Jean 15, 27

Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.

Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.
Didyme d'Alexandrie
Le Sauveur donne à l'Esprit saint le nom de consolateur, nom significatif de ce qu'il produit dans les âmes, parce que, non-seulement il affranchit de toute espèce de trouble ceux qu'il en trouve dignes, mais il les remplit encore d'une joie ineffable; car les coeurs où l'Esprit saint fixe son séjour, jouissent d'une joie éternelle. Cet Esprit consolateur est envoyé par le Fils, non comme Dieu envoyait les anges, les prophètes ou les Apôtres, mais comme il convenait à la sagesse et à la vérité d'envoyer l'Esprit de Dieu qui a une nature indivisible avec cette même sagesse et cette même vérité. En effet, le Fils qui est envoyé par le Père, n'en est pour cela ni séparé, ni divisé, il demeure dans son Père, et son Père demeure en lui. Ainsi l'Esprit saint envoyé par le Fils, sort du Père, sans aller d'un lieu dans un autre; car de même que le Père ne peut être contenu dans un espace limité, puisque son infinité s'étend au-delà de tous les espaces matériels, ainsi l'Esprit de vérité ne peut être circonscrit par aucune limite, parce qu'il est incorporel et qu'il est au-dessus de toutes les créatures raisonnables.
Saint Jean Chrysostome
En même temps que l'Esprit de vérité me rendra témoignage, vous aussi me rendrez témoignage, lui dans les coeurs, et vous par vos paroles, lui par ses inspirations, vous par vos prédications.

Les disciples pouvaient dire au Sauveur: S'ils ont entendu de votre bouche des paroles que nul autre n'a dites, s'i ls ont vu des prodiges que personne autre n'a faits, sans en retirer la moindre utilité; si au contraire ils n'ont eu que de la haine pour votre Père et pour vous, pourquoi donc nous envoyer, et comment espérer que nous soyons dignes de foi? Notre-Seigneur dissipe la crainte que pouvaient faire naître ces pensées, en leur faisant cette promesse consolante: «Lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du sein du Père, etc., il rendra témoignage de moi».

Vous pourrez alors prêcher hautement ce que vous connaissez, vous qui avez été avec moi dès le commencement, ce que vous ne pouvez faire maintenant, parce que vous n'avez pas encore reçu la plénitude de l'Esprit saint; car c'est dans la charité qui a été répandue dans vos coeurs par l'Esprit saint qui vous a été donnée ( Rm 5), que vous puiserez le courage nécessaire pour me rendre témoignage. L'Esprit saint, en effet, en rendant lui-même témoignage, et en inspirant à ces nouveaux témoins un courage à toute épreuve, a banni complètement la crainte du coeur des amis de Jésus-Christ, et a converti en amour la haine de ses ennemis.

Notre-Seigneur l'appelle, non l'Esprit saint, mais l'Esprit de vérité, pour montrer combien son témoignage est digne de foi. Il déclare qu'il procède du Père, c'est-à-dire, qu'il sait toutes choses avec une entière certitude, comme le Sauveur dit de lui-même dans un autre endroit: «Je sais d'où je viens et où je vais». - Didyme. Il aurait pu dire qu'il procédait de Dieu ou du Tout-Puissant, il laisse ces dénominations et choisit de préférence celle du Père, non sans doute que le Père soit différent du Dieu tout-puissant; mais parce que l'Esprit de vérité sort de lui en vertu de cette propriété et de cette intelligence qui est propre au Père. Or, en même temps que le Fils envoie l'Esprit de vérité, le Père l'envoie également, puisqu'il vient par un seul et même acte de la volonté du Père et du Fils.
Saint Augustin
C'est-à-dire, les Juifs m'ont haï et m'ont mis à mort, bien qu'ils aient vu de leurs yeux les oeuvres que j'ai faites, mais le Paraclet rendra de moi un si éclatant témoignage, qu'il fera croire en moi ceux mêmes qui n'auront pu me voir.

On nous fera peut-être ici cette question: L'Esprit saint procède-t-il aussi du Fils? Le Fils est Fils du Père seulement, et le Père est exclusivement le Père du Fils; or, l'Esprit saint n'est pas l'Esprit d'une seule des deux premières personnes divines, il est l'Esprit des deux, puisque Jésus-Christ dit expressément: «L'Esprit de votre Père qui parle en vous», ( Mt 10, 20) et que l'Apôtre nous dit de son côté: «Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans vos coeurs» ( Ga 4, 6). Et je ne vois pas d'autre raison pour laquelle on lui donne le nom d'Esprit, car si on nous interroge sur ce que nous pensons de chacune des autres personnes, il n'y a que le Père et le Fils à qui nous puissions donner ce nom d'Esprit. Or, ce nom qui est le nom commun des deux premières personnes, a dû être donné proprement à celui qui n'est pas l'Esprit de l'un d'eux, mais qui est le principe d'union des deux personnes divines. Pourquoi donc n'admettrions-nous pas que l'Esprit saint procède du Fils, puisqu'il est aussi l'Esprit du Fils? S'il ne procédait pas de lui, le Fils de Dieu n'aurait pas s oufflé sur ses disciples après sa résurrection, en leur disant: «Recevez le Saint-Esprit», c'est aussi de cette vertu de l'Esprit saint que l'Évangéliste veut parler, quand il dit: «Une vertu sortait de lui et les guérissait tous» ( Lc 6, 19). Mais si l'Esprit saint procède du Père et du Fils, pourquoi le Fils déclare-t-il qu'il procède du Père? C'est parce qu'il a coutume de rapporter tous ses attributs divins à celui de qui vient sa nature divine. C'est dans ce même sens qu'il dit ailleurs: Ma doctrine n'est pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui m'a envoyé. Si donc on doit regarder comme sa doctrine la doctrine qu'il déclare être non la sienne, mais celle de son Père, à plus forte raison doit-on entendre que l'Esprit saint procède de lui, lorsqu'il dit: «Qui procède du Père», et non: Il procède de moi. C'est du Père que le Fils a reçu d'être Dieu, c'est du Père aussi qu'il a reçu d'être le principe d'où procède l'Esprit saint. C'est ce qui nous explique, aussi pourquoi on ne dit pas de l'Esprit saint qu'il est né mais qu'il procède; car s'il était appelé Fils, il faudrait dire qu'il est le Fils des deux personnes divines, ce qui serait une absurdité, car on ne peut être le Fils de deux personnes, que lorsque ces deux personnes sont le père et la mère, or, loin de nous de supposer quelque chose de semblable entre Dieu le Père et Dieu le Fils. Disons plus, même, parmi les hommes, le fils ne procède pas en même temps du père et de la mère, car au moment où il procède du père dans la mère, il ne procède pas de la mère. Quant à l'Esprit saint, il ne procède pas du Père dans le Fils et du Fils dans les créatures qu'il sanctifie, il procède en même temps du Père et du Fils, car nous ne pouvons dire que l'Esprit saint ne soit pas la vie, puisque le Père est la vie, et que le Fils aussi est la vie, et ainsi de même que le Père qui a la vie en lui-même, a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même ( Jn 5), ainsi a-t-il donné au Fils que la vie procède de lui, comme elle procède du Père.
Syméon le Nouveau Théologien
La clé de la connaissance n'est pas autre chose que la grâce du Saint-Esprit. Elle est donnée par la foi. Par l'illumination, elle produit très réellement la connaissance et même la connaissance plénière. Elle ouvre notre esprit enfermé et obscurci, souvent avec des paraboles et des figures, mais aussi avec des affirmations plus claires.

Faites donc bien attention au sens spirituel de la parole. Si la clé n'est pas bonne, la porte ne s'ouvre pas. Car, dit le Bon Pasteur, c'est à lui que le portier ouvre (Jn 10,3). Mais si la porte ne s'ouvre pas, personne n'entre dans la maison du Père, car le Christ a dit: Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6).

Or, c'est l'Esprit Saint qui, le premier, ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils. Le Christ nous dit cela aussi: Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur, et il vous guidera vers la vérité tout entière (cf. Jn 15,26; 16,13). Vous voyez comment, par l'Esprit ou plutôt dans l'Esprit, le Père et le Fils, inséparablement, se font connaître. Et Jésus dit encore: Si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous; mais lorsqu'il viendra, lui, il vous rappellera toute chose (Jn 16,7). Et encore: Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, qui sera toujours avec vous: c'est l'Esprit de vérité (cf. Jn 14,15-17).

Si l'on appelle le Saint-Esprit une clé, c'est parce que, par lui et en lui d'abord, nous avons l'esprit éclairé. Une fois purifiés, nous sommes illuminés par la lumière de la connaissance. Nous sommes baptisés d'en haut, nous recevons une nouvelle naissance et devenons enfants de Dieu, comme dit saint Paul: L'Esprit Saint intervient pour nous par des cris inexprimables (Rm 8,26), et encore: Dieu a envoyé en nos coeurs son Esprit qui crie: Abba, Père (cf. Ga4,6)!

C'est donc lui, l'Esprit, qui nous montre la porte, cette porte qui est lumière. Et cette porte nous enseigne que l'habitant de la maison est, lui aussi, lumière inaccessible (cf. 1 Tm6,16).
Saint Théophylacte d'Ohrid
Nous voyons ailleurs que le Père envoie l'Esprit saint, ici le Sauveur, en déclarant qu'il l'enverra lui-même, prouve qu'il a une même puissance avec le Père. Et afin qu'on ne crût pas qu'il était opposé au Père, et qu'il envoyait l'Esprit saint en vertu d'une puissance différente, il ajoute: «Qui procède du Père», pour nous apprendre que non-seulement le Père consent à cette mission, mais qu'il la donne lui-même. Lorsque vous entendez dire que l'Esprit saint procède, n'allez pas croire que cette procession soit une mission extérieure comme celle qui est donnée aux esprits qui servent le Seigneur ( He 1, 14); cette procession est une propriété toute différente, attribut exclusif de cet esprit principal. La procession du Saint-Esprit n'est autre que l'origine de son être, il ne faut donc pas prendre la procession pour la mission, car la procession est l'acte en vertu duquel l'Esprit reçoit du Père sa nature divine.
Louis-Claude Fillion
Et vous... Vous aussi, vous de votre côté, vous serez mes témoins courageux et fidèles. Au témoignage intime du Paraclet s’unit le témoignage extérieur des apôtres. Cf. Act. 5, 32. Dans le texte grec, au lieu du futur (vous rendrez témoignage) nous lisons le temps présent (non pas l’impératif, ainsi qu’on l’a prétendu) : c’est que déjà, en effet, les disciples avaient témoigné en faveur de leur Maître, durant leurs prédications préliminaires et d’essai. Cf. Matth. 10, 5 et ss. - Parce que ( motif pour lequel ils étaient, eux aussi, d’excellents témoins) vous êtes avec moi depuis le commencement. « Depuis le commencement » est l’expression importante : depuis le début du ministère public de N.-S. Jésus-Christ (Cf. Marc. 1, 1) ; ce qui leur avait permis de le mieux connaître que personne autre. Voyez, Act. 1, 8, 21 et s., combien les apôtres eux-mêmes jugeaient cette condition essentielle.
Pape Saint Jean-Paul II
L'homme contemporain croit plus les témoins que les maitres, l'expérience que la doctrine, la vie et les faits que les théories. Première forme de la mission, le témoignage de la vie chrétienne est aussi irremplaçable. Le Christ, dont nous continuons la mission, est le « témoin» par excellence (cf. Ap 1, 5; 3, 14) et le modèle du témoignage chrétien. L'Esprit Saint accompagne l'Eglise dans son cheminement et l'associe au témoignage qu'Il rend au Christ (cf. Jn 15, 26-27).