Jean 11, 5
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.
Ce qu'il faut savoir tout d'abord, c'est, que ce ne fut pas cette femme de mauvaise vie dont il est parlé dans saint Luc. La sœur de Lazare était une femme vertueuse et empressée à recevoir le Sauveur.
Elles veulent, par ce message, réveiller la compassion pour son ami dans le cœur de Jésus ; car elles agissaient encore avec lui comme avec un homme. Elles ne vinrent point trouver le Sauveur comme le Centurion et l'officier du roi ; mais elles envoient vers lui, parce que la grande intimité qu'elles avaient avec Jésus-Christ leur inspirait une vive confiance dans sa bonté, et que d'ailleurs leur tristesse les retenait chez elles.
La particule ut, afin, n'exprime pas ici la cause, mais ce qui arriva en effet, c'est-à-dire que l'infirmité eut une autre cause, et que Jésus la fit servir à la gloire de Dieu.
L'Evangéliste veut encore nous apprendre, par cette réflexion, à ne point nous attrister lorsque nous voyons des hommes de bien, des amis de Dieu éprouvés par la maladie et la souffrance.
La résurrection de Lazare est un des plus éclatants miracles qu’ait opéré Noire-Seigneur. Mais si nous considérons l'auteur de ce miracle, notre joie doit être plus grande que notre étonnement. Celui qui a ressuscité un homme, est celui-là même qui a créé l'homme ; car, créer l'homme est un acte, de puissance plus grande que de le ressusciter. Or, Lazare était malade à Béthanie, bourg où demeuraient Marthe et Marie, sa sœur, selon la remarque de l'Evangéliste. Ce bourg était proche de Jérusalem.
Ou bien encore, en s'exprimant de la sorte, saint Jean rend témoignage au récit de saint Luc, qui raconte, que ce fait se passa dans la maison d'un pharisien appelé Simon. Marie avait donc déjà répandu des parfums sur la tête de Jésus ; elle renouvela cette action à Béthanie, comme le racontent les trois autres évangélistes, à l'exclusion de saint Luc, qui n'en parle point, parce que ce fait était étranger à son récit.
Lazare était donc atteint d'une langueur mortelle, et le feu dévorant de la fièvre consumait de jour en jour le corps de cet infortuné. Ses deux sœurs lui prodiguaient leurs soins, et, pleines de compassion pour leur jeune frère souffrant, elles restaient constamment près de son lit. Aussi les voyons-nous agir aussitôt dans son intérêt, « Ses sœurs donc envoyèrent dire à Jésus : Seigneur, voilà que celui que vous aimez est malade. »
Elles ne lui disent pas: Venez, et guérissez-le ; elles n'osent lui dire : Commandez là où vous êtes, et la guérison aura lieu ici ; elles se contentent de lui dire : « Voilà que celui que vous aimez est malade, » c'est-à-dire, il suffit que vous en soyez averti, car vous n'abandonnez jamais celui que vous aimez.
La mort elle-même de Lazare n'était pas pour la mort, mais plutôt pour donner lieu à un grand miracle qui fit croire les hommes en Jésus-Christ et leur fit éviter la véritable mort. C'est pour cela qu'il ajoute : « Mais elle est pour la gloire de Dieu. » C'est ainsi qu'il prouve indirectement qu'il est Dieu, contre les hérétiques, qui prétendent que le Fils de Dieu n'est pas Dieu. Nôtre-Seigneur explique, du reste, ces paroles : « Elle est pour la gloire de Dieu, » en ajoutant : « Afin que le Fils de Dieu en soit glorifié, » c'est-à-dire par cette infirmité.
Lazare était malade, ses sœurs dans la tristesse, et tous étaient aimés de Jésus. Ils étaient donc pleins d'espérance, parce qu'ils étaient aimés de celui qui est le consolateur des affligés et le salut des infirmes.
L'Evangéliste venait de dire que le Seigneur était allé au delà du Jourdain, et que c'est alors que Lazare tomba malade : « Or, il y avait un homme malade, nommé Lazare, de Béthanie. » De là vient que dans quelques exemplaires la conjonction copulative se trouve placée en tête de ce récit, de manière à le rattacher à ce qui précède. Le mot Lazare signifie qui a été secouru ; car de tous les morts que Jésus a ressuscites, Lazare est celui qui a reçu le secours le plus signale, puisque non-seulement Il était mort, mais dans le tombeau depuis quatre jours, lorsqu'il fut ressuscité.
Et, comme il y avait plusieurs hommes du nom de Marie, pour nous faire éviter toute erreur, l'Evangéliste caractérise celle, dont il s'agit par une action très connue : « Marie était celle qui oignit de parfum le. Seigneur, » etc.
Ajoutons qu'il ne convient pas à des femmes de sortir trop facilement de leur maison. Mais quelle foi et quelle, confiance dans cette courte prière : « Voilà que celui que vous aimez est malade ! » Elles reconnaissent dans le Seigneur une si grande puissance, qu'il leur paraît surprenant que la maladie ait pu atteindre un homme qui lui était si cher. « Ce qu'entendant Jésus, il leur dit : Cette maladie n'est pas pour la mort. »
1471. Plus haut, le Seigneur a montré sa puissance vivificatrice par la parole , ici il la confirme par un miracle, en ressuscitant quelqu’un d’entre les morts, Lazare. L’Evangéliste montre d’abord la maladie de Lazare et son relèvement, [alors qu’il était] déjà mort ; il expose ensuite les effets de la résurrection .
Il commence par montrer la maladie de Lazare, puis l’annonce de cette maladie , ensuite il donne la raison de ce dont il vient de parler .
A. LA MALADIE DE LAZARE
L’Évangéliste décrit la personne malade, puis le lieu où elle languit, enfin la personne qui lui est intimement unie .
1472. La personne malade, c’est Lazare. Il représente ici celui qui a la foi, qui espère en Dieu, et cependant souffre la maladie du péché, celle dont il est dit : Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis malade. En effet, Lazare a le sens de "secouru par le Seigneur", c’est pourquoi il signifie celui qui espère dans le secours divin — Mon secours vient du Seigneur
1473. Le lieu du malade était Béthanie. Ce Béthanie-là était un bourg proche de Jérusalem, où le Seigneur avait coutume d’être fréquemment reçu, comme l’Evangéliste l’a souvent dit plus haut. Elle a le sens de "maison de l’obéissance". Par là est donné à entendre que si un malade obéit à Dieu, il peut être guéri facilement par lui, de même que le malade obéissant au médecin obtient le bienfait de la Santé plus facilement. C’est pourquoi les serviteurs de Naaman lui dirent Père, quand bien même le prophète t’aurait prescrit quelque chose de grand, certainement tu l’aurais fait !
Ce village de Béthanie était celui de Marie et de Marthe, les sœurs de Lazare elles signifient deux vies, la vie active et la vie contemplative; par là est donné à entendre que, par l’obéissance, l’homme est rendu parfait dans la vie active et dans la vie contemplative.
1474. La personne qui lui est intimement unie était Marie. Parce qu’il vient de mentionner Marie et qu’il y avait plusieurs femmes portant ce nom, pour que nous ne nous trompions pas à cause du nom, il la décrit par une action très connue, disant : CELLE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR DE PARFUM ET LUI ESSUYA LES PIEDS AVEC SES CHEVEUX.
Au sujet de cette Marie, il existe chez les saints une diversité [d'opinions]. Certains, comme Jérôme et Origène disent en effet que cette Marie, sœur de Lazare, n’est pas la même que celle qui était pécheresse, dont il est dit qu’elle apporta un vase d’albâtre plein de parfum, et [que] se tenant par — derrière à ses pieds, elle commença à arroser ses pieds de larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux . C’est pourquoi, comme le dit Chrysostome , Marie ne fut pas cette femme de mauvaise vie dont parle l’évangile de saint Luc. Elle fut en effet droite et ardente dans sa manière de recevoir le Christ — de fait, on tait le nom de cette pécheresse. Et cette Marie a pu avoir fait à l’égard du Christ, au temps de sa Passion, par dévotion et par une dilection spéciale, la même œuvre que fit pour lui cette pécheresse diligente et contrite . Ce fait est ici cité par l’Evangéliste par anticipation, à cause du grand nombre [de femmes] du nom de Marie.
Certains autres, comme Augustin et Grégoire , disent que cette Marie dont on parle ici est la pécheresse dont parle saint Luc . Et Augustin tire argument de cette parole [pour l’affirmer]. En effet, l'Evangéliste parle ici avant que Marie ait oint le Seigneur de parfum, car cela eut lieu alors que la Passion était imminente : Marie donc prit une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, et oignit les pieds de Jésus C’est pourquoi il affirme que le fait que l’Evangéliste mentionne ici à son sujet est rapporté dans le chapitre VII de saint Luc. Quant à Ambroise il soutient l’une et l’autre opinions. Donc selon l’opinion d’Augustin, il est manifeste que la pécheresse dont parle Luc est cette Marie.
DONT LE FRÈRE LAZARE ÉTAIT MALADE : son corps digne de pitié, oppressé par des fièvres brûlantes, portait en lui comme un feu rongeur.
B. LES SŒURS DE LAZARE ANNONCENT SA MALADIE AU CHRIST
1475. L’Évangéliste montre ici l’annonce de la maladie par les sœurs de Lazare, qui étaient auprès du malade, affligées du malheur du jeune homme souffrant.
Dans cette annonce, trois choses sont à considérer. D’abord, que les amis de Dieu sont quelquefois affligés dans leur corps . C’est pourquoi, que quelqu’un soit par fois accablé dans son corps n’est pas le signe qu’il n’est pas l’ami de Dieu, ainsi qu’Eliphaz le reprochait faussement à Job Souviens-toi, je te prie qui a jamais péri innocent? Ou quand des hommes droits ont-ils été détruits ? Et c’est pourquoi elles disent : SEIGNEUR, VOILÀ QUE CELUI QUE TU AIMES EST MALADE — Le Seigneur corrige celui qu’il aime, et comme un père en son fils il met sa complaisance .
Ensuite, elles ne disent pas : "Seigneur viens, guéris-le", mais exposant seulement sa maladie, elles disent : IL EST MALADE . Par là est signifié qu’il suffit à l’ami d’exposer seulement une nécessité, sans ajouter une demande. Car l’ami, puisqu’il veut le bien de son ami comme son propre bien, de même qu’il est soucieux de repousser son mal propre, l’est aussi de repousser le mal de son ami . Et cela est vrai au plus haut point de celui qui aime de la manière la plus vraie — Le Seigneur garde ceux qu’il aime .
Enfin ces deux sœurs, désirant la guérison de leur frère malade, n’allèrent pas personnellement à la rencontre du Christ, comme Jaïre et le centurion et cela à cause de la confiance qu’elles avaient dans le Christ, à cause de la dilection spéciale et de la familiarité que le Christ leur avait témoignées. Et peut-être étaient-elles retenues par l’affliction, comme le dit Chrysostome — Tel est ami pour partager ta table, et qui ne le restera pas au jour du malheur. L’ami, s’il demeure ferme, sera pour toi comme un égal, il agira pour ceux de ta maison en toute confiance .
C. LA RAISON DE CETTE MALADIE
1476. Ici, l’Évangéliste expose la raison de la maladie elle-même. Ensuite, on voit pourquoi , selon Augustin, les sœurs [de Lazare] n’allèrent pas à la rencontre du Christ.
1477. La raison de cette maladie est la glorification du Fils de Dieu. Il faut savoir que parmi les maladies du corps, certaines mènent à la mort, d’autres non. Mènent à la mort celles qui sont envoyées par Dieu de telle sorte que, par elles, certains encourent la mort; mais ne mènent pas à la mort celles qui sont ordonnées à quelque chose d’autre. Car tout mal de peine est infligé par la divine Providence : Y aura t-il un mal dans une cité, que le Seigneur n'aura pas fait ? En revanche, le mal de faute, Dieu n’en est pas l’auteur mais il le punit. Tout ce qui vient de Dieu est ordonné. Et c’est pourquoi tout mal de peine est ordonné à quelque chose, soit à la mort, soit à autre chose . Or cette maladie n’a pas été ordonnée à la mort mais à la gloire de Dieu.
1478. Mais Lazare n’est-il pas mort de cette maladie? Il semble que si. Autrement, il ne sentirait pas après quatre jours passés dans le tombeau, et sa résurrection n’aurait pas été miraculeuse.
Il faut répondre que cette maladie ne fut pas ordonnée à la mort comme à une fin ultime, mais en vue d’autre chose, comme on l’a dit : de sorte que celui qui fut ressuscité, ayant été comme châtié, vive d’une manière juste pour la gloire de Dieu et que le peuple juif, en voyant ce miracle, se convertisse à la foi — Il m’a durement châtié, le Seigneur, et à la mort il ne m’a pas livré .
C’est pourquoi il est dit ensuite : MAIS ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU, AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU. Là, selon Chrysostome , POUR et AFIN QUE ne sont pas pris en un sens causal mais consécutif. En effet, il n’a pas été malade pour que, par cela, Dieu soit glorifié. Mais la maladie est venue d’ailleurs et à partir d’elle il s’en est suivi que le Fils de Dieu fut glorifié en tant que, en ressuscitant [l'homme] il a utilisé [sa maladie] pour la gloire de Dieu.
Toutefois cela est vrai d’une certaine manière et pas d’une autre. On peut en effet considérer deux causes de la maladie de Lazare. L’une est naturelle; et en cela la parole de Chrysostome se vérifie, parce que la maladie de Lazare, selon une cause naturelle, n’était pas ordonnée à la résurrection. L’autre cause peut être considérée comme la divine Providence; et alors la parole de Chrysostome n’a pas la vérité car, pour la divine Providence, une maladie de cette sorte était ordonnée à la gloire de Dieu. Et selon cette [signification], POUR et AFIN QUE sont pris en un sens causal. ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU : bien que n’étant pas ordonnée à cela par l’intention d’une cause naturelle, elle était cependant ordonnée par l’intention de la sagesse divine à la gloire de Dieu, pour que, le miracle accompli, les hommes puissent croire dans le Christ et éviter la vraie mort. C’est pourquoi l’Evangéliste dit : AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU.
Ici, le Seigneur se nomme ouvertement le Fils de Dieu, car lui-même devait être glorifié dans la résurrection de Lazare, et lui-même est le vrai Dieu — Pour que nous soyons dans le véritable, dans son Fils Jésus . — Ni lui, ni ses parents n'ont péché mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu .
1479. Ici, selon Augustin, l’Évangéliste donne la raison pour laquelle les deux sœurs n’allèrent pas à la rencontre du Christ. Et cette raison, il la prend de la confiance en la dilection spéciale [du Christ pour elles]. C’est pourquoi il dit OR JÉSUS AIMAIT MARTHE, ET SA SŒUR MARIE, ET LAZARE. Et certes, celui qui était le consolateur des affligés aimait les sœurs qui étaient affligées et celui qui était le sauveur des malades aimait Lazare malade et mort — Il a aimé les peuples : tous les saints sont dans sa main
Il commence par montrer la maladie de Lazare, puis l’annonce de cette maladie , ensuite il donne la raison de ce dont il vient de parler .
A. LA MALADIE DE LAZARE
L’Évangéliste décrit la personne malade, puis le lieu où elle languit, enfin la personne qui lui est intimement unie .
1472. La personne malade, c’est Lazare. Il représente ici celui qui a la foi, qui espère en Dieu, et cependant souffre la maladie du péché, celle dont il est dit : Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis malade. En effet, Lazare a le sens de "secouru par le Seigneur", c’est pourquoi il signifie celui qui espère dans le secours divin — Mon secours vient du Seigneur
1473. Le lieu du malade était Béthanie. Ce Béthanie-là était un bourg proche de Jérusalem, où le Seigneur avait coutume d’être fréquemment reçu, comme l’Evangéliste l’a souvent dit plus haut. Elle a le sens de "maison de l’obéissance". Par là est donné à entendre que si un malade obéit à Dieu, il peut être guéri facilement par lui, de même que le malade obéissant au médecin obtient le bienfait de la Santé plus facilement. C’est pourquoi les serviteurs de Naaman lui dirent Père, quand bien même le prophète t’aurait prescrit quelque chose de grand, certainement tu l’aurais fait !
Ce village de Béthanie était celui de Marie et de Marthe, les sœurs de Lazare elles signifient deux vies, la vie active et la vie contemplative; par là est donné à entendre que, par l’obéissance, l’homme est rendu parfait dans la vie active et dans la vie contemplative.
1474. La personne qui lui est intimement unie était Marie. Parce qu’il vient de mentionner Marie et qu’il y avait plusieurs femmes portant ce nom, pour que nous ne nous trompions pas à cause du nom, il la décrit par une action très connue, disant : CELLE QUI OIGNIT LE SEIGNEUR DE PARFUM ET LUI ESSUYA LES PIEDS AVEC SES CHEVEUX.
Au sujet de cette Marie, il existe chez les saints une diversité [d'opinions]. Certains, comme Jérôme et Origène disent en effet que cette Marie, sœur de Lazare, n’est pas la même que celle qui était pécheresse, dont il est dit qu’elle apporta un vase d’albâtre plein de parfum, et [que] se tenant par — derrière à ses pieds, elle commença à arroser ses pieds de larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux . C’est pourquoi, comme le dit Chrysostome , Marie ne fut pas cette femme de mauvaise vie dont parle l’évangile de saint Luc. Elle fut en effet droite et ardente dans sa manière de recevoir le Christ — de fait, on tait le nom de cette pécheresse. Et cette Marie a pu avoir fait à l’égard du Christ, au temps de sa Passion, par dévotion et par une dilection spéciale, la même œuvre que fit pour lui cette pécheresse diligente et contrite . Ce fait est ici cité par l’Evangéliste par anticipation, à cause du grand nombre [de femmes] du nom de Marie.
Certains autres, comme Augustin et Grégoire , disent que cette Marie dont on parle ici est la pécheresse dont parle saint Luc . Et Augustin tire argument de cette parole [pour l’affirmer]. En effet, l'Evangéliste parle ici avant que Marie ait oint le Seigneur de parfum, car cela eut lieu alors que la Passion était imminente : Marie donc prit une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, et oignit les pieds de Jésus C’est pourquoi il affirme que le fait que l’Evangéliste mentionne ici à son sujet est rapporté dans le chapitre VII de saint Luc. Quant à Ambroise il soutient l’une et l’autre opinions. Donc selon l’opinion d’Augustin, il est manifeste que la pécheresse dont parle Luc est cette Marie.
DONT LE FRÈRE LAZARE ÉTAIT MALADE : son corps digne de pitié, oppressé par des fièvres brûlantes, portait en lui comme un feu rongeur.
B. LES SŒURS DE LAZARE ANNONCENT SA MALADIE AU CHRIST
1475. L’Évangéliste montre ici l’annonce de la maladie par les sœurs de Lazare, qui étaient auprès du malade, affligées du malheur du jeune homme souffrant.
Dans cette annonce, trois choses sont à considérer. D’abord, que les amis de Dieu sont quelquefois affligés dans leur corps . C’est pourquoi, que quelqu’un soit par fois accablé dans son corps n’est pas le signe qu’il n’est pas l’ami de Dieu, ainsi qu’Eliphaz le reprochait faussement à Job Souviens-toi, je te prie qui a jamais péri innocent? Ou quand des hommes droits ont-ils été détruits ? Et c’est pourquoi elles disent : SEIGNEUR, VOILÀ QUE CELUI QUE TU AIMES EST MALADE — Le Seigneur corrige celui qu’il aime, et comme un père en son fils il met sa complaisance .
Ensuite, elles ne disent pas : "Seigneur viens, guéris-le", mais exposant seulement sa maladie, elles disent : IL EST MALADE . Par là est signifié qu’il suffit à l’ami d’exposer seulement une nécessité, sans ajouter une demande. Car l’ami, puisqu’il veut le bien de son ami comme son propre bien, de même qu’il est soucieux de repousser son mal propre, l’est aussi de repousser le mal de son ami . Et cela est vrai au plus haut point de celui qui aime de la manière la plus vraie — Le Seigneur garde ceux qu’il aime .
Enfin ces deux sœurs, désirant la guérison de leur frère malade, n’allèrent pas personnellement à la rencontre du Christ, comme Jaïre et le centurion et cela à cause de la confiance qu’elles avaient dans le Christ, à cause de la dilection spéciale et de la familiarité que le Christ leur avait témoignées. Et peut-être étaient-elles retenues par l’affliction, comme le dit Chrysostome — Tel est ami pour partager ta table, et qui ne le restera pas au jour du malheur. L’ami, s’il demeure ferme, sera pour toi comme un égal, il agira pour ceux de ta maison en toute confiance .
C. LA RAISON DE CETTE MALADIE
1476. Ici, l’Évangéliste expose la raison de la maladie elle-même. Ensuite, on voit pourquoi , selon Augustin, les sœurs [de Lazare] n’allèrent pas à la rencontre du Christ.
1477. La raison de cette maladie est la glorification du Fils de Dieu. Il faut savoir que parmi les maladies du corps, certaines mènent à la mort, d’autres non. Mènent à la mort celles qui sont envoyées par Dieu de telle sorte que, par elles, certains encourent la mort; mais ne mènent pas à la mort celles qui sont ordonnées à quelque chose d’autre. Car tout mal de peine est infligé par la divine Providence : Y aura t-il un mal dans une cité, que le Seigneur n'aura pas fait ? En revanche, le mal de faute, Dieu n’en est pas l’auteur mais il le punit. Tout ce qui vient de Dieu est ordonné. Et c’est pourquoi tout mal de peine est ordonné à quelque chose, soit à la mort, soit à autre chose . Or cette maladie n’a pas été ordonnée à la mort mais à la gloire de Dieu.
1478. Mais Lazare n’est-il pas mort de cette maladie? Il semble que si. Autrement, il ne sentirait pas après quatre jours passés dans le tombeau, et sa résurrection n’aurait pas été miraculeuse.
Il faut répondre que cette maladie ne fut pas ordonnée à la mort comme à une fin ultime, mais en vue d’autre chose, comme on l’a dit : de sorte que celui qui fut ressuscité, ayant été comme châtié, vive d’une manière juste pour la gloire de Dieu et que le peuple juif, en voyant ce miracle, se convertisse à la foi — Il m’a durement châtié, le Seigneur, et à la mort il ne m’a pas livré .
C’est pourquoi il est dit ensuite : MAIS ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU, AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU. Là, selon Chrysostome , POUR et AFIN QUE ne sont pas pris en un sens causal mais consécutif. En effet, il n’a pas été malade pour que, par cela, Dieu soit glorifié. Mais la maladie est venue d’ailleurs et à partir d’elle il s’en est suivi que le Fils de Dieu fut glorifié en tant que, en ressuscitant [l'homme] il a utilisé [sa maladie] pour la gloire de Dieu.
Toutefois cela est vrai d’une certaine manière et pas d’une autre. On peut en effet considérer deux causes de la maladie de Lazare. L’une est naturelle; et en cela la parole de Chrysostome se vérifie, parce que la maladie de Lazare, selon une cause naturelle, n’était pas ordonnée à la résurrection. L’autre cause peut être considérée comme la divine Providence; et alors la parole de Chrysostome n’a pas la vérité car, pour la divine Providence, une maladie de cette sorte était ordonnée à la gloire de Dieu. Et selon cette [signification], POUR et AFIN QUE sont pris en un sens causal. ELLE EST POUR LA GLOIRE DE DIEU : bien que n’étant pas ordonnée à cela par l’intention d’une cause naturelle, elle était cependant ordonnée par l’intention de la sagesse divine à la gloire de Dieu, pour que, le miracle accompli, les hommes puissent croire dans le Christ et éviter la vraie mort. C’est pourquoi l’Evangéliste dit : AFIN QUE PAR ELLE SOIT GLORIFIÉ LE FILS DE DIEU.
Ici, le Seigneur se nomme ouvertement le Fils de Dieu, car lui-même devait être glorifié dans la résurrection de Lazare, et lui-même est le vrai Dieu — Pour que nous soyons dans le véritable, dans son Fils Jésus . — Ni lui, ni ses parents n'ont péché mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu .
1479. Ici, selon Augustin, l’Évangéliste donne la raison pour laquelle les deux sœurs n’allèrent pas à la rencontre du Christ. Et cette raison, il la prend de la confiance en la dilection spéciale [du Christ pour elles]. C’est pourquoi il dit OR JÉSUS AIMAIT MARTHE, ET SA SŒUR MARIE, ET LAZARE. Et certes, celui qui était le consolateur des affligés aimait les sœurs qui étaient affligées et celui qui était le sauveur des malades aimait Lazare malade et mort — Il a aimé les peuples : tous les saints sont dans sa main
Or Jésus aimait…
Réflexion de l’évangéliste, destinée à préparer le détail du verset 6. Mais il est remarquable que l’expression
employée pour désigner l’affection de Jésus n’est pas le même qu’au verset 3. Là nous lisions φιλεῖς ; ici
nous avons Ἠγάπα. Le premier marque davantage l’inclination naturelle, un attachement plus instinctif, une
relation qui appartient souvent au sentiment ; le second dénote une amitié où la raison a présidé au choix. Le
premier de ces deux termes est donc plus tendre, le second est plus calme et a ordinairement quelque chose
de plus noble. Cf. 21, 15, 17 et le commentaire ; Tittmann, De Synonymis in Novo Testamento, Leipzig
1829, p. 53 ; Trench, Synonymes du N. T., trad. franç., § 12 ; Cremer, Biblisch. Theolog. Woerterbuch der
neutestam. Graecitae. On a expliqué de deux manières ce changement subit de locutions : 1° par la différence
des personnes qui parlent. Au verset 3 ce sont les sœurs de Lazare (Cf. verset 36, où les Juifs se servent aussi
du verbe φιλεω, et il est naturel qu’elles emploient l’expression qui fait mieux ressortir la tendresse de Jésus
pour leur frère ; au verset 5 c’est l’écrivain sacré, et il se sert très naturellement aussi du terme le plus relevé,
le plus digne de son Maître. 2° Par la différence des personnes dont il est parlé. Là (verset 3) il n’est question
que de Lazare ; ici (verset 5) Marthe et Marie sont nommées avec lui, et il était plus convenable de désigner
dans ce second cas l’amitié de Jésus par ἀναπάω : nuance délicate, que les Anglais peuvent exprimer par les
verbes « to love » et « to like ». Heureuse famille de Béthanie, qui avait une si large part à la divine affection
du Sauveur ! - Marthe, et Marie sa sœur… Cette fois Ste Marthe est mentionnée au premier rang (Cf. verset
19), selon son droit d’aînesse très vraisemblable.
45. L’Évangile ne cache pas les sentiments de Jésus à l’égard de Jérusalem, la ville bien-aimée : « Quand Il fut proche, à la vue de la ville, Il pleura sur elle » (Lc 19, 41) et exprima son plus grand regret : « Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! » (19, 42). Les évangélistes, tout en le montrant parfois puissant ou glorieux, ne manquent pas de révéler ses sentiments face à la mort et à la souffrance des amis. Avant de raconter que « Jésus pleura » (Jn 11, 35) sur le tombeau de Lazare, l’Évangile explique qu’« Il aimait Marthe et sa sœur et Lazare » (Jn 11, 5) et que, voyant Marie et ses compagnes pleurer, « Il frémit en son esprit et se troubla » (Jn 11, 33). Le récit ne laisse aucun doute sur le fait qu’il s’agit de pleurs sincères provenant d’un trouble intérieur. Enfin, l’angoisse de Jésus face à sa mort violente de la main de ceux qu’Il aime tant n’est pas non plus cachée : « Il commença à ressentir effroi et angoisse » (Mc 14, 33), au point de dire : « Mon âme est triste à en mourir » (Mc 14, 34). Ce trouble intérieur s’exprime avec toute sa force dans le cri du Crucifié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34).