Jean 16, 15
Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Notre-Seigneur dit donc: «Il ne parlera pas de lui-même», c'est-à-dire sans la volonté de mon Père et la mienne; parce qu'il tire son existence de mon Père et de moi, et c'est de mon Père et de moi qu'il a reçu d'être, et de parler. Pour moi, je dis la vérité, c'est-à-dire je lui inspire ce que je dis, car il est l'Esprit de vérité. Lorsqu'il s'agit de la Trinité, il ne faut point entendre ces expressions dire et parler dans leur signification ordinaire, mais dans le s ens qui seul peut convenir aux natures incorporelles, et surtout à la Trinité qui inspire sa volonté dans le coeur des fidèles et de ceux qui sont dignes d'entendre sa voix. Pour le Père parler, et pour le Fils entendre, est le signe d'une entière égalité de nature, et d'une parfaite unité de volonté. Quant à l'Esprit-Saint, qui est l'Esprit de vérité, l'Esprit de sagesse, lorsque le Fils parle, on ne peut dire qu'il entend ce qu'il ne sait pas, puisqu'il est lui-même ce qui sort du Fils, la vérité qui procède de la vérité, le consolateur qui émane du consolateur, le Dieu esprit de vérité qui procède de Dieu. Et afin que personne ne lui attribuât une volonté différente de celle du Père et du Fils, Notre-Seigneur ajoute: «Ce qu'il entendra, il le dira».
Ou bien Notre-Seigneur veut dire que ses disciples ne savaient pas encore tout ce qu'ils auraient à souffrir dans la suite pour son nom; il ne leur en faisait connaître qu'une partie, réservant pour plus tard la connaissance des épreuves plus grandes qu'ils ne pouvaient porter alors, avant que leur chef leur en eut donné l'exemple par l'enseig nement de sa croix. Ils étaient encore asservis aux figures, à l'ombre et aux images de la loi, et ils ne pouvaient regarder la vérité dont la loi n'était que l'ombre. Mais lorsque l'Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité; et par sa doctrine et par son enseignement, vous fera passer de la mort de la lettre à l'esprit de vie dans lequel seul se trouve la vérité de tontes les Écritures.
C'est encore par l'Esprit de vérité que la science certaine de l'avenir est accordée à de saints personnages, c'est sous l'inspiration de cet Esprit dont ils étaient remplis que les prophètes prédisaient, et voyaient comme présents des événements qui ne devaient arriver que bien longtemps après: «Et il vous annoncera les choses à venir».
Notre-Seigneur n'a donc point laissé dans l'incertitude si le Saint-Esprit venait du Père ou du Fils; il a reçu du Fils d'être envoyé, et il procède du Père. Mais je demande si c'est une même chose pour l'Esprit saint de recevoir du Fils et de procéder du Père? On devra certainement reconnaître que c'est une seule et même chose de recevoir du Fils et de recevoir du Père; car lorsque Notre-Seigneur dit: «Tout ce qu'a mon Père est à moi», et qu'il dit eu même temps que l'Esprit saint recevra de ce qui est à lui, il enseigne par-la même qu'il doit recevoir également du Père. Il dit cependant qu'il recevra de ce qui est à lui, parce que tout ce qui est à son Père est à lui. Cette unité ne peut donc admettre de différence, peu importe de qui on reçoit, puisque ce qui est donné par le Père est considéré comme donné par le Fils.
Selon saint Paul, ton Esprit Saint, mon Seigneur et mon Dieu, scrute et connaît tes profondeurs (cf. 1Co 2,10). Quand il intercède pour moi, il te parle à ma place par des cris inexprimables (cf. Rm 8,26). Rien, en dehors de toi, ne scrute ton mystère. Rien qui soit étranger ou extérieur n'est assez puissant pour mesurer la profondeur de ton infinie majesté. Tout ce qui pénètre en toi est de toi; rien de ce qui est étranger à toi n'a le pouvoir de te scruter.
Que ton Esprit Saint vienne de toi par ton Fils unique, je ne le perçois pas sensiblement, mais j'en ai la conviction. Car, dans le domaine spirituel qui est le tien, mon esprit est obtus, comme l'assure ton Fils unique: Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître. Car le vent souffle où il veut: tu entends le bruit qu'il fait mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'eau et de l'Esprit (Jn 3,7-8).
Je crois en ma nouvelle naissance sans la comprendre, et je suis déjà certain de vérités qui m'échappent. Sans que je comprenne comment, je renais, et ma nouvelle naissance s'accomplit réellement. Rien n'empêche l'Esprit de parler quand il veut et là où il veut. Le motif de sa venue et de son départ nous reste inconnu, même si j'ai la conviction de sa présence.
Jean, ton Apôtre, nous enseigne que tout a été fait par ton Fils qui était auprès de toi au commencement, qui est Dieu et Verbe de Dieu (cf. Jn 1,1-3). Et saint Paul énumère tout ce qui a été créé en lui, au ciel et sur la terre, êtres visibles et puissances invisibles ; il souligne que tout a été créé dans le Christ et par le Christ (cf. Col 1,16-17). Quant à l'Esprit Saint, il a jugé suffisant d'affirmer qu'il est ton Esprit.
Pour moi, je penserai comme ces deux hommes (Jean et Paul) que tu as choisis, et avec eux, je ne dirai rien sur ton Fils unique qui dépasse les capacités de mon intelligence: je me contenterai de dire qu'il est né. De même, avec eux, je ne dirai rien de ton Esprit Saint qui dépasse les ressources naturelles de l'homme: je déclarerai seulement qu'il est ton Esprit. Je ne veux pas d'une vaine querelle de mots: je m'en tiens à professer fermement une foi inébranlable.
Je t'en prie, mon Dieu, conserve intacte la ferveur de ma foi, et, jusqu'à mon dernier soupir, donne-moi d'exprimer ce qui est ma conviction, de garder toujours ce que j'ai professé dans le Symbole lors de ma nouvelle naissance, quand j'ai été baptisé dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Accorde-moi de t'adorer, toi notre Père, et ton Fils qui ne fait qu'un avec toi; fais que je reçoive ton Esprit Saint, qui procède de toi par ton Fils unique.
J'ai, en faveur de ma foi, un témoin autorisé, celui qui déclare: Père, tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi (Jn 17,10). Ce témoin, c'est mon Seigneur Jésus Christ, lui qui demeure en toi, lui qui vient et qui est toujours auprès de toi, étant toujours Dieu, pour les siècles des siècles.
Que ton Esprit Saint vienne de toi par ton Fils unique, je ne le perçois pas sensiblement, mais j'en ai la conviction. Car, dans le domaine spirituel qui est le tien, mon esprit est obtus, comme l'assure ton Fils unique: Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître. Car le vent souffle où il veut: tu entends le bruit qu'il fait mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'eau et de l'Esprit (Jn 3,7-8).
Je crois en ma nouvelle naissance sans la comprendre, et je suis déjà certain de vérités qui m'échappent. Sans que je comprenne comment, je renais, et ma nouvelle naissance s'accomplit réellement. Rien n'empêche l'Esprit de parler quand il veut et là où il veut. Le motif de sa venue et de son départ nous reste inconnu, même si j'ai la conviction de sa présence.
Jean, ton Apôtre, nous enseigne que tout a été fait par ton Fils qui était auprès de toi au commencement, qui est Dieu et Verbe de Dieu (cf. Jn 1,1-3). Et saint Paul énumère tout ce qui a été créé en lui, au ciel et sur la terre, êtres visibles et puissances invisibles ; il souligne que tout a été créé dans le Christ et par le Christ (cf. Col 1,16-17). Quant à l'Esprit Saint, il a jugé suffisant d'affirmer qu'il est ton Esprit.
Pour moi, je penserai comme ces deux hommes (Jean et Paul) que tu as choisis, et avec eux, je ne dirai rien sur ton Fils unique qui dépasse les capacités de mon intelligence: je me contenterai de dire qu'il est né. De même, avec eux, je ne dirai rien de ton Esprit Saint qui dépasse les ressources naturelles de l'homme: je déclarerai seulement qu'il est ton Esprit. Je ne veux pas d'une vaine querelle de mots: je m'en tiens à professer fermement une foi inébranlable.
Je t'en prie, mon Dieu, conserve intacte la ferveur de ma foi, et, jusqu'à mon dernier soupir, donne-moi d'exprimer ce qui est ma conviction, de garder toujours ce que j'ai professé dans le Symbole lors de ma nouvelle naissance, quand j'ai été baptisé dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Accorde-moi de t'adorer, toi notre Père, et ton Fils qui ne fait qu'un avec toi; fais que je reçoive ton Esprit Saint, qui procède de toi par ton Fils unique.
J'ai, en faveur de ma foi, un témoin autorisé, celui qui déclare: Père, tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi (Jn 17,10). Ce témoin, c'est mon Seigneur Jésus Christ, lui qui demeure en toi, lui qui vient et qui est toujours auprès de toi, étant toujours Dieu, pour les siècles des siècles.
Ces paroles: «Vous ne pouvez porter maintenant ces vérités», (mais vous le pourrez plus tard) et ces autres: «L'Esprit saint vous conduira à toute vérité», pouvaient donner aux Apôtres la pensée que l'Esprit saint était plus grand que lui, il se hâte donc d'ajouter: «Car il ne parlera pas de lui-même», etc.
C'est ainsi que Notre-Seigneur élève l'esprit et les pensées de ses disciples, car rien n'excite à un plus haut degré la curiosité et les désirs de la nature humaine, comme la connaissance do l'avenir. Il les délivre donc de cette sollicitude en leur révélant les épreuves qui les attendent, afin qu'ils n'y tombent point sans y être préparés. Il leur explique ensuite quelle est cette vérité dont il a dit: «L'Esprit saint vous enseignera toute vérité», en ajoutant: «Il me glorifiera», etc.
Et comme il leur avait dit précédemment: «Vous n'avez qu'un seul maître, qui est le Christ»; ( Mt 23) pour les disposer à recevoir les leçons de l'Esprit saint, il ajoute: «Il recevra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera». - Didyme. Il faut entendre ce mot recevoir dans un sens qui puisse convenir à la nature divine; car de même que le Fils en donnant, ne perd point ce qu'il donne, et n'éprouve aucun dommage de ce qu'il accorde aux autres; ainsi l'Esprit saint ne reçoit point ce qu'il n'avait pas auparavant, car s'il a reçu ce qu'il n'avait pas, en communiquant lui-même cette même grâce à un autre, il s'est appauvri de ce qu'il donnait. Comprenons donc que l'Esprit saint a reçu du Fils ce qui était propre à sa nature, qu'il n'y a point ici une personne qui donne et une personne qui reçoit, mais une seule et même nature, car le Fils lui-même reçoit du Père les propriétés qui font sa nature; en effet, le Fils n'est rien en dehors de ce qui lui est donné par son Père, de même qu'on ne peut concevoir la nature de l'Esprit saint en dehors de ce qui lui est donné par le Fils.
Il ne faut pas s'étonner que le verbe «il entendra» soit au futur, le Saint-Esprit entend de toute éternité parce qu'il sait de toute éternité. Or quand il s'agit d'un être éternel sans commencement comme sans fin, quel que soit le temps qu'on emploie, il n'est pas contraire à la vérité. Quoiqu e cette nature immuable ne soit pas susceptible de passé et de futur, mais seulement du présent, cependant on ne parle point contre la vérité en disant: «Il a été, il est, et il sera», il a été, car il n'a jamais cessé d'être; il sera, parce que son existence n'aura jamais de fin; il est, parce qu'il existe toujours.
Tous les hérétiques se sont efforcés d'étayer sur ces paroles de l'Évangile leurs audacieuses inventions que la raison repousse avec horreur, comme si ces inventions étaient justement les vérités que les disciples ne pouvaient porter, et que l'Esprit saint leur eut enseigné ce que l'esprit immonde rougit d'enseigner et de prêcher en public. Mais on ne peut établir de comparaison entre les infamies qu'aucune pudeur humaine ne peut supporter, et les vérités salutaires que la faiblesse de l'esprit humain n'est pas capable de comprendre. Les unes ne se trouvent que dans les corps livrés à l'impureté, les autres sont au-dessus de toute nature corporelle et sensible. Mais qui de nous se croira capable de comprendre les vérités que les disciples ne pouvaient porter alors? Il ne faut donc point s'attendre à ce que je les explique. On me dira peut-être, il en est beaucoup maintenant qui pourraient comprendre ce que saint Pierre n'était pas alors même qu'il en est beaucoup qui sont aujourd'hui capables de recevoir la couronne du martyre, surtout depuis qu'ils ont reçu l'Esprit saint qui, alors n'avait pas encore été envoyé. J'accorde qu'il en soit beaucoup qui, depuis la venue du l'Esprit saint, puissent porter les vérités dont les disciples étaient incapables avant de l'avoir reçu. Est-ce une raison pour que nous sachions ce qu'il n'a pas voulu dire? Et puisqu'il a cru devoir les taire, qui de nous entreprendra de les dire? Savons-nous pour cela les vérités qu'il n'a pas cru devoir révéler? Il est également de la dernière absurdité de dire que les disciples étaient alors incapables de porter les hautes vérités que renferment leurs Epîtres écrites beaucoup plus tard, et dont on ne voit pas que le Seigneur leur ait parlé. Ces hommes qui appartiennent à des sectes perverses et corrompues, comme les Manichéens, les Sabelliens, les Ariens, ne peuvent supporter les vérités de la foi catholique qui se trouvent dans les saintes Écritures et condamnent leurs erreurs, de, même que nous ne pouvons supporter leurs mensonges sacrilèges. Qu'est-ce, en effet, que de ne pouvoir supporter quelque chose? C'est ne pouvoir l'envisager avec un esprit égal et tranquille. Mais quel est le fidèle, quel est même le catéchumène qui, avant d'avoir reçu avec le baptême le Saint-Esprit, ne lise pas ou n'entende pas d'un esprit égal, bien qu'il ne les comprenne pas, les vérités qui n'ont été écrites qu'après l'ascension du Sauveur? On me dira encore: Est-ce que les hommes verses dans la spiritualité n'ont pas dans leur doctrine des vérités qu'ils taisent aux hommes charnels, et qu'ils font connaître à ceux qui se conduisent selon l'esprit?
Il n'y a aucune nécessité de taire aux fidèles qui ne font que commencer les secrets de la doctrine chrétienne, pour les exposer en particulier aux âmes plus avancées. Les hommes spirituels ne doivent pas garder devant les chrétiens même charnels, un secret absolu sur les vérités spirituelles, parce qu'elles font partie de la foi catholique qui doit être annoncée à tous les hommes. Cependant, dans l'exposé qu'ils en font, ils doivent prendre garde qu'en voulant faire entrer ces vérités dans l'esprit de ceux qui n'en sont pas capables, ils leur inspirent le dégoût pour la parole de vérité plutôt que de leur en donner l'intelligence. ( Même imité après le commencement ). Ne soupçonnons donc pas dans ces paroles du Seigneur, je ne sais quelles vérités secrètes qui pourraient être dites par celui qui enseigne, mais que ne pourrait supporter son disciple; mais comprenons que pour les choses mêmes qui, dans la doctrine chrétienne, font partie de l'enseignement commun des fidèles, si Jésus-Christ voulait nous les expliquer comme il les développe à ses anges, quels sont ceux qui pourraient supporter cette révélation, fussent-ils des plus avancés dans la spiritualité, ce que n'étaient pas encore les Apôtres? Certainement tout ce qu'on peut savoir de la créature est au-dessous du Créateur, et cependant qui garde le silence sur le Créateur? Dans quel endroit du monde n'est-il pas connu de tous les hommes? Etcependant alors que tous parlent de lui, quel est celui qui le comprend comme il doit être compris? Et quel est celui qui, pendant cette vie, peut connaître toute la vérité? Est-ce que l'Apôtre ne dit pas: «Nous ne connaissons maintenant qu'imparfaitement ?» ( 1Co 13 ) Disons donc que comme l'Esprit Saint nous conduit à cette plénitude de vérité dont parle le même Apôtre, en ajoutant: «Mais alors nous le verrons face àface»; ce n'est pas seulement ce qui doit se faire en cette vie; mais la révélation pleine et entière qui doit avoir lieu dans la vie future que Notre-Seigneur nous promet par ces paroles: «Lorsque l'Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité», ou: «Il vous fera parvenir àtoute vérité». Ces paroles nous font comprendre que la plénitude de la vérité nous est réservée pour l'autre vie, et que dans celle-ci l'Esprit saint enseigne aux fidèles les choses spirituelles d'une manière proportionnée à leurs dispositions, tout en excitant dans leur coeur un désir de plus en plus vif pour ces mêmes vérités.
Ces paroles sont semblables à celles que le Sauveur dit de lui-même: «Je ne puis faire rien de moi-même, mais je juge suivant ce que j'entends», toutefois il parlait ainsi en tant qu'homme. - Or, comme l'Esprit saint n'est pas devenu créature par son union à un être créé, comment entendre en lui ces paroles de Notre-Seigneur? Nous devons les entendre dans ce sens que l'Esprit saint n'existe point par lui-même, car le Fils est né du Père, et l'Esprit saint procède du Père; or quelle différence entre procéder et naître, c'est ce qui demanderait de longues discussions et ce qu'il serait téméraire de définir. Entendre pour l'Esprit-Saint, c'est savoir, et savoir, c'est être. Puisque donc l'Esprit saint n'existe pas de lui-même, mais par celui de qui il procède, il reçoit la science et la propriété d'entendre de celui duquel il reçoit l'être. L'Esprit saint entend donc, toujours parce qu'il sait toujours; c'est donc de celui qui lui a donné l'être qu'il a entendu, qu'il entend et qu'il entendra.
On ne peut conclure delà que l'Esprit saint soit inférieur au Père et au Fils, car ces paroles doivent s'entendre de lui en tant qu'il procède du Père.
C'est-à-dire qu'en répandant la charité dans les meurs des fidèles, et en les rendant des hommes spirituels, l'Esprit saint leur a fait connaître que le Fils était égal au Père, lui qu'ils ne connaissaient auparavant que selon la chair, et que dans leurs pensées tout humaines, ils ne considéraient que comme un homme. Ou bien encore: «Il me glorifiera», parce que la charité remplissant les apôtres de confiance, et bannissant la crainte de leurs coeurs, ils ont annoncé Jésus-Christ aux hommes, et répandu la connaissance de son nom dans tout l'univers, car le Sauveur attribue ici à l'Esprit Saint ce que les apôtres devaient faire sous son inspiration.
Il ne faut point toutefois penser, comme l'ont fait quelques hérétiques, que l'Esprit saint soit moindre que le Fils, parce que le Fils reçoit du Père, et que le Saint-Esprit reçoit du Fils en suivant certains degrés qui établiraient une différence entre leurs natures, aussi le Sauveur se hâte de résoudre cette difficulté et d'expliquer ces paroles en ajoutant: «Tout ce qu'a mon Père est à moi. - Didyme. C'est-à-dire, quoique l'Esprit de vérité procède du Père, cependant, comme tout ce qui est à mon Père est à moi, l'Esprit du Père est le mien, et il recevra de ce qui est à moi. Gardez-vous, en entendant ces paroles de soupçonner ici une chose ou une propriété quelconque qui serait possédée par le Père et par le fils; tout ce que le Père a dans sa nature, c'est-à-dire dans son éternité, dans son immutabilité, dans sa bonté, le Fils l'a également. Rejetons donc bien loin tous ces filets des raisonneurs et des sophistes qui viennent nous dire: «Donc le Père est le Fils»; s'il avait dit: Tout ce qu'a Dieu est à moi, leur impiété pourrait y trouver matière à ces inventions sacrilèges, mais comme il a dit: «Tout ce qu'a mon Père est à moi», en proclamant le nom de son Père, il déclare lui-même qu'il est Fils, et il se garde bien, lui qui est le Fils, d'usurper la paternité, bien que par la grâce de l'adoption, il soit lui-même le Père d'un grand nombre de saints.
Il est certain qu'un grand nombre de saints personnages remplis de la grâce de l'Esprit saint ont connu et annoncé les événements à venir. Mais comme il en est un grand nombre aussi en qui brille l'éclat des plus pures vertus, et à qui la science des choses à venir n'est point donnée, on peut entendre ces paroles: «Il vous annoncera les choses à venir» dans ce sens qu'il vous remettra en mémoire les joies de la céleste patrie. L'Esprit saint fait connaître encore aux apôtres les épreuves qu'ils devaient endurer pour le nom de Jésus-Christ, et les biens qui devaient être la récompense de ces mêmes épreuves.
Notre-Seigneur développe les paroles qu'il vient de leur dire: «Il vous est utile que je m'en aille», ou ajoutant: «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire», mais vous ne pouvez pas les porter maintenant».
Ainsi que l'indique le second hémistiche de ce verset, Jésus se
propose de commenter ici l'assertion « il recevra de ce qui est à moi et vous l’annoncera ». Son divin
commentaire consiste en une vérité générale et dans l'application de cette vérité au cas présent - 1° La vérité
générale. Tout ce qu’a le Père... Avec beaucoup d'emphase : tout sans exception, même l'essence divine ;
mais plus particulièrement, d'après le contexte, les trésors de science qui leur appartiennent en commun. Le
Père est en effet la source première de tous biens, à laquelle viennent puiser les deux autres personnes
divines. - Est à moi. Plus haut (v. 14), ce qui est à moi au singulier, parce que les biens du Fils étaient
envisagés dans leur sublime unité ; ici le pluriel, parce qu'on a surtout en vue leurs détails infinis. - 2°
L'application. C’est pourquoi j’ai dit : il recevra... Les manuscrits B, D, E, ont cette fois le verbe recevoir au
présent, ce qui exprimerait très fortement la continuité des communications de Jésus-Christ au Paraclet.
Comme le Sauveur rattache tout à sa personne ! Même quand ses disciples ne le verront plus, il sera le centre
de l’Église. Et aussi, comme l'on voit bien, dans ces trois versets (13-15), la parfaite identité d'essence du
Père, du Fils et du Saint Esprit !
Les Souverains Pontifes n'ont pas manqué, par ces interventions, de mettre en relief également des aspects nouveaux de la doctrine sociale de l'Eglise. Ainsi, en commençant par l'apport remarquable de Léon XIII, enrichi par les contributions successives du Magistère, s'est constitué un corps de doctrine actualisé qui s'articule à mesure que l'Eglise interprète les événements dans leur déroulement au cours de l'histoire à la lumière De l'ensemble de la Parole révélée par le Christ Jésus et avec l'assistance de l'Esprit Saint (cf Jn 14, 16 26; 16, 13-15). Elle cherche de cette façon à guider les hommes pour qu'ils répondent, en s'appuyant sur la réflexion rationnelle et l'apport des sciences humaines, à leur vocation de bâtisseurs responsables de la société terrestre.