Jean 14, 17

l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.

l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
Didyme d'Alexandrie
Notre-Seigneur appelle l'Esprit saint un autre con solateur, non qu'il ait une nature autre que la sienne, mais parce que son opération est différente. Le Sauveur était venu pour remplir l'office de médiateur et d'ambassadeur, et comme un pontife qui devait prier pour nos péchés, l'Esprit saint reçoit le nom de Paraclet ou de consolateur dans un autre sens, parce que sa mission est de consoler ceux qui sont dans la tristesse. Mais de cette diversité d'opérations, il faut se garder de conclure à la différence de natures, puisque nous voyons dans un autre endroit l'Esprit consolateur remplir près du Père l'office d'ambassadeur. «L'Esprit lui-même, dit saint Paul, demande pour nous par des gémissements inénarrables» ( Rm 8, 20). Le Sauveur, de son côté, répand la consolation dans les coeurs affligés, car il est écrit: «Il a consolé tous les humbles de son peuple» ( 1 M 14, 14).
Saint Jean Chrysostome
Les paroles que Notre-Seigneur venait de dire: «Tout ce que vous demanderez, je le ferai», pouvaient donner aux Apôtres la pensée que toute prière indistinctement devait être exaucée; il se hâte donc de prévenir cette idée, en ajoutant: «Si vous m'aimez, gardez mes commandements»; comme s'il leur disait: C'est à cette condition que j'exaucerai vos prières. Ou bien encore, comme la nouvelle qu'il venait de leur apprendre, qu'il allait à son Père, devait naturellement les jeter dans le trouble, il leur dit: «L'amour que vous devez avoir pour moi, ne doit point avoir pour effet de troubler votre âme, mais de vous faire accomplir mes commandements; car l'amour consista à obéir et à croire à celui qu'on aime». Il prévoit aussi qu'ils devaient désirer vivement cette présence extérieure et cette consolation sensible dont ils avaient joui jusqu'à présent, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Et moi, je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet».

Le Sauveur dit: «Je prierai mon Père» pour rendre ses paroles plus dignes de foi: car s'il avait dit simplement: Je vous enverrai un autre consolateur, ils ne l'auraien t pas cru aussi facilement.

Qu'aurait-il eu, en effet, de plus que les apôtres, s'il avait dû prier son Père pour qu'il envoyât l'Esprit saint, alors que nous voyons les apôtres eux-mêmes le communiquer aux autres, sans avoir recours à la prière?

Il leur promet que l'Esprit saint demeurera avec eux éternellement, parce qu'il ne les quittera même pas après leur mort; et il leur enseigne indirectement, par là même, que l'Esprit saint ne doit ni souffrir la mort comme lui, ni se séparer d'eux. Et pour éloigner de leur esprit la pensée d'une nouvelle incarnation qui rendrait le Saint-Esprit visible à leurs yeux, il ajoute: «L'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point».

Il l'appelle l'Esprit de vérité, parce que c'est lui qui nous révèle le sens des figures de l'Ancien Testament; le monde ici, ce sont les méchants; et voir, c'est connaître avec certitude, parce que la vue est le plus clair de tous les sens.

C'est-à-dire il ne demeurera pas au milie u de vous comme j'y suis demeuré moi-même, mais il habitera dans vos âmes.

Par ces seules paroles, Notre-Seigneur renverse d'un seul coup deux hérésies contraires. En disant: «Je vous enverrai un autre», il établit la différence de personnes; e t en lui donnant le nom de consolateur, l'identité de nature.

Lorsque Jésus eut purifié ses disciples par le sacrifice de sa passion, que leurs péchés furent effacés et que le temps fut venu de les envoyer affronter les dangers et les combats, ils eurent besoin de recevoir l'Esprit saint dans toute sa plénitude. Il ne leur fut point donné aussitôt sa résurrection, afin que leurs désirs plus ardents fussent une préparation à recevoir l'abondance de ses grâces.
Saint Augustin
En parlant ainsi, il fait voir qu'il est lui-même un Paraclet. Le mot Paraclet veut dire, en latin, avocat, et saint Jean dit du Sauveur: «Nous avons pour avocat auprès du Père, Notre-Seigneur Jésus-Christ» (Jn 1).

Et cependant pour montrer que ses oeuvres ne sont point distinctes de celles du Père, il dit ailleurs: «Lorsque je m'en serai allé, je vous l'enverrai» ( Jn 16).

Cet Esprit saint est une des personnes de la sainte Trinité, et la foi catholique le proclame consubstantiel et coéternel au Père et au Fils.

Notre-Seigneur déclare que le monde (c'est-à-dire ceux qui aiment le monde), ne peuvent recevoir l'Esprit saint, comme si nous disions: L'injustice ne peut être juste. Le monde donc, c'est-à-dire ceux qui aiment le monde, ne peuvent recevoir l'Esprit saint, parce qu'il ne le voit point. En effet, l'amour du monde est privé de ces yeux invisibles par lesquels nous ne pouvons voir l'Esprit saint que d'une manière invisible. «Pour vous, vous le connaîtrez, parce qu'il demeurera au milieu de vous». Et afin qu'ils n'entendent pas ces paroles: «Il demeurera au milieu de vous», d'une demeure visible, comme celle d'un hôte à qui l'on donne l'hospitalité, il ajoute: «Et il sera en vous».

Il faut d'abord se donner à quelqu'un avant de demeurer en lui, et Notre-Seigneur explique ces paroles: «Au milieu de vous», par ces autres: «En vous»; car s'il n'est pas en vous, vous ne pouvez non plus avoir en vous la connaissance de ce divin Esprit. C'est ainsi que vous voyez en vous-même votre propre conscience.

L'office de consolateur, que les hérétiques abandonnent à l'Esprit saint comme à la dernière personne de la sainte Trinité, l'Apôtre l'attribue à Dieu lui-même, quand il dit: «Dieu qui console les humbles nous a consolés ( 2 Co 7, 6). L'Esprit saint qui console les humbles, est donc Dieu. Ou s'ils prétendent que saint Paul veut parler ici du Père et du Fils, qu'ils cessent de séparer l'Esprit saint du Père du Fils, en lui attribuant exclusivement l'office de consolateur. ). Mais s'il est vrai que la charité de Dieu a été répandue dans nos coeurs par l'Esprit saint qui nous a été donné ( Rm 5), comment aimer Jésus-Christ et observer ses commandements pour mériter de recevoir l'Esprit saint, puisque nous ne pouvons sans lui ni aimer ni observer les commandements? Peut-on dire que nous avons d'abord en nous la charité qui nous fait aimer Jésus-Christ, et que cet amour de Jésus-Christ et l'observation de ses commandements attirent en nous l'Esprit saint qui répand la charité de Dieu le Père dans nos coeurs? Cette interprétation est tout à fait erronée; celui qui croit aimer le Fils de Dieu, et n'aime pas le Père, n'aime certainement pas le Fils, il aime le produit de son imagination. La seule manière de résoudre cette difficulté est donc de dire que celui qui aime a déjà l'Esprit saint, et qu'en le possédant, il mérite de le posséder encore davantage et d'avoir ainsi un plus grand amour. Les disciples de Jésus avaient déjà en eux l'Esprit saint que le Sauveur leur promettait, mais ils devaient le recevoir d'une manière plus abondante. Ils le possédaient au dedans d'eux-mêmes, il devait leur être donné d'une manière visible, ce n'est donc point sans raison que ce divin Esprit est promis, non-seulement à celui qui ne l'a pas encore, mais à celui qui le possède déjà. Il est promis à celui qui ne l'a pas, pour qu'il le possède, et à celui qui l'a déjà pour qu'il le reçoive plus abondamment.
Saint Grégoire le Grand
Dès que l'Esprit saint remplit un coeur, il excite en lui un ardent désir des biens invisibles. Mais comme les coeurs des mondains n'ont d'amour que pour les biens extérieurs, le monde ne peut recevoir cet Esprit, parce qu'il est incapable de s'élever jusqu'à l'amour des choses invisibles. En effet, plus les âmes mondaines s'étendent et s'élargissent au dehors par leurs désirs, plus elles se resserrent et deviennent étroites pour recevoir ce divin Esprit.

Si l'Esprit saint demeure dans les disciples, comment donner encore comme signe distinctif du médiateur que l'Esprit saint demeure en lui, comme il est dit à Jean-Baptiste: «Celui sur qui vous verrez l'Esprit saint descendre et demeurer, c'est lui qui baptise ?» Cette difficulté disparaîtra bientôt, si nous prenons soin de faire une distinction entre les dons de l'Esprit saint. Quant aux dons sans lesquels il est impossible de parvenir à la vie, l'Esprit saint demeure dans tous les élus; s'il s'agit au contraire des dons qui ont pour objet non de conserver, mais de produire dans les autres la vie surnaturelle, il ne demeure pas toujours; quelquefois, en effet, il suspend le pouvoir d'opérer des miracles, pour que l'humilité garde plus sûrement les vertus qu'il inspire. Jésus-Christ, au contraire, jouit toujours, et en toutes circonstances, de la présence de l'Esprit saint.
Saint Bède le Vénérable
Remarquez encore qu'en appelant l'Esprit saint l'Esprit de vérité, il prouve en même temps qu'il est son Esprit. De même encore lorsqu'il enseigne que cet Esprit est donné par le Père, il déclare par là même qu'il est l'Esprit du Père, et que par conséquent l'Esprit saint procède du Père et du Fils.
Alcuin d'York
Ou bien, le mot Paraclet veut dire Consolateur, et les Apôtres, en effet, avaient eu jusqu'alors un Consolateur, qui les animait et les fortifiait par l'éclat de ses miracles et par la douceur de ses enseignements.

Je prierai, comme inférieur par mon humanité, mon Père, à qui je suis égal et consubstantiel par ma nature divine.
Saint Thomas d'Aquin
1907. Plus haut le Seigneur a consolé ses disciples de son départ en leur promettant l'accès auprès du Père [n° 1848], mais parce qu'il pouvait leur sembler long [d'attendre] d'avoir accès auprès de lui et d'avoir à souffrir, pendant ce temps, d'être sans maître, il les console en leur promettant l'Esprit Saint. Et là il commence par préparer ses disciples à recevoir l'Esprit Saint, puis il leur promet le don de l'Esprit Saint [n° 1911], et en troisième lieu il leur explique la promesse de l'Esprit Saint [n° 1913].

a) Le Christ prépare ses disciples à recevoir l'Esprit Saint.

Cette préparation en vue de recevoir l'Esprit Saint était nécessaire, d'une part du côté des disciples, d'autre part du côté du Christ [n° 1910].

1908. Pour les disciples, une double préparation était nécessaire, à savoir l'amour du cœur et l'obéissance des œuvres. Le Seigneur suppose qu'ils ont déjà l'une de ces deux choses, et quant à cela il dit : SI VOUS M'AIMEZ, c'est-à-dire parce que vous m'aimez, ce qui est clair puisque vous vous attristez de mon départ - Vous m'avez aimé, et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Mais l'autre, il la commande pour le futur ; et quant à cela il dit : GARDEZ MES COMMANDEMENTS, autrement dit : Ne montrez pas l'amour que vous avez pour moi en pleurant mais en obéissant à mes commandements : car c'est cela, le signe manifeste de l'amour - Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole.

Ces deux choses, donc, préparent à recevoir l'Esprit Saint. En effet, puisqu'il est amour, l'Esprit Saint n'est donné qu'à ceux qui aiment - J'aime ceux qui m'aiment. De même, il est donné à ceux qui obéissent - Nous, nous sommes témoins de cette chose, nous et l'Esprit Saint que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent. - Sur lui repose mon Esprit.

1909. Mais l'obéissance des disciples et leur amour à l'égard du Christ les préparent-ils au Saint-Esprit ? Il semble que non, puisque l'amour dont nous aimons Dieu est par (per) l'Esprit Saint - La chanté de Dieu est répandue dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné . Quant à l'obéissance, elle est à nous par l'Esprit Saint : Ceux qui sont menés par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. - J'ai couru sur la voie de tes commandements quand tu as dilaté mon cœur.

Mais quelqu'un pourrait dire que par l'amour du Fils nous méritons le Saint-Esprit et que, l'ayant reçu, nous aimons le Père ; mais c'est contradictoire, puisque l'amour du Père et du Fils est le même. C'est pourquoi il faut plutôt dire qu'il y a ceci de particulier dans les dons de Dieu, que celui qui utilise bien le don qui lui a été accordé mérite de recevoir une grâce et un don plus grands ; et qu'à celui qui l'utilise mal, cela même qu'il a reçu est enlevé. Car, comme on le lit en Matthieu, au serviteur paresseux a été retiré le talent qu'il avait reçu de son maître parce qu'il ne l'a pas bien utilisé, et ce même talent a été donné à celui qui en avait reçu cinq grâce auxquels il en avait gagné cinq autres. Il en va de même du don du Saint-Esprit. Nul, en effet, ne peut aimer Dieu s'il n'a le Saint-Esprit : car ce n'est pas nous qui devançons la grâce de Dieu, mais c'est elle-même qui nous devance. Car lui-même nous a aimés le premier. C'est pourquoi il faut dire que les Apôtres ont d'abord reçu le Saint-Esprit pour aimer Dieu et obéir à ses commandements, mais que, en vue de recevoir le Saint-Esprit avec une plus grande plénitude, il leur était nécessaire de bien utiliser, en aimant et en obéissant, le don du Saint-Esprit qu'ils avaient d'abord reçu. Et le sens est alors : SI VOUS M'AIMEZ, par le Saint-Esprit que vous avez, et si vous obéissez à mes commandements, vous recevrez le Saint-Esprit dans une plus grande plénitude.

1910. Une autre préparation était nécessaire, et cette fois de la part du Christ : ET MOI JE PRIERAI LE PÈRE. Ici, il faut savoir que Notre-Seigneur Jésus Christ, en tant qu'homme, est médiateur entre Dieu et les hommes. De là vient qu'en tant qu'homme, en allant vers Dieu il nous obtient les dons célestes, et en venant vers nous il nous élève et nous ramène à Dieu. Donc, puisqu'il était déjà venu vers nous, et qu'en nous donnant les commandements de Dieu il avait ramené à lui les croyants, il lui restait à retourner vers le Père et à obtenir les dons spirituels - S'approchant par lui-même de Dieu, il peut sauver de façon définitive. Et il fait cela en priant le Père, comme il le dit lui-même : ET MOI JE PRIERAI LE PÈRE - Montant dans les hauteurs il a fait captive la captivité, il a donné des dons aux hommes.

Mais ici sois attentif : c'est le même qui demande que le Paraclet soit donné, et qui le donne. Il demande en tant qu'homme, il donne en tant que Dieu. Et il dit : ET MOI JE PRIERAI, pour chasser leur tristesse concernant son départ, puisque c'est ce départ lui-même qui est la raison pour laquelle ils vont recevoir le Saint-Esprit.

b) Le Christ promet l'Esprit Saint.

1911. Le Christ maintenant promet l'Esprit Saint. Mais remarque que le mot « Paraclet » est grec et signifie soit le consolateur, soit celui qui intercède ; et c'est pourquoi il a dit : IL - à savoir le Père, mais cependant pas sans le Fils - VOUS DONNERA UN AUTRE PARACLET, c'est-à-dire l'Esprit Saint, qui est le consolateur, puisqu'il est l'Esprit d'amour et que l'amour réalise la consolation et la joie spirituelles - Le fruit de l'Esprit est chanté, joie (...) -, et qui est aussi celui qui intercède : En effet, nous ne savons ce qu'il convient de demander dans nos prières ; mais l'Esprit lui-même demande pour nous avec des gémissements inénarrables .

Et s'il a dit : UN AUTRE, c'est pour désigner une distinction personnelle dans les personnes divines, contrairement à ce qu'a prétendu Sabellius’.

1912. À cela on objectera : puisque ce qui est dit « Paraclet » exprime l'action de l'Esprit Saint, en disant UN AUTRE PARACLET il semble désigner une altérité de nature ; car l'altérité d'opération désigne une altérité de nature. L'Esprit Saint est donc d'une autre nature que le Fils.

Je réponds : il faut dire que l'Esprit Saint est consolateur et avocat, et de même le Fils. Qu'il soit avocat, cela est dit dans la première épître de Jean : Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le Juste. Et qu'il soit consolateur, cela est dit dans Isaïe : L'Esprit du Seigneur (...) m'a envoyé (...) consoler ceux qui ont pris le deuil dans Sion .

Cependant, le Fils et l'Esprit Saint sont consolateur et avocat pour des raisons différentes, si nous entendons cela selon ce qui est propre aux personnes : en effet, le Christ est dit avocat en tant que, comme homme, il intercède pour nous auprès du Père, et l'Esprit Saint en tant qu'il nous fait demander. De même, l'Esprit Saint est dit consolateur en tant qu'il est l'Amour, formellement ; et le Fils en tant qu'il est le Verbe. Et cela de deux manières : par son enseignement, et en tant qu'il est le Fils, il donne l'Esprit Saint et fait brûler l'amour dans nos cœurs. Ainsi le mot UN AUTRE ne désigne pas une altérité de nature entre le Fils et l'Esprit Saint, mais le mode différent selon lequel l'un et l'autre sont consolateur et avocat.

1913. Le Christ explique ici la promesse : premièrement quant à l'action même de donner, deuxièmement quant au don lui-même [n° 1916] et troisièmement quant à ceux qui reçoivent le don [n° 1917].

1914. La donation est vraie, puisqu'elle est perpétuelle ; voilà pourquoi il dit : AFIN QU'IL DEMEURE AVEC VOUS ÉTERNELLEMENT.

En effet, quand quelque chose est donné à quelqu'un pour un temps seulement, ce n'est pas une vraie donation ; mais celle-ci est vraie quand c'est donné pour être possédé à jamais ; et puisqu'il est donné pour demeurer avec eux à jamais, l'Esprit Saint est vraiment donné : ici-bas en éclairant, en enseignant et en suggérant, et plus tard en introduisant à [la réalité] qui va être vue - L'Esprit du Seigneur descendit sur David dès ce jour-là et à jamais.

Judas, lui, a reçu l'Esprit Saint et cependant l'Esprit Saint n'est pas demeuré toujours avec lui car Judas ne l'a pas reçu pour qu'il demeurât avec lui à jamais, mais seulement selon la justice présente.

Selon Chrysostome, on peut dire que le Seigneur dit cela pour exclure un soupçon trop humain de la part des disciples. Ils auraient pu en effet soupçonner que ce Paraclet qui leur avait été donné se retirerait d'eux ensuite par la Passion, comme le Christ ; c'est pourquoi il exclut cela en disant : AFIN QU'IL DEMEURE AVEC VOUS ÉTERNELLEMENT, comme pour dire : II ne souffrira pas la mort comme moi, ni ne s'éloignera de vous.

1915. Mais à cela s'oppose ce qui a été dit plus haut à Jean Baptiste : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise ; car à partir de là il semble que le fait que l'Esprit Saint demeure toujours avec lui soit propre au Christ, ce qui n'est pas vrai s'il demeure éternellement avec les disciples.

Je réponds : selon Grégoire, il faut dire que le Saint-Esprit demeure en nous par ses dons. Or certains dons du Saint-Esprit sont nécessaires au salut : et ceux-là sont communs à tous les saints et demeurent toujours en nous, comme la charité, qui ne passe jamais (ainsi que le dit la première épître aux Corinthiens) puisqu'elle existera même dans le futur. Alors que d'autres ne sont pas nécessaires au salut, mais sont donnés aux fidèles en vue d'une manifestation de l'Esprit - A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour le bien des autres. Ainsi donc, quant aux premiers dons, l'Esprit Saint demeure avec les disciples et les saints pour l'éternité ; mais quant aux seconds dons, il est propre au Christ que l'Esprit Saint demeure toujours avec lui, parce qu'il possède toujours en plénitude le pouvoir de faire des miracles, et de prophétiser, et de réaliser d'autres choses de cette sorte \ Mais il n'en est pas ainsi des autres parce que, comme le dit Grégoire, les esprits des prophètes ne sont pas soumis aux prophètes.

1916. Ce don est le plus excellent, puisque c'est l'ESPRIT DE VÉRITÉ. Le Christ dit ESPRIT pour manifester la subtilité de sa nature. En effet, est appelé « esprit » ce qui est caché et invisible, et c'est pourquoi ce qui est invisible est habituellement appelé esprit. Ainsi l'Esprit Saint lui aussi est caché et invisible - L'Esprit souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais d'où il vient ni où il va. C'est également pour montrer sa puissance, puisqu'il nous meut à bien agir et opérer. L'Esprit, en effet, donne une certaine impulsion, et c'est pour cela que nous appelons aussi le vent « esprit » [« souffle »] - Ceux qui sont mus par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. - Ton Esprit qui est bon me conduira dans une terre droite.

Et il ajoute DE VÉRITÉ, parce que l'Esprit Saint procède de la Vérité et conduit à la Vérité. En effet, l'Esprit Saint n'est rien d'autre que l'Amour de Dieu. Or la première chose qui pousse à aimer, c'est l'amour. Quand donc quelqu'un est poussé à aimer les réalités terrestres et le monde, il est alors poussé par l'esprit du monde - Or nous n'avons pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui est de Dieu. Quand il est poussé à des œuvres de la chair, il n'est pas poussé par l'Esprit Saint - Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur esprit.

Mais cet Esprit conduit à la connaissance de la vérité, puisqu'il procède de la Vérité qui dit plus haut : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Car, comme en nous c'est de la vérité conçue et considérée que découle l'amour de la vérité elle-même, de même en Dieu l'Amour procède de la Vérité conçue qui est le Fils. Et comme il procède d'elle, ainsi il conduit à sa connaissance. Plus loin : Lui me glorifiera car il prendra de ce qui est mien. Et c'est pourquoi Ambroise dit que toute vérité, dite par qui que ce soit, est de l'Esprit Saint - Personne ne peut dire « Seigneur Jésus » que dans l'Esprit Saint. - Lorsque sera venu le Paraclet que moi je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi. Or manifester la vérité convient à la propriété de l'Esprit Saint. En effet, c'est l'amour qui réalise la révélation des secrets- Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. - Il annonce à son ami que la lumière (à savoir la vérité) est son partage.

1917. Or ce sont les croyants qui reçoivent l'Esprit Saint, et à ce sujet il dit : QUE LE MONDE NE PEUT PAS RECEVOIR. Et il commence par montrer qui sont ceux à qui il n'est pas donné, puis ceux à qui il est donné [n° 1920].

Il montre d'abord que l'Esprit Saint n'est pas donné au monde, puis il donne la cause pour laquelle il n'est pas donné [n° 1919].

1918. Ici le Seigneur appelle « monde » ceux qui aiment le monde. Ceux-là, aussi longtemps qu'ils aiment le monde, ne peuvent recevoir l'Esprit Saint, car il est l'Amour de Dieu’ : or on ne peut pas aimer à la fois Dieu et le monde d'un amour qui finalise - Si quelqu'un aime le monde, la charité du Père n'est pas en lui. En effet, comme le dit Grégoire : « Le Saint-Esprit enflamme chacun de ceux qu'il a remplis pour qu'ils désirent les réalités invisibles. Et puisque les cœurs mondains n'aiment que les réalités visibles, le monde ne reçoit pas l'Esprit Saint, car il ne s'élève pas à l'amour des réalités invisibles. Et, de fait, plus les esprits profanes se répandent au-dehors par leurs désirs, plus ils diminuent la capacité qu'a leur cœur de le recevoir » - L'Esprit Saint qui nous éduque fuira le mensonge.

1919. Les dons spirituels ne sont pas reçus s'ils ne sont pas désirés - Elle, la sagesse divine, prévient ceux qui la désirent ; et ils ne sont pas désirés s'ils ne sont pas connus de quelque manière.

Or s'ils ne sont pas connus, cela vient soit de ce que l'homme n'a pas l'intention de les connaître, soit du fait qu'il ne peut pas être capable de cette connaissance. Or les gens du monde n'en ont ni l'intention ni la capacité. En effet, ils n'ont pas l'intention de désirer les dons spirituels, et par rapport à cela il dit : PARCE QU'IL NE LE VOIT PAS, c'est-à-dire : il n'a pas l'intention de le connaître - Ils ont résolu d'incliner leurs yeux vers la terre. Et, de plus, ils ne peuvent pas connaître les dons spirituels, et c'est pourquoi il dit : NI NE LE CONNAÎT : car, comme le dit Augustin, « l'amour du monde n'a pas ces yeux invisibles par lesquels l'Esprit Saint ne peut être vu qu'invisiblement » - L'homme charnel ne perçoit pas ce qui est de l'Esprit de Dieu . De même que la langue infectée ne goûte pas la bonne saveur à cause de la corruption de son humeur, de même l'âme infectée par la corruption du monde ne goûte pas la douceur des choses célestes .

Ou bien, selon Chrysostome , je dis qu'IL VOUS DONNERA UN AUTRE PARACLET, L'ESPRIT DE VÉRITÉ ; mais celui-ci n'assumera pas la chair, parce que LE MONDE NE LE VOIT PAS NI NE LE CONNAÎT, c'est-à-dire : il ne le recevra pas ; c'est vous seuls qui le recevrez.

1920. Ici le Seigneur commence par montrer ceux à qui l'Esprit Saint est donné, puis il en donne la raison.

C'est aux fidèles qu'il est donné, et c'est pourquoi il dit : MAIS VOUS, qui êtes mus par l'Esprit Saint, VOUS LE CONNAÎTREZ - Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu -, et cela parce que vous méprisez le monde - Nous ne contemplons pas ce qui se voit mais ce qui ne se voit pas.

Or la raison de cela, c'est PARCE QU'IL DEMEURERA AUPRÈS DE VOUS. Là, note d'abord la familiarité de l'Esprit Saint à l'égard des Apôtres, PARCE QU'IL DEMEURERA AUPRÈS DE VOUS, c'est-à-dire pour votre bien - Ton Esprit qui est bon me conduira sur une voie droite. - Qu'il est bon, ton Esprit, Seigneur, en toutes choses ! Note ensuite son inhabitation intime, puisqu'il sera en nous, c'est-à-dire au plus intime de notre cœur - Et je mettrai dans leurs entrailles un esprit nouveau .

C. LE CHRIST PROMET SA PRESENCE

1921. Plus haut, le Seigneur a promis l'Esprit Saint consolateur. Mais parce que les Apôtres ne s'appliquaient pas beaucoup à connaître l'Esprit Saint et restaient fixés sur la présence du Christ, une consolation de cette sorte leur paraissait petite ; et pour cette raison, dans cette partie, il leur promet en premier lieu son retour et ensuite ses dons [n° 1952].
Louis-Claude Fillion
Jésus va indiquer en termes plus précis quel est ce Paraclet, et à qui il le destine. - 1° C'est l'Esprit saint en personne qu'il appelle ici l’Esprit de vérité, soit à cause des vérités qu'il viendra manifester (Cf. 15, 16 ; 16, 13), soit par opposition au démon, l'« esprit d'erreur » (1 Joan. 4, 6). Ce passage (vv. 16 et 17) est justement classique dans le traité de la Sainte Trinité : il nous présente clairement le Père qui donne, le Fils qui demande, l'Esprit saint qui est donné. - 2° Ceux auxquels est destiné ce céleste don sont mentionnés d'abord négativement, puis en termes positifs. Négativement: le monde ne peut le recevoir. Le monde (Cf. 1, 10 et la note) ne saurait recevoir l'Esprit saint (dans le texte grec, λαβεῖν, prendre, saisir : expression qui suppose une certaine activité). Et Jésus en explique aussitôt la cause (parce que...) : c'est qu'il n'y pas d'affinité entre le Paraclet et ce monde incrédule. - Il ne le voit pas. Les hommes pervertis n'ont pas d'yeux spirituels pour contempler le Saint-Esprit. - Par conséquent, il ne Le connaît pas. Ce n'est pourtant, pas l'intelligence, ni l'amour de la science qui manque au monde : chaque siècle ajoute au nombre de ses connaissances, dont il est justement fier ; mais jamais il n'a su et n'a voulu percevoir le divin. - Au contraire, c'est pour les disciples et les croyants que viendra le Paraclet : Vous Le connaîtrez. Assurément les apôtres ne connaissaient encore l'Esprit saint que d'une manière imparfaite, mais ses révélations devaient bientôt compléter leur science. - De nouveau, la particule parce que introduit un motif. - Il demeurera avec vous. Il y a un renversement remarquable de la pensée. Au premier hémistiche, le Saint-Esprit n'était pas donné au monde, parce que celui-ci refusait de le reconnaître ; les disciples le connaissent parce qu'ils le possèdent. Autres nuances délicates : les locutions « avec vous », « en vous », marquent les différents modes dont le Paraclet assistera les apôtres. Il sera leur compagnon fidèle, leur vaillant défenseur, une force irrésistible pour chacun d'eux pris individuellement.
Catéchisme de l'Église catholique
Avant sa Pâque, Jésus annonce l’envoi d’un " autre Paraclet " (Défenseur), l’Esprit Saint. A l’œuvre depuis la création (cf. Gn 1, 2), ayant jadis " parlé par les prophètes " (Symbole de Nicée-Constantinople), il sera maintenant auprès des disciples et en eux (cf. Jn 14, 17), pour les enseigner (cf. Jn 14, 26) et les conduire " vers la vérité tout entière " (Jn 16, 13). L’Esprit Saint est ainsi révélé comme une autre personne divine par rapport à Jésus et au Père.

La forme traditionnelle de la demande de l’Esprit est d’invoquer le Père par le Christ notre Seigneur pour qu’il nous donne l’Esprit Consolateur (cf. Lc 11, 13). Jésus insiste sur cette demande en son Nom au moment même où il promet le don de l’Esprit de Vérité (cf. Jn 14, 17 ; 15, 26 ; 16, 13). Mais la prière la plus simple et la plus directe est aussi traditionnelle : " Viens, Esprit Saint ", et chaque tradition liturgique l’a développée dans des antiennes et des hymnes :
Pape Saint Jean-Paul II
Toute l'Eglise est appelée à l'évangélisation et au témoignage d'une vie de foi, car elle participe au munus propheticum du Seigneur Jésus par le don de son Esprit. Grâce à la présence permanente en elle de l'Esprit de vérité (cf. Jn 14, 16-17), « l'ensemble des fidèles, ayant l'onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu'ils possèdent, ils le manifestent par le moyen du sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, " des évêques jusqu'aux derniers des fidèles laïcs ", ils apportent aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel »