Jean 15, 5

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Saint Thomas d'Aquin
1989. Ensuite le Christ donne les raisons de demeurer en lui, qui sont au nombre de quatre. La première raison de demeurer est la sanctification de ceux qui demeurent ; la deuxième, la punition de ceux qui ne demeurent pas [n° 1994] ; la troisième est que ceux qui demeurent en lui voient leur volonté s'accomplir [n° 1995] ; la quatrième est la glorification de Dieu [n° 1996].

En ce qui concerne la première raison de demeurer, le Seigneur montre d'abord que l'adhésion au Christ est nécessaire pour porter du fruit ; il montre ensuite qu'elle est efficace [n° 1991].

1990. Le Seigneur présente d'abord une allégorie, puis il montre qu'elle convient.

Il dit donc : Je dis que vous devez demeurer en moi afin de porter du fruit, parce que COMME LE SARMENT - au sens littéral, le sarment matériel - NE PEUT PORTER DU FRUIT PAR LUI-MÊME, S'IL NE DEMEURE EN LA VIGNE, dont la sève montant de la racine donne vie aux sarments, AINSI VOUS NON PLUS - sous-entendu : vous ne pouvez pas porter de fruit par vous-mêmes -, SI VOUS NE DEMEUREZ EN MOI, qui suis la vigne. Le fait de demeurer dans le Christ est donc la raison (ratio) de la fructification. Aussi est-il dit de ceux qui ne demeurent pas en lui : Quel fruit avez-vous donc retiré de tout ce qui, maintenant, vous fait rougir ? - Tout ce qu'assemble l'hypocrite est stérile.

Cette allégorie convient bien parce que MOI, JE SUIS LA VIGNE, ET VOUS, LES SARMENTS, autrement dit : le rapport de vous à moi est le même que celui des sarments à la vigne. De ces sarments il est dit : La vigne étendit ses sarments jusqu'à la mer.

1991. Ici, le Christ montre que le fait de demeurer en lui est efficace : il en montre d'abord l'efficacité, puis il indique la cause de cette efficacité [n° 1993].

1992. Il dit donc : Je dis que non seulement il est nécessaire que l'homme demeure en moi afin de porter du fruit, mais encore que cela est efficace ; car CELUI QUI DEMEURE EN MOI, en croyant, en obéissant et en persévérant, ET MOI EN LUI, en l'illuminant, en lui venant en aide, en lui donnant la persévérance, CELUI-LÀ, et non un autre, PORTE BEAUCOUP DE FRUIT.

Il porte, dis-je, un triple fruit en cette vie. Le premier est qu'il s'abstient des péchés - Tout son fruit, c'est que son péché soit ôté . Le second est qu'il se consacre aux œuvres de la sainteté - Votre fruit, vous l'avez dans la sanctification. Le troisième est qu'il se donne pour l'édification des autres - Du fruit de tes œuvres la terre se rassasiera.

Il porte également un quatrième fruit dans la vie éternelle – Il amasse du fruit pour la vie éternelle. C'est là le fruit ultime et parfait de nos labeurs - Le fruit des bons labeurs est plein de gloire.

1993. Par ces mots, le Seigneur donne la raison de cette efficacité. Par là il instruit les cœurs des humbles en même temps qu'il ferme la bouche des orgueilleux, principalement des pélagiens, qui disent pouvoir faire par eux-mêmes, sans l'aide de Dieu, les œuvres bonnes des vertus et de la Loi ; en voulant ainsi défendre le libre arbitre, ils le renversent plutôt.

En effet, le Seigneur dit ici que sans lui nous ne pouvons faire de grandes choses, ni même de petites, ni d'ailleurs rien du tout. Et ce n'est pas étonnant, puisque Dieu lui-même ne fait rien sans lui - Sans lui, rien n'a été fait. En effet, nos œuvres sont faites soit en vertu de la nature, soit en vertu de la grâce divine. Dans le premier cas, puisque tous les mouvements de la nature viennent du Verbe de Dieu lui-même, sans lui aucune nature ne peut être mue pour faire quoi que ce soit. Quant aux actes accomplis en vertu de la grâce, puisqu'il est lui-même l'auteur de la grâce - La grâce et la vérité nous sont venues de Jésus Christ -, il est manifeste qu'aucune œuvre méritoire ne peut être faite sans lui- Ce n'est pas que de nous-mêmes nous suffisions à penser quelque chose comme venant de nous ; non, notre suffisance vient de Dieu . Si donc nous ne pouvons même pas penser si ce n'est par Dieu, encore moins pourrons-nous d'autres choses.

1994. Le Christ donne ici la deuxième raison de demeurer en lui, liée à la menace d'une peine ; car si nous ne demeurons pas en lui, nous n'échapperons pas à la peine.

Il présente cinq éléments qui aggravent cette peine ; certains d'entre eux se rapportent à la peine du dam, à savoir l'expulsion hors de la gloire : ON LE JETTERA dehors. Parfois nous voyons que sur la vigne matérielle, un sarment demeure attaché par un lien extérieur, mais non pas par participation à la sève ; ainsi certains demeurent dans le Christ seulement par la foi, sans toutefois avoir part à la sève de la vigne, parce qu'ils ne sont pas dans la charité. C'est pourquoi ceux-là seront jetés dehors, c'est-à-dire séparés de l'assemblée des bons.

La deuxième peine du dam est le dessèchement : ET IL SÉCHERA. C'est-à-dire, si le sarment tenait quelque chose de sa racine, il le perdra, dépouillé du secours et de la vie de cette racine. Car les mauvais chrétiens semblent avoir quelque verdeur ; mais quand ils seront séparés des saints et du Christ, leur sécheresse apparaîtra - Ma force s'est desséchée comme un tesson^.

La troisième peine, c'est que ces sarments seront associés aux mauvais : ET ON LE RAMASSERA - c'est ce que feront les anges moissonneurs à l'égard des mauvais, ce qui est bien la plus grande des peines. Si, en effet, être pour une heure avec des mauvais est une grande peine, combien plus être pour toujours avec les pires hommes et les démons ? Ils se retrouveront réunis en un seul fagot dans le lac. - Ramassez d'abord l'ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler.

La quatrième peine, c'est la peine du sens : ET ON LE JETTERA AU FEU, c'est-à-dire au feu éternel - Qu'adviendra-t-il du bois de la vigne entre tous les arbres des bois ? (...) Voici qu’il a été donné en pâture au feu . Car les bois de vigne, s'ils ne demeurent pas sur la vigne, sont plus méprisables que tous les autres bois, mais s'ils demeurent sur la vigne, ils sont les plus glorieux. Voilà pourquoi Augustin dit : « Une de ces deux choses convient au sarment : la vigne ou le feu ; s'il n'est pas sur la vigne, il sera dans le feu » - Allez, maudits, au feu éternel.

La cinquième peine, c'est l'épreuve perpétuelle du feu : ET IL BRÛLERA, à perpétuité - Les impies s'en iront au supplice éternel.

1995. Le Christ donne ici la troisième raison de demeurer en lui, qui se prend de l'efficacité de leur demande, comme pour dire : SI VOUS DEMEUREZ EN MOI, vous obtiendrez ce fruit, à savoir que VOUS DEMANDEREZ TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, ET CELA VOUS SERA ACCORDÉ.

Mais remarquons qu'il reprend là deux points qu'il avait touchés en les exhortant à demeurer en lui. Le premier point : Demeurez en moi, il le reprend en disant : SI VOUS DEMEUREZ EN MOI – Le second : et moi en vous , il dit à la place : ET QUE MES PAROLES DEMEURENT EN VOUS Parce que le Christ est le Verbe du Père toute parole (verbum) de sagesse vient de lui - La source de la sagesse, c'est le Verbe de Dieu au plus haut des deux . Il est donc manifeste que le Christ est en nous lorsque les paroles (verba) de sa sagesse sont en nous - Vous n'avez pas la parole de Dieu (verbum Dei) demeurant en vous.

Voilà pourquoi il dit : ET QUE MES PAROLES DEMEURENT EN VOUS, ce qui se fait de quatre manières : en aimant, en croyant, en méditant et en accomplissant - Mon fils, écoute mes paroles en croyant, et incline l'oreille à mes propos en obéissant ou en accomplissant, ne les quitte pas des yeux en méditant, et garde-les au milieu de ton cœur en aimant. - Tes paroles se sont présentées, et je les ai dévorées^".

Les paroles du Christ sont donc en nous lorsque nous faisons ce qu'il a commandé, et que nous aimons ce qu'il a promis. Et de là suit également que nous sommes instruits de ce que nous devons demander - Nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière, mais l'Esprit lui-même demande pour nous par des gémissements ineffables*. Voilà pourquoi, selon Matthieu et Luc, avec ses propres paroles, il nous a également appris à prier.

Ainsi donc, crues et méditées, les paroles de Dieu nous forment pour que nous demandions ce qui est nécessaire à notre salut. Mais, aimées et accomplies, elles nous aident à mériter ; et c'est pourquoi il ajoute : vous DEMANDEREZ TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ, avec discernement et persévérance, ET CELA VOUS SERA ACCORDÉ ; et plus tard il dira : Si vous demandez quelque chose au Père en mon nom, il vous le donnera''.

1996. Le Christ donne ici la quatrième raison de demeurer en lui, tirée de la gloire du Père. Toutes nos œuvres, nous devons les rapporter à la gloire de Dieu - Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire. - Que vous mangiez ou buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.

Le Seigneur montre donc que nous sommes dans le Christ parce qu'à partir de cela nous portons du fruit, et que par ce fruit le Père est glorifié, et c'est pourquoi il dit : EN CECI MON PÈRE EST GLORIFIÉ, QUE VOUS PORTIEZ BEAUCOUP DE FRUIT, c'est-à-dire que ce fruit rejaillisse pour la gloire du Père.

Il présente ici, dans l'ordre inverse, trois faits qui se suivent les uns les autres. L'un concerne cette adhésion : QUE VOUS DEVENIEZ MES DISCIPLES, ce qui est la même chose que : Demeurez en moi.

Et de cela s'ensuit le deuxième point : QUE VOUS PORTIEZ BEAUCOUP DE FRUIT. Et par là mon Père est glorifié. Comme pour dire : C'est la gloire du Père que vous portiez du fruit, et vous portez beaucoup de fruit du fait que vous êtes mes disciples. D'abord en vous conduisant bien, et par là Dieu est glorifié - Qu'ils voient vos bonnes œuvres, et glorifient votre Père. Ensuite par un enseignement droit, ce qui glorifie également Dieu - Tout homme qui invoque mon nom, c'est à ma gloire que je l’ ai créé. Les Apôtres sont donc cette terre qui porte beaucoup de fruit, comme il est dit ensuite : ET QUE VOUS DEVENIEZ MES DISCIPLES, en demeurant en moi et en étant fervents dans la charité.

Tels sont en effet les signes qui caractérisent les disciples du Christ : en premier lieu, l'adhésion au Christ - Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples. Par là ils sont rendus capables de porter le fruit de la doctrine.

En second lieu, l'observance de la charité - En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. C'est par là qu'ils sont rendus capables de porter un fruit de bonnes œuvres - Si j'avais le don de prophétie, et si je connaissais tous les mystères et toute la science, si j'avais toute la foi jusqu'à déplacer des montagnes, si je n'ai pas la chanté, je ne suis rienon montre là que sans la charité rien ne vaut.
Louis-Claude Fillion
Le Sauveur reprend l’allégorie à son début (verset 1) pour en faire plus longuement l’application. Il insiste sur les conséquences salutaires ou terribles soit de l’union avec lui, soit de la séparation. - Je suis la vigne. Tel est son rôle, à lui, dans l’agriculture spirituelle. Les fresques des catacombes représentent parfois cette vigne précieuse (voyez notre Atlas d’histoire naturelle de la Bible, pl. 37, fig. 3). - Vous êtes les sarments. Le rôle des disciples, qui n’avait été mentionné jusque là que d’une manière indirecte. - Celui qui demeure en moi : comme un sarment qui vit attaché au cep. Le verset 4 avait exprimé la même en termes négatifs. - Et moi en lui. Condition non moins essentielle. En effet, il ne suffit point que le rameau tienne extérieurement au cep ; il faut de plus que le suc soit transmis de la vigne au sarment. L’union doit être tout ensemble extérieure et intérieure. Mais Jésus nous sera certainement uni toutes les fois que nous lui demeurerons nous-mêmes attachés. - Porte beaucoup de fruit : épithète qui ajoute à l’idée antérieurement exprimée (verset 4). - Car sans moi (motif, et autre idée nouvelle) ( en grec « séparés de moi ») vous ne pouvez rien faire. La négation est double dans le texte primitif grec. Absolument rien, pas plus que la branche retranchée de la vigne ; car N.-S. Jésus-Christ étant pour nous toutes choses, en dehors de lui nous sommes incapables de produire quoi que ce soit de bon.
Concile œcuménique
L’Église est le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît l’antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel s’opère et s’opérera la réconciliation entre Juifs et Gentils (Rm 11, 13-26). Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (Mt 21, 33-43 par. ; Is 5, 1 s.). La Vigne véritable, c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes : par l’Église nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien faire (Jn 15, 1-5).

Le Christ envoyé par le Père étant la source et l’origine de tout l’apostolat de l’Église, il est évident que la fécondité de l’apostolat des laïcs dépend de leur union vitale avec le Christ, selon cette parole du Seigneur : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. Car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Cette vie d’intime union avec le Christ dans l’Église est alimentée par des nourritures spirituelles communes à tous les fidèles, en particulier par la participation active à la sainte liturgie. Les laïcs doivent les employer de telle sorte que, remplissant parfaitement les obligations du monde dans les conditions ordinaires de l’existence, ils ne séparent pas l’union du Christ et leur vie, mais grandissent dans cette union en accomplissant leurs travaux selon la volonté de Dieu. De cette manière les laïcs progresseront en sainteté avec ardeur et joie, s’efforçant de surmonter les difficultés inévitables avec prudence et patience. Ni le soin de leur famille ni les affaires temporelles ne doivent être étrangers à leur spiritualité, selon ce mot de l’Apôtre : « Tout ce que vous faites, en paroles ou en œuvres, faites-le au nom du Seigneur Jésus Christ, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col 3, 17).
Catéchisme de l'Église catholique
La mission du Christ et de l’Esprit Saint s’accomplit dans l’Église, Corps du Christ et Temple de l’Esprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans l’Esprit Saint : L’Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre l’esprit à l’intelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans l’Eucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter " beaucoup de fruit " (Jn 15, 5. 8. 16).

Jésus dit : " Je suis la vigne ; vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi, vous ne pouvez rien faire " (Jn 15, 5). Le fruit évoqué dans cette parole est la sainteté d’une vie fécondée par l’union au Christ. Lorsque nous croyons en Jésus Christ, communions à ses mystères et gardons ses commandements, le Sauveur vient lui-même aimer en nous son Père et ses frères, notre Père et nos frères. Sa personne devient, grâce à l’Esprit, la règle vivante et intérieure de notre agir. " Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés " (Jn 15, 12).

La tentation la plus courante, la plus cachée, est notre manque de foi. Elle s’exprime moins par une incrédulité déclarée que par une préférence de fait. Quand nous commençons à prier, mille travaux ou soucis, estimés urgents, se présentent comme prioritaires ; de nouveau, c’est le moment de la vérité du cœur et de son amour de préférence. Tantôt nous nous tournons vers le Seigneur comme le dernier recours : mais y croit-on vraiment ? Tantôt nous prenons le Seigneur comme allié, mais le cœur est encore dans la présomption. Dans tous les cas, notre manque de foi révèle que nous ne sommes pas encore dans la disposition du cœur humble : " Hors de moi, vous ne pouvez rien faire " (Jn 15, 5).

Jésus les unit à sa mission reçue du Père : comme " le Fils ne peut rien faire de Lui-même " (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l’a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l’accomplir. Les apôtres du Christ savent donc qu’ils sont qualifiés par Dieu comme " ministres d’une alliance nouvelle " (2 Co 3, 6), " ministres de Dieu " (2 Co 6, 4), " en ambassade pour le Christ " (2 Co 5, 20), " serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu " (1 Co 4, 1).

" Le Christ envoyé par le Père étant la source et l’origine de tout l’apostolat de l’Église ", il est évident que la fécondité de l’apostolat, celui des ministres ordonnés comme celui des laïcs, dépend de leur union vitale avec le Christ (cf. Jn 15, 5 ; AA 5). Selon les vocations, les appels du temps, les dons variés du Saint-Esprit, l’apostolat prend les formes les plus diverses. Mais c’est toujours la charité, puisée surtout dans l’Eucharistie, " qui est comme l’âme de tout apostolat " (AA 3).

Incorporés au Christ par le baptême (cf. Rm 6, 5), les chrétiens sont " morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus " (Rm 6, 11), participant ainsi à la vie du Ressuscité (cf. Col 2, 12). A la suite du Christ et en union avec lui (cf. Jn 15, 5), les chrétiens peuvent " chercher à imiter Dieu comme des enfants bien-aimés et suivre la voie de l’amour " (Ep 5, 1), en conformant leurs pensées, leurs paroles et leurs actions aux " sentiments qui sont dans le Christ Jésus " (Ph 2, 5) et en suivant ses exemples (cf. Jn 13, 12-16).
Pape Saint Jean-Paul II
79. Nous sommes le peuple de la vie parce que Dieu, dans son amour gratuit, nous a donné l'Evangile de la vie et que ce même Evangile nous a transformés et sauvés. Nous avons été reconquis par l'« auteur de la vie » (Ac 3, 15) au prix de son précieux sang (cf. 1 Co 6, 20; 7, 23; 1 P 1, 19) et par le bain baptismal nous avons été insérés en lui (cf. Rm 6, 4-5; Col 2, 12), comme des branches qui tirent du même arbre leur sève et leur fécondité (cf. Jn 15, 5). Renouvelés intérieurement par la grâce de l'Esprit, « qui est Seigneur et qui donne la vie », nous sommes devenus un peuple pour la vie et nous sommes appelés à nous comporter en conséquence.

Cette coopération s'enracine et se vit avant tout dans l'union personnelle au Christ: c'est seulement si l'on est uni à lui comme les sarments à la vigne (cf. Jn 15, 5) que l'on peut porter de bons fruits. La sainteté de la vie permet à tout chrétien d'être fécond dans la mission de l'Eglise: le Saint Concile invite « tous les chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu'ayant une conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de l'Evangile, ils assument leur part dans l'œuvre missionnaire auprès des païens »
Pape Benoît XVI
Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est. Face aux énormes problèmes du développement des peuples qui nous pousseraient presque au découragement et au défaitisme, la parole du Seigneur Jésus Christ vient à notre aide en nous rendant conscients de ce fait que: « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5); elle nous encourage: « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Face à l’ampleur du travail à accomplir, la présence de Dieu aux côtés de ceux qui s’unissent en son Nom et travaillent pour la justice nous soutient. Paul VI nous a rappelé dans Populorum progressio que l’homme n’est pas à même de gérer à lui seul son progrès, parce qu’il ne peut fonder par lui-même un véritable humanisme. Nous ne serons capables de produire une réflexion nouvelle et de déployer de nouvelles énergies au service d’un véritable humanisme intégral que si nous nous reconnaissons, en tant que personnes et en tant que communautés, appelés à faire partie de la famille de Dieu en tant que fils. La plus grande force qui soit au service du développement, c’est donc un humanisme chrétien, qui ravive la charité et se laisse guider par la vérité, en accueillant l’une et l’autre comme des dons permanents de Dieu. L’ouverture à Dieu entraîne l’ouverture aux frères et à une vie comprise comme une mission solidaire et joyeuse. Inversement, la fermeture idéologique à l’égard de Dieu et l’athéisme de l’indifférence, qui oublient le Créateur et risquent d’oublier aussi les valeurs humaines, se présentent aujourd’hui parmi les plus grands obstacles au développement. L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain. Seul un humanisme ouvert à l’Absolu peut nous guider dans la promotion et la réalisation de formes de vie sociale et civile – dans le cadre des structures, des institutions, de la culture et de l’ethos – en nous préservant du risque de devenir prisonniers des modes du moment. C’est la conscience de l’Amour indestructible de Dieu qui nous soutient dans l’engagement, rude et exaltant, en faveur de la justice, du développement des peuples avec ses succès et ses échecs, dans la poursuite incessante d’un juste ordonnancement des réalités humaines. L’amour de Dieu nous appelle à sortir de ce qui est limité et non définitif ; il nous donne le courage d’agir et de persévérer dans la recherche du bien de tous, même s’il ne se réalise pas immédiatement, même si ce que nous-mêmes, les autorités politiques, ainsi que les acteurs économiques réussissons à faire est toujours inférieur à ce à quoi nous aspirons . Dieu nous donne la force de lutter et de souffrir par amour du bien commun, parce qu’Il est notre Tout, notre plus grande espérance.