appelle frère du Seigneur, dans son épître aux Galates: «Je n'ai vu aucun autre apôtre, si ce n'est Jacques, frère du Seigneur». Et pour vous bien convaincre que saint Paul ne veut point parler de Jacques, fils de Zébédée, lisez les Actes des Apôtres, et vous y verrez qu'à cette époque Hérode l'avait déjà fait mettre à mort, Concluons donc que cette Marie, qui est appelée mère de Jacques le Mi neur, était l'épouse d'Alphée et la soeur de Marie, mère du Seigneur, et celle que saint Jean appelle Marie, femme de Cléophas. Si vous croyez qu'il y ait ici deux personnes différentes, parce qu'elle est d'un côté Marie, mère de Jacques le Mineur, et, de l'autre, Marie, femme de Cléophas, rappelez-vous que c'est la coutume des Écritures de donner deux noms différents à la même personne, comme, par ex emple, Raguel, qui est aussi appelée Jéthro ( Ex 2, 3). C'est ainsi que la même femme est appelée à la fois Marie de Cléophas, femme d'Alphée, et Marie, mère de Jacques le Mineur; et si elle était la mère du Seigneur, il lui aurait donné ce nom comme dans tous les autres passages. Mais, quand même Marie de Cléophas serait diffé rente de Marie, mère de Jacques et de Joseph, il n'en serait pas moins vrai que Marie, mère de Jacques et de Joseph, n'est point Marie, mère du Seigneur.

L'auteur sacré nous dit qu'il était riche, non point par vanité, et p our nous apprendre qu'un homme aussi distingué par sa noblesse que par son opu lence était disciple de Jésus, mais pour expliquer comment il put obtenir de Pilate le corps du Sauveur: «Il vint trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus». Des pauvres, des gens du peuple, n'auraient osé venir trouver Pilate, gouverneur, qui représentait la puissance romaine, et lui demander le corps d'un crucifié. Ce Joseph est appelé, par un autre Évangéliste, buleutes, c'est-à-dire conseiller ( Mc 15,42 ), et plusieurs pensent que c'est à lui que s'applique ce pre mier psaume: «Heureux l'homme qui n'a pas été dans le conseil des impies», etc.

La sépulture si simple du Sauveur condamne les prétentions ambitieuses des riches qui veulent que leurs ri chesses les suivent jusque dans leurs tombeaux. Nous pouvons aussi entendre, dans un sens spirituel, la sépulture du corps du Seigneur, qui est enseveli, non dans l'or, ni dans les pierres précieuses, ni dans la soie, mais dans un linge blanc, figure de celui qui reçoit Jésus dans un coeur pur et qui l'enveloppe ainsi dans un linceul blanc.

il est déposé dans un sépulcre neuf, car les autres corps restant dans le tombeau après sa résurrection, on aurait pu supposer que c'était un autre qui était ressuscité. Ce sépulcre neuf peut aussi figurer le sein virginal de Marie. Le corps du Sauveur a été ense veli dans un tombeau creusé dans le roc, car si ce tombeau avait été composé de plusieurs pier res, on n'eût pas manqué d'objecter qu'on en avait creusé les fondations, pour dérober secrè tement le corps.

Cette grande pierre, qui couvre le sépulcre, prouve suffisamment qu'on n'aurait pu l'ouvrir sans le concours d'un grand nombre de personnes.

Il ne suffisait pas aux princes des prêtres d'avoir crucifié le Dieu Sauveur; il fallait encore qu'ils gardassent son tombeau, et qu'autant qu'il était en eux ils lui fissent violence pour l'empêcher de ressusciter. «Or, le lendemain, c'est-à-dire le jour d'après la préparation du sabbat», etc.

Ce n'est pas assez pour les princes des prêtres d'avoir commis un immense forfait en mettant le Seigneur à mort, il faut encore que leur malice empoisonnée se répande sur lui après sa mort, qu'ils déchirent sa réputation, et qu'ils traitent de séducteurs celui dont ils connaissent l'innocence: Ils disent donc à Pilate: «Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet impos teur, lorsqu'il vivait encore, a dit», etc. Ils agissent ici comme Caïphe, qui avait prophétisé précédemment, sans savoir ce qu'il disait: «Il est avantageux qu'un seul homme périsse pour tout le peuple» ( Jn 11). En effet, Jésus-Christ était un séducteur, qui ne faisait point passer de la vérité à l'erreur, mais du mensonge à la vérité, du vice à la vertu, de la mort à la vie.

Ou bien encore, que les Évangélistes racontent que les femmes sont ve nues à des heures différentes, ce n'est pas un signe qu'ils se contredisent, comme l'objectent les impies, mais une preuve du pieux empressement de ces saintes femmes, qui les porte à visi ter souvent le sépulcre, et ne leur permet pas d'être longtemps éloignées du tombeau du Seigneur.

Notre-Seigneur, tout à la fois Fils de Dieu, et Fils de l'homme, selon sa double nature divine et humaine, donne tour à tour des signes, tantôt de sa grandeur, tantôt de son humilité; ainsi dans cet endroit, quoique celui qui a été crucifié et qui a été enseveli soit homme, cependant tous ces prodiges qui écla tent au dehors, proclament qu'il est en même temps Fils de Dieu.

Si la terre a ainsi tremblé, alors que le Seigneur ressuscitait pour la justification des saints, combien plus tremblera-t-elle lorsqu'il se lèvera pour punir les pécheurs, selon cette parole du prophète: «La terre a tremblé, lorsque le Seigneur se levait pour le jugement» ( Ps 75) Comment pourra-t-elle soutenir la présence de Dieu, elle qui n'a pu soutenir la présence d'un ange? «Et un ange du Seigneur descendit du ciel». Du moment que Jésus-Christ ressuscite, et que la mort est détruite, le commerce se rétablit entre le ciel et la terre, et la femme qui avait reçu autrefois du démon un conseil de mort, entend sortir de la bouche d'un ange des paroles de vie.

Par ce vêtement blanc, l'ange nous représente encore la gloire de Jésus-Christ triomphant.

Les gardes, glacés d'effroi, sont là éten dus immobiles comme des morts, et cependant ce n'est pas à eux, mais aux saintes femmes, que l'ange adresse des paroles de consolation: «Pour vous, ne craignez pas», comme s'il leur disait Qu'ils craignent ceux qui persévèrent dans leur incrédulité, mai s pour vous qui cher chez Jésus crucifié, apprenez qu'il est ressuscité et qu'il a accompli les prédictions qu'il a fai tes: «Car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié».

Si ne croyez pas à mes paro les, vous en croirez du moins au sépulcre qui est vide.

L'ange rappelle donc d'abord le nom de Jésus-Christ, puis sa croix et sa passion; mais il ne tarde pas à parler de sa résurrection, et bientôt il proclame qu'il est le Seigneur. Ainsi, après de si grands supplices, après le tombeau, l'ange n'hésite pas à reconnaître Jésus-Christ pour son Dieu, pourquoi donc l'homme prétend-il ou que Dieu s'est amoindri en se faisant homme, ou que sa puissance lui a fait défaut dans sa passion? L'ange dit: «Qui a été crucifié», et il montre le lieu où on avait mis le corps du Sauveur, afin qu'on ne pût croire que c'était un autre et non pas lui-même qui était ressuscité d'entre les morts. Or, puis que le Seigneur a voulu ressusciter dans la même chair et donner des preuves si évidentes de sa résurrection, pourquoi l'homme croirait-il qu'il doit ressusciter dans une chair différente de la sienne? Est-ce que le serviteur aurait du dédain pour sa chair, alors que le Seigneur n'a pas voulu changer celle qu'il a reçue de nous?

Il vous précédera dans la Galilée, c'est-à-dire au sens mystique, dans le bourbier des nations, là où il n'y avait auparavant qu'erreur ténébreuse et terrain glissant, et où on ne pouvait poser le pied avec sû reté. «C'est là que vous le verrez; je vous en avertis par avance.

Leur âme était partagée entre deux sentiments, la crainte et la joie, produites, l'une par la grandeur du miracle, l'autre par le désir de voir Jésus ressuscité, et ces deux sentiments réunis leur faisaient presser leur marche «Et elles coururent annoncer cette nouvelle aux disci ples». Elles allaient trouver les Apôtres, afin que la semence de la foi fût répandue par leur ministère. Un zèle aussi ardent, un empressement aussi marqué les rendait dignes que le Seigneur ressuscité vînt à leur rencontre: «En même temps, Jésus se présenta devant elles et leur dit: Je vous salue».

Les femmes sont les premières qui méritent d'entendre cette parole: «Le salut soit à vous», et nous sommes ainsi affranchis dans la personne des femmes de la malédiction en courue par Eve la première femme.

Nous pouvons remarquer, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, que toutes les fois que Dieu favorise les hommes d'une vision plus auguste, il commence par bannir la crainte, pour que les hommes puissent entendre dans le calme de leur âme les paroles qu'il veut leur adresser.

Ainsi, les princes des prêtres qui auraient dû se convertir, et chercher eux aussi Jésus ressuscité, persévèrent dans leur malice et se servent de l'argent qui devait être consacré à l'usage du temple pour acheter un mensonge, de même qu'ils ont donné précédemment trente pièces d'argent au traî tre Judas: «Ceux-ci rassemblèrent les anciens, et, ayant tenu conseil, ils donnèrent une grosse somme d'argent aux soldats».

Après sa résurrection, Jésus se manifeste donc sur une montagne de Galilée, et il y est adoré malgré le doute de quelques-uns, doute qui sert à augmenter notre foi. «Et, le voyant, ils l'adorèrent, et quelques-uns néanmoins doutèrent».

Cette puis sance a été donnée à celui qui venait d'être crucifié, enseveli dans le tombeau, et qui était en suite ressuscité.

Toute puissance lui est donnée dans le ciel et sur la terre, afin qu'il pût régner sur la terre, par la foi que les chrétiens auraient en lui, comme il règne dans le ciel.

Ils commencent par enseigner les nations, et c'est après les avoir enseignées qu'ils les baptisent dans l'eau; car il est impossible que le corps reçoive le sacrement de baptême avant que l'âme ait reçu la vérité de la foi. «En les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit», afin qu'il n'y ait qu'une seule et même grâce, comme il n'y a entre eux qu'une seule et même divinité, puisque le nom de Trinité ne signifie qu'un seul Dieu.

Il peut exister des hommes assez insensés, pour essayer de baptiser en omettant un de ces trois noms, contrairement à la loi portée par Jésus-Christ; mais leur baptême sera sans effet, et ils ne pourront délivrer de leurs péchés ceux qu'ils auront cru baptiser de la sorte. Concluons de là combien la substance de la Trinité est indivisible, et que le Père est vraiment le Père du Fils, le Fils vraiment le Fils du Père, et l'Esprit saint réellement l'Esprit du Père et du Fils-Dieu, et aussi de la sagesse et de la vérité, c'est-à-dire du même Fils de Dieu. Voilà la foi qui sauve les fidèles, et l'économie de la discipline ecclésiastique trouve sa perfection dans cette auguste Trinité.

En promettant donc d'être avec ses disciples jusqu'à la consommation des siècles, il leur déclare qu'ils vivront toujours, et qu'il n'abandonnera jamais ceux qui croiront en lui.


Considérons ici l'ordre essentiel établi par Jésus-Christ; il ordonne à ses disciples: premièrement, d'enseigner toutes les nations; puis de les purifier dans le sacrement de la foi, et ensuite de leur apprendre ce qu'il faut observer après avoir embrassé la foi et reçu le baptême «Et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées».