Jean 17, 22
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
Et la gloire que vous m’avez donnée, je la leur ai donnée. Le
mot grec δόξαν (gloire) a reçu des interprétations très diverses :
1° D’après S. Jean Chrysostome, Euthymius, etc., il représenterait surtout le don de faire des miracles ; mais
quel rapport y a-t-il entre un tel don et la demande afin qu’ils soient un ?
2° S. Cyrille, S. Hilaire, Luc de Bruges, Beelen, le P. Corluy l’appliquent à la sainte Eucharistie, envisagée
comme centre d’unité. Cf. 6, 57 ; 1 Cor. 16, 17. Sentiment qui plaît à première vue ; mais qui n’a aucun point
d’appui dans le contexte, bien plus, qui est réfuté par le contexte (« que vous m’avez donnée », et v. 24)
3° Pour S. Augustin et S. Thomas, cette gloire est celle que posséderont un jour nos corps ressuscités. On ne
voit pas non plus quelle relation cela peut avoir avec l’unité dans le temps présent.
4° S. Ambroise, Jansénius de Gand, Tolet, Noël Alexandre, etc., croient que Jésus avait à la pensée la gloire
de la filiation divine, qui a été communiquée aux chrétiens par adoption. Cela est préférable ; toutefois il
nous paraît meilleur encore de dire :
5° qu’il s’agit de la gloire dont jouit le Christ lui-même dans le ciel depuis son Ascension. Le v. 24 exige
cette interprétation. Cette gloire, Jésus la possédait alors d’une manière anticipée (« que vous m’avez
donnée »), et il annonce que déjà il l’a donnée (dedi, donna au parfait) à tous les vrais croyants : ceux-ci, en
effet, la possèdent en germe, dans l’espérance, en tant que corps du Christ, cohéritiers avec le Christ. Cf.
Rom. 8, 17. - Afin qu’ils soient un. Voilà bien ce qui créera l’unité complète entre les fidèles ; car ils ne
forment ainsi qu’un seul corps, dont Jésus-Christ ressuscité est le chef. - Comme nous sommes un. Le verbe
grec traduit par « sommes » manque dans N, B, D, C, L. La phrase est plus vigoureuse sans lui.
3. Allons plus loin : quand le Seigneur Jésus prie le Père pour que « tous soient un..., comme nous nous sommes un » (Jn 17, 21-22), il ouvre des perspectives inaccessibles à la raison et il nous suggère qu’il y a une certaine ressemblance entre l’union des personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l’amour. Cette ressemblance montre bien que l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même.
La prière « œcuménique », la prière des frères et des sœurs exprime tout cela. Parce qu'ils sont divisés, ils s'unissent dans le Christ avec une espérance d'autant plus forte, en lui confiant l'avenir de leur unité et de leur communion. A ce propos, on pourrait citer une fois encore opportunément l'enseignement du Concile: « Quand le Seigneur Jésus prie le Père pour lui demander que tous soient un ... comme nous, nous sommes un (Jn 17, 21-22), il ouvre des perspectives inaccessibles à la raison humaine, et il suggère qu'il y a une certaine ressemblance entre l'union des Personnes divines et l'union des fils de Dieu dans la vérité et l'amour ».
Dans la perspective de l'An 2000 après la naissance du Christ, il s'agit de parvenir à ce qu'un nombre toujours plus grand d'hommes «puissent se trouver pleinement à travers le don désintéressé d'eux-mêmes». Il s'agit de parvenir à la réalisation en notre monde, sous l'action de l'Esprit-Paraclet, d'un processus de vraie maturation dans l'humanité, dans la vie individuelle comme dans la vie communautaire: c'est à ce propos que Jésus lui-même, «quand il prie le Père pour que "tous soient un..., comme nous sommes un" (Jn 17, 21-22), ... nous suggère qu'il y a une certaine ressemblance entre l'union des personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l'amour». Le Concile redit cette vérité sur l'homme, et l'Eglise voit en elle une indication particulièrement forte et déterminante de ses tâches apostoliques. Si, en effet, l'homme est la route de l'Eglise, cette route pase à travers tout le mystère du Christ, modèle divin de l'homme. Sur cette route, l'Esprit Saint, en affermissant en chacun de nous «l'homme intérieur», fait que l'homme, toujours plus, «se trouve pleinement à travers le don désintéressé de lui-même». On peut dire que, dans ces paroles de la Constitution pastorale du Concile, est résumée toute l'anthropologie chrétienne, la théorie et la pratique fondées sur l'Evangile, où l'homme découvre en lui-même son appartenance au Christ et, en lui, son élévation à la dignité de fils de Dieu; il comprend mieux aussi sa dignité d'homme, précisément parce qu'il est le sujet de la présence de Dieu qui se rapproche de lui, le sujet de la bienveillance divine, dans laquelle se trouvent la perspective et même la racine de la glorification définitive. Alors on peut vraiment redire que «la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu»: l'homme, en vivant une vie divine, est la gloire de Dieu; l'Esprit Saint est le dispensateur caché de cette vie et de cette gloire. Selon Basile le Grand, «simple par son essence, mais se manifestant par des actions variées, ... il se donne en partage, mais garde son intégrité; ... présent à chacun de ceux qui peuvent le recevoir comme si celui-ci était unique, il répand sur tous la grâce en plénitude».
Le thème du développement coïncide avec celui de l’inclusion relationnelle de toutes les personnes et de tous les peuples dans l’unique communauté de la famille humaine qui se construit dans la solidarité sur la base des valeurs fondamentales de la justice et de la paix. Cette perspective est éclairée de manière décisive par la relation entre les trois Personnes de la Sainte Trinité dans leur unique Substance divine. La Trinité est unité absolue, car les trois Personnes divines sont relationnalité pure. La transparence réciproque entre les Personnes divines est complète et le lien entre l’une et l’autre est total, parce qu’elles constituent une unité et unicité absolue. Dieu veut nous associer nous aussi à cette réalité de communion: « pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 22). L’Église est signe et instrument de cette unité. Les relations entre les hommes tout au long de l’histoire ne peuvent que tirer avantage de cette référence au divin Modèle. À la lumière de la révélation du mystère de la Trinité, on comprend en particulier que l’ouverture authentique n’implique pas une dispersion centrifuge, mais une compénétration profonde. C’est ce qui apparaît aussi à travers les expériences humaines communes de l’amour et de la vérité. De même que l’amour sacramentel entre les époux les unit spirituellement en « une seule chair » (Gn 2, 24; Mt 19, 5; Ep 5, 31) et de deux qu’ils étaient en fait une unité relationnelle réelle, de manière analogue, la vérité unit les esprits entre eux et les fait penser à l’unisson, en les attirant et en les unissant en elle.