Jean 15, 7

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
Saint Jean Chrysostome
Après leur avoir déclaré qu'ils purs à cause des instructions qu'il leur avait données, il leur enseigne à faire ce qui dépend d'eux pour prêter leur concours à la grâce: «Demeurez en moi, et moi en vous».

Vous voyez que le Fils procure autant de grâces aux disciples que le Père. Le Père émonde l es branches, le Fils les tient unies avec lui, et leur donne ainsi la vertu de produire des fruits. Et cependant nous avons vu qu'il appartient aussi au Fils d'émonder, de même que le Père qui a engendre la racine, nous donne aussi de demeurer attaché à la racine; c'est donc déjà un grand malheur que de ne pouvoir rien faire absolument; toutefois Notre-Seigneur ne s'arrête pas là, et il ajoute: «Celui qui ne demeure pas en moi, sera jeté comme le sarment (c'est-à-dire, qu'il n'aura aucune part aux soins du vigneron), et il séchera (c'est-à-dire, qu'il perdra le peu de sève qu'il avait reçue de la racine, et qu'il sera privé de tout secours et de la vie), et on le ramassera».

Notre-Seigneur explique ensuite ce que c'est que de demeurer en lui: «Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé». Ce qu'il demande, c'est le témoignage des oeuvres.
Saint Augustin
Ils n'étaient pas en lui de la même, manière qu'il était en eux, car cette union réciproque ne pouvait être utile qu'à eux seuls. Les branches sont unies étroitement à la vigne, mais sans lui rien communiquer; tandis que c'est d'elle qu'ils tiren t le principe de leur vie. La vigne, au contraire, est unie aux branches de manière à leur communiquer sa sève vivifiante, sans rien recevoir d'eux. Ainsi cette demeure de Jésus-Christ dans les apôtres et des apôtres dans Jésus-Christ, n'a d'autre but que leur avantage et non celui de Jésus-Christ. C'est pour cela qu'il ajoute: «De même que la branche ne peut porter de fruit si elle ne demeure unie à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus si vous ne demeurez en moi». Quel magnifique éloge de la grâce ! Comme il est propre à instruire les coeurs des humbles et à fermer la bouche des superbes ! N'est-ce pas contredire cette vérité que de ne pas croire à la nécessité d'un secours divin pour faire le bien, et ceux qui sont dans cette erreur que font-ils? Loin d'affirmer et de défendre le libre arbitre, ils ne font que le ruiner. Celui qui s'imagine pouvoir porter du fruit par lui-même, n'est pas uni à la vigne; celui qui n'est pas dans la vigne n'est pas dans Jésus-Christ, et celui qui n'est pas dans Jésus-Christ n'est pas chrétien.

Et que personne ne s'imagine que la branche puisse produire par elle-même quelque peu de fruit, car Notre-Seigneur ajoute: «Sans moi, vous ne pouvez rien faire». Il ne dit pas: Vous pourrez faire peu de chose, car si la branche ne demeure attachée à la vigne, et ne tire de sa racine la sève qui lui donne la vie, elle ne peut absolument produire aucun fruit. Or, bien que Jésus-Christ ne pût être la vigne, s'il n'était homme, cependant il ne pourrait communiquer une si grande vertu aux branches, s'il n'était également Dieu.

Car plus le bois de la vigne est précieux, s'il demeure uni à la vigne, plus il est vil et méprisable s'il vient à en être détaché, il n'y a pour la branche d'autre alternative que d'être unie à la vigne ou d'être jetée dans le feu. Si elle ne reste point attachée à la vigne, elle sera jetée au feu; qu'elle demeure donc unie à la vigne pour éviter le feu.

Ses paroles demeurent en nous, lorsque nous accomplissons ses commandements et que nous aimons ses promesses, ma is si ses paroles ne restent que dans la mémoire, et qu'on n'en trouve aucune trace dans la vie, le sarment ne fait plus partie de la vigne, parce qu'il ne tire plus sa vie de la racine. Or, que peuvent vouloir ceux qui demeurent en Jésus-Christ, que ce qui a rapport à leur salut? En effet, ce que nous voulons lorsque nous sommes unis à Jésus-Christ, est tout différent de ce que nous voulons, lorsque nous sommes encore attachés au monde. Il arrive quelquefois que la partie de nous-mêmes qui demeure encore dans le monde, nous suggère des prières dont nous ne voyons pas l'opposition avec notre salut, mais loin de nous la pensée que nous obtenions ce que nous demandons, si nous demeurons eu Jésus-Christ, qui n'exauce que les prières qui nous sont utiles. La prière qui commence par ces mots: «Notre Père», fait partie des paroles de Jésus-Christ, dont il est ici question, prenons donc soin de ne pas nous écarter dans nos demandes des paroles et de l'esprit de cette divine prière, et tout ce que nous demanderon s nous sera infailliblement accordé.
Alcuin d'York
Tout le fruit des bonnes oeuvres vient comme de sa racine, de celui qui nous a délivrés par sa grâce, et nous donne par son secours une force nouvelle pour nous faire produire du fruit en plus grande abondance. Aussi Notre-Seigneur revient sur cette vérité, en lui donnant un plus grand développement: «Je puis la vigne, et vous êtes les branches; si quelqu'un demeure en moi (par la foi, l'obéissance, la persévérance), et moi en lui, (par les lumières que je répands dans son âme, par ma grâce et le don de persévérance), celui-là, (à l'exclusion de tout autre), portera beaucoup de fruit».

et on le jettera au feu, et il brûlera.
Louis-Claude Fillion
Doux contraste, par le tableau des bénédictions que peut procurer aux disciples l’union avec Jésus, versets 7-11. Le langage figuré disparaît peu à peu dans ces derniers versets de l’allégorie. - Si vous demeurez en moi. La condition « sine qua non » est constamment réitérée. Au lieu des mots « et moi en vous » (verset 4. Cf. verset 5), nous trouvons cette fois la variante « et que mes paroles demeurent en vous ». Le pluriel mes paroles alterne, comme en d’autres endroits, avec la parole (verset 3) au singulier. - Autre variante dans l’expression, pour dire que les apôtres, unis à leur divin Maître, produiront les plus excellents fruits : Vous demanderez tout ce que vous voudrez… Voyez 14, 13 et 14, avec le commentaire. C’était une promesse identique. Jésus appuie sur ces mots, ainsi qu’on le voit par la place qu’il leur donne dans la phrase. - Et cela vous sera accordé. Cela vous arrivera ! Locution très énergique. Plus haut, 14, 13 et 14, Jésus avait dit : « Je le ferai ».