Jean 17, 26

Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Saint Jean Chrysostome
Après avoir prédit qu'un grand nombre croiraient par le ministère, des Apôtres, et qu'ils jouiraient d'une gloire extraordinaire, il les entretient de la couronne qui leur est réservée: «Mon Père, je veux que, là où je suis, ceux que vous m'avez donnés soient aussi avec moi».

Il ne dit pas non plus: Afin qu'ils entrent en participation de ma gloire, mais: «Afin qu'ils voient ma gloire», nous indiquant ainsi en termes couverts que le souverain repos consiste dans les cieux à voir le Fils de Dieu. Or, le Père a donné cette gloire à son Fils lorsqu'il l'a engendré.

Le langage du Sauveur paraît ici empreint d'un profond sentiment de tristesse, de ce que les hommes n'ont point voulu connaître l'auteur de toute bonté et de toute justice. Les Juifs sont donc dans l'erreur quand ils prétendent vous connaître, et qu'ils me reprochent à moi de ne point vous connaître; c'est le contraire qui est vrai: Pour moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m'avez envoyé, et je leur ai fait connaître votre nom et le leur ferai connaître, en leur donnant par l'Esprit saint une connaissance parfaite. Or, quand ils auront appris ce que vous êtes, ils sauront que je ne suis point séparé de vous, mais que vous m'avez aimé d'un amour extraordinaire, que je suis votre propre Fils, et que je vous suis uni par les liens les plus étroits. C'est ce que je leur ai enseigné, afin que je demeure en eux, et c'est ainsi qu'ils conserveront infailliblement lafoi qu'ils ont en moi, et l'amour qui doit en être le fruit: «Afin que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux». Comme s'il disait: C'est l'amour qu'ils au ront pour moi, qui leur méritera que je demeure en eux.
Saint Augustin
Il veut parler de ceux que son Père lui a donnés, de ceux qu'il a choisis du milieu du monde, car comme il le dit au commencement de sa prière: «Dieu lui a donné puissance sur toute chair, c'est-à-dire, sur tous les hommes, pour leur donner la vie éternelle, preuve évidente du pouvoir qu'il a reçu sur tout homme pour sauver ceux qu'il veut et laisser qui il veut dans la damnation éternelle. Telle est donc la récompense qu'il a promise à tous ses membres, c'est que là où il est, nous serons avec lui. Or, il est impossible que le Père tout-puissant n'accomplisse pas la volonté exprimée par son Fils tout-puissant et notre piété doit croire sans difficulté ce que notre faiblesse ne nous permet pas de comprendre que le Père et le Fils n'ont qu'une seule et même volonté. A ne voir en Jésus-Christ que la nature humaine, selon laquelle il est né de la race de David; il a pu dire: «Là où je suis», en se considérant comme étant déjà là où il devait bientôt aller. Il nous promet donc que nous serons un jour dans les cieux, car cette nature humaine qu'il a prise dans le sein d'une Vierge, il l'a élevée jusque dans les cieux et l'a placée à la droite de son Père.

Si nous considérons au contraire la nature divine par laquelle il est égal à Dieu son Père, et que nous voulions comprendre à ce point de vue le sens de ces paroles: «Là où je suis, je veux qu'ils soient avec moi», il nous faut éloigner de notre esprit toute image des choses sensibles, et ne pas rechercher où est le Fils égal à son Père, parce qu'on ne peut trouver un lieu où il ne soit pas. Remarquons encore que Notre-Seigneur ne se contente pas de dire: «Je veux que là où je suis, ils y soient eux-mêmes»; mais il ajoute: «Avec moi». En effet, être avec lui, c'est le plus grand des biens, car si l'on peut être malheureux en étant là où il est, on est nécessairement heureux lorsqu'on est av ec lui. Ainsi, pour prendre un exemple dans les choses sensibles, quoique d'un ordre bien différent, de même qu'un aveugle qui se trouve là où brille la lumière, n'est cependant pas avec la lumière, mais en est séparé même en présence de la lumière, ainsi, bien que non-seulement l'infidèle, mais encore le fidèle ne puisse jamais être où n'est pas le Christ, il n'est cependant pas avec le Christ contemplé dans sa nature. Nul doute que le chrétien fidèle soit avec Jésus-Christ par la foi, mais le Sauveur voulait parler ici de la claire vue qui nous le fera voir tel qu'il est: c'est pour cela qu'il ajoute: «Afin qu'ils voient la gloire que vous m'avez donnée». Remarquez: «Afin qu'ils voient», et non: Afin qu'ils croient; c'est la récompense de la foi, et non la foi elle-même.

Lors donc que nous verrons la gloire que le Père a donnée à son Fils, quand même nous entendrions ici, non pas la gloire que le P'ère donne à son Fils qui lui est égal, en l'engendrant, mais celle qu'il a donnée à son Fils fait homme après la mort de la croix; lorsque nous verrons cette gloire du Fils, c'est alors qu'aura lieu le jugement, et que l'impie disparaîtra pour ne pas être témoin de la gloire du Seigneur. Quelle est cette gloire? Celle qui lui est propre comme Dieu. En admettant donc que c'est comme Fils de Dieu et Dieu lui-même que le Sauveur dit: «Je veux que là où je suis ils y soient avec moi», nous serons alors dans le Père avec Jésus-Christ, qui après ces paroles: «Afin qu'ils voient la gloire que vous m'avez donnée», ajoute aussitôt: «Parce que vous m'avez aimé avant la création du monde». C'est en Jésus-Christ, en effet, qu'il nous a aimés avant la création du monde, et c'est alors qu'il a réglé dans sa prédestination ce qu'il devait accomplir à la fin du monde.

Ou bien encore: Qu'est-ce que la connaissance de Dieu, si ce n'est la vie éternelle, qu'il n'a point donnée au monde réprouvé, mais au monde réconcilié? Le monde ne vous a donc point connu, parce que vous êtes juste, et qu'il a mérité, que vous lui refusiez la grâce de vous connaître; au contraire, le monde réconcilié vous a connu, parce que vous êtes miséricordieux, et que ce n'est point à ses mérites, mais à votre grâce qu'il doit de vous connaître. Il ajoute: «Pour moi je vous ai connu». En tant que Dieu, il est par nature la source de la grâce, et en tant qu'homme, né du Saint-Esprit et de la vierge Marie, il l'est devenu par une grâce ineffable. Enfin, comme la grâce de Dieu nous est donnée par Jésus-Christ, il termine en disant: «Et ceux-ci (c'est-à-dire, le monde réconcilié) ont connu, mais parce que vous m'avez envoyé; cette connaissance leur est donc venue par la grâce. Et je leur ai fait connaître votre nom (par la foi), et je le leur ferai connaître (par la claire vue), afin que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux». L'Apôtre s'est servi d'une locution semblable lorsqu'il a dit: «J'ai combattu un bon combat». ( 1Tm 1,4 ). Il ne dit pas: J'ai combattu d'un bon combat, ce qui serait plus conforme au langage ordinaire. Or, comment l'amour dont le Père a aimé le Fils est-il en nous, si ce n'est parce que nous sommes ses membres, et que Dieu nous aime dans son Fils, qu'il aime tout entier, c'est-à-dire, le chef et les membres, c'est pour cela que le Sauveur ajoute: «Et moi en eux». Il est, eneffet, en nous comme dans son temple, et nous sommes en lui en tant qu'il est notre chef.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Notre Seigneur Jésus Christ ne prie pas seulement pour les douze disciples. Il prie pour tous ceux qui, à toutes les époques, croiront à leur prédication et voudront bien se sanctifier par la foi et se purifier en communiant à l'Esprit Saint.

Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, pour qu'eux-mêmes soient un en nous (Jn 17,21). <> Le Fils unique est le rayonnement de la substance même de Dieu le Père, et il contient le Père tout entier dans sa propre nature. Il s'est fait chair (Jn 1,14) selon les Écritures, se mêlant en quelque manière à notre nature, par une union et conjonction indicible avec ce corps terrestre. Ainsi sont unies en lui des réalités qui, par nature, sont éloignées au maximum, et il accorde à l'homme de communier et de participer à la nature divine (2P 1,4). En effet, la communication et l'habitation du Saint-Esprit se sont propagées jusqu'à nous, et elles subsistent en nous, alors qu'elles ont commencé par le Christ.

Devenu semblable à nous en devenant homme (cf. Ph 2,7), on comprend qu'il a été consacré et sanctifié, bien qu'il soit Dieu par nature, en tant qu'il est apparu comme issu du Père. Et lui-même, par son Esprit, sanctifie son temple et toute la création dont il est l'artisan, sur laquelle rejaillit la sanctification.

C'est pourquoi le mystère du Christ est comme le principe et le chemin par lequel nous obtiendrons d'être participants de l'Esprit (He 6,4) et unis à Dieu. Nous sommes tous sanctifiés en lui, de la manière que nous venons de dire. Par sa propre sagesse et par la décision du Père, le Fils a inventé une certaine manière de nous faire progresser dans l'union avec Dieu et entre nous, malgré les différences corporelles et spirituelles qui nous caractérisent.

Dans un seul corps, qui est évidemment le sien, il bénit tous ceux qui croient en lui. Par l'échange sacramentel, il les rend un même corps avec lui (Ep 3,6) et entre eux. Qui donc pourrait diviser, en brisant leur union naturelle, ceux qui, par ce saint corps, ont été amenés à l'unité avec le Christ? Car, si nous avons tous part à un seul pain, la multitude que nous sommes devient un seul corps (1Co 10,17). Le Christ ne peut être divisé. C'est pourquoi l'Église est appelée le Corps du Christ, et nous, ses membres particuliers, comme le dit saint Paul (Ep 4,30). Car nous sommes tous totalement unis à l'unique Christ par son saint Corps. Lorsque nous prenons dans notre pro pre corps ce Corps unique et indivisible, c'est à lui plutôt qu'à nous que nos membres appartiennent.

Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant la création du monde (Jn 17,24).

Aussitôt après avoir prié pour ses disciples, et même pour tous ceux qui viendront à lui par la foi, et après avoir demandé au Père de leur donner l'unité, l'amour et la sainteté, Jésus pron once ces paroles. Il nous fait ainsi comprendre que seuls ceux qui seront déjà unis par lui au Père, pourront vivre avec lui et obtenir de voir sa gloire.

Car nous sommes aimés comme des fils, selon la ressemblance de celui qui est Fils par nature et véritablement. En effet, l'imitation très exacte de cette filiation, tout en se situant peut-être à un niveau inférieur, est quasi totalement conforme à la réalité parfaite et produit ainsi cette gloire.

Je veux donc, ô Père, dit-il, que ceux qui se sont approchés de toi par la foi et sont devenus miens par ton illumination soient avec moi et qu'ils voient ma gloire. Quel discours pourra bien nous expliquer comme il est bon de vivre avec le Christ? Car nous connaîtrons des joies inexprimables et l'oeil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, l'intelligence n'a pas conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1Co 2,9). En effet, de quoi ceux qui ont été choisis pour vivre avec le Christ, le Seigneur même de l'univers, pourraient-ils bien encore manquer pour connaître une joie sans mélange?

Selon les saintes Écritures, nous serons conformés à sa gloire, et nous régnerons avec lui. Il promet qu'il prendra place avec nous, de la manière que lui-même connaît, au festin du Royaume des cieux (cf. Mt 8,11). Nous vivrons donc avec le Christ, nous participerons à sa gloire et nous serons associés à sa royauté. C'est là une chose absolument certaine et que nous nous réservons d'expliquer plus longuement.

Abordons pour l'instant le second point, je veux dire ceci: afin qu'ils contemplent ma gloire. Il ne sera donc pas possible aux profanateurs ni aux pécheurs ni à ceux qui méprisent la loi divine, de parvenir à la vision de la gloire du Christ, mais plutôt aux seuls hommes saints et bons. C'est ce que nous allons apprendre de la bouche du prophète: Que l'impie soit exclu et ne voie pas la gloire de Dieu (Is 26,10)! Et le Christ Sauveur proclame dans l'évangile: Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu (Mt 5,8)!

Et qui sont les coeurs purs? De toute évidence, uniquement ceux qui, unis à Dieu par le Fils dans l'Esprit, renoncent à toute forme de sensualité et s'écartent le plus possible des plaisirs du monde. Ils renient, pour ainsi dire, leur propre vie, se livrent exclusivement à la volonté de l'Esprit Saint et mènent une vie pure, totalement vouée au Christ. Ainsi en allait-il de saint Paul. Il était si pur qu'il ne craignit pas de dire: Avec le Christ, je suis fixé à la croix: je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2,19-20).
Saint Grégoire le Grand
Mais alors que signifient ces paroles que la vérité nous dit dans un autre endroit: «Personne n'est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel ?» Nous répondons que la vérité n'est point eu contradiction avec elle-même, car le Seigneur étant le chef de ses membres, il est seul avec nous après qu'il a rejeté loin de lui la multitude des réprouvés, et puisque nous ne faisons plus qu'un avec lui, on peut dire qu'il retourne seul en nous au ciel d'où il est descendu seul en lui-même.
Saint Bède le Vénérable
Il donne le nom de gloire à l'amour dont son Père l'a aimé avant la création du monde, et c'est dans cette gloire qu'il nous aime nous-mêmes avant l'établissement du monde.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Après avoir prié pour les fidèles et leur avoir fait de si magnifiques promesses, Notre-Seigneur place une considération pleine de piété et digne de la mansuétude dont il faisait profession: «Père juste, le monde ne vous a pas connu», c'est-à-dire, mon désir eût été de voir tous les hommes en possession des biens que j'ai demandés dans cette prière; mais ils ne vous ont point connu, et ne pourront obtenir ni la gloire, ni les couronnes que je leur ai promises.
Saint Bernard de Clairvaux
Nous célébrons aujourd'hui la naissance dans les cieux de notre glorieux maître, saint Benoît. <> Soyez comblés de joie, et entourez d'affection et d'honneur son nom très aimable, car il est notre chef, notre maître et notre législateur. Que sa sainteté, sa justice, sa piété vous rendent vigueur!

Saint Benoît fut un arbre grand et fertile, comme un arbre planté près d'un ruisseau. Et planté près d'un ruisseau, ce saint confesseur du Seigneur a donné du fruit en son temps (Ps 1,3). <>

Ce fruit, ce sont les trois vertus dont j'ai parlé plus haut: sa sainteté, sa justice, sa piété. La sainteté se reconnaît dans les miracles, la piété dans la doctrine, la justice dans la vie.

Mais comment vais-je te présenter ses miracles? Est-ce de telle sorte que tu veuilles en faire? Absolument pas, mais c'est pour que tu t'appuies sur ses miracles, ce qui veut dire que tu éprouves confiance et joie à la pensée d'être placé sous un tel pasteur, de pouvoir te réclamer d'un si grand patron. Car celui qui fut si puissant sur terre est certainement très puissant au ciel.

Il nous instruit aussi par sa doctrine et il conduit nos pas au chemin de la paix (Lc 1,79). De plus, par la justice de sa vie, il nous remplit de force et de courage. Aussi sommes-nous d'autant plus désireux de nous conformer à ses enseignements que nous savons qu'il n'a rien enseigné qu'il n'ait fait lui-même. L'exemple est vraiment une exhortation vivante et efficace; en montrant qu'un conseil est praticable, il le rend extrêmement persuasif.

C'est donc ainsi que la sainteté nous fortifie, la piété nous instruit, la justice nous affermit. Quelle ne fut pas, en effet, la piété de celui qui non seulement fut utile à ses contemporains, mais se soucia aussi de ceux qui viendraient après lui! Cet arbre n'a pas uniquement porté du fruit pour les hommes de son temps, mais son fruit demeure et augmente chaque jour.

Il est très aimé de Dieu et des hommes (Si 45,1). Car non seulement sa présence a été en bénédiction, comme ce fut le cas pour beaucoup d'hommes aimés de Dieu seul, parce que désormais connus de Dieu seul. Mais c'est aussi sa mémoire qui, aujourd'hui encore, est en béné diction (Si 45,1). Jusqu'à ce jour, en effet, dans la triple confession de son amour pour le Seigneur, Benoît nourrit le troupeau du Seigneur des trois fruits que voici: il le nourrit de sa vie, il le nourrit de sa doctrine, il le nourrit de son intercession.

Vous aussi, mes bien-aimés, qui bénéficiez sans cesse de son aide, donnez du fruit, car vous avez été établis afin que vous partiez et que vous donniez du fruit (Jn 15,16).
Guerric d'Igny
Mon Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire (Jn 17,24).

Heureux disciples qui ont pour avocat leur juge même et dont l'intercesseur doit être adoré au même titre que le Père qu'il prie. Le Père ne rejettera pas le souhait de ses lèvres (Ps 20,3). Jésus a avec celui-ci une seule volonté et une seule puissance, parce que Dieu est unique (Mc 12,32). Toute prière du Christ doit s'accomplir, car sa parole est puissante et sa volonté efficace. Toutes choses existent parce qu'Il a parlé, et elles ont été faites, il a ordonné, et elles ont existé (Ps 32,9).

Il dit: Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi. Quelle sécurité pour ceux qui ont la foi, quelle confiance pour les croyants, si toutefois ils ne rejettent pas la grâce qu'ils ont reçue! Car ce n'est pas seulement aux Apôtres et à ceux qui furent disciples avec eux que cette sécurité est offerte, mais à tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront au Verbe de Dieu. Je ne prie pas seulement, dit-il, pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi (Jn 17,20).

De plus, mes frères, Il vous a été donné, comme dit l'Apôtre, non seulement de croire en lui mais encore de souffrir pour lui (Ph 1,29). Il va de soi que la foi en la promesse du Christ ne vous rend pas plus négligents à cause de l'assurance qu'elle vous donne. Mais la joie qu'elle vous donne vous rendant plus fervents, elle vous fait gagner la couronne d'un martyre continuel dans le combat que vous menez chaque jour contre les vices. Martyre continuel, mais facil e, facile et pourtant sublime. Facile puisque rien ne nous est ordonné qui soit au-dessus de nos forces. Sublime, puisqu'on y triomphe de toute la puissance de l'homme fort et bien armé (Lc 11,21).

N'est-il pas facile de porter le doux fardeau du Christ? N'est-ce pas une chose sublime que d'occuper un rang élevé dans son Royaume? Quoi de plus facile, je vous le demande, que de porter des ailes portant celui qui les porte? Quoi de plus sublime que de s'envoler plus haut que tous les cieux, là où le Christ est monté?

Mais à quoi pensons-nous, mes frères? Comment celui qui n'aura pas appris ici-bas à voler chaque jour, par l'exercice et par l'expérience, pourra-t-il alors s'élever soudain de terre et s'envoler vers les cieux?

D'aucuns volent par la contemplation; toi, vole au moins par l'amour. Paul est ravi en esprit et s'envole jusqu'au troisième ciel. Jean parvient au Verbe qui était au commencement (Jn 1,1). Toi, du moins, ne traîne pas par terre une âme indigne, et ne souffre pas que ton coeur enfoui dans l'indolence pourrisse en terre. Le grand prêtre qui, aujourd'hui, est entré dans le sanctuaire, nous ayant acquis une rédemption éternelle (He 9,12), et se tient maintenant en présence de Dieu où il intercède pour nous, te crie: "Élevons notre coeur". Réponds-lui avec foi: "Nous le tournons vers le Seigneur."

Si même tu as parfois cherché non les réalités d'en-haut mais celles de la terre (Col 3,1.2), adresse-toi des reproches sans plus attendre et dis au Seigneur, avec le prophète: Qu'y a-t-il donc pour moi dans le ciel, et qu'ai-je voulu sur la terre, loin de toi (Ps 72,25)? Hélas, comme je me suis misérablement trompé! Ce qui m'est réservé dans le ciel est si grand, et je le méprisais! Ce qui est sur la terre est un tel néant, et je le désirais tant!

Ainsi, le Christ, ton trésor, est monté au ciel: que là aussi soit ton coeur! C'est de là que tu tires ton origine, c'est là que tu as ta part et ton héritage, c'est de là que tu attends le Sauveur.
Saint Thomas d'Aquin
2266. Il signifie ainsi le progrès des disciples, d'abord quant à la connaissance, puis quant à son fruit [n° 2270].

Quant au progrès des disciples dans la connaissance de Dieu, le Christ montre d'abord la racine et la source de la connaissance de Dieu, puis les rameaux et les petits ruisseaux qui en découlent [n° 2268], enfin le fait qu'ils en dérivent comme d'une racine ou d'une source [n° 2269].

2267. La racine et la source de la connaissance de Dieu est le Verbe de Dieu, c'est-à-dire le Christ - La source de la sagesse est le Verbe de Dieu dans les hauteurs. Or la sagesse humaine consiste à connaître Dieu. Et cette connaissance dérive du Verbe vers les hommes, parce que c'est en tant que les hommes participent au Verbe de Dieu qu'ils connaissent Dieu. Aussi dit-il : LE MONDE NE T'A PAS CONNU, MAIS MOI, source de la sagesse, ton Verbe, JE T'AI CONNU, d'une connaissance éternelle de compréhension- Si je dis que je ne le connais pas, je serai semblable à vous, un menteur.

2268. Et de cette connaissance du Verbe, qui est source et racine, découlent comme ruisseaux et rameaux toutes les connaissances des croyants. Et c'est pourquoi il dit : ET CEUX-CI ONT CONNU QUE C'EST TOI QUI M'AS ENVOYÉ ; ainsi, QUE (QUIA, qui signifie « parce que ») donne la raison de cette connaissance, selon Augustin. Le sens est alors : MAIS MOI JE T'AI CONNU par nature, ET CEUX-CI ONT CONNU par la grâce. Et pourquoi ? Parce que TU M'AS ENVOYÉ, ajoutons, pour qu'ils te connaissent - Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la venté. - J'ai manifesté ton nom aux hommes.

Ou bien QUE désigne la réalité connue, et le sens est alors : CEUX-CI ONT CONNU, mais quoi ? QUE C'EST TOI QUI M'AS ENVOYÉ parce que celui qui voit le Fils voit aussi le Père.

2269. Ce n'est pas d'eux-mêmes qu'ils ont acquis cette connaissance, mais c'est de moi qu'elle dérive sur eux, parce que personne ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler. Aussi dit-il : JE LEUR AI FAIT CONNAÎTRE TON NOM, ET JE LE LEUR FERAI CONNAÎTRE. Il désigne ici les deux connaissances qu'ont par lui les fidèles : celle de la doctrine, et quant à celle-ci il dit : JE LEUR AI FAIT CONNAÎTRE TON NOM, en enseignant de l'extérieur par mes paroles - Dieu, personne ne l’α jamais vu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître. - Ce salut inauguré par la prédication du Seigneur nous a été garanti par ceux qui l'ont entendu. L'autre connaissance se réalise de l'intérieur, par l'Esprit Saint, et quant à celle-là il dit : ET JE LE LEUR FERAI CONNAÎTRE, c'est-à-dire par le don de l'Esprit Saint - Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous enseignera la vérité tout entière.

Ou bien il dit : JE LEUR AI FAIT CONNAÎTRE TON NOM par la connaissance de la foi, parce qu'à présent nous voyons dans un miroir par énigme, ET JE LE LEUR FERAI CONNAÎTRE par la vision de la gloire dans la Patrie, où nous verrons face à face.

2270. Le fruit de cette connaissance, c'est que L'AMOUR DONT TU M'AS AIMÉ SOIT EN EUX, ET MOI EN EUX.

Et cela peut être explicité de deux manières. En un sens, et c'est le meilleur, pour que soit manifesté, par la gloire qu'il lui a donnée, que le Père aime le Fils , ce qui a été dit. Il s'ensuit donc que c'est pour que le Père aime tous ceux en qui est le Fils, qui est en eux en tant qu'ils ont la connaissance de la vérité. Et ainsi, cela signifie : JE LEUR FERAI CONNAÎTRE TON NOM, et, du fait qu'ils te connaîtront, moi, ton Verbe, je serai en eux ; et, par le fait que je suis en eux, QUE L'AMOUR DONT TU M'AS AIMÉ SOIT EN EUX, c'est-à-dire leur soit donné et que tu les aimes comme tu m'as aimé.

Ou bien, POUR QUE L'AMOUR DONT TU M'AS AIMÉ, c'est-à-dire, comme toi tu m'as aimé, qu'ainsi ils m'aiment par participation à l'Esprit Saint ; et de ce fait, moi je serai en eux comme Dieu dans son Temple, et eux en moi comme les membres à l'égard de la tête - Celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui.
Louis-Claude Fillion
Je leur ai fait connaître votre nom. C’est-à-dire, la nature, les attributs, les volontés de Dieu. Le Sauveur est heureux de redire, en terminant sa prière, tout ce qu’il a fait et veut faire encore pour la gloire de son père. - Et je le leur ferai connaître. Non par lui-même, puisqu’il va quitter la terre, mais par l’intermédiaire du Saint Esprit. Cf. 14, 20 et ss. ; Rom. 5, 5, etc. Magnifique engagement que prend ici Jésus, comme pour toucher le cœur de Dieu par ce trait final et mériter plus sûrement les faveurs demandées. - Afin que l’amour dont vous m’avez aimé. Jésus ne se lasse pas de dire combien son père l’a aimé. Mais il ne se lasse pas non plus de souhaiter que Dieu daigne étendre son amour à tous les chrétiens. Il signale ici l’amour comme un résultat naturel de la connaissance. Connaître Dieu, c’est l’aimer et être aimé de lui ; mais « celui-là n’aime pas qui ne connaît pas », 1 Joan 4, 8. - Soit en eux : demeure à tout jamais - Et moi aussi en eux. Jésus en nous, toujours en nous, de sorte que ce soit son image que le Père contemple dans chaque chrétien. Quelle suave conclusion de cette prière ! Ah ! Si nous demeurions aussi toujours en lui !