Jean 12, 16

Cela, ses disciples ne le comprirent pas sur le moment ; mais, quand Jésus fut glorifié, ils se rappelèrent que l’Écriture disait cela de lui : c’était bien ce qu’on lui avait fait.

Cela, ses disciples ne le comprirent pas sur le moment ; mais, quand Jésus fut glorifié, ils se rappelèrent que l’Écriture disait cela de lui : c’était bien ce qu’on lui avait fait.
Saint Augustin
La grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre. Les gens criaient: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Béni soit le roi d'Israël! (Jn 12,12-13) Les rameaux de palmier sont des louanges symbolisant la victoire que le Seigneur allait remporter sur la mort en mourant lui-même, et le triomphe qu'il allait obtenir sur le démon, prince de la mort, par le trophée de la croix.

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël! Cette acclamation doit se comprendre plutôt en ce sens: "Béni soit celui qui vient au nom du Père", bien qu'on puisse aussi comprendre: celui qui vient en son propre nom, parce que lui-même aussi est Seigneur.

Mais ses paroles nous orientent plutôt vers le sens que nous proposons, car il a dit: Moi, je suis venu au nom du Père, et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez (Jn 5,43)! En effet, le Christ est le maître de l'humilité, lui qui s'est abaissé en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix (Ph 2,8). Car il ne perd pas sa divinité lorsqu'il nous enseigne l'humilité. Par celle-là il est égal au Père, par celle-ci il est semblable à nous. Par le fait qu'il est égal au Père, il nous a créés pour que nous existions; par le fait qu'il nous est semblable, il nous a rachetés, pour que nous ne périssions pas.

La foule lui adressait donc ces louanges: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël! Quel supplice l'esprit envieux des chefs des Juifs pouvait-il supporter, quand toute cette foule acclamait le Christ comme son roi! Mais qu'est-ce que cela pouvait représenter pour le Seigneur, d'être le roi d'Israël? Quelle grandeur y avait-il pour le roi des siècles (1Tm 1,17) à devenir un roi pour les hommes? Car le Christ n'était pas roi d'Israël pour exiger l'impôt, pour armer des troupes ni pour terrasser visiblement des ennemis. Il est roi d'Israël pour gouverner des âmes, veiller à leurs intérêts éternels et conduire au Royaume des cieux ceux qui ont mis en lui leur foi, leur espérance, leur amour. Donc, si le Fils égal au Père, le Verbe par qui tout a été fait (Jn 1,3), a voulu être roi d'Israël, ce fut de sa part compassion et non promotion, une marque de miséricorde, non un accroissement de pouvoir. Car celui qui fut appelé sur terre le roi des Juifs, est dans les cieux le Seigneur des anges.

Jésus, trouvant w« petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l'Écriture: N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'un ânesse (Jn 12,15 Za 9,9). Cette fille de Sion, à laquelle sont adressées ces paroles inspirées, faisait partie de ces brebis qui écoutaient la voix du pasteur; elles étaient dans cette foule qui louait avec tant d'enthousiasme la venue du Seigneur, qui l'escortait par un tel cortège. C'est à elle qu'il a été dit: N'aie pas peur (Jn 12,15). Reconnais celui que tu acclames et ne tremble pas devant sa passion, car ce sang qui est répandu, c'est lui qui effacera ton péché et te rendra la vie.
Louis-Claude Fillion
Tout ce verset est propre à S. Jean, et bien conforme à sa manière, qui est à la fois profonde et candide. Voyez des traits analogues, 2, 22 ; 11, 12; 20, 9. - Les disciples ne firent pas attention. Les disciples connaissaient depuis longtemps « ces choses », c'est-à- dire les détails mentionnés dans l'oracle de Zacharie ; mais ils ignoraient alors (au moment de leur réalisation actuelle) qu'elles eussent été écrites au sujet du Messie leur Maître : l'Esprit Saint le leur révéla plus tard. - Mais quand Jésus fut entré... N.-S. Jésus-Christ fut glorifié par sa résurrection et par son ascension. - Ils se souvinrent alors. Cf. Luc. 24, 45. Ils purent, illuminés d'en haut, jeter un coup d'œil rétrospectif sur la vie de Jésus avec des données complètement nouvelles, et la saisir dans ses admirables relations avec les oracles de l'Ancien Testament. - Que ces choses avaient été écrites de lui... Les trois « cela, ces, ce » consécutifs de ce verset produisent un grand effet. Le verbe « ce qu’ils avaient fait » représente les hommages que les Douze avaient offerts à Notre-Seigneur de concert avec la foule, et spécialement la circonstance de l'ânon, car « Ils ne lui firent que ce qui avait été écrit de lui », S. Augustin.