Jean 14, 12
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père,
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père,
Avançons hardiment vers notre Rédempteur Jésus, rejoignons hardiment l'assemblée des saints, le concile des justes. Car nous irons vers ceux qui sont nos frères, vers ceux qui nous ont instruits dans la foi. Ainsi, même si nos oeuvres sont insuffisantes, que la foi vienne à notre secours et préserve notre héritage.
Le Seigneur sera la lumière de tous, et cette vraie lumière qui éclaire tout homme (Jn 1,9) brillera pour tous. Nous irons là où le Seigneur Jésus a préparé des demeures pour ses serviteurs, afin que là où il est, nous soyons nous aussi, car telle est sa volonté. Quelles sont ces demeures? Écoutons-le en parler: Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. Et il nous dit ce qu'il veut: Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi (Jn 14,2-3).
Mais, me direz-vous, il ne parlait ainsi qu'à ses disciples, c'est à eux seuls qu'il promettait ces nombreuses demeures; et où voyez-vous qu'on viendra de partout prendre part au banquet dans le royaume de Dieu?
Comment pouvez-vous mettre en doute l'efficacité de la parole divine? Pour le Christ, vouloir, c'est réaliser. Enfin il a montré le lieu et le chemin, quand il a dit: Où je vais, vous le savez, et vous savez le chemin (Jn 14,4). Le lieu, c'est chez le Père; le chemin, c'est le Christ, comme il l'a dit lui-même: Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jn 14,7).
Entrons dans ce chemin, attachons-nous à la vérité, suivons la vie. Le chemin est ce qui conduit, la vérité est ce qui affermit, la vie est ce qui se donne de soi-même. Et pour que nous comprenions bien ce qu'il veut, il ajoutera plus loin: Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu'ils contemplent ma gloire, Père (cf. Jn 17,24). Il est beau de voir que ce qu'il avait promis auparavant, maintenant il le demande. En effet, parce qu'il avait promis d'abord et qu'il demande maintenant, et non pas le contraire, on voit qu'il a promis d'abord comme étant maître du don, conscient de sa puissance; ensuite il a demandé au Père, comme étant l'interprète de la piété filiale. Il a promis d'abord, pour que vous reconnaissiez son pouvoir. Il a demandé ensuite, pour que vous compreniez sa piété envers le Père.
Nous te suivons, Seigneur Jésus. Mais pour que nous te suivions, appelle-nous, parce que, sans toi, nul ne montera vers toi. Car tu es le chemin, la vérité, la vie. Tu es aussi notre secours, notre foi, notre récompense. Ceux qui sont à toi, accueille-les, toi qui es le chemin; fortifie-les, toi qui es la vérité; vivifie-les, toi qui es la vie.
Le Seigneur sera la lumière de tous, et cette vraie lumière qui éclaire tout homme (Jn 1,9) brillera pour tous. Nous irons là où le Seigneur Jésus a préparé des demeures pour ses serviteurs, afin que là où il est, nous soyons nous aussi, car telle est sa volonté. Quelles sont ces demeures? Écoutons-le en parler: Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. Et il nous dit ce qu'il veut: Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez vous aussi (Jn 14,2-3).
Mais, me direz-vous, il ne parlait ainsi qu'à ses disciples, c'est à eux seuls qu'il promettait ces nombreuses demeures; et où voyez-vous qu'on viendra de partout prendre part au banquet dans le royaume de Dieu?
Comment pouvez-vous mettre en doute l'efficacité de la parole divine? Pour le Christ, vouloir, c'est réaliser. Enfin il a montré le lieu et le chemin, quand il a dit: Où je vais, vous le savez, et vous savez le chemin (Jn 14,4). Le lieu, c'est chez le Père; le chemin, c'est le Christ, comme il l'a dit lui-même: Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jn 14,7).
Entrons dans ce chemin, attachons-nous à la vérité, suivons la vie. Le chemin est ce qui conduit, la vérité est ce qui affermit, la vie est ce qui se donne de soi-même. Et pour que nous comprenions bien ce qu'il veut, il ajoutera plus loin: Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu'ils contemplent ma gloire, Père (cf. Jn 17,24). Il est beau de voir que ce qu'il avait promis auparavant, maintenant il le demande. En effet, parce qu'il avait promis d'abord et qu'il demande maintenant, et non pas le contraire, on voit qu'il a promis d'abord comme étant maître du don, conscient de sa puissance; ensuite il a demandé au Père, comme étant l'interprète de la piété filiale. Il a promis d'abord, pour que vous reconnaissiez son pouvoir. Il a demandé ensuite, pour que vous compreniez sa piété envers le Père.
Nous te suivons, Seigneur Jésus. Mais pour que nous te suivions, appelle-nous, parce que, sans toi, nul ne montera vers toi. Car tu es le chemin, la vérité, la vie. Tu es aussi notre secours, notre foi, notre récompense. Ceux qui sont à toi, accueille-les, toi qui es le chemin; fortifie-les, toi qui es la vérité; vivifie-les, toi qui es la vie.
1892. Ici le Seigneur manifeste sa réponse, en premier lieu à travers les œuvres qu'il fait par lui-même, et en second lieu à travers les œuvres qu'il fera par ses disciples [n° 1897].
Les œuvres faites par le Seigneur lui-même.
Il expose d'abord les œuvres qu'il fait lui-même, puis il conclut par une exhortation sur la foi [n° 1896].
1893. La foi au Christ en tant que Dieu pouvait être manifestée de deux manières : à partir de son enseignement et à partir de ses miracles. Et plus loin le Seigneur dit les deux : Si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché - quant aux miracles ; et si je n'étais pas venu et que je ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché - quant à son enseignement. Et plus haut, les serviteurs des princes des prêtres disent de lui : Jamais un homme n'a parlé ainsi, comme parle cet homme. Et l'aveugle dit de lui : Jamais on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né.
En se servant de ces deux choses, le Seigneur montre sa divinité. Quant au premier point il dit : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, à savoir par l'instrument de mon humanité, JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME, mais de par celui qui est en moi, c'est-à-dire le Père - Moi, ce que j'ai entendu de mon Père, c'est ce que je dis dans le monde. Donc le Père qui parle en moi est en moi. Mais puisque tout ce que dit un homme, il est nécessaire qu'il le tienne du Verbe premier - or le Verbe premier, c'est-à-dire le Verbe de Dieu, est du Père -, il est donc nécessaire que toutes les paroles (verba) que nous disons viennent de Dieu. Quand donc quelqu'un dit des paroles qu'il tient du Père, le Père est en lui.
Quant au second point il dit : LE PÈRE DEMEURANT EN MOI FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES, parce que personne ne pourrait faire les œuvres que moi je fais, sans le Père - Le Fils ne peut rien faire de lui-même.
1894. Mais Chrysostome demande comment le Christ, commençant par des paroles, en est venu aux œuvres. Il a dit en effet : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, et il dit ensuite : LE PÈRE (...) FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES.
Cela se résout de deux manières. D'une première manière selon Chrysostome, qui dit, à la manière dont on les a liés plus haut, qu'il parle d'abord de son enseignement et ensuite de ses miracles. Selon Augustin, il faut dire que les paroles que le Seigneur disait, il les appelle des œuvres : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. C'est pourquoi, lorsqu'il dit : LE PÈRE FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES, il fait comprendre que ses paroles elles-mêmes sont des œuvres.
1895. Mais remarque que c'est à partir de ces deux aspects pris séparément que des hérésies ont trouvé leur appui : parce que ce qu'il dit - JE SUIS DANS LE PÈRE -, Sabellius l'interprète en disant que le Père et le Fils sont le même. Et ce que Jésus dit : JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME, Arius le comprend en concluant à partir de là que le Fils est moindre que le Père. Mais par cela même les hérésies en question sont exclues. Car si le Père et le Fils étaient identiques, comme Sabellius l'imagine, le Fils ne dirait pas : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME. Et si le Fils était moindre que le Père, selon le blasphème d'Arius, il ne dirait pas : LE PÈRE DEMEURANT EN MOI FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES.
1896. Puisqu'à partir des deux affirmations précédentes est manifestée la foi en la Trinité, il conclut en les exhortant à croire : NE CROYEZ-VOUS PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ? En grec il y a CROYEZ - à savoir, à moi - QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI – Ou bien : II est étonnant que vous ne croyiez pas QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI – Comment cela doit être compris, cela a été expliqué plus haut. Mais remarque qu'avant il a parlé seulement à Philippe, alors qu'à partir du moment où il dit : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS..., il parle à tous les Apôtres en même temps. Que si les paroles que moi je vous dis ne suffisent pas à montrer la consubstantialité, du moins CROYEZ À CAUSE DES ŒUVRES ELLES-MÊMES. Plus haut : Les œuvres que le Père m'a données pour que je les accomplisse, ces œuvres mêmes que je fais, rendent témoignage de moi. — Si vous ne voulez pas croire en moi, croyez dans les œuvres.
Les œuvres que le Seigneur devait faire par ses disciples.
1897. Après avoir manifesté ce qu'il avait dit par les œuvres qu'il faisait par lui-même, ici le Seigneur le manifeste par les œuvres qu'il accomplira par ses disciples ; il expose tout d'abord les œuvres des disciples, puis de quelle manière ils œuvrent [n° 1903].
Il commence par exposer les œuvres des disciples et, en second lieu, il donne la raison de ce qui a été dit [n° 1902].
1898. Il dit donc d'abord : AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS, comme s'il disait : les œuvres que moi je fais sont si grandes qu'elles donnent une preuve suffisante de ma divinité ; mais si elles ne vous suffisent pas, regardez les œuvres que je vais faire par d'autres.
En effet, qu'un homme opère, non seulement par lui-même mais encore par d'autres, des choses extraordinaires, c'est le signe par excellence d'une grande puissance ; et c'est pourquoi il dit : AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS : QUI CROIT EN MOI FERA LUI-MÊME AUSSI LES ŒUVRES QUE MOI JE FAIS - et ces paroles montrent non seulement la vérité de la divinité dans le Christ, mais aussi la puissance de la foi, et l'union du Christ avec les croyants. De même en effet que le Christ opère à cause du Père qui demeure en lui par unité de nature, de même aussi les croyants opèrent à cause du Christ qui demeure en eux par la foi - Que le Christ habite dans vos cœurs par la foi
Or les œuvres que le Christ a faites et que les disciples font par la puissance du Christ sont des œuvres miraculeuses - Or voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris.
1899. Mais ce qu'il ajoute est étonnant : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES. D'une première manière on peut comprendre que le Seigneur fait par ses Apôtres des œuvres plus nombreuses et plus grandes que par lui-même. Le plus grand, en effet, parmi les miracles du Christ, fut que des malades étaient guéris au toucher de la frange de son vêtement, comme il est rapporté dans Matthieu. Mais on lit de Pierre dans les Actes des Apôtres que les malades étaient guéris au passage de son ombre. Or il est plus grand de guérir par son ombre que par la frange de son vêtement. Deuxièmement, on peut comprendre que le Christ a fait des œuvres plus nombreuses par les paroles de ses disciples que par les siennes. En effet, le Seigneur parle ici des œuvres qui avaient été faites par des paroles, comme le dit Augustin, et il appelait alors œuvres ces paroles qu'il disait et dont le fruit était leur foi. On lit en effet à propos du Christ dans Matthieu, qu'à ses paroles le jeune homme ne fut pas déterminé à vendre ce qu'il avait et à le suivre. Car, alors qu'il disait au jeune homme : Va, et vends tout ce que tu as, on ajoute : Il s'en alla triste. Mais à propos de Pierre et des autres Apôtres, on lit dans les Actes que ceux à qui ils prêchaient vendaient leurs possessions et tout ce qu'ils avaient et qu'ils en apportaient le prix aux pieds des Apôtres.
1900. Mais quelqu'un pourrait objecter que le Seigneur ne dit pas que ce sont les Apôtres qui feront des œuvres plus grandes, mais [CELUI] QUI CROIT EN MOI – Celui qui n'a pas fait des œuvres plus grandes que le Christ ne doit donc pas être compté parmi ceux qui croient dans le Christ ? Au contraire ! car ce serait dur. Voilà pourquoi il faut comprendre autrement, et dire que le Christ fait une œuvre double. L'une sans nous, et cela va de soi pour ce qui est de créer le ciel et la terre, relever des morts et autres choses du même genre ; l'autre opérée en nous, mais pas sans nous ; et c'est l'œuvre de la foi, par laquelle l'impie est justifié. C'est donc de ces œuvres-là que le Seigneur parle ici, celles qui sont communes au croyant et à lui. Et c'est l'œuvre que le Christ fait en nous, mais pas sans nous : tout homme qui croit fait la même chose, puisque ce qui est fait en moi par Dieu est aussi fait en moi par moi-même, à savoir par mon libre arbitre. C'est pourquoi l'Apôtre dit : Non pas moi - sous-entendu moi seul -, mais la grâce de Dieu avec moi. Et de ces œuvres-là il dit : QUI CROIT EN MOI FERA LUI-MÊME AUSSI LES ŒUVRES QUE MOI JE FAIS, ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES parce qu'il est plus grand de justifier l'impie que de créer le ciel et la terre. Car la justification de l'impie, quant à elle, demeure pour l'éternité - La justice est perpétuelle et immortelle. Le ciel et la terre, eux, passeront, comme il est dit en Luc. De même, parce qu'une œuvre matérielle est ordonnée à une œuvre spirituelle : le ciel et la terre sont une œuvre matérielle, tandis que la justification de l'impie est une œuvre spirituelle.
1901. Mais ici se présente un doute. Car dans la création du ciel et de la terre est incluse aussi la création des saints et des anges bienheureux. Celui qui coopère avec le Christ en vue de sa justification fait-il donc des choses plus grandes que de créer un ange ?
Cela, Augustin ne le détermine pas mais il dit : « Que celui qui le peut juge s'il est plus grand de créer des anges justes que de justifier des hommes impies : certainement, si ces deux choses sont égales en puissance, cette dernière est d'une plus grande miséricorde. » Or si nous regardons avec grande attention de quelles œuvres le Seigneur parle ici, nous ne pouvons préférer la création des anges à la justification de l'impie. En effet, par ce qu'il dit : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES, il ne faut pas entendre toutes les œuvres du Christ, mais peut-être seulement celles qu'il faisait à ce moment-là. Or c'est par la parole de la foi qu'il les faisait : et certes il est moins grand de prêcher les paroles de la justice - ce qu'il a fait sans nous - que de justifier des impies - ce qu'il fait en nous de telle manière que nous le fassions, nous aussi.
1902. Il donne ensuite la raison de ce qui a été dit - que celui-là fera des œuvres plus grandes -, en disant : PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE. Et cela peut être interprété de trois manières, selon Chry-sostome. D'une première manière, en ce sens : moi j'œuvre aussi longtemps que je suis dans le monde mais, une fois que je serai parti, c'est vous qui serez à ma place ; et c'est pourquoi ce que moi je fais, vous, vous le ferez, et même des œuvres plus grandes PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE, et à partir de ce moment-là je ne fais rien par moi-même, c'est-à-dire en prêchant.
D'une autre manière en ce sens : les Juifs croient que, quand j'aurai été tué, la foi [des hommes] en moi va disparaître ; et cela n'est pas vrai, au contraire elle va être augmentée, et vous, vous ferez des œuvres plus grandes PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE ; c'est-à-dire : je ne disparais pas, mais je demeurerai dans ma dignité propre, et je serai dans les cieux - Maintenant a été glorifié le Fils de l'homme \
D'une troisième manière : vous ferez des œuvres plus grandes, et cela PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE ; comme pour dire : étant donné que je serai glorifié davantage, il convient que je fasse des œuvres plus grandes et aussi, que je vous donne les capacités d'en faire de plus grandes. Voilà pourquoi, avant que Jésus eût été glorifié, l'Esprit ne fut pas donné aux disciples dans la plénitude avec laquelle il a été donné plus tard : L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
1903. Le Seigneur indique ici la manière de réaliser les œuvres ; il montre d'abord son intention, puis il en donne la raison [1906].
1904. À ce propos il faut savoir que, puisque le Seigneur a dit : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES, on pourrait croire, puisque c'est d'après la grandeur des œuvres qu'est reconnue la grandeur de celui qui les fait, que celui qui croit dans le Fils de Dieu deviendra plus grand que lui ; le Seigneur exclut cela d'après sa manière de faire, puisque le Fils fait ses œuvres de sa propre autorité, tandis que celui qui croit en lui les fait en faisant appel à lui, et c'est pourquoi il dit : ET TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI.
Et là l'égalité des croyants avec le Fils est exclue de trois manières. Premièrement, parce que ceux-là, comme nous l'avons dit, font les œuvres en faisant appel ; c'est pourquoi il dit : TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ - Quiconque demande, reçoit*. Deuxièmement, parce qu'ils les font par la puissance du Fils : aussi dit-il EN MON NOM, c'est-à-dire par la puissance de mon nom - Il n'est pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. Ce nom en effet est au-dessus de tout nom - Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire. Troisièmement, parce que c'est le Fils lui-même qui fait en eux et par eux toutes les œuvres, c'est pourquoi il dit : JE LE FERAI – Et remarque que c'est au Père qu'on demande et que c'est le Fils qui fait : parce que les œuvres du Père et du Fils sont indivisibles - Tout ce que le Père fait, cela le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père fait tout par le Fils - Tout a été fait par lui.
1905. Mais pourquoi dit-il : TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI, alors que nous voyons de ses fidèles demander et ne pas recevoir ?
Mais, selon Augustin, ici il faut d'abord considérer ce qu'il dit, à savoir EN MON NOM, puis ce qu'il ajoute : JE LE FERAI.
En effet, le nom du Christ est le nom du salut - Tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Celui donc qui demande quelque chose se rapportant au salut, demande au nom du Christ. Mais il arrive que quelqu'un demande des choses qui ne se rapportent pas au salut pour deux raisons. En raison d'une affection mauvaise ; par exemple, lorsqu'il demande que lui soit accordée quelque chose qui cependant, s'il l'avait, empêcherait son salut. Et c'est pourquoi celui qui demande ainsi n'est pas exaucé parce qu'il demande mal - Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal. En effet, lorsque quelqu'un, à cause d'une affection mauvaise, usera mal de ce qu'il veut recevoir, ce sera une plus grande miséricorde du Seigneur qu'il ne le reçoive pas, parce que le Seigneur ne l'aura pas exaucé selon sa demande mais plutôt en vue de son bien. Car le Seigneur, qui est bon, refuse souvent ce que nous demandons afin d'accorder ce que nous aurions préféré.
Deuxièmement, en raison d'une ignorance, étant donné que parfois quelqu'un demande ce qu'il croit être avantageux pour lui et qui cependant ne l'est pas. Mais c'est plutôt parce qu'il veille sur eux que le Seigneur ne fait pas ce qu'ils demandent. Car Paul, qui a travaillé plus que tous, a demandé par trois fois au Seigneur que s'éloignât de lui l'aiguillon de la chair, et cependant il n'obtint pas ce qu'il demandait parce que cela n'était pas avantageux pour lui - En effet, nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. - Vous ne savez pas ce que vous demandez. Il apparaît donc que lorsque nous demandons quelque chose en son nom, c'est-à-dire au nom de Jésus Christ, cela, lui-même le fera.
Or il dit : JE LE FERAI, dans le futur, et non pas : je le fais, à présent, parce que parfois il tarde à faire ce que nous demandons en vue d'augmenter notre désir, et pour que cela se fasse au moment qui convient - Je vous donnerai les pluies en leur temps. - Au jour du salut je t'ai exaucé. Il arrive aussi quelquefois que nous demandions pour un autre, pour lequel peut-être nous ne sommes pas exaucés ; c'est qu'alors sa conduite y fait obstacle - Toi donc, ne prie pas pour ce peuple (...) parce que je ne t'exaucerai point. - Quand même Moïse et Samuel se présenteraient devant moi, mon âme ne serait pas pour ce peuple.
1906. Ce passage est lu ainsi par Augustin ET TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI – Comme s'il y avait ici un point. Et il reprend : AFIN QUE LE PÈRE SOIT GLORIFIÉ DANS LE FILS, SI VOUS ME DEMANDEZ QUELQUE CHOSE EN MON NOM, JE LE FERAI ; comme pour dire : la raison pour laquelle je ferai ce que vous demanderez en mon nom, c'est AFIN QUE LE PÈRE SOIT GLORIFIÉ DANS LE FILS, et tout ce que fait le Fils est ordonné à la gloire du Père - Je ne cherche pas ma gloire.
Ainsi, nous aussi devons ordonner toutes nos œuvres à la gloire de Dieu - Faites tout pour la gloire de Dieu.
Les œuvres faites par le Seigneur lui-même.
Il expose d'abord les œuvres qu'il fait lui-même, puis il conclut par une exhortation sur la foi [n° 1896].
1893. La foi au Christ en tant que Dieu pouvait être manifestée de deux manières : à partir de son enseignement et à partir de ses miracles. Et plus loin le Seigneur dit les deux : Si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché - quant aux miracles ; et si je n'étais pas venu et que je ne leur avais pas parlé, ils n'auraient pas de péché - quant à son enseignement. Et plus haut, les serviteurs des princes des prêtres disent de lui : Jamais un homme n'a parlé ainsi, comme parle cet homme. Et l'aveugle dit de lui : Jamais on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né.
En se servant de ces deux choses, le Seigneur montre sa divinité. Quant au premier point il dit : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, à savoir par l'instrument de mon humanité, JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME, mais de par celui qui est en moi, c'est-à-dire le Père - Moi, ce que j'ai entendu de mon Père, c'est ce que je dis dans le monde. Donc le Père qui parle en moi est en moi. Mais puisque tout ce que dit un homme, il est nécessaire qu'il le tienne du Verbe premier - or le Verbe premier, c'est-à-dire le Verbe de Dieu, est du Père -, il est donc nécessaire que toutes les paroles (verba) que nous disons viennent de Dieu. Quand donc quelqu'un dit des paroles qu'il tient du Père, le Père est en lui.
Quant au second point il dit : LE PÈRE DEMEURANT EN MOI FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES, parce que personne ne pourrait faire les œuvres que moi je fais, sans le Père - Le Fils ne peut rien faire de lui-même.
1894. Mais Chrysostome demande comment le Christ, commençant par des paroles, en est venu aux œuvres. Il a dit en effet : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, et il dit ensuite : LE PÈRE (...) FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES.
Cela se résout de deux manières. D'une première manière selon Chrysostome, qui dit, à la manière dont on les a liés plus haut, qu'il parle d'abord de son enseignement et ensuite de ses miracles. Selon Augustin, il faut dire que les paroles que le Seigneur disait, il les appelle des œuvres : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. C'est pourquoi, lorsqu'il dit : LE PÈRE FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES, il fait comprendre que ses paroles elles-mêmes sont des œuvres.
1895. Mais remarque que c'est à partir de ces deux aspects pris séparément que des hérésies ont trouvé leur appui : parce que ce qu'il dit - JE SUIS DANS LE PÈRE -, Sabellius l'interprète en disant que le Père et le Fils sont le même. Et ce que Jésus dit : JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME, Arius le comprend en concluant à partir de là que le Fils est moindre que le Père. Mais par cela même les hérésies en question sont exclues. Car si le Père et le Fils étaient identiques, comme Sabellius l'imagine, le Fils ne dirait pas : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS, JE NE LES DIS PAS DE MOI-MÊME. Et si le Fils était moindre que le Père, selon le blasphème d'Arius, il ne dirait pas : LE PÈRE DEMEURANT EN MOI FAIT LUI-MÊME LES ŒUVRES.
1896. Puisqu'à partir des deux affirmations précédentes est manifestée la foi en la Trinité, il conclut en les exhortant à croire : NE CROYEZ-VOUS PAS QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI ? En grec il y a CROYEZ - à savoir, à moi - QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI – Ou bien : II est étonnant que vous ne croyiez pas QUE MOI JE SUIS DANS LE PÈRE ET QUE LE PÈRE EST EN MOI – Comment cela doit être compris, cela a été expliqué plus haut. Mais remarque qu'avant il a parlé seulement à Philippe, alors qu'à partir du moment où il dit : LES PAROLES QUE MOI JE VOUS DIS..., il parle à tous les Apôtres en même temps. Que si les paroles que moi je vous dis ne suffisent pas à montrer la consubstantialité, du moins CROYEZ À CAUSE DES ŒUVRES ELLES-MÊMES. Plus haut : Les œuvres que le Père m'a données pour que je les accomplisse, ces œuvres mêmes que je fais, rendent témoignage de moi. — Si vous ne voulez pas croire en moi, croyez dans les œuvres.
Les œuvres que le Seigneur devait faire par ses disciples.
1897. Après avoir manifesté ce qu'il avait dit par les œuvres qu'il faisait par lui-même, ici le Seigneur le manifeste par les œuvres qu'il accomplira par ses disciples ; il expose tout d'abord les œuvres des disciples, puis de quelle manière ils œuvrent [n° 1903].
Il commence par exposer les œuvres des disciples et, en second lieu, il donne la raison de ce qui a été dit [n° 1902].
1898. Il dit donc d'abord : AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS, comme s'il disait : les œuvres que moi je fais sont si grandes qu'elles donnent une preuve suffisante de ma divinité ; mais si elles ne vous suffisent pas, regardez les œuvres que je vais faire par d'autres.
En effet, qu'un homme opère, non seulement par lui-même mais encore par d'autres, des choses extraordinaires, c'est le signe par excellence d'une grande puissance ; et c'est pourquoi il dit : AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS : QUI CROIT EN MOI FERA LUI-MÊME AUSSI LES ŒUVRES QUE MOI JE FAIS - et ces paroles montrent non seulement la vérité de la divinité dans le Christ, mais aussi la puissance de la foi, et l'union du Christ avec les croyants. De même en effet que le Christ opère à cause du Père qui demeure en lui par unité de nature, de même aussi les croyants opèrent à cause du Christ qui demeure en eux par la foi - Que le Christ habite dans vos cœurs par la foi
Or les œuvres que le Christ a faites et que les disciples font par la puissance du Christ sont des œuvres miraculeuses - Or voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris.
1899. Mais ce qu'il ajoute est étonnant : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES. D'une première manière on peut comprendre que le Seigneur fait par ses Apôtres des œuvres plus nombreuses et plus grandes que par lui-même. Le plus grand, en effet, parmi les miracles du Christ, fut que des malades étaient guéris au toucher de la frange de son vêtement, comme il est rapporté dans Matthieu. Mais on lit de Pierre dans les Actes des Apôtres que les malades étaient guéris au passage de son ombre. Or il est plus grand de guérir par son ombre que par la frange de son vêtement. Deuxièmement, on peut comprendre que le Christ a fait des œuvres plus nombreuses par les paroles de ses disciples que par les siennes. En effet, le Seigneur parle ici des œuvres qui avaient été faites par des paroles, comme le dit Augustin, et il appelait alors œuvres ces paroles qu'il disait et dont le fruit était leur foi. On lit en effet à propos du Christ dans Matthieu, qu'à ses paroles le jeune homme ne fut pas déterminé à vendre ce qu'il avait et à le suivre. Car, alors qu'il disait au jeune homme : Va, et vends tout ce que tu as, on ajoute : Il s'en alla triste. Mais à propos de Pierre et des autres Apôtres, on lit dans les Actes que ceux à qui ils prêchaient vendaient leurs possessions et tout ce qu'ils avaient et qu'ils en apportaient le prix aux pieds des Apôtres.
1900. Mais quelqu'un pourrait objecter que le Seigneur ne dit pas que ce sont les Apôtres qui feront des œuvres plus grandes, mais [CELUI] QUI CROIT EN MOI – Celui qui n'a pas fait des œuvres plus grandes que le Christ ne doit donc pas être compté parmi ceux qui croient dans le Christ ? Au contraire ! car ce serait dur. Voilà pourquoi il faut comprendre autrement, et dire que le Christ fait une œuvre double. L'une sans nous, et cela va de soi pour ce qui est de créer le ciel et la terre, relever des morts et autres choses du même genre ; l'autre opérée en nous, mais pas sans nous ; et c'est l'œuvre de la foi, par laquelle l'impie est justifié. C'est donc de ces œuvres-là que le Seigneur parle ici, celles qui sont communes au croyant et à lui. Et c'est l'œuvre que le Christ fait en nous, mais pas sans nous : tout homme qui croit fait la même chose, puisque ce qui est fait en moi par Dieu est aussi fait en moi par moi-même, à savoir par mon libre arbitre. C'est pourquoi l'Apôtre dit : Non pas moi - sous-entendu moi seul -, mais la grâce de Dieu avec moi. Et de ces œuvres-là il dit : QUI CROIT EN MOI FERA LUI-MÊME AUSSI LES ŒUVRES QUE MOI JE FAIS, ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES parce qu'il est plus grand de justifier l'impie que de créer le ciel et la terre. Car la justification de l'impie, quant à elle, demeure pour l'éternité - La justice est perpétuelle et immortelle. Le ciel et la terre, eux, passeront, comme il est dit en Luc. De même, parce qu'une œuvre matérielle est ordonnée à une œuvre spirituelle : le ciel et la terre sont une œuvre matérielle, tandis que la justification de l'impie est une œuvre spirituelle.
1901. Mais ici se présente un doute. Car dans la création du ciel et de la terre est incluse aussi la création des saints et des anges bienheureux. Celui qui coopère avec le Christ en vue de sa justification fait-il donc des choses plus grandes que de créer un ange ?
Cela, Augustin ne le détermine pas mais il dit : « Que celui qui le peut juge s'il est plus grand de créer des anges justes que de justifier des hommes impies : certainement, si ces deux choses sont égales en puissance, cette dernière est d'une plus grande miséricorde. » Or si nous regardons avec grande attention de quelles œuvres le Seigneur parle ici, nous ne pouvons préférer la création des anges à la justification de l'impie. En effet, par ce qu'il dit : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES, il ne faut pas entendre toutes les œuvres du Christ, mais peut-être seulement celles qu'il faisait à ce moment-là. Or c'est par la parole de la foi qu'il les faisait : et certes il est moins grand de prêcher les paroles de la justice - ce qu'il a fait sans nous - que de justifier des impies - ce qu'il fait en nous de telle manière que nous le fassions, nous aussi.
1902. Il donne ensuite la raison de ce qui a été dit - que celui-là fera des œuvres plus grandes -, en disant : PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE. Et cela peut être interprété de trois manières, selon Chry-sostome. D'une première manière, en ce sens : moi j'œuvre aussi longtemps que je suis dans le monde mais, une fois que je serai parti, c'est vous qui serez à ma place ; et c'est pourquoi ce que moi je fais, vous, vous le ferez, et même des œuvres plus grandes PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE, et à partir de ce moment-là je ne fais rien par moi-même, c'est-à-dire en prêchant.
D'une autre manière en ce sens : les Juifs croient que, quand j'aurai été tué, la foi [des hommes] en moi va disparaître ; et cela n'est pas vrai, au contraire elle va être augmentée, et vous, vous ferez des œuvres plus grandes PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE ; c'est-à-dire : je ne disparais pas, mais je demeurerai dans ma dignité propre, et je serai dans les cieux - Maintenant a été glorifié le Fils de l'homme \
D'une troisième manière : vous ferez des œuvres plus grandes, et cela PARCE QUE MOI JE VAIS VERS LE PÈRE ; comme pour dire : étant donné que je serai glorifié davantage, il convient que je fasse des œuvres plus grandes et aussi, que je vous donne les capacités d'en faire de plus grandes. Voilà pourquoi, avant que Jésus eût été glorifié, l'Esprit ne fut pas donné aux disciples dans la plénitude avec laquelle il a été donné plus tard : L'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
1903. Le Seigneur indique ici la manière de réaliser les œuvres ; il montre d'abord son intention, puis il en donne la raison [1906].
1904. À ce propos il faut savoir que, puisque le Seigneur a dit : ET IL EN FERA DE PLUS GRANDES, on pourrait croire, puisque c'est d'après la grandeur des œuvres qu'est reconnue la grandeur de celui qui les fait, que celui qui croit dans le Fils de Dieu deviendra plus grand que lui ; le Seigneur exclut cela d'après sa manière de faire, puisque le Fils fait ses œuvres de sa propre autorité, tandis que celui qui croit en lui les fait en faisant appel à lui, et c'est pourquoi il dit : ET TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI.
Et là l'égalité des croyants avec le Fils est exclue de trois manières. Premièrement, parce que ceux-là, comme nous l'avons dit, font les œuvres en faisant appel ; c'est pourquoi il dit : TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ - Quiconque demande, reçoit*. Deuxièmement, parce qu'ils les font par la puissance du Fils : aussi dit-il EN MON NOM, c'est-à-dire par la puissance de mon nom - Il n'est pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. Ce nom en effet est au-dessus de tout nom - Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire. Troisièmement, parce que c'est le Fils lui-même qui fait en eux et par eux toutes les œuvres, c'est pourquoi il dit : JE LE FERAI – Et remarque que c'est au Père qu'on demande et que c'est le Fils qui fait : parce que les œuvres du Père et du Fils sont indivisibles - Tout ce que le Père fait, cela le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père fait tout par le Fils - Tout a été fait par lui.
1905. Mais pourquoi dit-il : TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI, alors que nous voyons de ses fidèles demander et ne pas recevoir ?
Mais, selon Augustin, ici il faut d'abord considérer ce qu'il dit, à savoir EN MON NOM, puis ce qu'il ajoute : JE LE FERAI.
En effet, le nom du Christ est le nom du salut - Tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Celui donc qui demande quelque chose se rapportant au salut, demande au nom du Christ. Mais il arrive que quelqu'un demande des choses qui ne se rapportent pas au salut pour deux raisons. En raison d'une affection mauvaise ; par exemple, lorsqu'il demande que lui soit accordée quelque chose qui cependant, s'il l'avait, empêcherait son salut. Et c'est pourquoi celui qui demande ainsi n'est pas exaucé parce qu'il demande mal - Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal. En effet, lorsque quelqu'un, à cause d'une affection mauvaise, usera mal de ce qu'il veut recevoir, ce sera une plus grande miséricorde du Seigneur qu'il ne le reçoive pas, parce que le Seigneur ne l'aura pas exaucé selon sa demande mais plutôt en vue de son bien. Car le Seigneur, qui est bon, refuse souvent ce que nous demandons afin d'accorder ce que nous aurions préféré.
Deuxièmement, en raison d'une ignorance, étant donné que parfois quelqu'un demande ce qu'il croit être avantageux pour lui et qui cependant ne l'est pas. Mais c'est plutôt parce qu'il veille sur eux que le Seigneur ne fait pas ce qu'ils demandent. Car Paul, qui a travaillé plus que tous, a demandé par trois fois au Seigneur que s'éloignât de lui l'aiguillon de la chair, et cependant il n'obtint pas ce qu'il demandait parce que cela n'était pas avantageux pour lui - En effet, nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. - Vous ne savez pas ce que vous demandez. Il apparaît donc que lorsque nous demandons quelque chose en son nom, c'est-à-dire au nom de Jésus Christ, cela, lui-même le fera.
Or il dit : JE LE FERAI, dans le futur, et non pas : je le fais, à présent, parce que parfois il tarde à faire ce que nous demandons en vue d'augmenter notre désir, et pour que cela se fasse au moment qui convient - Je vous donnerai les pluies en leur temps. - Au jour du salut je t'ai exaucé. Il arrive aussi quelquefois que nous demandions pour un autre, pour lequel peut-être nous ne sommes pas exaucés ; c'est qu'alors sa conduite y fait obstacle - Toi donc, ne prie pas pour ce peuple (...) parce que je ne t'exaucerai point. - Quand même Moïse et Samuel se présenteraient devant moi, mon âme ne serait pas pour ce peuple.
1906. Ce passage est lu ainsi par Augustin ET TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ AU PÈRE EN MON NOM, JE LE FERAI – Comme s'il y avait ici un point. Et il reprend : AFIN QUE LE PÈRE SOIT GLORIFIÉ DANS LE FILS, SI VOUS ME DEMANDEZ QUELQUE CHOSE EN MON NOM, JE LE FERAI ; comme pour dire : la raison pour laquelle je ferai ce que vous demanderez en mon nom, c'est AFIN QUE LE PÈRE SOIT GLORIFIÉ DANS LE FILS, et tout ce que fait le Fils est ordonné à la gloire du Père - Je ne cherche pas ma gloire.
Ainsi, nous aussi devons ordonner toutes nos œuvres à la gloire de Dieu - Faites tout pour la gloire de Dieu.
Première consolation : les prières des intimes amis de Jésus recevront au ciel l'accueil le plus favorable, car
la gloire du Père y est intéressée, vv. 12b-14. Cette magnifique promesse est introduite par le serment
accoutumé du Sauveur, en vérité, en vérité, je vous le dis. - Celui qui croit en moi. La tournure grecque
exprime plus fortement encore la nécessité d'une foi stable et perpétuelle, condition exigée par Jésus pour
l'accomplissement de sa promesse. - Les œuvres que je fais. Ces œuvres, naguère mentionnées comme une
des preuves les plus convaincantes de la divinité du Christ, étaient assurément, l'évangile entier en est
témoin, supérieures à tout ce qui avait paru auparavant sur la terre. Et pourtant, Jésus daignera les continuer,
les renouveler dans la personne de ses disciples. - Le Sauveur daigne ajouter : et il en fera de plus grandes :
ce qu'on a parfois appliqué à divers miracles de S. Pierre, de S. Paul, ou des autres apôtres, que Jésus n'avait
pas accomplis personnellement. Cf. Marc. 16, 15 ; Act. 5, 15 ; 13, 8 ; 19, 12 etc. Mais la prédiction porte plus
haut et plus loin que cela. Notre-Seigneur parle d'œuvres en général, et pas seulement de prodiges matériels ;
et il est probable qu'il faisait allusion, d'une part à sa prédication et à son ministère, lesquels avaient été très
restreints sous le rapport de l'espace et de la durée ; de l'autre au ministère et à la prédication des apôtres, qui
devaient avoir l'univers entier pour théâtre. « Quand les disciples évangélisèrent… les Gentils crurent aussi.
C’est, sans aucun doute, une grande chose », S. Augustin, h. l. - Parce que je m’en vais auprès du Père. Ces
mots ont pour but de motiver la déclaration qui précède ; mais quel est au juste le motif ? Deux opinions se
sont formées sur ce point. D'après les uns, Jésus voudrait indiquer que son prochain départ devant
nécessairement mettre fin à son activité personnelle, il achèverait par ses disciples ce qu'il ne pourrait
continuer par lui-même. Selon les autres, les apôtres seraient précisément rendus capables de si grandes
choses par le retour de Jésus au ciel ; car alors, du sein de sa gloire, leur Maître leur prêterait son
tout-puissant concours. Nous préférons ce second sentiment, qui nous paraît exigé par le contexte, vv. 13-14.
« Des œuvres plus grandes : a. Notre-Seigneur ne sortit pas de la Palestine : les Apôtres évangéliseront le monde et étendront par toute la terre la doctrine de Jésus-Christ ; b. Les miracles de Jésus rendant la vue aux aveugles, ressuscitant les morts, etc., n’étaient que la figure des œuvres plus excellentes que devaient faire les Apôtres en administrant les sacrements, dans lesquels, non [seulement] le corps, mais l’âme est éclairée, guérie, etc. ― Parce que : Jésus donnera du haut du Ciel ce pouvoir à ses Apôtres. » (CRAMPON, 1885)