Jean 19, 3
Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient.
Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient.
I – CE QUE LE CHRIST A SOUFFERT SPÉCIALEMENT DE LA PART DES GENTILS
2371. Plus haut, l'Évangéliste s'est attaché à exposer ce que le Christ a souffert de la part des Juifs ; ici, il s'attache à exposer ce qu'il a souffert spécialement de la part des Gentils : et il a souffert d'eux trois choses, selon qu'il l'avait lui-même annoncé : Il sera livré (...) aux Nations pour être bafoué, flagellé et crucifié.
L'Évangéliste traite donc d'abord de la flagellation du Christ, puis de la dérision qu'il a subie [n° 2374], et enfin de sa crucifixion [n° 2379].
LA FLAGELLATION DU CHRIST
2372. ALORS DONC, c'est-à-dire après la clameur de tous, PILATE PRIT JÉSUS ET LE FIT FLAGELLER, non certes de ses propres mains, mais par les soldats : et cela pour que les Juifs, satisfaits des outrages qu'on lui inflige, s'apaisent et renoncent à s'acharner jusqu'à sa mort. En effet, il est naturel que la colère se calme si elle voit celui contre lequel elle s'emporte humilié et puni, comme le dit le Philosophe. Cela, certes, est vrai de la colère qui cherche le préjudice du prochainavec mesure, mais non pas de la haine qui cherche à perdre entièrement celui qui est pris en haine - Ton ennemi (...) s'il trouve l'occasion, sera insatiable de ton sang. Or ceux-ci étaient mus par la haine contre le Christ, et c'est pourquoi la flagellation ne leur suffisait pas -J'ai été flagellé tout le jour. -J'ai donné mon corps à ceux qui me frappaient.
2373. Mais cette intention excuse-t-elle Pilate de la flagellation ?
Certes non, car aucune des choses qui sont mauvaises par elles-mêmes ne peut être rendue totalement bonne par une bonne intention. Or affliger un innocent, et surtout le Fils de Dieu, est mauvais par soi au plus haut point ; c'est pourquoi cela ne peut être excusé par aucune intention.
LA DÉRISION QUE SUBIT LE CHRIST
2374. Il s'agit ici de la dérision, premièrement quant aux faux honneurs qu'ils lui ont rendus ; deuxièmement quant aux véritables opprobres dont ils l'ont accablé [n° 2378].
A. LES FAUX HONNEURS
Ils lui rendaient de faux honneurs en l'appelant roi : par là ils faisaient allusion à l'accusation des Juifs, qui disaient que lui-même se faisait roi des Juifs. Et c'est pourquoi ils lui rendaient de trois manières l'honneur dû au roi, mais un faux honneur. D'abord quant à la couronne de dérision [n° 2375], ensuite quant au vêtement de dérision [n° 2376], enfin quant à leur salutation de dérision [n° 2377].
2375. Ils se moquent donc de lui quant à la couronne, parce que les rois avaient coutume d'être couronnés d'or - Une couronne d'or sur sa tête. Et de là vient qu'il est dit de lui dans un psaume : Tu as mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses . Mais LES SOLDATS, TRESSANT UNE COURONNE D'ÉPINES, LA LUI MIRENT SUR LA TÊTE, c'est-à-dire la tête de celui qui est pour les siens une couronne de gloire - En ce jour-là le Seigneur des armées sera une couronne de gloire et un sceptre d'exultation pour le reste de son peuple. Et il convenait que ce fût une couronne d'épines, puisque par elles il a retiré les épines des péchés, qui nous percent par le remords de la conscience - Défrichez-vous une friche, et ne semez pas sur des épines -, et les épines des peines qui nous affligent - Elle te produira des épines et des chardons.
Mais cela a-t-il été fait par ordre du gouverneur ? Chrysostome dit que non, mais que les soldats, corrompus par l'argent, faisaient cela pour plaire aux Juifs. Augustin, lui, dit que cela a été fait sur un ordre ou avec la permission du gouverneur, c'est-à-dire pour assouvir davantage la haine des Juifs et le leur arracher plus facilement.
2376. En second lieu, ils se moquent de lui quant au vêtement.
ET [ILS] LE REVÊTIRENT D'UN VÊTEMENT DE POURPRE, qui était la marque de la dignité royale chez les Romains. C'est pourquoi il est dit au premier livre des Maccabées qu'au temps où dominaient les consuls romains, aucun n'utilisait de couronne ni de pourpre. Or, par le fait qu'ils le revêtirent de pourpre, s'accomplit ce passage d'Isaïe : Pourquoi donc ton vêtement est-il rouge et tes habits sont-ils comme les habits de ceux qui foulent au pressoir ? Par là est signifiée en même temps la passion des martyrs par laquelle tout le corps du Christ, c'est-à-dire l'Église, est rougi.
2377. En troisième lieu, ils se moquent de lui quant à leur salutation : venant vers lui, ils lui disaient : « SALUT, ROI DES JUIFS. » C'était alors la coutume, comme cela l'est encore maintenant, que les hommes allant auprès du roi le saluent - Chusai allant vers Absalom lui dit : « Salut, ô roi ; salut, ô roi ». Or au sens mystique, ils saluent le Christ avec dérision, ceux qui le confessent de leur bouche mais le renient par leurs actes - Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur » qui entreront dans le royaume des cieux.
B. LES OPPROBRES
2378. Puis l'Évangéliste montre les opprobres qu'ils lui ont infligés en disant : ET ILS LUI DONNAIENT DES GIFLES, et cela pour montrer par cet acte même que c'était par dérision qu'ils lui rendaient un tel honneur - J'ai tendu mes joues à ceux qui arrachaient ma barbe. - Ils ont frappé la joue du prince d'Israël.
II – LA CRUCIFIXION DU CHRIST
2379. L'Évangéliste traite ici de la crucifixion du Christ ; d'abord il expose la crucifixion elle-même, puis la mort du Christ [n° 2444], et enfin son ensevelissement [n°2463].
A. LA CRUCIFIXION DU CHRIST
II rapporte d'abord la discussion entre Christ [n° 2401], et enfin l'exécution de la Pilate et les Juifs, puis la condamnation du sentence [n° 2411].
2371. Plus haut, l'Évangéliste s'est attaché à exposer ce que le Christ a souffert de la part des Juifs ; ici, il s'attache à exposer ce qu'il a souffert spécialement de la part des Gentils : et il a souffert d'eux trois choses, selon qu'il l'avait lui-même annoncé : Il sera livré (...) aux Nations pour être bafoué, flagellé et crucifié.
L'Évangéliste traite donc d'abord de la flagellation du Christ, puis de la dérision qu'il a subie [n° 2374], et enfin de sa crucifixion [n° 2379].
LA FLAGELLATION DU CHRIST
2372. ALORS DONC, c'est-à-dire après la clameur de tous, PILATE PRIT JÉSUS ET LE FIT FLAGELLER, non certes de ses propres mains, mais par les soldats : et cela pour que les Juifs, satisfaits des outrages qu'on lui inflige, s'apaisent et renoncent à s'acharner jusqu'à sa mort. En effet, il est naturel que la colère se calme si elle voit celui contre lequel elle s'emporte humilié et puni, comme le dit le Philosophe. Cela, certes, est vrai de la colère qui cherche le préjudice du prochainavec mesure, mais non pas de la haine qui cherche à perdre entièrement celui qui est pris en haine - Ton ennemi (...) s'il trouve l'occasion, sera insatiable de ton sang. Or ceux-ci étaient mus par la haine contre le Christ, et c'est pourquoi la flagellation ne leur suffisait pas -J'ai été flagellé tout le jour. -J'ai donné mon corps à ceux qui me frappaient.
2373. Mais cette intention excuse-t-elle Pilate de la flagellation ?
Certes non, car aucune des choses qui sont mauvaises par elles-mêmes ne peut être rendue totalement bonne par une bonne intention. Or affliger un innocent, et surtout le Fils de Dieu, est mauvais par soi au plus haut point ; c'est pourquoi cela ne peut être excusé par aucune intention.
LA DÉRISION QUE SUBIT LE CHRIST
2374. Il s'agit ici de la dérision, premièrement quant aux faux honneurs qu'ils lui ont rendus ; deuxièmement quant aux véritables opprobres dont ils l'ont accablé [n° 2378].
A. LES FAUX HONNEURS
Ils lui rendaient de faux honneurs en l'appelant roi : par là ils faisaient allusion à l'accusation des Juifs, qui disaient que lui-même se faisait roi des Juifs. Et c'est pourquoi ils lui rendaient de trois manières l'honneur dû au roi, mais un faux honneur. D'abord quant à la couronne de dérision [n° 2375], ensuite quant au vêtement de dérision [n° 2376], enfin quant à leur salutation de dérision [n° 2377].
2375. Ils se moquent donc de lui quant à la couronne, parce que les rois avaient coutume d'être couronnés d'or - Une couronne d'or sur sa tête. Et de là vient qu'il est dit de lui dans un psaume : Tu as mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses . Mais LES SOLDATS, TRESSANT UNE COURONNE D'ÉPINES, LA LUI MIRENT SUR LA TÊTE, c'est-à-dire la tête de celui qui est pour les siens une couronne de gloire - En ce jour-là le Seigneur des armées sera une couronne de gloire et un sceptre d'exultation pour le reste de son peuple. Et il convenait que ce fût une couronne d'épines, puisque par elles il a retiré les épines des péchés, qui nous percent par le remords de la conscience - Défrichez-vous une friche, et ne semez pas sur des épines -, et les épines des peines qui nous affligent - Elle te produira des épines et des chardons.
Mais cela a-t-il été fait par ordre du gouverneur ? Chrysostome dit que non, mais que les soldats, corrompus par l'argent, faisaient cela pour plaire aux Juifs. Augustin, lui, dit que cela a été fait sur un ordre ou avec la permission du gouverneur, c'est-à-dire pour assouvir davantage la haine des Juifs et le leur arracher plus facilement.
2376. En second lieu, ils se moquent de lui quant au vêtement.
ET [ILS] LE REVÊTIRENT D'UN VÊTEMENT DE POURPRE, qui était la marque de la dignité royale chez les Romains. C'est pourquoi il est dit au premier livre des Maccabées qu'au temps où dominaient les consuls romains, aucun n'utilisait de couronne ni de pourpre. Or, par le fait qu'ils le revêtirent de pourpre, s'accomplit ce passage d'Isaïe : Pourquoi donc ton vêtement est-il rouge et tes habits sont-ils comme les habits de ceux qui foulent au pressoir ? Par là est signifiée en même temps la passion des martyrs par laquelle tout le corps du Christ, c'est-à-dire l'Église, est rougi.
2377. En troisième lieu, ils se moquent de lui quant à leur salutation : venant vers lui, ils lui disaient : « SALUT, ROI DES JUIFS. » C'était alors la coutume, comme cela l'est encore maintenant, que les hommes allant auprès du roi le saluent - Chusai allant vers Absalom lui dit : « Salut, ô roi ; salut, ô roi ». Or au sens mystique, ils saluent le Christ avec dérision, ceux qui le confessent de leur bouche mais le renient par leurs actes - Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur » qui entreront dans le royaume des cieux.
B. LES OPPROBRES
2378. Puis l'Évangéliste montre les opprobres qu'ils lui ont infligés en disant : ET ILS LUI DONNAIENT DES GIFLES, et cela pour montrer par cet acte même que c'était par dérision qu'ils lui rendaient un tel honneur - J'ai tendu mes joues à ceux qui arrachaient ma barbe. - Ils ont frappé la joue du prince d'Israël.
II – LA CRUCIFIXION DU CHRIST
2379. L'Évangéliste traite ici de la crucifixion du Christ ; d'abord il expose la crucifixion elle-même, puis la mort du Christ [n° 2444], et enfin son ensevelissement [n°2463].
A. LA CRUCIFIXION DU CHRIST
II rapporte d'abord la discussion entre Christ [n° 2401], et enfin l'exécution de la Pilate et les Juifs, puis la condamnation du sentence [n° 2411].
Après ces préliminaires, vient la cérémonie proprement dite, non moins horrible. S.
Matthieu et S. Marc la racontent d’une manière plus complète. - Ils venaient auprès de lui est néanmoins un
trait propre à S. Jean, et tout à fait graphique ; on croirait voir ces mercenaires barbares s’avancer auprès de
Jésus avec une gravité affectée. La Recepta omet la phrase, avec les manuscrits 1, Y, T, delta : mais son
authenticité n’est pas douteuse (d’après N, B, L, U, X, delta, II, etc., plusieurs versions) ; aussi les éditions
critiques l’ont-elles pour la plupart réintégrée à sa place primitive. - Et disaient : Salut… Ils fléchissaient en
même temps le genou d’une manière ironique, Matth. 19, 3. - Et ils lui donnaient des gifles. Expression
propre à S. Jean. Cf. 18, 22 et le commentaire. Remarquez les trois imparfaits « venaient, disaient,
donnaient), qui expriment si bien la continuité, la répétition de ces cruels outrages. Et l’incomparable
patience de Jésus !