Saint Théophylacte d'Ohrid

Théophylacte d'Ohrid, né vers 1055 et décédé vers 1107, était un érudit byzantin et archevêque d'Ohrid. Né à Constantinople, il est reconnu pour ses commentaires sur les Écritures et sa contribution significative à la théologie et à l'éducation byzantine.

Après avoir reçu une éducation complète à Constantinople, Théophylacte fut nommé archevêque d'Ohrid en Macédoine, où il a servi pendant plusieurs décennies. Son épiscopat a été marqué par un engagement profond envers l'enseignement religieux et la pastorale.

Théophylacte est particulièrement connu pour ses commentaires exégétiques sur les Évangiles et d'autres livres du Nouveau Testament. Ces œuvres, remarquables pour leur clarté et leur profondeur, ont été largement utilisées dans l'enseignement chrétien et continuent d'être étudiées pour leur valeur théologique et historique.

En plus de ses écrits exégétiques, Théophylacte a écrit sur des questions théologiques, liturgiques, et canoniques, contribuant à la compréhension et à la pratique de la foi orthodoxe. Il est également reconnu pour son érudition dans les domaines de la philosophie et des lettres classiques.

Théophylacte d'Ohrid est vénéré pour son érudition, son enseignement et son leadership dans l'Église byzantine. Son héritage perdure comme une figure importante de la tradition théologique et intellectuelle orthodoxe.

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En plus de l'enseignement qu'il a donné lui-même, le Seigneur a envoyé les Douze deux par deux, pour que leur zèle en soit augmenté, car, envoyés seuls, ils auraient pu manquer d'ardeur. Si, d'autre part, il les avait envoyés à plus de deux, il n'aurait pas eu assez d'Apôtres pour parcourir les nombreux villages.

Il les envoie donc deux par deux: Deux hommes valent mieux qu'un seul (Qo 4,9), dit l'Ecclésiaste. Il leur prescrit aussi de ne rien emporter, ni sac, ni pièces de monnaie, ni pain, leur enseignant par ces paroles à mépriser les richesses. Ainsi mériteront-ils le respect de ceux qui les verront et, en ne possédant rien en propre, ils leur apprendront la pauvreté. Qui donc, à la vue d'un Apôtre sans besace ni pain - qui est la chose la plus nécessaire - ne se laisserait pas fléchir et ne se dépouillerait pas pour vivre dans la pauvreté?

Il leur ordonne de rester dans une maison pour ne pas s'acquérir une réputation d'hommes inconstants que la gloutonnerie fait passer d'une famille à l'autre. Il leur dit par ailleurs de quitter ceux qui ne les reçoivent pas, en secouant la poussière de leurs pieds. Ils leur montreront ainsi qu'ils ont parcouru un long chemin pour eux sans aucune utilité, ou qu'ils ne gardent rien d'eux, pas même la poussière, qu'ils secouent au contraire en témoignage contre eux, c'est-à-dire en signe de désaveu.

"Amen, je vous le dis, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins sévèrement (Mt 10,15) que ceux qui ne vous auront pas reçus." Car, pour avoir subi une punition en ce monde, les habitants de Sodome seront frappés d'une peine moins sévère dans l'autre. A quoi il faut encore ajouter que les Apôtres ne leur ont pas été envoyés. Or ceux qui n'auront pas reçu les Apôtres subiront des peines plus lourdes.

Ils partirent et proclamèrent qu'il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient (Mc 6,12-13). Marc est le seul à rapporter que les Apôtres faisaient des onctions d'huile. A propos de cette pratique, Jacques, le frère du Seigneur, dit dans son épître catholique: Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Eglise la fonction d'Anciens. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d'huile (Jc 5,14). Ainsi l'huile sert-elle à soulager la souffrance. Elle donne la lumière et apporte l'allégresse; elle symbolise la bonté de Dieu, et la grâce de l'Esprit Saint par laquelle nous sommes délivrés de nos souffrances et nous recevons la lumière, la joie et l'allégresse spirituelles.

Jésus instruisait ses disciples en disant: "Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera" (Mc 9,30-31). Généralement Jésus fait alterner les miracles avec les discours qui concernent sa passion, pour ne pas laisser croire que celle-ci serait due à sa faiblesse. Il annonce donc la triste nouvelle de son exécution et la fait suivre de la joyeuse annonce de sa résurrection le troisième jour. Il veut nous apprendre que la joie succède toujours à la tristesse, afin que nous ne laissions pas inutilement les chagrins nous submerger, mais que nous espérions des réalités meilleures.

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda: De quoi discutiez-vous en chemin (Mc 9,33)? <> Les disciples, qui entretenaient encore en eux-mêmes des pensées très humaines, avaient discuté ensemble pour savoir lequel d'entre eux était le plus grand et était tenu en plus haute estime par le Christ.

Le Seigneur ne contrarie pas leur désir de jouir de sa plus haute estime. Il veut, en effet, que nous désirions parvenir au rang le plus élevé. Il n'entend pourtant pas que nous nous emparions de la première place, mais plutôt que nous atteignions les hauteurs par l'humilité. De fait, il a placé un petit enfant au milieu d'eux, et il veut que nous lui devenions semblables, nous aussi. Car le petit enfant ne recherche pas la gloire, il n'est ni envieux ni rancunier.

"Non seulement, dit-il, vous obtiendrez une grande récompense en lui ressemblant, mais si, à cause de moi, vous honorez également ceux qui lui ressemblent, vous recevrez en échange le Royaume des cieux. Aussi bien est-ce moi que vous accueillez et, en m'accueillant, vous accueillez Celui qui m'a envoyé."

Tu vois donc quel immense pouvoir a l'humilité, jointe à la simplicité de vie et à la sincérité: elle a le pouvoir de faire habiter en nous le Fils et le Père, et aussi, de toute évidence, le Saint-Esprit.

Ou encore: Celui qui porte la croix de Jésus-Christ revient des champs, c'est-à-dire se sépare du monde et de ses oeuvres, pour se diriger vers Jérusalem, c'est-à-dire vers la liberté des cieux. Notre-Seigneur nous donne encore ici une importante leçon, c'est que celui qui est à son exemple le mettre de ses frères, doit commencer aussi par porter sa croix et crucifier sa propre chair par la crainte de Dieu, avant d'en charger ceux qu'il instruit et qu'il dirige.

«Cependant Jésus était suivi d'une grande multitude de peuple, et de femmes qui pleuraient et se lamentaient sur lui». Une grande multitude suit la croix de Jésus-Christ, mais avec des dispositions bien différentes; le peuple qui a demandé et obtenu qu'il fût crucifié, veut rassasier ses yeux du spectacle de sa mort, tandis que les pieuses femmes au contraire le suivent pour répandre des larmes sur lui. Sil'Évangéliste remarque que les femmes seules le suivaient en pleurant, ce n'est pas que dans cette multitude innombrable d'hommes, il ne s'en trouvât aussi qui ne fussent profondément affligés de sa passion, mais parce que les femmes attirant moins l'attention, pouvaient donner un cours plus libre à leurs sentiments.

Ces femmes sont aussi la figure de la grande multitude des Juifs qui devait un jour suivre la croix et embrasser la foi. La femme signifie aussi l'âme pécheresse qui, brisée par la contrition verse les larmes du repentir, et marche à la suite de Jésus affligé pour notre salut. Les femmes pleuraient donc par compassion. Cependant il ne faut point pleurer sur celui qui marche volontairement au-deva nt des souffrances, mais bien plutôt applaudir à son généreux dessein; aussi Notre-Seigneur défend-t-il à ces femmes de pleurer «Jésus, se tournant vers elles, leur dit: Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi».

Il engage ces femmes qui pleurent sur lui, à porter leurs regards sur les calamités qui les menacent, et à pleurer sur elles-mêmes: «Mais pleurez sur vous mêmes».

Voici le sens de ces paroles: Si les Romains se sont portés à de tels excès de cruauté sur moi, arbre toujours vert et fécond, que ne feront-ils pas contre vous, c'est-à-dire, contre ce peuple qui est comme un bois sec, privé de toute sève vivifiante et qui n'a jamais produit aucun fruit?

Pour noircir dans l'esprit du peuple la réputation du Sauveur, le démon porte ses ennemis à croiser avec lui deux voleurs: «On menait aussi avec lui deux voleurs pour les faire mourir».

C'est par le bois que la mort était entrée dans le monde, c'est par le bois qu'elle devait en être chassée, et le Seigneur devait passer, sans en être victime par les douleurs du bois de la croix pour expier la volupté produite par le fruit de l'arbre du paradis.

C'est donc par dérision qu'ils tirent au sort les vêtements du Sauveur. Or que devait faire le peuple en voyant les chefs de la nation donner l'exemple de ces railleries outrageantes? «Et le peuple était là (ceux qui avaient demandé qu'il fût crucifié), attendant (quelle serait la fin), et les membres du grand conseil le raillaient aussi bien que le peuple».

Les soldats présentèrent ce vinaigre à Jésus-Christ comme à un roi: «Et ils lui disaient: Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi».

Considérez le nouvel artifice que le démon met en oeuvre contre Jésus-Christ. Il publie par trois inscriptions, en caractères différents, la cause de la condamnation de Jésus, afin que tous les passants voient qu'il a été crucifié, parce qu'il se disait roi: «Et au-dessus de sa tête était une inscription en grec, en latin, et en hébreu, où était écrit: Celui-ci est le roi des Juifs». Cette triple inscription signifiait que les peuples les plus puissants, comme les Romains, les plus sages, comme les Grecs, les plus religieux, comme le peuple juif, se soumettraient à l'empire de Jésus-Christ.

De même qu'un roi victorieux rentre en triomphateur dans ses États, portant avec lui les plus riches dépouilles, ainsi Notre-Seigneur ayant enlevé au démon une partie de son butin (c'est-à-dire ce larron), la porte avec lui dans le paradis.

Enfin, il est plus vrai de dire encore que le bon larron et les autres saints n'ont pas encore reçu tout l'effet des promesses, parce que selon la doctrine de saint Paul dans l'épître aux Hébreux ( He 11, 40), Dieu n'a pas voulu qu'ils reçussent sans nous l'accomplissement de leur félicité, mais ils sont néanmoins dans le royaume des cieux et dans le paradis.

Il expire en poussant un grand cri, parce qu'il avait le pouvoir de quitter la vie et de la reprendre ( Jn 10, 18): «Et en prononçant ces mots il expira».

Nous voyons ici l'accomplissement de cette prédiction. du Sauveur: «Lorsque j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi». En effet, c'est lorsqu'il fut élevé sur la croix qu'il attira le bon larron, le centurion et plusieurs autres d'entre les Juifs, dont l'Évangéliste dit: «Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle et qui virent toutes ces choses, frappaient leurs poitrines», etc.

Les femmes, dont le sexe fut autrefois maudit, demeurent et considèrent toutes ces choses: «Et les femmes qui l'avaient suivi de Galilée se tenaient à l'écart, regardant ce qui se passait»; et c'est ainsi qu'elles reçurent les premières la grâce de la justification et toutes les bénédictions qui découlent de la passion aussi bien que de la résurrection de Jésus-Christ.

Joseph avait été jusque là un disciple caché de Jésus-Christ; il triomphe aujourd'hui de la crainte qui le retenait, et plein de zèle et d'ardeur, il dépose le corps du Seigneur de la croix où il était ignominieusement attaché, et acquiert ainsi la pierre précieuse de l'Évangile par la sagesse de ses paroles: «Et voici qu'un membre du grand conseil nommé Joseph», etc.

Cependant elles n'avaient pas encore une foi véritable. Elles préparent des aromates et des parfums pour la sépulture définitive de Jésus, comme s'il n'était qu'un homme, suivant la coutume des Juifs qui ensevelissaient ainsi leurs morts: «Et s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums», etc. Après que le Sauveur fut déposé dans le sépulcre, elles s'occupèrent à préparer des aromates, tant qu'il leur fut permis de travailler; c'est à-dire jusqu'au coucher du soleil. Or, la loi voulait que le silence ou le repos du sabbat fût scrupuleusement observé depuis le soir du jour précédent, jusqu'au soir du jour suivant: «Et le jour du sabbat, elles demeurèrent en repos pour obéir aux préceptes de la loi».

C'était un ange qui l'avait renversée, comme le rapporte saint Matthieu.

A ne consulter que les lois de la nature, le miracle d'une résurrection est une chose incroyable pour les hommes: «Aussi, ajoute l'Évangéliste, les Apôtres regardèrent comme une rêverie ce qu'elles leur disaient, et ne les crurent point».

Pierre, à cette nouvelle, court sans tarder au sépulcre, prompt comme le feu qui n'attend pas qu'on lui jette le bois qu'il doit consumer: «Pierre se leva aussitôt et courut au sépulcre».

Lorsqu'il fut venu au sépulcre, le premier sentiment qu'il éprouva fut un sentiment d'admiration pour les choses qu'il avait pu tourner en dérision aussi bien que les autres Apôtres: «Et il s'en alla, admirant en lui-même, ce qui était arrivé», c'est-à-dire, qu'il admirait comment les linges seuls qui avaient servi à recouvrir le corps embaumé de myrrhe, avaient été laissés, ou quelles circonstances avaient favorisé le voleur à ce point, qu'au milieu des gardes qui environnaient le sépulcre, il ait eu le temps de débarrasser le corps des linges qui l'entouraient avant de l'enlever.

C'est-à-dire, êtes-vous donc seul étranger, habitez-vous si loin de Jérusalem et vous inquiétez-vous si peu de ce qui s'est passé au milieu de cette ville que vous l'ignoriez complètement?

Lorsqu'ils espéraient, en effet, que le Christ délivrerait le peuple d'Israël des maux qui l'accablaient et de la servitude des Romains, ils croyaient qu'il serait roi à la manière des rois de la terre, et qu'il aurait pu par conséquent échapper à la sentence de mort portée contre lui.

Il en est qui prétendent que l'un de ces deux disciples était saint Luc lui-même, et que c'est la raison pour laquelle il a caché son nom.

Ces deux disciples s'entretenaient donc entre eux des choses qui étaient arrivées, sans y croire, et comme tout étonnés de ces événements extraordinaires «Et ils s'entretenaient de tout ce qui s'était passé».

Le corps de Jésus étant doué de spiritualité depuis sa résurrection, la distance des, lieux ne l'empêchait plus de se manifester au milieu de ceux auxquels il voulait apparaître; son corps n'était plus soumis aux lois naturelles, mais aux lois surnaturelles qui régissent les esprits. Voilà pourquoi saint Marc rapporte qu'il apparut aux deux disciples sous une autre forme qui ne leur permettait pas de le reconnaître ( Mc 16). «Et quelque chose empêchait que leurs yeux ne le reconnussent». Le Sauveur se conduit de la sorte à leur égard pour leur donner lieu de révéler le doute qui assiége leur esprit, et d'obtenir la guérison de leurs blessures en les découvrant à ce divin médecin. Son intention est encore de leur apprendre que bien que son corps ressuscité fût le même qui avait souffert, cependant il n'était plus dans un état où il pût être vu de tous indifféremment, mais seulement de ceux à qui il voulait se manifester. Il veut enfin qu'ils sachent pourquoi désormais il ne vit plus au milieu des hommes, c'est que depuis sa résurrection les hommes ne sont plus dignes de cette vie nouvelle et toute divine qui est une image de notre résurrection future, où notre vie sera celle des anges et des enfants de Dieu.

Les oeuvres d'abord, ensuite les paroles; aucune doctrine, en effet, n'est acceptable, si celui qui l'enseigne ne commence par la mettre en pratique; les oeuvres doivent précéder les considérations, et si vous ne purifiez pas vos bo nnes oeuvres, le miroir de votre intelligence, elle n'aura pas l'éclat que vous désirez. Ils ajoutent encore: «Devant Dieu et devant tout le peuple»,car nous devons chercher avant tout à plaire à Dieu, et veiller ensuite autant qu'il est possible, à ce que notre vertu édifie les hommes, c'est-à-dire, que nous devons mettre au premier rang le service de Dieu, et éviter ensuite tout ce qui peut scandaliser nos frères.

Ils font connaître ensuite la cause de leur tristesse, c'est la passion du Christ livré à la fureur de ses ennemis: «Et comment les princes des prêtres et nos anciens l'ont livré pour être condamné à mort». Et ils laissent ensuite échapper cette parole de désespoir: «Nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israël» Nous espérions, disent-ils, nous n'espérons plus, comme si la mort de Jésus-Christ était semblable à la mort des autres hommes.

Les paroles qui suivent prouvent toutefois qu'ils ne sont pas complètement incrédules: «Et cependant après tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour que ces choses se sont passées». Ils avaient donc quelque souvenir de ce que le Seigneur leur avait dit qu'il ressusciterait le troisième jour.

Ils rapportent même le bruit que les saintes femmes avaient répandu de la résurrection de Jésus: «A la vérité, quelques-unes des femmes qui sont avec nous, nous ont fort étonnés», etc. ils rapportent ce bruit sans y croire, la seule impression qu'il ait produite sur eux, c'est l'étonnement, la frayeur, car ils ne pouvaient supposer la vérité de ce qui leur était raconté ni croire à l'apparition des anges, cette nouvelle les jetait donc dans l'étonnement et le trouble. Le témoignage de Pierre lui-même ne leur paraissait pas certain, car il n'affirmait pas qu'il avait vu le Seigneur, mais de ce que son corps n'était plus dans le sépulcre, il conjecturait qu'il pouvait être ressuscité: «Quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportées, mais pour lui, ils ne l'ont point trouvé».

Notre-Seigneur voyant l'âme de ses deux disciples en proie à d'aussi grands doutes, les en reprend avec sévérité: «Alors il leur dit: O insensés (ils venaient en effet de tenir le même langage que les Juifs au pied de la croix: Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même) et lents de coeur, à croire tout ce qu'ont dit les prophètes !» On en voit, en effet, qui croient à quelques-uns des oracles prophétiques, mais non pas à toutes les prophéties; ainsi ils ajouteront foi aux prophéties qui ont pour objet la croix de Jésus-Christ, à celle-ci par exemple: «ils ont percé mes pieds et mes mains»; ( Ps 21) mais ils ne croiront pas à celles qui ont annoncé sa résurrection, comme à cette autre du même Roi-prophète: «Vous ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption» ( Ps 15 ). Or, nous devons croire indistinctement à toutes les prophéties, à celles qui ont prédit ses gloires, comme à celles qui ont annoncé ses humiliations; car c'est justement par ses humiliations et ses souffrances qu'il est entré dans sa gloire: «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire ?» ce qu'il faut entendre de son humanité.

Il veut encore nous apprendre que la participation au pain sacré nous ouvre les yeux, pour que nous puissions le reconnaître, tant est grande et ineffable la vertu de la chair de Jésus-Christ.

La nature de son corps ressuscité ne lui permettait pas de demeurer plus longtemps avec eux, et il voulait aussi par là augmenter leur amour: «Aussi ils se dirent alors l'un à l'autre: N'est-il pas vrai que notre coeur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait dans le chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures ?»

Leur coeur était donc brûlant, soit du feu des paroles du Sauveur qu'ils recevaient comme la vérité, soit parce qu'en l'écoutant expliquer les Écritures, ils comprenaient à la vive émotion de leurs coeur qu'il était le Seigneur. Aussi leur joie était si grande que, sans tarder, ils retournèrent aussitôt à Jérusalem: «Et se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem». Ils partirent à l'heure même, mais ils n'arrivèrent que quelques heures après, car ils avaient à parcourir une distance de soixante stades.

Notre-Seigneur, apparaissant pour la première fois au milieu de ses disciples, calme l'agitation de leur âme par. le salut de paix accoutumé, il leur. montre ainsi qu'il est ce même Maître qui aimait à leur répéter cette parole de paix, qu'il leur a tant recommandée lorsqu'il les envoya prêcher l'Évangile: «Et il leur dit: La paix soit avec vous; c'est moi, ne craignez point».

Le salut de paix que Jésus adresse à ses disciples, n'ayant pu calmer l'agitation de leur âme, il leur prouve d'une autre manière qu'il est le Fils de Dieu qui pénètre le secret des coeurs: «Et il leur dit: Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi ces pensées s'élèvent-elles dans vos coeurs ?»

Il fait plus encore, il leur donne à toucher ses pieds et ses mains en leur disant: «Touchez et voyez, un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'ai», c'est-à-dire: Vous me prenez pour un esprit, ou un de ces fantômes qu'on voit souvent errer autour des tombeaux, mais sachez qu'un esprit n'a ni chair ni os, tandis que j'ai une chair et des os.

Ces aliments ont encore une autre signification mystérieuse. En mangeant un morceau de ce poisson grillé, il veut nous représenter qu'il a purifié par le feu de sa divinité notre nature qui nageait dans la mer de cette vie; qu'il a desséché l'humidité qu'elle avait contractée au milieu de ces eaux profondes et qu'il en a fait ainsi une nourriture divine, et que d'un aliment abominable, elle est devenue une nourriture des plus agréables à Dieu, ce que figure le rayon de miel. Ou encore, le poisson grillé est la figure de la vie active qui consume notre humidité par le feu du travail, tandis que la contemplation se trouve représentée par le rayon de miel à cause de la douceur ineffable de la parole de Dieu.

Autrement, comment leur âme troublée et chancelante aurait-elle pu s'appliquer à l'étude des mystères de Jésus-Christ? il y ajoute encore l'enseignement de sa divine parole: «Il leur dit: Il est ainsi écrit, et c'est ainsi qu'il fallait que le Christ souffrît», c'est-à-dire, le supplice de la croix.

L'idée du baptême dans lequel on obtient le pardon de ses péchés en renonçant aux crimes de la vie passée se trouve renfermée dans ces paroles: «Qu'on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés». Mais comment entendre que le baptême doit être donné au seul nom de Jésus-Christ, lorsque lui-même commande ailleurs de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit? Nous répondons premièrement que ces paroles ne veulent point dire que le baptême ne doive être donné qu'au nom de Jésus-Christ, mais qu'il faut recevoir le baptême de Jésus-Christ, c'est-à-dire un baptême spirituel tout différent du baptême des Juifs, un baptême qui ne soit plus comme celui de Jean, un baptême de simple pénitence, mais une véritable participation de l'Esprit saint, comme il arriva au baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain, alors qu'on vit l'Esprit saint descendre sur sa tête sous la forme d'une colombe. Etre baptisé au nom de Jésus-Christ, c'est donc être baptisé en la mort de Jésus-Christ. En e ffet, de même qu'il est ressuscité trois jours après sa mort, de même nous sommes plongés trois fois dans l'eau, et nous en sortons en recevant les arrhes de l'esprit d'incorruptibilité. Ajoutons que le nom de Jésus-Christ comprend en lui-même, et le Père qui donne l'onction, et le Saint-Esprit qui est l'onction même, et le Fils qui a reçu cette onction dans sa nature humaine). Le genre humain ne devait plus être divisé en deux peuples, les Juifs et les Gentils, et c'est pour réunir tous les hommes en un seul peuple, qu'il ordonne à ses Apôtres de commencer la prédication par Jérusalem, et de la terminer par les nations: «Dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem».

Mais comment, pouvaient se demander les Apôtres, dans le trouble de leur âme, comment, nous qui sommes des hommes ignorants, pourrons-nous rendre ce témoignage devant les Gentils et devant les Juifs qui vous ont mis à mort. Notre-Seigneur prévient cette difficulté: «Je vous enverrai, leur dit-il, le don promis par mon Père», etc., celui que Dieu avait promis en ces termes par le prophète Joël: «Je répandrai mon esprit sur toute chair», etc. ( Jl 2, 18).

C'est-à-dire, d'une force qui n'a rien d'humain et qui est toute céleste. Et il ne dit pas: Jusqu'à ce que vous receviez, mais: «Jusqu'à ce que vous soyez revêtus», pour signifier la protection toute-puissante dont les couvrira l'Esprit saint.

Peut-être, répandit-il en ce moment sur eux une vertu protectrice qui les conservât jusqu'à la venue de l'Esprit sai nt. Peut-être aussi a-t-il voulu nous enseigner à bénir ceux qui nous sont soumis et à les recommander à Dieu par nos bénédictions, toutes les fois que nous nous séparons d'eux.

Elle avait paru être transporté dans le ciel», mais le Sauveur est le premier qui entre véritablement dans le ciel comme le précurseur de tous les hommes pour se présenter devant Dieu avec son corps sacré; et dès lors, notre nature dans la personne de Jésus-Christ, reçut les hommages de toutes les vertus angéliques.

Ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit saint, et déjà leur vie était toute spirituelle. Auparavant ils n'osaient sortir de leur retraite; maintenant ils sont dans le temple, au milieu des princes des prêtres; ils ne sont distraits par aucune des pensées de ce monde, et dans un saint mépris de toutes les choses de la terre, ils ne cessent de louer Dieu: «Ils étaient toujours dans le temple louant et bénissant Dieu».

Imitons-les nous-mêmes par une vie toujours sainte, consacrée aussi à bénir et à louer Dieu, à qui appartient la gloire, la bénédiction et la puissance dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

Au désert, nos pères ont mangé la manne. Comme dit l'Écriture: Il leur a donné à manger le pain venu du ciel (Jn 6,31).

Ainsi les Juifs veulent-ils pousser Jésus à accomplir lui-même un prodige semblable qui aurait pour effet de leur procurer une nourriture corporelle et, en raison de leur extraordinaire gloutonnerie, ils lui rappellent la manne.

Que leur répond donc l'infinie Sagesse de Dieu, Jésus notre Seigneur? Voici: Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain (Jn 6,32), ce qui revient à dire: "Moïse ne vous a pas donné le vrai pain, mais tout ce qui s'est passé alors était la figure de ce qui arrive aujourd'hui. Moïse était la figure de Dieu, le vrai chef des Israélites spirituels. Ce pain était ma propre image. Étant descendu du ciel, je suis la vraie nourriture et le pain véritable." Il se déclare "pain véritable", non que la manne eût été une chose trompeuse, mais parce que cette figure était aussi une ombre, non la réalité même.

Assurément, ce pain qui est Vie par nature, du fait qu'il est le Fils du Père vivant, accomplit l'oeuvre qui lui est propre, car il vivifie tout. Comme le pain qui vient de la terre conserv e la fragile substance de notre chair et prévient sa destruction, de même le Christ, lui aussi, vivifie l'âme par l'action de l'Esprit, et en outre il préserve le corps même en vue de son incorruptibilité. Car le Christ a fait don à l'humanité de la résurrection d'entre les morts et de l'immortalité des corps.

Et Jésus leur dit: Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif (in 6,35). <> Il n'a pas dit: "Le pain qui vous alimente", mais "le pain de la vie". En effet, après que la mort eût mené tous les êtres à leur perte, le Christ, qui est le pain, nous a vivifiés par lui-même. Nous croyons en effet que le levain de la pâte humaine a été cuit au feu de sa divinité. Il est le pain, non de cette vie ordinaire, mais de la vie transformée à laquelle la mort ne met pas de fin.

Si quelqu'un croit en ce pain, il ne connaîtra pas la faim, cette faim qui torture celui qui n'écoute pas la parole de Dieu, et il ne connaîtra pas la soif spirituelle de celui qui n'a pas reçu l'eau du baptême ni la sanctification de l'Esprit. L'un n'a pas été baptisé: manquant du rafraîchissement de l'eau sainte, il éprouve la soif et une grande sécheresse. L'autre a été baptisé: il possède l'Esprit et jouit sans cesse de son réconfort.

Nous venons d'entendre cette parole: Si vous ne mangez pas la chair du Fils, vous n'aurez pas la vie (Jn 6,53). Lorsque nous participons aux divins mystères, il ne faut donc pas que notre foi chancelle, ni que nous cherchions à connaître la manière dont cela se fait. Car l'homme laissé à sa seule nature, j'entends celui qui obéit à des pensées purement humaines ou naturelles, n'accueille pas les réalités surnaturelles et spirituelles.

Ainsi ne comprend-il pas ce qu'est la nourriture spirituelle procurée par la chair du Seigneur. Ceux qui ne la reçoivent pas en communion n'auront aucune part à la vie éternelle, parce qu'ils n'auront pas reçu Jésus, qui est la vraie vie. Car la chair que nous mangeons n'est pas celle d'un être simplement humain, mais celle d'un Dieu. Unie à la divinité, elle est assez puissante pour nous déifier. Elle est aussi une vraie nourriture: son efficacité ne dure pas seulement quelques instants, et elle ne se décompose pas à la manière d'une nourriture passagère, mais elle est un secours pour la vie éternelle.

De même, la coupe du sang du Seigneur est une vraie boisson, car elle n'étanche pas notre soif pour un temps limité, mais elle préserve pour toujours de la soif celui qui la boit, et elle ne le laisse pas insatisfait. Comme le Seigneur l'a dit à la Samaritaine: Celui qui boira de l'eau que moi, je lui donnerai, n'aura plus jamais soif (Jn 4,14). En effet, quiconque recevra la grâce de l'Esprit Saint en participant aux divins mystères, ne souffrira ni de la faim spirituelle ni de la soif, comme ceux qui n'ont pas la foi.

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi (Jn 6,56-57). Cette parole nous apprend à connaître le mystère de la communion. Ainsi celui qui mange la chair et boit le sang du Seigneur demeure-t-il dans le Seigneur, et le Seigneur en lui. Ainsi s'opère un mélange merveilleux et inexplicable, si bien que Dieu est en nous et nous en Dieu.

La parole que tu viens d'entendre ne te remplit-elle pas de crainte? Nous ne mangeons pas Dieu purement et simplement, car il est impalpable et incorporel, et il ne peut être saisi ni par les yeux ni par les dents. Nous ne mangeons pas non plus la chair d'un être simplement humain, car elle ne pourrait nous être d'aucun secours. Mais depuis que Dieu s'est uni un corps selon une union ineffable, ce corps aussi est vivifiant. Non qu'il se soit changé en la nature divine - absolument pas - mais de la même manière que le fer rougi au feu reste du fer et dégage l'énergie du feu.

C'est ainsi que le corps du Seigneur, étant le corps du Verbe de Dieu, a aussi le pouvoir de donner la vie tout en restant un corps. De même que je vis par le Père, dit Jésus, c'est-à-dire de même que je suis engendré par le Père, qui est Vie, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi, en étant uni à moi, et pour ainsi dire transformé en moi, qui ai le pouvoir de donner la vie.