Jean 15, 26

Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur.

Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur.
Louis-Claude Fillion
Consolation pour les amis du Sauveur : l’œuvre du Maître ne sera pas anéantie par ses adversaires. En effet, pour se défendre, Jésus aura ici-bas deux sortes de témoins, dont la voix ne saurait rester muette : un témoin tout divin, le Saint Esprit lui-même (verset 26), des témoins humains, mais dévoués, les apôtres (verset 27). - Mais, lorsque (contraste avec ce qui a été dit de la haine du monde) le Défenseur... sera venu. Antérieurement, 14, 16-17 et 26, Jésus n’avait guère fait que mentionner en gros l’œuvre de ce Paraclet qu’il promettait à son Église : voici qu’il commence à en décrire plus au long l’œuvre, la nature, la mission, les rapports avec les deux autres personnes de la Sainte Trinité. - Que je ( pronom accentué) vous enverrai de la part du Père : d’auprès du Père. Dans les passages que nous venons de citer, 14, 16 et 26, c’est le Père lui-même qui envoyait le Paraclet. Cf. Matth. 10, 20 ; Rom. 8, 11. Ici, cette mission divine a Jésus-Christ pour auteur : de là le nom d’Esprit du Fils, que S. Paul donne à l’Esprit Saint, Gal. 4, 6. D’où il suit que le Paraclet est envoyé tout ensemble par le Père et par le Fils. - L’Esprit de vérité. (voyez encore 14, 16, 26 et les commentaires. Cf. 16, 23) Cette apposition relève la force du témoignage du Saint Esprit : ses attestations seront infaillibles ; qualité si importante, mais si rare. - Qui procède du Père. Notez le présent de perpétuité, qui contraste avec le futur « je vous enverrai ». Le verbe grec ἐκπορεύεται (« vient, procède ») n’apparaît que deux fois (ici et 5, 25) dans l’évangile selon S. Jean : il a donné naissance à l’épithète ἐκπορεύτον (« celui qui procède ») de quelques pères grecs, pour désigner la troisième des personnes divines, de même que du latin « procedit » est venu le terme théologique « procession ». Il ne nous appartient pas d’entrer à fond dans le détail de la discussion, tristement célèbre, qui a pris son origine dans ces quelques mots de Notre-Seigneur. C’est encore sur eux que s’appuient les grecs schismatiques pour affirmer que le Saint Esprit procède seulement du Père. Erreur que réfutent de la façon la plus nette les paroles mêmes de Jésus dans son discours d’adieu. En effet, comme nous venons de le voir, le Paraclet reçoit sa mission simultanément du Père et du Fils ; quand le Père l’envoie, c’est au nom du Fils non moins qu’en son nom personnel. Cf. 14, 26. Plus loin, 16, 14 et 15. Il sera dit que l’Esprit Saint puisera dans le trésor commun du Père et du Fils les vérités qu’il doit apporter aux hommes. Ces deux raisons suffisent pour démontrer que la troisième personne procède des deux autres, et point du Père seul. Si Notre-Seigneur mentionne seulement le Père dans ce passage, c’est, dit fort bien Maldonat, pour une raison tout extérieure et provenant du contexte : « il se rendrait témoignage à lui-même s’il disait que l’Esprit procède de lui, et son témoignage paraîtrait suspect. ». Le Paraclet eût semblé être juge dans sa propre cause. Voyez les commentaires de Tolet, de Cornelius a Lapide ; Mgr. Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique, t. 2, livre 11, chap. 16 ; Franzelin, Tractatus de Deo trino, p. 460 et ss. - Il : le sujet est répété emphatiquement, à la manière du quatrième évangile. Cf. 1, 18 et la note. Cet Esprit divin, qui réunit toutes les qualités requises pour son rôle de témoin. - Rendra témoignage de moi. Un témoignage complet et parfait, de manière à faire connaître et aimer Jésus-Christ malgré la haine du monde.
Catéchisme de l'Église catholique
La tradition orientale exprime d’abord le caractère d’origine première du Père par rapport à l’Esprit. En confessant l’Esprit comme " issu du Père " (Jn 15, 26), elle affirme que celui-ci est issu du Père par le Fils (cf. AG 2). La tradition occidentale exprime d’abord la communion consubstantielle entre le Père et le Fils en disant que l’Esprit procède du Père et du Fils (filioque). Elle le dit " de manière légitime et raisonnable " (Cc. Florence en 1439 : DS 1302), car l’ordre éternel des personnes divines dans leur communion consubstantielle implique que le Père soit l’origine première de l’Esprit en tant que " principe sans principe " (DS 1331), mais aussi qu’en tant que Père du Fils unique, Il soit avec Lui " l’unique principe d’où procède l’Esprit Saint " (Cc. Lyon II en 1274 : DS 850). Cette légitime complémentarité, si elle n’est pas durcie, n’affecte pas l’identité de la foi dans la réalité du même mystère confessé.

La mission du Saint-Esprit, envoyé par le Père au nom du Fils (cf. Jn 14, 26) et par le Fils " d’auprès du Père " (Jn 15, 26) révèle qu’il est avec eux le même Dieu unique. " Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire ".

Jean est " plus qu’un prophète " (Lc 7, 26). En lui l’Esprit Saint accomplit de " parler par les prophètes ". Jean achève le cycle des prophètes inauguré par Elie (cf. Mt 11, 13-14). Il annonce l’imminence de la Consolation d’Israël, il est la " voix " du consolateur qui vient (Jn 1, 23 ; cf. Is 40, 1-3). Comme le fera l’Esprit de Vérité, " il vient comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière " (Jn 1, 7 ; cf. Jn 15, 26 ; 5, 33). Au regard de Jean, l’Esprit accomplit ainsi les " recherches des prophètes " et la " convoitise " des anges (1 P 1, 10-12) : " Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit (...). Oui, j’ai vu et j’atteste que c’est Lui, le Fils de Dieu. (...) Voici l’Agneau de Dieu " (Jn 1, 33-36).

Depuis Pâques, c’est l’Esprit Saint qui " confond " le monde en matière de péché " (Jn 16, 8-9), à savoir que le monde n’a pas cru en Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui dévoile le péché, est le Consolateur (cf. Jn 15, 26) qui donne au cœur de l’homme la grâce du repentir et de la conversion (cf. Ac 2, 36-38 ; cf. Jean-Paul II, DeV 27-48).
Pape Saint Jean-Paul II
Le Concile Vatican II parle de l'Eglise en marche, établissant une analogie avec l'Israël de l'Ancienne Alliance en marche à travers le désert. Le pèlerinage garde encore un caractère extérieur, visible dans le temps et dans l'espace où il est historiquement réalisé. L'Eglise est destinée, en effet, «à s'étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l'histoire humaine, bien qu'elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l'espace». Cependant le caractère essentiel de son pèlerinage est intérieur: il s'agit d'un pèlerinage par la foi, «par la vertu du Seigneur ressuscité» 56, un pèlerinage dans l'Esprit Saint donné à l'Eglise comme le Consolateur invisible (paraklètos) (cf. Jn 14, 26; 15, 26; 16, 7). «Marchant à travers les tentations, les tribulations, l'Eglise est soutenue par la vertu de la grâce de Dieu, à elle promise par le Seigneur pour que ... elle se renouvelle sans cesse sous l'action de l'Esprit Saint jusqu'à ce que, par la Croix, elle arrive à la lumière sans couchant».