Jean 16, 13

Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.

Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Louis-Claude Fillion
Quand cet Esprit de vérité sera venu... Cf. v. 8. Plus tard, après la Pentecôte, quand le Paraclet les aura munis de grâces et de lumières spéciales, ils pourront tout porter sans peine. - Esprit de vérité. Cf. 14, 17 et l'explication. Dans le grec: « celui-ci, l'Esprit de vérité ». - Il vous enseignera. « Enseigner » exprime la pensée, mais non l'image et par conséquent la force du verbe primitif qui signifie littéralement : Il sera votre guide sur la voie. Le Paraclet se fera donc personnellement l'introducteur des disciples dans la riche contrée des vérités chrétiennes. Philon, De vita Mos. 3, 36, a un passage analogue : « L'intelligence de Moïse ne serait pas allée si droit au but, s'il n'avait pas eu l'Esprit divin pour la guider vers la vérité ». - Toute vérité. « Toute » est très fortement accentué ; l’article aussi est à noter : la vérité pleine et entière, la vérité dans toute son étendue, dans toutes ses profondeurs ; mais, naturellement, avec la restriction exigée par l’ « état de pèlerinage », car il restera une grande place pour les révélations du ciel. En manifestant ainsi la vérité, l’Esprit de vérité sera parfaitement dans son rôle ; connaissant tout d'une manière infaillible, il communiquera, sans danger d'erreur, la science à son plus haut degré. Il y a, dans cette demi -ligne, l'abrégé des admirables développements du dogme catholique : « Ces paroles s’adressent directement aux apôtres ; indirectement à toute l’Église enseignante, que les apôtres représentent là », Corluy, h. l. - Il ne parlera pas de lui-même. (Cf. 5, 19 ; 14, 4) ; de son propre fond, comme si ses paroles étaient distinctes de celles du Père et du Fils, et formaient une nouvelle source de vérité. Le démon parle de lui-même, et il est par cela même un menteur, 8, 4. - L'Esprit de vérité parle au contraire à la façon d'un ambassadeur, qui ne va pas au delà de ce que son mandataire lui a mis sur les lèvres : Mais il dira tout ce qu’il aura entendu. Jésus avait tenu une conduite identique, n'enseignant que ce qu'il avait entendu et reçu du Père. Cf. 8, 26, 40 ; 15, 15. A son tour il inspirera le Paraclet, v. 14. - Et il vous annoncera l’avenir (dans le grec, les choses qui viennent)... Promesse importante, qui annonce que le don de prophétie se perpétuera au sein de l’Église. Sur cette révélation des secrets de l'avenir faite aux apôtres par le S. Esprit, comparez les célèbres passages : Rom. 11, 25-32 ; 1 Cor. 15, 50-53 ; 1 Thess. 4, 13-18 ; 2 Thess. 2, 1-10 ; Tit. 2, 11-14 ; 2 Petr. 2, 1 ; Jud. 17-18, et la plus grande partie de l'Apocalypse. - Les mots Il vous annoncera sont répétés trois fois de suite à la fin de ce verset et des deux suivants, comme un majestueux refrain.
Concile œcuménique
Le canon du Nouveau Testament, outre les quatre Évangiles, comprend aussi des épîtres de saint Paul et d’autres écrits apostoliques, composés sous l’inspiration de l’Esprit Saint ; ces écrits, selon les sages dispositions de Dieu, confirment ce qui touche au Christ Notre Seigneur, présentent sa doctrine authentique avec des précisions toujours plus grandes, font connaître aux hommes l’œuvre divine du Christ avec sa puissance de salut, racontent les débuts de l’Église et son admirable expansion, et annoncent par avance sa glorieuse consommation. Le Seigneur Jésus en effet, comme il l’avait promis, est resté présent auprès de ses Apôtres (cf. Mt 28, 20) et il leur envoya l’Esprit consolateur qui devait les introduire dans la plénitude de la vérité (cf. Jn 16, 13).

Une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique esprit, l’accès auprès du Père (cf. Ep 2, 18). C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissante pour la vie éternelle (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait tués, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel (cf. Rm 8, 10-11). L’Esprit habite dans l’Église et dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16 ; 6, 19), en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6 ; Rm 8, 15-16.26). Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13), et à laquelle il assure l’unité de la communauté et du ministère, il bâtit et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits (cf. Ep 4, 11-12 ; 1 Co 12, 4 ; Ga 5, 22). Par la vertu de l’Évangile, il fait la jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec son époux. L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : « Viens» (cf. Ap 22, 17). Ainsi l’Église universelle apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint ».
Catéchisme de l'Église catholique
Avant sa Pâque, Jésus annonce l’envoi d’un " autre Paraclet " (Défenseur), l’Esprit Saint. A l’œuvre depuis la création (cf. Gn 1, 2), ayant jadis " parlé par les prophètes " (Symbole de Nicée-Constantinople), il sera maintenant auprès des disciples et en eux (cf. Jn 14, 17), pour les enseigner (cf. Jn 14, 26) et les conduire " vers la vérité tout entière " (Jn 16, 13). L’Esprit Saint est ainsi révélé comme une autre personne divine par rapport à Jésus et au Père.

" Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu " (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui " a parlé par les prophètes " nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne l’entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L’accueillir dans la foi. L’Esprit de Vérité qui nous " dévoile " le Christ " ne parle pas de lui-même " (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi " le monde ne peut pas le recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le connaît ", tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce qu’il demeure avec eux (Jn 14, 17).

Par l’Esprit qui la conduit " dans la vérité tout entière " (Jn 16, 13), l’Église a reconnu peu à peu ce trésor reçu du Christ et en a précisé la " dispensation ", comme elle l’a fait pour le canon des saintes Écritures et la doctrine de la foi, en fidèle intendante des mystères de Dieu (cf. Mt 13, 52 ; 1 Co 4, 1). Ainsi, l’Église a discernée au cours des siècles que, parmi ses célébrations liturgiques il y en a sept qui sont, au sens propre du terme, des sacrements institués par le Seigneur

Tous les fidèles ont part à la compréhension et à la transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu l’onction de l’Esprit Saint qui les instruit (cf. 1 Jn 2, 20. 27) et les conduit vers la vérité toute entière (cf. Jn 16, 13).
Pape Saint Jean-Paul II
L'histoire constitue pour le peuple de Dieu un chemin à parcourir entièrement, de façon que la vérité révélée exprime en plénitude son contenu grâce à l'action constante de l'Esprit Saint (cf. Jn 16, 13). C'est encore une fois ce que dit la Constitution Dei Verbum quand elle affirme que « l'Eglise, tandis que les siècles s'écoulent, tend constamment vers la plénitude de la divine vérité, jusqu'à ce que soient accomplies en elle les paroles de Dieu »

La voie et, en même temps, le contenu de cette perfection consistent dans la suite du Christ, dans le fait de suivre Jésus après avoir renoncé à ses biens particuliers et à soi-même. C'est précisément la conclusion du dialogue entre Jésus et le jeune homme : « Puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21). La merveilleuse profondeur de cette invitation sera pleinement perçue par les disciples après la résurrection du Christ, quand l'Esprit Saint les introduira dans la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13).

Dans sa réflexion morale, l'Eglise a toujours tenu compte des paroles que Jésus a adressées au jeune homme riche. L'Ecriture Sainte, en effet, reste la source vive et féconde de la doctrine morale de l'Eglise, comme l'a rappelé le Concile Vatican II : « L'Evangile la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale » L'Eglise a gardé fidèlement ce qu'enseigne la Parole de Dieu, non seulement sur les vérités à croire mais encore sur l'agir moral, c'est-à-dire l'agir qui plaît à Dieu (cf. 1 Th 4, 1), accomplissant un développement doctrinal analogue à celui qui s'est produit dans le domaine des vérités de la foi. Assistée de l'Esprit Saint qui la conduit vers la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13), l'Eglise n'a cessé, et ne peut jamais cesser, de scruter « le mystère du Verbe incarné », dans lequel « s'éclaire vraiment le mystère de l'homme »

L'action universelle de l'Esprit n'est pas à séparer de l'action particulière qu'il mène dans le corps du Christ qu'est l'Eglise. En effet, c'est toujours l'Esprit qui agit quand il vivifie l'Eglise et la pousse à annoncer le Christ, ou quand il répand et fait croître ses dons en tous les hommes et en tous les peuples, amenant l'Eglise à les découvrir, à les promouvoir et à les recevoir par le dialogue. Il faut accueillir toutes les formes de la présence de l'Esprit avec respect et reconnaissance, mais le discernement revient à l'Eglise à laquelle le Christ a donné son Esprit pour la mener vers la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13).

Aujourd'hui comme hier, la mission reste difficile et complexe; aujourd'hui comme hier, elle requiert le courage et la lumière de l'Esprit. Nous vivons souvent le drame de la première communauté chrétienne, qui voyait des foules incrédules et hostiles « se rassembler de concert contre le Seigneur et contre son Oint » (Ac 4, 26). Comme hier, il faut prier pour que Dieu nous donne l'audace de proclamer l'Evangile; il faut scruter les voies mystérieuses de l'Esprit, et se laisser conduire par lui à toute la vérité (cf. Jn 16, 13).

Comme l'écrit le Concile, «l'Esprit demeure dans l'Eglise et dans le cœur des fidèles comme dans un temple (cf. 1 Co 3, 16; 6, 19), en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption (cf. Ga 4, 6; Rm 8, 15-16. 26). Cette Eglise qu'il introduit dans la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13), qu'il unifie par la communion et le ministère, l'Esprit lui fournit ses moyens d'action et la dirige par la diversité de ses dons hiérarchiques et charismatiques, et il l'embellit par ses fruits (cf. Ep 4, 11-12; 1 Co 12, 4; Ga 5, 22). Par la vertu de l'Evangile, il rajeunit l'Eglise et il la renouvelle sans cesse, l'acheminant à l'union parfaite avec son Epoux»96.