Tite de Bostra

Tite de Bostra, un érudit chrétien du IVe siècle, était évêque de Bostra, dans l'ancienne province romaine d'Arabie. Il est surtout connu pour ses écrits contre les hérésies, en particulier ses réfutations détaillées du manichéisme, une religion gnostique qui connaissait une large diffusion à son époque.

Tite a joué un rôle important dans la formulation de réponses théologiques aux défis posés par le manichéisme, qui amalgamait des éléments du christianisme, du zoroastrisme et d'autres croyances. Ses œuvres offrent une fenêtre sur la manière dont l'Église primitive a réagi aux idées et pratiques considérées comme hérétiques.

Ses écrits sont caractérisés par une argumentation rigoureuse et un engagement profond envers la doctrine chrétienne orthodoxe. Bien que beaucoup de ses travaux ne nous soient parvenus que sous forme fragmentaire, ils restent une source précieuse pour comprendre les débats théologiques du IVe siècle.

La contribution de Tite de Bostra à l'histoire de l'Église et à la théologie chrétienne est significative, en particulier pour ses efforts dans la défense de la foi contre les enseignements manichéens.

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Il en est qui pensent que ce royaume de Dieu est plus élevé et plus parfait que le royaume céleste; d'autres prétendent au contraire que c'est le même dans sa nature, mais auquel on donne des noms différents. On l'appelle royaume de Dieu, parce qu'il a Dieu pour souverain; et quelquefois le royaume des cieux, quand on considère ce royaume dans ses sujets, c'est-à-dire, dans les anges et les saints auxquels la sainte Écriture donne le nom de cieux.

«Il sortit pour semer sa semence», sa parole n'est point une parole d'emprunt, puisqu'il est par nature le Verbe du Dieu vivant. Ce n'était point leur propre semence que répandaient Paul ou Jean, mais celle qu'ils avaient reçue; Jésus-Christ, au contraire, sème sa propre semence, parce qu'il tire ses divins enseignements de sa propre nature; aussi les Juifs étonnés disaient-ils: «Comment connaît-il les Écritures, puisqu'il ne les a point apprises ?» ( Jn 7).

Voyez quelle est encore son ignorance, il demande à Jésus-Christ de venir chez lui: «Il le suppliait de venir dans sa maison», c'est-à-dire qu'il ignorait que Jésus pût guérir sa fille sans être extérieurement présent; car s'il l'avait su, il eût dit à Jésus comme le centurion: «Dites seulement une parole, et ma fille sera guérie» ( Mt 8).

L'Évangéliste donne le nom de ce chef de la synagogue, à cause des Juifs qui connurent alors cet événement, et pour rendre plus évidente la preuve du miracle. Ce n'est point un des derniers du peuple, mais un chef de synagogue qui vient trouver Jésus pour mieux confondre les Juifs et leur ôter toute excuse: «Il était chef de la synagogue». Il vint trouver Jésus, parce qu'il y était comme forcé par la nécessité; car quelquefois c'est la douleur qui nous porte au bien, selon cette parole du Psalmiste: «Resserrez avec le mors et le frein la bouche de ceux qui ne veulent point s'approcher de vous».

Quels éloges ne méritent pas, cette femme qui, dans l'épuisement de ses forces, causé par cette perte continuelle de sang, au milieu de tout ce peuple qui s'empresse autour du Seigneur, soutenue par sa foi et par le désir d'être guérie, traverse la foule, et, se dérobant aux regards du Sauveur, se tient derrière lui, et touche la frange de son vêtement (cf. Nb 15,38 )

Il l'appelle sa fille, parce que sa foi a été la cause de sa guérison, et que la foi nous obtient aussi la grâce de l'adoption.

Pierre ne savait pas ce qu'il disait, pour une autre raison, c'est qu'il n'était pas besoin de trois tentes pour les trois dont il parle, car on ne peut mettre les serviteurs sur le même rang que leur maître, ni comparer la créature au Créateur.

J'admire la sagesse de cet homme, il ne dit pas au Sauveur: Faites ceci ou cela, mais: «Jetez un regard», car cela suffit pour sa guérison; c'est dans le même sens que le Roi-prophète disait: «Jetez les yeux sur moi, et ayez pitié de moi» ( Ps 24, 16; Ps 85, 15; Ps 118, 132). Cet homme dit à Jésus: «Jetez un regard sur mon fils», pour motiver la hardiesse qui le portait à crier seul au milieu de cette multitude. Il ajoute: «Car c'est le seul que j'aie», c'est-à-dire, je ne puis espérer d'autre consolation de ma vieillesse. Il expose ensuite la nature de sa maladie, pour émouvoir la compassion du Sauveur: «Un esprit se saisit de lui», etc. Enfin, il semble accuser les disciples, mais il paraît bien plus vouloir excuser sa hardiesse. Ne pensez pas, semble-t-il dire au Sauveur, que je viens à vous avec légèreté, votre dignité impose, et je me suis bien gardé de vous importuner tout d'abord; j'ai commencé par m'adresser à vos disciples, mais comme ils n'ont pu guérir mon fils, je suis forcé de recourir à vous. Aussi les reproches du Seigneur ne s'adressent pas à cet homme, mais à cette génération incrédule: «Et Jésus prenant la parole, leur dit: O race infidèle», etc.

C'est lorsque tous sont dans l'admiration à la vue des prodiges qu'il opère, qu'il leur prédit lui-même sa passion, car ce ne sont point les miracles qui sauvent les hommes, c'est la croix qui est pour eux la source de toutes les grâces: «Le Fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes».

Il fallait, en effet, que le véritable agneau fût offert là où l'agneau figuratif était immolé. L'Évangéliste dit qu'il «affermit son visage», c'est-à-dire qu'il n'allait point de côté et d'autre, qu'il ne parcourait point les bourgs et les villages, mais qu'il se rendait directement à Jérusalem.

Les disciples estiment que la punition des Samaritains, frappés de mort pour avoir refusé de recevoir le Sauveur, serait beaucoup plus juste que celle des cinquante soldats envoyés pour se saisir d'Élie, son serviteur.

Paix à cette maison !» c'est-à-dire à ceux qui habitent cette maison. Comme s'il leur disait: Adressez-vous à tous, aux grands comme aux petits, et cependant votre bénédiction ne tombera pas sur ceux qui en sont indignes. Il ajoute: « Et s'il s'y trouve un fils de la paix, votre paix reposera sur lui », c'est-à-dire: Vous prononcerez les paroles de paix, mais pour la paix elle-même, c'est moi qui la donnerai à celui que j'en jugerai digne. Et si personne ne s'en trouve digne, vous ne serez pas trompés, et la grâce attachée à vos paroles ne sera point sans effet, au contraire, elle retournera sur vous, c'est ce qu'il ajoute: « Sinon, elle retournera sur vous ».

Il console en même temps ses disciples, car tel est le sens de ces paroles: «Ne dites point: Pourquoi aller nous exposer aux outrages ?» Prêtez-moi le concours de vos paroles, moi, je vous donnerai celui de ma grâce, et les outrages qu'on vous fera retomberont sur moi.

Notre-Seigneur vit bien que la joie de ses disciples était mélangée de vaine gloire; car ils se réjouissaient surtout d'avoir reçu une puissance qui les élevait au-dessus des autres hommes, et les rendait terribles aux hommes et aux démons. Aussi ajoute-t-il: « Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis »,etc.

C'est comme juge qu'il a vu la chute de Satan, lui qui connaît les passions des êtres immatériels. Il le compare dans sa chute à un éclair, parce que Satan, de brillant qu'il était par nature, est devenu ténébreux par ses inclinations vicieuses; et qu'il a corrompu en lui la bonté que Dieu lui avait communiquée en le créant.

La révélation, c'est la transmission d'une connaissance faite d'une manière proportionnée à la nature et aux facultés de chacun; là où la nature est consubstantielle, la connaissance existe sans enseignement; pour nous, au contraire, la connaissance ne peut exister sans révélation.

Les disciples à qui Notre-Seigneur avait donné les règles d'une vie toute nouvelle, lui demandent aussi une nouvelle formule de prière, bien que l'Ancien Testament en contint un grand nombre: «Et dès qu'il eut cessé de prier, un de ses disciples lui dit: Seigneur, apprenez-nous à prier, de peur que nous n'offensions Dieu en lui demandant une chose pour une autre, ou en ne le priant pas avec les dispositions convenables».

Ou bien encore, «que votre nom soit sanctifié», c'est-à-dire, que votre sainteté soit connue de tous les hommes, et qu'elle soit l'objet de leurs louanges, car c'est aux justes qu'il appartient de publier les louanges de Dieu ( Ps 32 ). Il nous commande donc de prier pour la sanctification du monde entier.

Et comme la gloire de Dieu le Père est dans le nom de Jésus, le nom du Père sera vraiment sanctifié, lorsque Jésus-Christ sera connu.

Ou bien encore, le pain des âmes, c'est la vertu de Dieu qui devient pour nous le principe de la vie future et éternelle, comme le pain qui provient de la terre, sert à la conservation de la vie temporelle. Ainsi le pain quotidien, dans l'intention du Sauveur, figure le pain divin qui approche et qui doit venir. Nous prions Dieu de nous l'accorder aujourd'hui, c'est-à-dire comme un commencement et un avant-goût de ce pain; ce qui se fait lorsque l'Esprit saint qui habite en nous y produit ces vertus qui surpassent toutes les vertus humaines, comme la chasteté, l'humilité, etc.

Aucun homme n'est sans péché, et Notre-Seigneur, ajoute cette demande nécessaire, pour lever les obstacles que nos péchés apporteraient à la participation des saints mystères. En effet, nous sommes obligés d'offrir une sainteté parfaite à Jésus-Christ, qui choisit notre coeur pour être la demeure de l'Esprit saint, et nous sommes gravement coupables, si nous ne conservons pas la pureté de ce temple intérieur. Or, si ce malheur nous arrive, la bonté de Dieu vient au secours de notre fragilité, en nous remettant la peine que nos péchés ont méritée. Le Dieu juste agit alors en toute justice avec nous, quand nous remettons nous-mêmes ce qui nous est dû, c'est-à-dire, à ceux qui nous ont fait tort, et se sont rendus nos débiteurs. C'est pour cela qu'il ajoute: «Comme nous remettons nous-mêmes à ceux qui nous doivent».

Il est impossible que nous soyons complètement à l'abri des tentations du démon, mais nous demandons à Dieu qu'il ne nous abandonne pas au milieu des tentations. L'Ecriture attribue ordinairement à l'action de Dieu, ce qui n'est l'effet que d'une simple permission (cf. Ez 14,9 ), et c'est dans ce sens que Dieu nous induirait en tentation, s'il ne s'opposait au progrès d'une tentation au-dessus de nos forces.

L'Évangéliste dit que ce démon était muet ou sourd, parce qu'il produit en nous cette infirmité pour nous empêcher d'entendre la parole de Dieu. En effet, les démons détruisent les bonnes dispositions du coeur de l'homme, pour fermer plus facilement les oreilles de son âme: Or, Jésus-Christ est venu sur la terre pour chasser le démon, et nous faire entendre la parole de vérité, et dans ce seul homme il nous a donné comme un avant goût du salut de tous les hommes.

Ou bien encore ces paroles: « Le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous »,veulent dire: Est venu pour votre ruine, non pour votre bonheur; car le second avènement de Jésus-Christ sera terrible pour les chrétiens perfides.

Or, c'est du ciel que descend ce feu; car s'il venait de la terre sur la terre, Notre-Seigneur ne dirait pas: «Je suis venu jeter le feu sur la terre».

Il oppose cette tour à toute la ville, afin que le malheureux sort de quelques-uns épouvante tous les autres, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière», c'est-à-dire, toute la ville sera bientôt envahie, si ses habitants persévèrent dans l'infidélité.

Le Sauveur nous apprend encore ici que toutes les sentences qui condamnent les coupables aux dernier supplice, ne sont pas seulement édictées par l'autorité des juges mais par la volonté de Dieu. Que le juge condamne suivant les règles de l'équité, ou pour tout autre motif, il faut voir dans le jugement qu'il prononce une permission de la divine justice.

Les Juifs tiraient vanité de ce que dix-huit d'entre eux ayant péri, tous avaient été préservés, c'est pour cela que Notre-seigneur leur propose cette parabole du figuier: «Il leur dit encore cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne».

Le plus jeune de ces deux fils, dont l'esprit n'était pas encore arrivé à la maturité, s'en va donc et demande à son père la portion de l'héritage qui doit lui revenir, afin de n'être plus dans la nécessité de lui être soumis, car nous sommes des êtres raisonnables doués de la faculté du libre arbitre.

Aussi donne-t-on le nom de prodigue à celui qui dissipe tout son bien, c'est-à-dire, la droiture de son intelligence, les leçons de la chasteté, la connaissance de la vérité, le souvenir de son père, la pensée de son origine.

Ce fils aîné, semblable à un laboureur, s'appliquait aux travaux de l'agriculture, en cultivant non un champ matériel, mais le champ de son âme, et en greffant les arbres du salut, c'est-à-dire, les vertus.

Son dessein est de faire ressortir la reconnaissance des samaritains comparée à l'ingratitude des Juifs pour les bienfaits qu'ils ont reçus. L'inimitié la plus grande existait entre les Samaritains et les Juifs, Notre-Seigneur voulant les pacifier passe entre les deux pour les réunir en un seul homme ( Ep 2,14 ).

Ils prononcent le nom de Jésus, et méritent d'en éprouver l'efficacité, car le nom de Jésus veut dire Sauveur. Ils lui disent: «Ayez pitié de nous»; pour ressentir les effets de sa puissance, ils ne lui demandent ni or ni argent, mais qu'il guérisse et purifie leur corps.

Ces dix lépreux vivaient ensemble, unis entre eux par la communauté de souffrances, et ils attendaient le passage de Jésus, pleins d'impatience de le voir venir: «Et ils se tenaient éloignés», parce que la loi des Juifs regardait la lèpre comme une impureté, tandis que la loi de l'Évangile ne regarde comme impure que la lèpre intérieure, et non celle qui n'est qu'extérieure.

La guérison qui lui est rendue lui donne la confiance d'approcher du Sauveur: «Et il se prosterna la face contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâces», et il manifeste ainsi doublement sa foi et sa reconnaissance.

Nous voyons ici que les étrangers étaient bien plus empressés que les Israélites pour embrasser la foi: «Et Jésus lui dit: Levez-vous, allez, votre foi vous a sauvé».

Après lui avoir donné la connaissance de la foi, le Sauveur ajoute: «Vous connaissez les commandements ?» comme s'il lui disait: Après avoir commencé par connaître Dieu, il est naturel que vous cherchiez à savoir ce que vous devez faire.

En faisant à Jésus-Christ cette question: «Bon maître, que dois-je faire pour posséder la vie éternelle ?»il semble lui dire: Vous êtes bon, daignez répondre à la question que je vous adresse: Je suis instruit de tout ce que contient l'Ancien Testament, mais je trouve vos enseignements supérieurs, car ce ne sont point les biens de la terre que vous promettez, c'est le royaume des cieux que vous annoncez; dites-moi donc, que ferai-je pour arriver à la vie éternelle? Comme la foi est le chemin qui conduit aux oeuvres, le Sauveur, ne considérant que l'intention de ce jeune homme et sans répondre à la question qu'il lui fait, l'amène à la connaissance de la foi. Il agit comme un médecin à qui son malade demanderait: Que dois-je manger? et qui lui répondrait en lui prescrivant ce qu'il doit faire avant de prendre de la nourriture. Le Sauveur élève donc son esprit jusqu'à son Père, en lui disant «Pourquoi m'appelez-vous bon ?»Ce n'est pas qu'il ne fût bon; car il était le bon fruit d'un bon arbre.

Remarquez ici que l'observation des préceptes consiste à s'abstenir; en effet, si vous ne commettez pas d'adultère, vous serez chaste; si vous ne dérobez point, vous serez honnête et bon; si vous ne faites point de faux témoignages, vous serez vrai dans votre conduite. Voyez comme la vertu nous est rendue facile par la bonté de celui qui nous en fait un devoir, il nous impose la fuite du mal, plutôt que la pratique du bien. Or, il est bien plus facile de s'abstenir du mal, que de pratiquer le plus petit acte de vertu.

Le Sauveur nous apprend ensuite qu'on n'est point parfait pour accomplir tout ce que commande l'Ancien Testament, mais qu'il faut encore suivre Jésus-Christ: «Ce qu'entendant, Jésus lui dit: Une chose vous manque encore, vendez tout ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres». C'est-à-dire: Vous me demandez comment vous pourrez arriver à la vie éternelle, distribuez vos biens aux pauvres, et vous la mériterez, ce que vous donnez est. peu de chose, ce que vous recevrez est immense.

La semence du salut avait germé dans son âme, puisqu'il désirait voir Jésus: « Et il cherchait à voir Jésus pour le connaître ». Il ne l'avait jamais vu, car s'il l'eût vu une seule fois, il aurait renoncé depuis longtemps aux injustices de sa vie; en effet, lorsqu'on a vu Jésus, il est impossible de persévérer dans l'iniquité. Or, deux choses s'opposaient à ce que Zachée pût voir Jésus: il en était empêché par la foule, moins des hommes que de ses péchés et de ses crimes, et il était d'ailleurs petit de taille: «Et il ne le pouvait à cause de la foule, parce qu'il était fort petit», ajoute l'Évangéliste.

Mais il eut une bonne inspiration, car il courut en avant et monta sur un sycomore, et il vit ainsi passer Jésus qu'il désirait tant de connaître: « Courant donc en avant , dit l'Évangéliste, il monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là ». Il désirait seulement voir Jésus, mais celui qui nous accorde toujours plus que nous ne demandons, lui donne au delà de ses espérances: « Arrivé à cet endroit, Jésus le vit ».Il vit son âme pleine du désir ardent de mener une vie sainte, et il l'inclina doucement vers la piété. Sans être invité, il s'invite lui-même à descendre chez lui: « Et l'ayant vu, il lui dit: Zachée, descendez vite »,etc. Il savait que l'hospitalité qu'il demandait serait largement récompensée, et bien qu'il n'eût pas encore entendu Zachée lui adresser d'invitation, il voyait les sentiments de son coeur.

Il y eut ici un ordre divin bien clairement connu, car personne ne peut résister à Dieu, quand il réclame ce qui lui appartient. Or, les disciples chargés de conduire cet ânon, ne refusèrent point de remplir cette office comme peu relevé, mais ils partirent aussitôt pour l'amener: «Ceux qui étaient envoyés, s'en allèrent», etc.

Les disciples qui avaient entendu dire au Sauveur: «Le royaume de Dieu est proche», et qui le voyaient se diriger vers Jérusalem, pensaient qu'il allait commencer à y établir le royaume de Dieu. Dans la parabole qui précède, Jésus a redressé cette erreur, et montré qu'il n'avait pas encore triomphé de la mort qu'on lui préparait. Cette parabole achevée, il va au-devant de sa passion en continuant sa marche vers Jérusalem: «Après ce discours, il continua de marcher vers Jérusalem».

Ceux qui avaient attaché l'ânon, obéissent en silence à cet acte de puissance du Sauveur, et ne peuvent résister à l'ordre qu'il leur donne: «Comme ils détachaient l'ânon, ses maîtres leur dirent: Pourquoi déliez-vous cet ânon? Ils répondirent: Parce que le Seigneur en a besoin». C'est qu'en effet le nom du Seigneur annonce la majesté, et qu'il allait paraître comme un roi à la vue de tout le peuple.

Comme s'il leur disait: Vous me tentez par vos paroles, conformez votre conduite à vos oeuvres; vous avez accepté la domination de César, vous jouissez des avantages qu'elle vous procure, rendez-lui donc le tribut, et à Dieu la crainte qui lui est due; car Dieu ne vous demande point votre argent, mais votre foi.

Peut-être ne veut-il point parler ici de des faux christs qui viendront avant la fin du monde, mais de ceux qui parurent au temps des Apôtres.

Ou encore: Le Seigneur dit: « Le royaume de Dieu est proche », parce que ces signes précurseurs n'annonceront pas la fin immédiate et irrévocable du monde, mais qu'il touche à sa fin, car la venue du Seigneur aura pour but de renverser tout pouvoir sur la terre pour préparer les voies au règne tout-puissant de Dieu.

Comme s'il disait: Prenez garde que les yeux de votre âme ne s'appesantissent, car les préoccupations de la vie présente, la crapule et l'ivresse font perdre la prudence, ébranlent la foi, et sont cause de naufrages malheureusement certains.

Notre-Seigneur voulait nous donner la pâque céleste, il se soumet pour cela à manger la pâque figurative, et il supprime le symbole pour lui substituer la vérité: «Vint le jour des azymes», etc.