Jean 11, 27
Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Le Sauveur était encore resté deux jours dans le même endroit, et l'envoyé était arrivé deux jours auparavant, le jour même de la mort de Lazare, c'est donc le quatrième jour que Nôtre-Seigneur vint à Béthanie.
Elle n'a point pris sa sœur avec elle pour aller au-devant de Jésus-Christ, elle veut lui parler en particulier, l'informer de ce qui est arrivé, et ce n'est qu'après que Jésus lui a donné bon espoir qu'elle retourne appeler Marie.
Elle croyait en Jésus-Christ, mais sa foi n'était pas encore ce qu'elle devait être ; elle ne savait pas encore qu'il était Dieu, voilà pourquoi elle lui disait : « Si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Elle ne savait pas encore non plus que Jésus agirait ici en vertu de sa propre puissance, comme nous le voyons dans ce qu'elle dit au Sauveur : « Cependant, maintenant encore, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous le donnera, » elle regarde ici Jésus comme un homme vertueux et aimé de Dieu.
Nôtre-Seigneur lui enseigne alors la vérité qu'elle ne savait point : « Jésus lui répondit : Votre frère ressuscitera. » Il ne lui dit pas : Je demanderai à Dieu qu'il ressuscite. Il ne dit pas non plus : Je n'ai pas besoin de secours, je fais tout de moi-même, ce qui eût paru surprenant à cette femme ; il prend un moyeu terme et lui dit : « Votre frère ressuscitera. »
Marthe avait souvent entendu Jésus-Christ parler de la résurrection ; il lui fait donc connaître ici clairement sa puissance : « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie. » Il loi prouve ainsi qu'il n'a point besoin d'un secours étranger, car si ce secours lui était nécessaire, comment serait-il la résurrection ? S'il est loi-même la vie, il n'est limité par aucun espace, il existe partout, et partent aussi il peut faire sentir sa vertu bienfaisante.
Marthe lui a dit : « Tout ce que vous demanderez, Dieu vous le donnera ; » et Jésus lui répond : « Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra, » il lui apprend ainsi qu'il est le dispensateur de tous les biens, et que c'est à lui qu'il faut les demander, et il élève en même temps son intelligence à de plus hautes pensées, car il ne se proposait pas seulement de ressusciter Lazare, mais de rendre tous ceux qui étaient présents témoins de sa résurrection.
Marthe ne me parait pas avoir compris entièrement ce que Jésus lui avait dit ; elle comprit qu'il s'agissait d'un grand mystère, mais elle ne savait encore ce que c'était ; aussi ne ré-pond-elle pas directement à la question que lui fait le Sauveur.
On peut expliquer ces quatre jours de plusieurs manières différentes, car une même chose peut avoir diverses significations. Le péché que l'homme reçoit avec la transmission de la vie est un premier jour de mort ; la transgression de la loi naturelle est un second jour de mort ; le troisième c'est le mépris de la loi écrite, que Dieu a donnée par Moïse, et la violation de la loi de l'Evangile est le quatrième jour de mort. Or, le Seigneur ne dédaigne pas de venir pour ressusciter de semblables morts.
Elle ne lui dit pas : Je vous prie de ressusciter mon frère ; car comment pouvait-elle savoir qu'il serait utile à son frère de ressusciter ? Elle se contente de dire au Sauveur : « Je sais que vous pouvez le faire, si vous le voulez, mais ce n'est pas à moi, c'est à vous seul qu'il appartient de juger, s'il est utile de le faire. »
Il y avait cependant quelque ambiguïté dans cette expression : « Il ressuscitera, » puisque Jésus ne disait pas : Il va ressusciter actuellement. Aussi Marthe lui dit : « Je sais qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour, » je suis certaine de cette résurrection, mais je ne le suis pas de celle qui aurait lieu immédiatement.
Voici donc l'explication des paroles du Sauveur : « Celui qui croit en moi, fût-il mort (dans son corps), vivra (dans son âme), jusqu'au jour où son corps ressuscitera pour ne plus mourir, car la vie de l'âme c'est la foi. » Il ajoute : « Et quiconque vit (de la vie du corps) et croit en moi (quand bien même il viendrait à perdre pour un temps cette vie du corps), il ne mourra point pour toujours.
Ou bien encore : en croyant que vous êtes le Fils de Dieu, je crois que vous êtes la vie, car celui qui croit en vous, vivra alors même qui perdra la vie du corps.
Nôtre-Seigneur n'était pas encore entré dans le bourg de Béthanie, et c'est au dehors du bourg que Marthe vient au-devant de lui : « Marthe ayant donc appris que Jésus venait, alla au-devant de lui. »
Le dessein de Nôtre-Seigneur en retardant son départ, était de laisser passer quatre jours et de rendre plus glorieuse la résurrection de Lazare : « Jésus vint donc et il le trouva mis dans le sépulcre depuis quatre jours. »
Ou bien encore, le premier péché qui a existé, c'est l'enflure du cœur ; le second, le consentement ; le troisième, l'acte ; le quatrième, l'habitude.
« Or, Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, » c'est-à-dire à deux mille. L'Evangéliste fait cette remarque pour montrer qu'il était très-naturel qu'un grand nombre de Juifs fussent venus de Jérusalem : « Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler de la mort de leur frère ; » Mais comment les Juifs purent-ils venir consoler les amies de Jésus, après avoir décidé que celui qui le reconnaîtrait pour le Christ, serait chassé de la synagogue ? Ils vinrent les consoler ou à cause des convenances dues au malheur, ou par égard pour la condition élevée des deux sœurs de Lazare. Ou bien encore, ceux qui vinrent n'étaient pas de ceux qui s'étaient déclarés contre Jésus ; car un grand nombre d'entre eux croyaient en lui. Or, l'Evangéliste fait mention de cette circonstance, comme preuve que Lazare était véritablement mort.
Je sois la résurrection, par la même raison que je suis la vie, et celui qui un jour doit ressusciter votre frère avec tous les autres hommes, peut aussi bien le ressusciter dès aujourd'hui.
A cause de la vie de l'esprit et de l'immortalité de la résurrection. Le Seigneur, pour qui rien n'est caché, savait que Marthe croyait ces vérités, mais il voulait qu'elle fit extérieurement la profession de foi qui sauve. Il lui demande donc : « Croyez-vous cela ? » Elle lui répondit : « Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde. »
Elle ne fait pas connaître d'abord son dessein à sa sœur, parce qu'elle veut le laisser ignorer à ceux qui étaient présents. Si, en effet, Marie eut appris que Jésus approchait, elle eût été à sa rencontre, et les Juifs qui étaient Tenus l'auraient accompagnés. Or, Marthe ne voulait pas leur faire connaître l'arrivée de Jésus.
Elle paraît douter que Jésus tout absent qu'il était, eût pu, s'il l'eût voulu empêcher son frère de mourir.
1520. Cette confession de Marthe est parfaite. Elle confesse en effet la dignité du Christ, la nature et le don gratuit [dispensatio] de l’Incarnation.
Elle confesse sa dignité royale et sacerdotale en disant : TU ES LE CHRIST. Le mot grec "Christ" se dit en latin unctus. Or les rois et les prêtres sont oints; le Christ est donc roi et prêtre. C’est pourquoi l’Ange dit : Il nous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ Seigneur . Et il est Christ d’une façon unique, parce que tous les autres sont oints d’une huile visible alors que lui est oint d’une huile invisible, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, et plus abondamment que tous les autres — Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons . De préférence à tes compagnons parce que, comme l’Evangéliste le dit plus haut : Ce n’est pas avec mesure que Dieu lui donne l’Esprit .
Elle confesse la nature, c’est-à-dire la nature divine dans le Christ, égale au Père. C’est pourquoi elle dit FILS DU DIEU VIVANT. Car du fait qu’elle l’appelle d’une manière unique : FILS DU DIEU VIVANT, elle annonce la vérité de la filiation; il n’existe pas de vrai Fils de Dieu, si ce n’est celui qui est connaturel au Père. C’est pourquoi il est dit au sujet du Christ : Nous sommes dans le véritable, dans son Fils Jésus-Christ. Celui-ci est le véritable Dieu et la vie éternelle .
Elle confesse le mystère du don gratuit de l’Incarnation lorsqu’elle dit : CELUI QUI EST VENU DANS CE MONDE, c’est-à-dire en assumant la chair — Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde . Pierre confesse pareillement : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant .
1521. Après que l’Évangéliste a commencé à exposer les traits particuliers de Marthe , il poursuit en décrivant ceux de Marie, sa sœur; et d’abord il décrit son appel, puis sa venue à la rencontre du Christ , enfin la dévotion qu’elle témoigna au Christ .
Elle confesse sa dignité royale et sacerdotale en disant : TU ES LE CHRIST. Le mot grec "Christ" se dit en latin unctus. Or les rois et les prêtres sont oints; le Christ est donc roi et prêtre. C’est pourquoi l’Ange dit : Il nous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ Seigneur . Et il est Christ d’une façon unique, parce que tous les autres sont oints d’une huile visible alors que lui est oint d’une huile invisible, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, et plus abondamment que tous les autres — Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons . De préférence à tes compagnons parce que, comme l’Evangéliste le dit plus haut : Ce n’est pas avec mesure que Dieu lui donne l’Esprit .
Elle confesse la nature, c’est-à-dire la nature divine dans le Christ, égale au Père. C’est pourquoi elle dit FILS DU DIEU VIVANT. Car du fait qu’elle l’appelle d’une manière unique : FILS DU DIEU VIVANT, elle annonce la vérité de la filiation; il n’existe pas de vrai Fils de Dieu, si ce n’est celui qui est connaturel au Père. C’est pourquoi il est dit au sujet du Christ : Nous sommes dans le véritable, dans son Fils Jésus-Christ. Celui-ci est le véritable Dieu et la vie éternelle .
Elle confesse le mystère du don gratuit de l’Incarnation lorsqu’elle dit : CELUI QUI EST VENU DANS CE MONDE, c’est-à-dire en assumant la chair — Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde . Pierre confesse pareillement : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant .
1521. Après que l’Évangéliste a commencé à exposer les traits particuliers de Marthe , il poursuit en décrivant ceux de Marie, sa sœur; et d’abord il décrit son appel, puis sa venue à la rencontre du Christ , enfin la dévotion qu’elle témoigna au Christ .
Oui, Seigneur. Elle répond fermement, sans hésiter, par une
noble confession analogue à celle de S. Pierre, Matth. 16, 16. - Je (avec emphase : moi à qui vous adressez
cette question) crois. L’emploi du parfait (j’ai cru) dans le texte latin et grec est remarquable ; il exprime ici
une conviction parfaitement établie, et qui existait déjà depuis un certain temps. - Vous êtes le Christ, Marthe
reconnaît en Jésus le Messie promis à son peuple. Mais elle voit en lui quelque chose de plus : Le Fils du
Dieu vivant. L’épithète vivant, si expressive parce qu’elle contient une frappante allusion aux paroles de
Jésus : « Je suis la résurrection et la vie », manque malheureusement dans le texte grec, et a dû être ajoutée
par un copiste. « Quelle idée théologique Marthe associait-elle au titre de Fils de Dieu ? Sa réponse ne suffit
pas pour le déterminer (avec certitude)… Ce titre exprimait du moins la persuasion que Jésus possédait un
être surhumain. » Haneberg-Schegg, Evang. nach Johannes, t. 2, p. 67 et ss. C’est toujours en des occasions
solennelles, et lorsqu’ils voulaient marquer leurs plus hautes conceptions relativement à leur Maître, que les
disciples l’appelaient Fils de Dieu. Cf. 1, 49 ; Matth. 14, 33 ; 26, 54, etc. Néanmoins, ils ne prenaient pas
toujours ces mots dans le sens métaphysique qu’on leur réserve aujourd’hui. Cf. Tolet, h. l. - Qui êtes venu
en ce monde. Sur cette qualification juive du Messie, voyez Matth. 11, 3 ; Luc. 7, 19, 20, et les
commentaires. L’expression « venir dans le monde » est fréquente dans les écrits de S. Jean (1, 9 ; 3, 19 ; 6,
14 ; 9, 39 ; 12, 46 ; 16, 28 ; 18, 37). Appliquée au Christ, elle désigne sa mission céleste, et représente le
monde comme le théâtre de son ministère. - Euthymius accuse injustement Ste Marthe de n’être pas bien
entrée dans la pensée du Sauveur, et de répondre à une chose par une autre. En vérité, l’incohérence n’existe
qu’à la surface. Marthe « croit que Jésus est la résurrection et la vie, puisqu’elle croit qu’il est le Christ »,
Luthardt. Ces deux dogmes étaient du reste très étroitement unis dans la théologie des anciens Juifs. « Le
Messie ressuscitera ceux qui dorment dans la poussière », lisons-nous au Midrasch Tillin, f. 42, 1, et,
aujourd’hui encore, l’article du symbole israélite qui affirme la résurrection des morts suit immédiatement
celui où il est question de la venue du Messie. Cf. S. Bloch, La foi d’Israël, ses dogmes, son culte, etc., Paris
1859, p. 38-46 ; Précis élémentaire d’instruction religieuse et morale pour les jeunes Français israélites, 12e
édit., p. 30.