Jean 18, 2
Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis.
Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis.
Ne croyez pas qu'en se rendant dans ce jardin, Jésus cherche à se dérober à ses ennemis, car, dit l'Évangéliste, «Judas qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus yvenait fréquemment avec ses disciples».
Mais pourquoi l'Évangéliste ne dit-il pas: Après avoir terminé sa prière, il se rendit dans ce lieu? Parce que celle prière était une instruction à l'adresse de ses disciples. C'est pendant la nuit qu'il sort, qu'il passe le torrent, et qu'il se hâte vers le lieu connu de son traître disciple; épargnant ainsi la fatigue à ses ennemis, et montrant à ses disciples que sa mort est pleinement volontaire.
Jésus avait souvent réuni ses disciples à l'écart pour avoir avec eux des entretiens nécessaires et particuliers que d'autres ne devaient pas entendre, qui ne devaient pas être entendus des autres. Il se rend de préférence pour cela sur les montagnes et dans les jardins, parce qu'il cherche un endroit calme et tranquille pour que l'esprit de ses disciples ne soit troublé par aucun sujet de distraction. Judas de son côté vient dans ce jardin, parce que Jésus-Christ y passait très-souvent la nuit; il n'eût pas manqué d'aller chercher dans le Cénacle, s'il eût pensé que le Sauveur s'y livrait au sommeil.
C'est dans ce lien que le loup couvert de la peau de brebis, et supporté au milieu du troupeau par un conseil profond du père de famille apprit à dresser ses embûches au pasteur, et à disperser pour un moment le troupeau.
Le discours que Notre-Seigneur avait adressé à ses disciples après la cène étant terminé, ainsi que la prière qu'il avait faite à son Père, l'évangéliste saint Jean commence ainsi le récit de sa passion: «Après ce discours, Jésus s'en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron». Ce ne fut pas immédiatement après avoir achevé cette prière, mais après quelques autres faits intermédiaires que saint Jean passe sous silence, et qui sont rapportés par les autres évangélistes.
Il s'éleva en effet parmi eux une contestation, lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand, ainsi que le raconte saint Luc. Le Sauveur dit encore à Pierre, comme l'ajoute encore le même évangéliste: «Voilà que Satan vous a demandé pour vous cribler, comme le froment», et les paroles qui suivent ( Lc 22, 31-38). Et après avoir récité l'hymne de louange, suivant le récit de saint Matthieu et de saint Marc, ils s'en allèrent à la montagne des Oliviers. La liaison du récit de saint Matthieu se trouve donc ainsi établie avec celui de saint Jean: «Alors Jésus vint avec eux à une maison de campagne, qui est appelée Gethsémani, c'est le lieu dont parle ici saint Jean, et où il y avait un jardin dans lequel il entra avec ses disciples. Ces paroles: «Après qu'il eût dit ces choses», signifient donc simplement que le Sauveur n'est entré dans ce lieu qu'après avoir terminé son discours.
L'Évangéliste dit: «Au delà du torrent de Cédron», c'est-à-dire des cèdres, le mot Cédron étant comme le génitif grec du mot Iäñùí. Il traverse le torrent, parce que dans le chemin (c'est-a -dire dans le passage de cette vie), il a bu de l'eau du torrent (de la passion). Il se rend dans un jardin, pour expier le péché qui avait été commis dans un jardin, car le paradis signifie jardin de délices.
Judas savait aussi qu'aux jours de fête, le Seigneur avait coutume d'adresser à ses disciples des instructions plus relevées, et qu'il choisissait en jardin pour ces entretiens mystérieux; et comme c'était la grande solennité des Juifs, Judas pensa que Jésus se trouvait dans ce lien et qu'il y enseignait à ses disciples ce qui avait rapport à la célébration de la fête.
LA RÉALISATION DU MYSTÈRE DE LA PASSION
I – CE QUE LE CHRIST A SOUFFERT DE LA PART DES JUIFS
2271. Plus haut, avant la Passion, le Seigneur a préparé ses disciples en les instruisant à de multiples reprises par des exemples, en les confortant par des paroles et en les faisant avancer par des recommandations ; ici, l'Évangéliste en arrive à raconter la Passion du Seigneur. D'abord il expose le mystère de la Passion, puis la gloire de la Résurrection au chapitre 20 [n° 2470]. Or la Passion du Christ a été accomplie (completa est) en partie par les Juifs, en partie par les Gentils. D'abord, l'Évangéliste décrit la Passion du Christ quant à ce qu'il a souffert de la part des Juifs, puis quant à ce qu'il a souffert de la part des Gentils, au chapitre 19. À propos du premier point, il montre d'abord comment le Seigneur est livré par un disciple, puis comment il est présenté aux chefs du peuple par les serviteurs [n° 2294], enfin, comment il est accusé par les chefs du peuple auprès du gouverneur (praesidem) [n° 2328].
COMMENT LE CHRIST EST LIVRE PAR UN DISCIPLE
À propos de la trahison du disciple, l'Évangéliste touche trois points : le lieu, puis les préparatifs [n° 2278], enfin, la prompte volonté d'amour du Christ d'endurer la trahison [n° 2279].
Le lieu est montré comme convenant à la trahison sous trois aspects : il était éloigné de la ville, en lui-même caché et fermé, et connu du traître.
2272. Ce lieu était éloigné de la ville. Judas pouvait donc faire plus facilement ce dont il avait l'intention. C'est pourquoi l'Évangéliste dit : AYANT DIT CELA, à savoir ce qu'il avait dit plus haut. Puisque les choses que le Christ a dites relevaient de sa prière, il eût été plus convenable que l'Évangéliste dise : « ayant prié cela ». Mais il s'est exprimé ainsi pour montrer que le Seigneur a fait cette prière, non pas qu'elle lui fût nécessaire, parce que c'était lui-même qui priait en tant qu'homme et qui exauçait en tant que Dieu, mais pour notre instruction. C'est pourquoi elle était comme un discours (dictio).
2273. Non pas aussitôt après sa prière, selon Augustin, puisque d'autres choses racontées par les autres évangélistes et omises par celui-ci sont intervenues, à savoir qu'il y eut une dispute entre les disciples : qui, d'entre eux, semblait être le plus grand ? Entre-temps aussi, Jésus a dit à Pierre : Voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais moi, j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas, comme Luc le rapporte au même endroit. Les disciples ont aussi prié une hymne avec le Seigneur, comme le rapportent Matthieu et Marc. On ne doit donc pas comprendre ici qu'il sortit aussitôt après avoir dit cela, mais qu'il ne sortit pas avant de l'avoir dit.
2274. Mais Matthieu et Marc disent qu'ils sortirent vers le Mont des Oliviers et qu'alors il s'arrêta avec eux dans un domaine qu'on appelle Gethsémani. En cela il n'y a aucune contradiction, du fait que c'est le même lieu que celui que mentionnent Jean et Matthieu. En effet, le torrent du Cédron est au pied du Mont des Oliviers, où se trouve aussi le domaine qu'on appelle Gethsémani. En grec. Cédron est au génitif pluriel, autrement dit ils traversent le torrent des Cèdres. Peut-être y avait-il là de nombreux cèdres plantés ? Il convient au mystère qu'il ail traversé le torrent, parce que par celui-ci or désigne sa Passion -Au torrent il s'abreuvera en chemin, c'est pourquoi il relèvera la tête, II convient aussi que le Christ ait traversé le torrent du Cédron, puisqu'on peut interpréter ce nom comme signifiant l'ombre obscure et que le Christ, par sa Passion, s supprimé l'obscurité du péché et de la Loi et ayant étendu les mains sur la Croix, nous a protégés à l'ombre de sa main - A l'ombre de tes ailes protège-moi.
2275. Ce lieu convenait à la trahison, parce qu'il était clos. Et il convenait que ce soit un jardin, parce que le Christ lui-même satisfaisait pour le péché du premier homme, qui avait été commis dans un jardin. En effet, « paradis » veut dire « jardin de délices », et par le moyen de sa Passion le Christ nous introduit dans un jardin, un paradis, comme ceux qui doivent être couronnés - Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis.
2276. Le lieu convenait aussi parce qu'il était connu du traître. La raison en est que JÉSUS S'Y ÉTAIT FRÉQUEMMENT RETROUVÉ AVEC SES DISCIPLES, parmi lesquels Judas se trouvait comme le loup au milieu des brebis - N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze ? Et parmi vous, l'un est un diable ! Là donc, le loup, revêtu d'une peau de brebis et toléré au milieu des brebis par la haute sagesse prudentielle du père de famille, a appris où il disperserait le troupeau au moment opportun.
2277. Mais puisque Judas était sorti du repas longtemps auparavant pour accomplir sa trahison, on se demande comment il a su que le Christ allait se rendre en ce lieu à cette heure-là ! Là il faut dire, selon Chry-sostome, que c'était l'habitude du Christ, et principalement lors des grandes fêtes, d'emmener les disciples à part après le repas du soir (coena) et de leur enseigner à propos de la fête des choses sublimes qu'il n'était pas permis aux autres d'entendre ; et parce que c'était alors la fête principale, Judas jugea opportun de se rendre à cet endroit après le repas. Et si le Christ a voulu enseigner à ses disciples les choses les plus élevées dans les montagnes et dans les jardins, en cherchant un lieu tout à fait pur d'agitations, c'était pour que leur esprit ne soit pas embarrassé - Je l'emmènerai dans la solitude, et je parlerai à son cœur.
I – CE QUE LE CHRIST A SOUFFERT DE LA PART DES JUIFS
2271. Plus haut, avant la Passion, le Seigneur a préparé ses disciples en les instruisant à de multiples reprises par des exemples, en les confortant par des paroles et en les faisant avancer par des recommandations ; ici, l'Évangéliste en arrive à raconter la Passion du Seigneur. D'abord il expose le mystère de la Passion, puis la gloire de la Résurrection au chapitre 20 [n° 2470]. Or la Passion du Christ a été accomplie (completa est) en partie par les Juifs, en partie par les Gentils. D'abord, l'Évangéliste décrit la Passion du Christ quant à ce qu'il a souffert de la part des Juifs, puis quant à ce qu'il a souffert de la part des Gentils, au chapitre 19. À propos du premier point, il montre d'abord comment le Seigneur est livré par un disciple, puis comment il est présenté aux chefs du peuple par les serviteurs [n° 2294], enfin, comment il est accusé par les chefs du peuple auprès du gouverneur (praesidem) [n° 2328].
COMMENT LE CHRIST EST LIVRE PAR UN DISCIPLE
À propos de la trahison du disciple, l'Évangéliste touche trois points : le lieu, puis les préparatifs [n° 2278], enfin, la prompte volonté d'amour du Christ d'endurer la trahison [n° 2279].
Le lieu est montré comme convenant à la trahison sous trois aspects : il était éloigné de la ville, en lui-même caché et fermé, et connu du traître.
2272. Ce lieu était éloigné de la ville. Judas pouvait donc faire plus facilement ce dont il avait l'intention. C'est pourquoi l'Évangéliste dit : AYANT DIT CELA, à savoir ce qu'il avait dit plus haut. Puisque les choses que le Christ a dites relevaient de sa prière, il eût été plus convenable que l'Évangéliste dise : « ayant prié cela ». Mais il s'est exprimé ainsi pour montrer que le Seigneur a fait cette prière, non pas qu'elle lui fût nécessaire, parce que c'était lui-même qui priait en tant qu'homme et qui exauçait en tant que Dieu, mais pour notre instruction. C'est pourquoi elle était comme un discours (dictio).
2273. Non pas aussitôt après sa prière, selon Augustin, puisque d'autres choses racontées par les autres évangélistes et omises par celui-ci sont intervenues, à savoir qu'il y eut une dispute entre les disciples : qui, d'entre eux, semblait être le plus grand ? Entre-temps aussi, Jésus a dit à Pierre : Voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais moi, j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas, comme Luc le rapporte au même endroit. Les disciples ont aussi prié une hymne avec le Seigneur, comme le rapportent Matthieu et Marc. On ne doit donc pas comprendre ici qu'il sortit aussitôt après avoir dit cela, mais qu'il ne sortit pas avant de l'avoir dit.
2274. Mais Matthieu et Marc disent qu'ils sortirent vers le Mont des Oliviers et qu'alors il s'arrêta avec eux dans un domaine qu'on appelle Gethsémani. En cela il n'y a aucune contradiction, du fait que c'est le même lieu que celui que mentionnent Jean et Matthieu. En effet, le torrent du Cédron est au pied du Mont des Oliviers, où se trouve aussi le domaine qu'on appelle Gethsémani. En grec. Cédron est au génitif pluriel, autrement dit ils traversent le torrent des Cèdres. Peut-être y avait-il là de nombreux cèdres plantés ? Il convient au mystère qu'il ail traversé le torrent, parce que par celui-ci or désigne sa Passion -Au torrent il s'abreuvera en chemin, c'est pourquoi il relèvera la tête, II convient aussi que le Christ ait traversé le torrent du Cédron, puisqu'on peut interpréter ce nom comme signifiant l'ombre obscure et que le Christ, par sa Passion, s supprimé l'obscurité du péché et de la Loi et ayant étendu les mains sur la Croix, nous a protégés à l'ombre de sa main - A l'ombre de tes ailes protège-moi.
2275. Ce lieu convenait à la trahison, parce qu'il était clos. Et il convenait que ce soit un jardin, parce que le Christ lui-même satisfaisait pour le péché du premier homme, qui avait été commis dans un jardin. En effet, « paradis » veut dire « jardin de délices », et par le moyen de sa Passion le Christ nous introduit dans un jardin, un paradis, comme ceux qui doivent être couronnés - Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis.
2276. Le lieu convenait aussi parce qu'il était connu du traître. La raison en est que JÉSUS S'Y ÉTAIT FRÉQUEMMENT RETROUVÉ AVEC SES DISCIPLES, parmi lesquels Judas se trouvait comme le loup au milieu des brebis - N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze ? Et parmi vous, l'un est un diable ! Là donc, le loup, revêtu d'une peau de brebis et toléré au milieu des brebis par la haute sagesse prudentielle du père de famille, a appris où il disperserait le troupeau au moment opportun.
2277. Mais puisque Judas était sorti du repas longtemps auparavant pour accomplir sa trahison, on se demande comment il a su que le Christ allait se rendre en ce lieu à cette heure-là ! Là il faut dire, selon Chry-sostome, que c'était l'habitude du Christ, et principalement lors des grandes fêtes, d'emmener les disciples à part après le repas du soir (coena) et de leur enseigner à propos de la fête des choses sublimes qu'il n'était pas permis aux autres d'entendre ; et parce que c'était alors la fête principale, Judas jugea opportun de se rendre à cet endroit après le repas. Et si le Christ a voulu enseigner à ses disciples les choses les plus élevées dans les montagnes et dans les jardins, en cherchant un lieu tout à fait pur d'agitations, c'était pour que leur esprit ne soit pas embarrassé - Je l'emmènerai dans la solitude, et je parlerai à son cœur.
Note rétrospective, destinée à servir de transition. Elle explique au
lecteur pourquoi Judas, bien qu’alors absent, vint directement et sûrement chercher Jésus à Gethsémani. -
Ces deux tournures marquent fort bien le caractère actuel de l’action. - Qui le trahissait. Nouvelle
omission du narrateur, qui ne dit rien du marché honteux de Judas. - Connaissait aussi ce lieu. Non
seulement le traître connaissait ce lieu, pour le motif qui va être indiqué ; il savait, en outre, qu’il
conviendrait à merveille à l’exécution de son infâme projet. - Parce que Jésus y était souvent venu. S. Luc
lui-même nous fournit le commentaire : 21, 37 : « Or, pendant le jour, il enseignait dans le temple, et la
nuit il sortait, et demeurait sur la montagne appelée des Oliviers ». - Avec ses disciples. Judas aussi était
souvent entré dans le clos de Gethsémani.