Jean 10, 30
Le Père et moi, nous sommes UN. »
Le Père et moi, nous sommes UN. »
La main du Fils est ici appelée la main du Père, pour vous faire comprendre par une comparaison sensible, qu'ils ont une puissance de même nature, parce que la nature et la puissance du Père se trouvent également dans le Fils.
Cette parole est le témoignage d'une puissance qui a conscience d'elle-même ; mais comme tout en ayant la nature même de Dieu, il faut cependant admettre qu'il est né de lui ; il ajoute : « Ce que mon Père m'a donné est plus grand que toutes choses. » Il ne dissimule point qu'il est né du Père, car ce qu'il a reçu du Père, il l'a reçu par sa naissance, et non dans la suite.
Les hérétiques contraints d'avouer la vérité de ces paroles, s'efforcent de les dénaturer par leurs interprétations mensongères aussi ridicules qu'elles sont impies. Ils cherchent donc à les expliquer dans le sens d'unité parfaite de consentement ; il y a, disent-ils, unité de volonté, mais non unité de nature, c'est-à-dire, que le Père et le Fils sont un, non par leur essence, mais par la conformité parfaite de leur volonté. Ils sont un, non par le mystère d'une économie quelconque, mais par la génération de la nature divine, parce que la nature divine ne dégénère en aucune manière par cette génération. Ils sont un, en ce sens que ce qui ne peut être ravi d'entre les mains du Fils, ne peut être ravi d'entre les mains du Père ; parce que le Père agit en lui et en même temps que lui ; puisqu'il est dans le Père, et que le Père est en lui. Ce n'est point là l'effet d'une création, mais de la naissance ; ce n'est pas la volonté, mais la puissance qui agit ici, ce n'est point une simple unanimité de sentiments qui parle ici, c'est l'unité de nature. Nous ne nions donc pas l'unanimité de sentiments entre le Père et le Fils, ce que les hérétiques nous attribuent à tort en prétendant que nous n'admettons point cette unanimité entre le Père et le Fils, parce que nous voulons voir ici autre chose que l'unanimité. Qu'ils comprennent donc dans quel sens nous affirmons cette unanimité ; le Père et le Fils sont un en nature, en honneur, en puissance, et une même nature ne peut avoir des volontés différentes.
C'était l'anniversaire du jour où le temple fut de nouveau consacré, au retour des Juifs de la captivité de Babylone.
Nôtre-Seigneur s'était rendu avec un grand empressement à cette solennité, et il restait d'ailleurs de préférence dans la Judée, parce que sa passion approchait : « Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. »
Et afin que vous ne puissiez soupçonner que la puissance du Père vient au secours de la puissance du Fils, pour mettre les brebis en sûreté, Nôtre-Seigneur ajoute : « Mon Père et moi nous sommes un. »
Ils ne peuvent incriminer aucune de ses actions, ils désiraient donc trouver dans ses paroles un sujet d'accusation. Et voyez jusqu'où va leur perversité : lorsqu'il les enseigne par ses paroles, ils lui disent : « Quel miracle faites-vous ? » S'il fait des miracles pour démontrer sa divinité, ils viennent lui dire : « Si vous êtes le Christ, dites-le nous ouvertement, » tant ils sont dominés par l'esprit de contradiction. Remarquez encore quelle haine dans ces paroles : « Si vous êtes le Christ, dites-le nous ouvertement. » Mais Jésus parlait toujours en public, il assistait à toutes les grandes solennités, et ne disait rien en secret. Ils commencent toutefois par un langage plein de flatterie : « Jusques à quand tiendrez vous notre âme en suspens ? » pour le provoquer et le faire tomber dans un piège.
Comme ils paraissaient vouloir se rendre à l'évidence seule de ses paroles, eux que tant d'œuvres miraculeuses n'avaient pu persuader, il confond leur malice et semble leur dire : Si vous ne croyez pas à mes œuvres, comment croirez-vous à mes paroles ? et il leur fait connaître la raison de leur peu de foi : « Mais vous ne croyez point, parce que vous n'êtes point de mes brebis. »
Le motencœnia signifiait la fête de la Dédicace du temple, car le mot grec ?a???? veut dire nouveau, et on appelait encœnia, toute dédicace de chose nouvelle.
Comprenez bien ces deux mots : « Un, » et : « Nous sommes, » et vous ne tomberez ni dans Charybde, ni dans Scylla. En disant : « Un, » il vous délivre d'Arius, et en disant : « Nous sommes, » il vous débarrasse de Sabellius ; s'il y a unité, il n'y a donc point de différence ; si : « Nous sommes, » il y a donc Père et Fils.
Il a dit : « Nous sommes un, » ce qu'il est, je le suis moi-même, quant à la nature, non quant à la relation de personne à personne.
Comme le feu de la charité s'était éteint dans le cœur des Juifs, et qu'ils brûlaient au contraire de l'ardeur de faire le mal, ce n'est point la foi qui les amenait à Jésus, c'est le désir de le persécuter : « Les Juifs donc l'entourèrent et lui dirent : Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-nous-le ouvertement. » Ils lui font cette question, non qu'ils désirent connaître la vérité, mais pour trouver occasion de le calomnier.
Ils cherchaient à obtenir du Sauveur cet aveu : « Je suis le Christ, » et comme ils n'avaient du Christ que des idées tout humaines, et qu'ils ne comprenaient point sa divinité prédite par les prophètes, s'il leur avait répondu qu'il était le Christ, ils l'auraient accusé d'usurper la puissance royale d'après la croyance où ils étaient que le Christ devait sortir de la race de David.
Il leur tient ce langage, parce qu'il les voyait prédestinés à la mort éternelle et privés à jamais de la vie éternelle qu'il avait acquise par son sang, car ce qui fait les brebis c'est leur foi et leur obéissance à leur pasteur.
Ce sont les pâturages dont il avait dit précédemment : « Il trouvera des pâturages. » Ce pâturage excellent, c'est la vie éternelle, où l'herbe, loin de se flétrir, conserve toute sa verdure, mais pour vous, vous cherchez à me calomnier, parce que vous ne songez qu'à la vie présente : « Et elles ne périront pas à jamais ; » ajoutez ce qu'il sous-entend : Pour vous, vous périrez éternellement, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.
Il explique ensuite pourquoi ses brebis ne périssent point ; les brebis dont il est dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui, » (2 Tm 2) ni le loup ne les ravit, ni le voleur ne les enlève, ni le larron ne les égorge, celui qui sait le prix qu'elles lui ont coûté est assuré de n'en perdre aucune.
En effet, le Fils qui est né du Père, Dieu de Dieu, n'est point devenu son égal par un accroissement successif, il l'est par sa naissance seule. Voilà donc ce que mon Père m'a donné, et ce qui est plus grand que toutes choses, c'est que je suis son Verbe, son Fils unique, la splendeur de sa lumière. On ne peut donc ravir mes brebis d'entre mes mains, parce qu'on ne peut les ravir d'entre les mains de mon Père : « Et nul ne peut ravir ce qui est entre les mains de mon Père. » Si par la main nous entendons la puissance, le Père et le Fils ont une seule et même puissance, parce qu'ils ont une seule et même divinité ; mais si par la main nous entendons le Fils, c'est le Fils qui est la main du Père, ce qui ne veut point dire que Dieu le Père ait des membres comme ceux du corps de l'homme, mais qu'il a tout fait par son Fils. (Jn 1, 3.) C'est ainsi que les hommes appellent leurs mains ceux de leurs semblables, qui sont les instruments de leurs volontés. Quelquefois même l'œuvre de l'homme est appelée sa main, parce qu'elle est le produit de sa main, c'est ainsi qu'on dit qu'un homme reconnaît sa main lorsqu'il reconnaît son écriture. Dans cet endroit la main doit s'entendre de la puissance du Père et du Fils, de peur qu'en appliquant exclusivement au Fils cette dénomination, une pensée toute charnelle ne nous fasse chercher le Fils du Fils.
La marque distinctive des brebis du Christ, c'est leur aptitude à écouter, à obéir, tandis que les brebis étrangères se distinguent par leur indocilité. Nous comprenons le verbe "écouter" au sens d'acquiescer à ce qui a été dit. Et ceux-là qui l'écoutent sont "connus" de Dieu, car "être connu" signifie être uni. Il n'y a personne qui soit entièrement ignoré de Dieu. Donc, lorsque le Christ dit: Je connais mes brebis, il veut dire: "Je les accueillerai et je les unirai à moi d'une union mystique et permanente."
On peut dire qu'en se faisant homme, il s'est apparenté à tous les hommes par communauté de nature: nous sommes tous unis au Christ par une relation mystique en raison de son incarnation. Mais tous ceux qui ne gardent pas de ressemblance avec sa sainteté lui sont devenus étrangers.
Mes brebis me suivent, dit encore le Christ. En effet, les croyants, par la grâce divine, suivent les pas du Christ. Ils n'obéissent pas aux préceptes de la Loi, qui n'étaient que des figures, mais, en suivant par la grâce les préceptes du Christ, ils s'élèveront jusqu'à sa hauteur, conformément à leur vocation de fils de Dieu. Quand le Christ monte au ciel, ils le suivent jusque-là.
Le Christ promet à ceux qui le suivent de leur accorder le salaire et la récompense de la vie éternelle. Il leur promet aussi de les soustraire à la mort et à la corruption, ainsi qu'aux supplices que le juge réclame contre eux pour leurs transgressions. Le Christ, du fait qu'il donne la vie, montre qu'il est par nature la vie en personne, et qu'il la donne de lui-même, sans la recevoir d'un autre.
Par vie éternelle, nous ne comprenons pas cette succession interminable de jours, que tous, bons ou mauvais, posséderont après la résurrection, mais cette vie où l'on demeure dans la joie. On peut aussi comprendre "la vie" au sens de l'eucharistie. Par celle-ci, le Christ greffe en nous sa propre vie, en faisant participer les croyants à sa propre chair, selon sa parole: Celui qui mange m a chair et boit mon sang a la vie éternelle (Jn 6,54).
On peut dire qu'en se faisant homme, il s'est apparenté à tous les hommes par communauté de nature: nous sommes tous unis au Christ par une relation mystique en raison de son incarnation. Mais tous ceux qui ne gardent pas de ressemblance avec sa sainteté lui sont devenus étrangers.
Mes brebis me suivent, dit encore le Christ. En effet, les croyants, par la grâce divine, suivent les pas du Christ. Ils n'obéissent pas aux préceptes de la Loi, qui n'étaient que des figures, mais, en suivant par la grâce les préceptes du Christ, ils s'élèveront jusqu'à sa hauteur, conformément à leur vocation de fils de Dieu. Quand le Christ monte au ciel, ils le suivent jusque-là.
Le Christ promet à ceux qui le suivent de leur accorder le salaire et la récompense de la vie éternelle. Il leur promet aussi de les soustraire à la mort et à la corruption, ainsi qu'aux supplices que le juge réclame contre eux pour leurs transgressions. Le Christ, du fait qu'il donne la vie, montre qu'il est par nature la vie en personne, et qu'il la donne de lui-même, sans la recevoir d'un autre.
Par vie éternelle, nous ne comprenons pas cette succession interminable de jours, que tous, bons ou mauvais, posséderont après la résurrection, mais cette vie où l'on demeure dans la joie. On peut aussi comprendre "la vie" au sens de l'eucharistie. Par celle-ci, le Christ greffe en nous sa propre vie, en faisant participer les croyants à sa propre chair, selon sa parole: Celui qui mange m a chair et boit mon sang a la vie éternelle (Jn 6,54).
On bien encore, il fait mention de la saison d'hiver pour exprimer la froide méchanceté qui avait gagné les cœurs des Juifs.
Nous lisons en effet, qu'il fut établi sous Judas Machabée, que l'anniversaire de cette dédicace aurait lieu solennellement tous les ans.
L'Evangéliste précise l'époque de cette fête qui avait lieu en hiver, pour nous faire comprendre que le temps de la passion était proche, car ce fut au printemps suivant qu'eut lieu la passion du Sauveur, et c'est pour cela qu'il se trouvait alors à Jérusalem.
Nous avons entendu le récit de la patience du Seigneur, et comment les outrages dont il est l'objet ne peuvent interrompre pour lui le ministère de la prédication du salut, mais les Juifs, plus que jamais endurcis, cherchaient à le tenter plutôt qu'à lui obéir, voici dans quelles circonstances : « Or, c'était à Jérusalem la fête de la Dédicace. »
Ou bien encore, cette dédicace était l'anniversaire de celle qu'avait faite Judas le Machabée, car la première dédicace avait été faite par Salomon en automne, la seconde par Zorobabel et Jésus au printemps, et celle-ci avait lieu en hiver, comme le remarque l'Evangéliste : « Et c'était l'hiver. »
On appelait portique de Salomon, celui où ce roi se tenait ordinairement pour la prière, et qui pour cette raison avait reçu son nom, car ces portiques qui entouraient le temple, tiraient leur nom de la partie du temple qu'ils entouraient. Or, si le Fils de Dieu a voulu fréquenter le temple où l'on n'offrait que la chair des animaux sans raison, combien plus aimera-t-il à visiter notre maison de prière où se fait la consécration de sou corps et de son sang.
Ils reprochent à celui qui était venu sauver les âmes de tenir leur âme en suspens et dans l'incertitude.
Ils pensaient donc à le livrer au gouverneur pour le faire punir comme usurpateur du pouvoir de l'empereur Auguste, mais Nôtre-Seigneur leur répond de manière à fermer la bouche des calomniateurs, à faire connaître aux fidèles qu'il est vraiment le Christ, et à dévoiler les mystères de sa divinité à ceux qui ne l'interrogeaient que sur son humanité : « Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne me croyez point. »
C'est-à-dire, elles obéissent de cœur à mes préceptes, « et je les connais, » c'est-à-dire, je les choisis, « et elles me suivent, » en marchant ici dans les voies de la douceur et de l'innocence, et en entrant ensuite dans les joies de la vie éternelle : « Et je leur donne la vie éternelle. »
Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre (Mt 19,27). Quelles paroles solennelles! C'est une grande promesse, c'est une oeuvre sainte et digne de bénédiction de tout quitter et de suivre le Christ. Ces paroles ont entraîné des hommes et des femmes à la pauvreté volontaire, elles ont fait naître les monastères, elles ont rempli les cloîtres et les forêts d'i nnombrables moines et ermites. L'Église se réfère à cette parole quand elle chante: Pour me conduire selon ta parole, j'ai gardé le chemin prescrit (Ps 16,4).
C'est une grande chose, en vérité, de tout quitter, mais une plus grande, de suivre le Christ car, comme nous l'apprenons dans les livres, beaucoup ont tout quitté mais n'ont pas suivi le Christ. Suivre le Christ est notre tâche, c'est notre travail, en cela consiste l'essentiel du salut de l'homme, mais nous ne pouvons suivre le Christ si nous n'abandonnons pas tout. Car il s'élance en conquérant joyeux (Ps 18,6) et nul, s'il est chargé d'un fardeau, ne peut le suivre.
Voilà, dit Pierre, que nous avons tout quitté (Mt 19,27), non seulement les biens de ce monde, mais aussi les désirs de notre âme. Car il n'a pas tout abandonné, celui qui reste attaché ne fût-ce qu'à lui-même. Bien plus, cela ne sert à rien d'avoir abandonné tout le reste à l'exception de soi-même, car il n'y a pas pour l'homme de fardeau plus lourd que le moi. Quel tyran est plus cruel, quel maître plus impitoyable pour l'homme que sa volonté propre? <> Par conséquent, il faut que nous abandonnions nos possessions et notre volonté propre, si nous voulons suivre celui qui n'avait pas d'endroit où reposer la tête (Lc 9,58) et qui est venu non pour faire sa volonté, mais pour faire la volonté de celui qui l'a envoyé (Jn 6,38).
Il faut donc que nous quittions tout pour suivre le Christ seul, que nous nous efforcions de plaire au Christ seul, que nous nous attachions à sa bienveillante volonté avec un soin vigilant. Car il est certain qu'aussitôt nous connaîtrons par expérience ce que la Vérité promet à quiconque abandonne tout et marche à sa suite: Il recevra le centuple, dit-elle, et il aura en héritage la vie éternelle (Mt 19,29). Le don du centuple nous est, en effet, un réconfort pour la marche, et la possession de la vie éternelle fera notre bonheur pour toujours dans la patrie céleste.
Mais quel est ce centuple? Simplement, les consolations de l'Esprit doux comme le miel, ses visites et ses premiers fruits. C'est le témoignage de notre conscience, c'est l'heureuse et très joyeuse attente des justes, c'est la mémoire de la surabondante bonté de Dieu, c'est aussi, en vérité, l'immensité de sa douceur. Ceux qui ont fait l'expérience de ces dons n'ont pas besoin qu'on leur en parle, et qui pourrait les décrire avec de simples mots à ceux qui ne l'ont pas faite?
Mais c'est à notre père et maître saint Benoît que la teneur de cet évangile peut le mieux s'appliquer dans sa totalité. Abandonnant dès l'enfance le monde et son éclat, il se mit à poursuivre très rapidement le Christ lancé dans sa course, et il n'eut de cesse qu'il ne l'ait rejoint. <> Que son intercession nous obtienne le réconfort en cette vie et la possession de la vie éternelle, par la grâce de celui qui est venu pour que nous ayons la vie et que nous
l'ayons en abondance, Jésus Christ notre Seigneur, qui est béni dans les siècles! Amen.
C'est une grande chose, en vérité, de tout quitter, mais une plus grande, de suivre le Christ car, comme nous l'apprenons dans les livres, beaucoup ont tout quitté mais n'ont pas suivi le Christ. Suivre le Christ est notre tâche, c'est notre travail, en cela consiste l'essentiel du salut de l'homme, mais nous ne pouvons suivre le Christ si nous n'abandonnons pas tout. Car il s'élance en conquérant joyeux (Ps 18,6) et nul, s'il est chargé d'un fardeau, ne peut le suivre.
Voilà, dit Pierre, que nous avons tout quitté (Mt 19,27), non seulement les biens de ce monde, mais aussi les désirs de notre âme. Car il n'a pas tout abandonné, celui qui reste attaché ne fût-ce qu'à lui-même. Bien plus, cela ne sert à rien d'avoir abandonné tout le reste à l'exception de soi-même, car il n'y a pas pour l'homme de fardeau plus lourd que le moi. Quel tyran est plus cruel, quel maître plus impitoyable pour l'homme que sa volonté propre? <> Par conséquent, il faut que nous abandonnions nos possessions et notre volonté propre, si nous voulons suivre celui qui n'avait pas d'endroit où reposer la tête (Lc 9,58) et qui est venu non pour faire sa volonté, mais pour faire la volonté de celui qui l'a envoyé (Jn 6,38).
Il faut donc que nous quittions tout pour suivre le Christ seul, que nous nous efforcions de plaire au Christ seul, que nous nous attachions à sa bienveillante volonté avec un soin vigilant. Car il est certain qu'aussitôt nous connaîtrons par expérience ce que la Vérité promet à quiconque abandonne tout et marche à sa suite: Il recevra le centuple, dit-elle, et il aura en héritage la vie éternelle (Mt 19,29). Le don du centuple nous est, en effet, un réconfort pour la marche, et la possession de la vie éternelle fera notre bonheur pour toujours dans la patrie céleste.
Mais quel est ce centuple? Simplement, les consolations de l'Esprit doux comme le miel, ses visites et ses premiers fruits. C'est le témoignage de notre conscience, c'est l'heureuse et très joyeuse attente des justes, c'est la mémoire de la surabondante bonté de Dieu, c'est aussi, en vérité, l'immensité de sa douceur. Ceux qui ont fait l'expérience de ces dons n'ont pas besoin qu'on leur en parle, et qui pourrait les décrire avec de simples mots à ceux qui ne l'ont pas faite?
Mais c'est à notre père et maître saint Benoît que la teneur de cet évangile peut le mieux s'appliquer dans sa totalité. Abandonnant dès l'enfance le monde et son éclat, il se mit à poursuivre très rapidement le Christ lancé dans sa course, et il n'eut de cesse qu'il ne l'ait rejoint. <> Que son intercession nous obtienne le réconfort en cette vie et la possession de la vie éternelle, par la grâce de celui qui est venu pour que nous ayons la vie et que nous
l'ayons en abondance, Jésus Christ notre Seigneur, qui est béni dans les siècles! Amen.
Ils célébraient cette fête avec une grande pompe, il leur semblait que la ville de Jérusalem avait recouvré tout son éclat après une si longue captivité.
Efforcez-vous aussi pendant la durée de l'hiver, c'est-à-dire, durant cette vie présente si souvent agitée par les tempêtes de l'iniquité, de célébrer la dédicace spirituelle de votre temple, en vous renouvelant sans cesse vous-même et en disposant dans votre cœur les degrés qui vous élèvent jusqu'à Dieu, alors Jésus viendra à votre rencontre sous le portique de Salomon, et vous fera jouir d'une paix assurée sous son propre toit. Mais dans la vie future, nous n'aurons plus à célébrer les fêtes solennelles de la dédicace.
Après leur avoir déclaré qu'ils ne sont point de ses brebis, il les engage ensuite à le devenir, et leur en donne le moyen : « Mes brebis, leur dit-il, entendent ma voix. »
Mais comment Judas a-t-il péri ? Parce qu'il n'a point persévéré jusqu'à la fin. Or, Jésus-Christ ne veut parler ici que de ceux qui persévèrent, car si quelques brebis se séparent du troupeau, et cessent de suivre le pasteur, elles s'exposent aussitôt aux plus grands dangers.
Quelle parole ! si brève et si
majestueuse ! Les Juifs ont demandé à Jésus de leur révéler clairement et sans ambages sa nature et son
rôle : seront-ils satisfaits maintenant ? - Moi et le Père. Moi et Dieu, comme toutes les fois que
Notre-Seigneur emploie ainsi le mot Père. - Nous sommes un (ἕν ἐσμεν). Il ne dit pas εις, « un », ce qui
signifierait qu'il forme avec Dieu une seule et même personne ; mais ἕν au neutre, une seule chose, une
substance identique, un Dieu unique. Que pourrions-nous ajouter de plus ? Voilà le dogme fondamental du
christianisme énoncé avec la plus grande netteté et la plus grande énergie. C'est le point culminant de la
prédication de N.-S. Jésus-Christ. Le Sauveur va bientôt quitter la terre ; mais auparavant, il aura déclaré
sa divinité en termes aussi lumineux que le jour. Sur ce beau texte, rendu plus célèbre encore par les
controverses qu'il suscita dans l'antiquité, voyez Tertullien, Adv. Prax., 22 ; Hippol. c. Noct. 7 ; S.
Ambroise, De Spiritu sancto, 1, 111, 116 ; S. Aug. Coll. c. Max. 14, etc. Les Ariens osèrent prétendre qu'il
désignait seulement une union morale ; mais il fut aisé de mettre en relief l'absurdité d'une pareille
interprétation.