Saint Maxime de Turin

Saint Maxime de Turin, actif au début du Ve siècle, était un évêque et théologien chrétien. Bien que les détails précis de sa vie soient peu connus, il est reconnu pour ses homélies et ses écrits, qui ont joué un rôle important dans l'Église primitive.

Maxime devint évêque de Turin et servit sa communauté à une période de grands bouleversements, marquée par la chute de l'Empire romain d'Occident et l'avancée des peuples barbares. Dans ce contexte, il a joué un rôle crucial dans le maintien de la foi chrétienne et la guidance spirituelle de son peuple.

Ses homélies, qui nous sont parvenues, témoignent de son éloquence et de sa capacité à interpréter les Écritures de manière à la fois profonde et accessible. Elles abordent divers sujets, allant de la doctrine chrétienne et de l'éthique à des questions pratiques de la vie quotidienne des fidèles.

Maxime est également connu pour sa défense de l'orthodoxie chrétienne contre les hérésies de son temps et pour son rôle dans le renforcement de la vie ecclésiastique de sa région. Ses écrits ont contribué à la formation de la tradition théologique et liturgique de l'Église occidentale.

Saint Maxime de Turin est vénéré pour sa sagesse, son engagement pastoral et sa contribution à l'histoire de l'Église. Sa fête est célébrée le 25 juin dans le calendrier liturgique.

Commentaires de Saint Maxime de Turin

Mes frères, les règles qui président à notre liturgie et à nos prières nous prescrivent de fêter aujourd'hui dans la joie la naissance de Jean Baptiste.

Dieu l'avait d'avance destiné à venir publier la joie des hommes et l'allégresse des cieux. De sa bouche, le monde a entendu tomber les paroles admirables qui annonçaient la présence de notre Rédempteur, l'Agneau de Dieu. Alors que ses parents avaient perdu tout espoir d'obtenir une descendance, l'ange, messager indiscutable d'un si grand mystère, l'envoya pour servir de témoin au Seigneur avant même que de naître.

Qui, devant cette naissance entourée de sollicitude divine, n'aurait pas assez de sagesse pour considérer Jean comme l'annonciateur des divins mystères? En vertu de la grâce particulière qui lui avait été accordée, il remplit d'une joie éternelle le sein de sa mère, quand elle le portait en elle et qu'il n'était pas encore reconnu comme son fils. Et cette mère bienheureuse ressentit les joies de la maternité avant même d'avoir mis au monde son enfant.

Dans l'évangile, on lit, en effet, ces paroles qu'Elisabeth dit à Marie: Lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi (Lc 1,44). Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi? (Lc 1,43). Il n'est pas étonnant, mes bien-aimés, que cette femme très âgée ait bénéficié du don de prescience, puisqu'elle devait mettre au monde le héraut du Dieu très-haut. Et sa stérilité lui valut un accroissement de gloire lorsqu'après sa longue attente de la maternité, elle eut la faveur de donner naissance à un fils et, par là, de recevoir l'hommage de toutes les générations suivantes.

Tandis que, dans sa vieillesse, elle s'affligeait de ne pas avoir donné d'enfant à son mari, elle mit soudain au monde son fils, qui était aussi le messager du salut éternel pour le monde enti er. Et un messager tel que, dès avant sa naissance, il exerça le privilège de son ministère futur quand il répandit de son esprit prophétique par les paroles de sa mère. Puis, par la puissance du nom que l'ange lui avait donné d'avance, il ouvrit la bouche de son père fermée par l'incrédulité. Lorsqu'en effet Zacharie était devenu muet, ce n'était pas pour le rester mais pour recouvrer divinement l'usage de la parole et confirmer par un signe venu du ciel que son fils était un prophète. Voilà pourquoi, en effet, le prêtre qui parlait à tout le peuple devint muet. Cela étant de notoriété publique, tout le peuple fut donc averti de la mystérieuse et sainte naissance de Jean et personne n'osa lui refuser sa confiance. Car pour avoir mis en doute l'annonce de sa naissance prochaine, son père avait été puni en devenant muet.

Or, l'évangile dit de Jean: Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage (Jn 1,8), pour que tous croient par lui (Jn 1,7). Il n'était certes pas la Lumière, mais il était tout entier dans la lumière, celui qui a mérité de rendre témoignage à la Lumière véritable.

Célébrons donc, mes frères, dans une joie parfaite, la naissance du bienheureux Jean et rendons-lui hommage, car il fut le premier à reconnaître et à révéler la Lumière éternelle et céleste qui est venue dissiper les ténèbres du monde.

Le fruit de la pénitence, c'est une espèce d'impassibilité de l'âme vis-à-vis du mal, impassibilité qui ne nous est pleinement acquise que lorsque nous sommes insensibles aux instigations de nos passions; jusque là, nous n'avons pas fait de dignes fruits de pénitence. Que notre repentir soit donc sincère, afin que, délivrés de nos passions, nous obtenions le pardon de nos péchés.

L'un des Évangélistes a placé la seconde tentation avant la troisième; l'autre, la troisième avant la seconde, parce que la vaine gloire et l'avarice s'engendrent mutuellement.

Il est bon de remarquer que la sainte Écriture rapporte sept résurrections avant celle du Seigneur. La première est celle du fils de la veuve de Sarepta (); la seconde, celle du fils de la Sumanite (); la troisième, celle qu'opéra le corps d'Elisée (); la quatrième, celle du fils de la veuve de Naïm ( Lc 7); la cinquième, celle de la fille du chef de la synagogue ( Mc 5); la sixième, celle de Lazare ( Jn 11); la septième, celle qui eut lieu au temps de la passion du Sauveur, alors que les corps d'un grand nombre de saints ressuscitèrent. La huitième est celle de Jésus-Christ, qui, vainqueur à jamais de la mort, vit pour ne plus mourir, et pour signifier que la résurrection générale qui aura lieu au huitième âge du monde, ne sera plus sujette à la mort, mais sera suivie d'une vie éternelle.

Or, le Seigneur a établi pour chaque espèce de péché un châtiment correspondant: le feu de l'enfer pour punir les ardeurs coupables de la chair, le grincement de dents pour les rires lascifs, une soif intolérable pour la volupté et l'intempérance, le v er qui ne meurt pas pour le coeur dissimulé et méchant, les ténèbres éternelles pour l'ignorance et la fourberie, les profondeurs de l'abîme pour l'orgueil, et c'est pour cela que l'abîme est destiné aux démons qui sont des esprits d'orgueil.

Le Sauveur dit: «Le royaume de Dieu approche », non pour signifier qu'il s'écoulera peu de temps jusqu'à ce qu'il arrive; car le royaume de Dieu ne vient pas de manière à être remarqué ( Lc 17,20 ), mais pour nous faire connaître la disposition des hommes au royaume de Dieu qui est en puissance dans ceux qui ont embrassé la foi, et en réalité dans ceux qui méprisent la vie du corps pour ne vivre que de la vie de l'âme, et qui peuvent dire: « Je vis, ce n'est pas moi, mais c'est Jésus-Christ qui vit en moi ». ( Ga 2,20 ).

La loi, en insistant sur cette triple direction de tout notre être vers Dieu, veut nous détacher de la triple inclination du monde vers la cupidité, vers la gloire et la volupté, trois tentations auxquelles Jésus-Christ a été lui-même soumis.

Ou bien, le Sauveur nous ordonne de demander à Dieu de ne point nous induire en tentation, c'est-à-dire, de ne point permettre que nous soyons victimes des tentations volontaires de volupté. Quant aux tentations involontaires qui sont la suite des combats que nous soutenons pour la vérité, et qui nous entraînent dans de rudes épreuves, saint Jacques nous enseigne à ne point nous y laisser abattre: «Mes frères, nous dit-il, regardez comme la source de toute joie les diverses afflictions qui vous arrivent» ( Jc 1,2 ).

Ou bien encore, il nous enseigne à porter toujours des lampes allumées, par notre application à la prière, à la contemplation, et par la charité.

Le Fils de Dieu est donc allé aux noces pour sanctifier par sa présence bénie le mariage qu'il avait institué par une décision souveraine. Il est allé à des noces célébrées selon l'ancienne coutume, en vue de se choisir dans la société des païens une épouse qui resterait toujours vierge. Lui qui n'est pas né d'un mariage humain est allé aux noces. Il y est allé non point pour prendre part à un joyeux banquet, mais pour se révéler par un exploit vraiment admirable. Il est allé aux noces non pour boire des coupes de vin, mais pour en donner. Car, dès que les invités manquèrent de vin, la bienheureuse Marie lui dit: Ils n'ont pas de vin. Jésus apparemment contrarié lui répondit: Femme, que me veux-tu (Jn 2,3-4)?

De telles paroles sont, sans aucun doute, le signe d'un mécontentement. Elles s'expliquent pourtant, à mon avis, par le fait que la mère lui avait signalé d'une manière inattendue qu'on manquait d'une boisson matérielle, alors qu'il était venu offrir aux peuples de la terre entière le calice nouveau de l'éternel salut. En répondant: Mon heure n'est pas encore venue (Jn 2,4), il prophétisait certainement l'heure très glorieuse de sa passion, ou bien le vin de notre rédemption qui procurerait la vie à tous. Car Marie demandait une faveur temporelle, tandis que le Christ préparait une joie éternelle.

Le Seigneur très bon n'a toutefois pas hésité à accorder cette grâce moindre, alors que de grandes grâces étaient attendues. La bienheureuse Marie, parce qu'elle était véritablement la mère du Seigneur, voyait par la pensée ce qui allait arriver et connaissait d'avance la volonté du Seigneur. Aussi prit-elle bien soin d'avertir les serviteurs par ces mots: Faites tout ce qu'il vous dira (Jn 2,5). Sa sainte mère savait assurément que la parole de reproche tombée de la bouche de son fils, le Seigneur, ne cachait pas le ressentiment d'un homme en colère, mais contenait une mystérieuse compassion.

Alors, pour rassurer sa mère déconcertée par cette réprimande, le Seigneur révéla aussitôt son pouvoir souverain. Il dit aux serviteurs qui attendaient: Remplissez d'eau les cuves (Jn 2,7). Les serviteurs, dociles, s'empressèrent d'obéir. Et voici que d'une manière soudaine et merveilleuse, ces eaux commencèrent à recevoir de la force, à prendre de la couleur, à répandre une bonne odeur, à acquérir du goût, et en même temps à changer entièrement de nature. Et cette transformation des eaux en une autre substance a manifesté la présence de la puissance créatrice. Personne, en vérité, hormis celui qui a créé l'eau de rien, ne peut la transformer en une substance destinée à d'autres usages.

Il n'y a aucun doute, mes bien-aimés, que celui-là même qui a changé l'eau en vin, lui a donné aussi, à l'origine, la consistance de la neige et la dureté de la glace. Il l'a changée en sang pour les Égyptiens. Pour étancher la soif des Hébreux, il lui a ordonné de couler d'un dur rocher, dont il a fait jaillir, comme du sein d'une mère, une source nouvelle qui a fait vivre une multitude innombrable de peuples.

Tel fut, dit l'Écriture, le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui (Jn 2,11). La foi des disciples ne s'appliquait pas du tout à ce qui s'accomplissait sous leurs yeux, mais à ce que les yeux du corps ne peuvent voir. Ils ont cru, non que Jésus Christ était le fils d'une vierge, car ils le savaient, mais qu'il était aussi le Fils unique du Très-Haut, ce dont le miracle leur fournissait la preuve.

Voilà pourquoi, mes frères, nous devons croire, nous aussi, de tout notre coeur, que celui-là même que nous appelons le fils de l'homme, est également le Fils de Dieu. Puisqu'il était présent aux noces en tant qu'homme, et qu'il a changé l'eau en vin en tant que Dieu, croyons que non seulement il partage notre nature, mais aussi qu'il est par nature égal au Père, afin que notre Seigneur, dans sa bonté, veuille nous donner à boire, en raison de cette foi, le vin très pur de sa grâce.