Jean 19, 31
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
2454. Ici est montrée la blessure du corps du Christ. Et premièrement le récit de cette blessure, deuxièmement la certitude de ce récit [n° 2459].
Quant au premier point, l'Évangéliste fait trois choses. D'abord, il montre la tentative des Juifs et leur intention ; puis l'accomplissement de cette tentative pour une part [n° 2456] ; enfin, comment cela est accompli dans le Christ [n° 2458].
2455. En effet il faut savoir, comme on le trouve au Deutéronome , qu'il était prescrit dans la Loi que les cadavres des hommes suspendus pour des crimes ne devaient pas être laissés suspendus jusqu'au matin, afin que la terre ne soit pas souillée, et aussi pour faire disparaître l'ignominie de ceux qui étaient suspendus, car une mort de ce genre était regardée comme la plus honteuse. Aussi est-il écrit au même endroit : Maudit soit tout homme qui pend au bois, c'est-à-dire en malédiction de peine. Or, bien que les Juifs n'eussent plus en leur pouvoir d'infliger une peine de ce genre, cependant, ce qui était en leur pouvoir, ils s'efforçaient de le faire. Aussi, parce que c'était la Préparation, pour que le corps du Christ et aussi ceux des autres ne demeurent pas en croix le jour du sabbat, qui était très solennel, et à cause du sabbat lui-même et à cause de la fête des azymes, ils DEMANDÈRENT À PILATE QU'ON LEUR BRISÂT LES JAMBES ET QU'ON LES ENLEVÂT. Ils sont certes diligents à observer la Loi dans les petites choses, mais dans les grandes choses ils la méprisèrent, filtrant le moustique mais engloutissant le chameau .
2456. Il donne ensuite la manière dont cela est accompli en partie : LES SOLDATS VINRENT DONC, ET ILS BRISÈRENT LES JAMBES DU PREMIER - à savoir un des larrons vers lequel ils vinrent en premier lieu, PUIS DE L'AUTRE QUI AVAIT ÉTÉ CRUCIFIÉ AVEC LUI, c'est-à-dire avec Jésus. Par là nous est montrée leur cruauté – Ils mangèrent la chair de mon peuple .
2457. Mais pourquoi ajoute-t-il : MAIS LORSQU'ILS VINRENT À JÉSUS, ET QU'ILS LE VIRENT DÉJÀ MORT, ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES ? N'avait-il pas été crucifié au milieu ?
Réponse. Il faut dire que chacun des deux soldats vint vers un des larrons pour lui briser les jambes ; et les ayant brisées, l'un celles du premier, l'autre celles du deuxième, ils vinrent vers Jésus. Aussi est-ce de là qu'est venue l'occasion de le blesser, parce que comme ILS LE VIRENT DÉJÀ MORT, ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES.
2458. Mais pour s'assurer de sa mort, L'UN DES SOLDATS, DE SA LANCE, LUI OUVRIT LE CÔTÉ. Et il est significatif qu'il dise OUVRIT, et non pas « blessa », parce que par ce côté est ouverte pour nous la porte de la vie éternelle - Après cela, je vis une porte ouverte. C'est la porte sur le côté de l'arche par laquelle entrent les animaux qui ne périraient pas dans le déluge.
Et cette porte est cause de salut : ET AUSSITÔT IL SORTIT DU SANG ET DE L'EAU. Car il est très miraculeux que du corps d'un mort où le sang est figé sorte du sang. Mais si quelqu'un dit que cela s'est produit en raison d'une certaine chaleur qui était encore demeurée dans le corps, cependant, pour l'écoulement de l'eau on ne peut pas nier qu'il y ait eu un miracle, puisque l'eau qui est sortie était très pure.
Et certes, cela s'est produit afin que le Christ montrât ce qu'il était, c'est-à-dire vrai homme. En effet un homme est composé de deux choses : d'éléments et d'humeurs. Un des éléments est l'eau ; et parmi les humeurs, il y a principalement le sang.
Ou bien cela est arrivé pour montrer que, par la Passion du Christ, nous obtenons la purification plénière de nos péchés et de nos taches. De nos péchés, certes par le sang, qui est le prix de notre rédemption - Ce n'est pas par des choses corruptibles, or ou argent, que vous avez été rachetés de votre vaine conduite, mais par le sang précieux comme d'un agneau sans tache et immaculé, le Christ. Mais de nos taches par l'eau, qui est le bain de notre régénération - Je répandrai sur vous une eau pure. - II y aura une source ouverte à la maison de David.
Et c'est pourquoi ces deux choses appartiennent de manière spéciale à deux sacrements : l'eau au sacrement du baptême, le sang à l'Eucharistie. Ou bien, l'une et l'autre appartiennent à l'Eucharistie parce que, dans le sacrement de l'Eucharistie, l'eau est mêlée au vin, bien que l'eau n'appartienne pas à la substance du sacrement.
Cela convient aussi à la préfiguration parce que, de même que du côté du Christ endormi sur la croix ont coulé le sang et l'eau dans lesquels est consacrée l'Église, de même du côté d'Adam endormi a été formée la femme, qui préfigurait l'Église elle-même.
La certitude de ce récit.
2459. Ici nous est donnée la certitude du récit, d'abord à partir du témoignage apostolique, ensuite à partir de la prophétie de l'Écriture [n° 2461].
2460. Concernant le premier point, il commence par décrire la convenance du témoin parce que CELUI QUI A VU A RENDU TÉMOIGNAGE, et c'est Jean lui-même - Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons. Après cela il ajoute la vérité du témoignage : ET SON TÉMOIGNAGE EST VRAI - Je dis la vérité, je ne mens pas. - Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. Et enfin il réclame la foi : ET CELUI-LÀ SAIT QU'IL DIT VRAI, POUR QUE VOUS AUSSI VOUS CROYIEZ - Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez'.
2461. Et non seulement cela est certifié par le témoignage apostolique, mais il ajoute la prophétie de l'Écriture, et c'est pourquoi il dit : CES CHOSES ONT ÉTÉ FAITES POUR QUE S'ACCOMPLÎT L'ÉCRITURE, étant donné que le POUR est pris comme consécutif, comme on l'a déjà dit plus haut. Et il indique deux autorités de l'Ancien Testament. L'une se rapporte à ce qu'il dit : ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES, et se trouve au livre de l'Exode : Vous ne lui briserez pas d'os, à savoir à l'agneau pascal qui préfigurait le Christ, parce que, comme il est dit : Le Christ, notre Pâque, a été immolé.
Aussi a-t-il été voulu par Dieu que les os de l'agneau pascal ne fussent pas brisés pour donner à entendre que la force de l'Agneau véritable et sans tache, Jésus Christ, ne devait en aucune manière être brisée par la Passion. Aussi les Juifs pensaient-ils détruire par la Passion la puissance de la doctrine du Christ ; mais elle en a été plutôt affermie - Le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour nous il est puissance de Dieu. C'est pourquoi il dit plus haut : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez que Moi Je Suis.
2462. La seconde autorité se rapporte à ce qu'il dit : DE SA LANCE, [IL] LUI OUVRIT LE CÔTÉ. Et on trouve : ILS REGARDERONT CELUI QU'ILS ONT TRANSPERCÉ, là où le texte que nous avons dit : Ils regarderont vers moi qu’ils ont percé.
C'est pourquoi, si nous nous attachons à la parole du Prophète, il est manifeste que le Christ crucifié est Dieu. Car ce que dit le Prophète en la personne de Dieu, l'Évangéliste l'attribue au Christ. ILS REGARDERONT, dit-il, vers le jugement qui vient, ou bien ILS REGARDERONT convertis par la foi.
C. L'ENSEVELISSEMENT DU CHRIST
2463. L'Évangéliste, après avoir traité de la crucifixion et de la mort, traite ici de la sépulture du Christ, et montre d'abord la possibilité et la permission de l'ensevelir ; ensuite, le zèle de Joseph d'Arimathie pour s'occuper du corps [n° 2465] ; puis il indique le lieu de la sépulture [n° 2468] ; et enfin rapporte la sépulture elle-même [n° 2469].
Quant au premier point, l'Évangéliste fait trois choses. D'abord, il montre la tentative des Juifs et leur intention ; puis l'accomplissement de cette tentative pour une part [n° 2456] ; enfin, comment cela est accompli dans le Christ [n° 2458].
2455. En effet il faut savoir, comme on le trouve au Deutéronome , qu'il était prescrit dans la Loi que les cadavres des hommes suspendus pour des crimes ne devaient pas être laissés suspendus jusqu'au matin, afin que la terre ne soit pas souillée, et aussi pour faire disparaître l'ignominie de ceux qui étaient suspendus, car une mort de ce genre était regardée comme la plus honteuse. Aussi est-il écrit au même endroit : Maudit soit tout homme qui pend au bois, c'est-à-dire en malédiction de peine. Or, bien que les Juifs n'eussent plus en leur pouvoir d'infliger une peine de ce genre, cependant, ce qui était en leur pouvoir, ils s'efforçaient de le faire. Aussi, parce que c'était la Préparation, pour que le corps du Christ et aussi ceux des autres ne demeurent pas en croix le jour du sabbat, qui était très solennel, et à cause du sabbat lui-même et à cause de la fête des azymes, ils DEMANDÈRENT À PILATE QU'ON LEUR BRISÂT LES JAMBES ET QU'ON LES ENLEVÂT. Ils sont certes diligents à observer la Loi dans les petites choses, mais dans les grandes choses ils la méprisèrent, filtrant le moustique mais engloutissant le chameau .
2456. Il donne ensuite la manière dont cela est accompli en partie : LES SOLDATS VINRENT DONC, ET ILS BRISÈRENT LES JAMBES DU PREMIER - à savoir un des larrons vers lequel ils vinrent en premier lieu, PUIS DE L'AUTRE QUI AVAIT ÉTÉ CRUCIFIÉ AVEC LUI, c'est-à-dire avec Jésus. Par là nous est montrée leur cruauté – Ils mangèrent la chair de mon peuple .
2457. Mais pourquoi ajoute-t-il : MAIS LORSQU'ILS VINRENT À JÉSUS, ET QU'ILS LE VIRENT DÉJÀ MORT, ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES ? N'avait-il pas été crucifié au milieu ?
Réponse. Il faut dire que chacun des deux soldats vint vers un des larrons pour lui briser les jambes ; et les ayant brisées, l'un celles du premier, l'autre celles du deuxième, ils vinrent vers Jésus. Aussi est-ce de là qu'est venue l'occasion de le blesser, parce que comme ILS LE VIRENT DÉJÀ MORT, ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES.
2458. Mais pour s'assurer de sa mort, L'UN DES SOLDATS, DE SA LANCE, LUI OUVRIT LE CÔTÉ. Et il est significatif qu'il dise OUVRIT, et non pas « blessa », parce que par ce côté est ouverte pour nous la porte de la vie éternelle - Après cela, je vis une porte ouverte. C'est la porte sur le côté de l'arche par laquelle entrent les animaux qui ne périraient pas dans le déluge.
Et cette porte est cause de salut : ET AUSSITÔT IL SORTIT DU SANG ET DE L'EAU. Car il est très miraculeux que du corps d'un mort où le sang est figé sorte du sang. Mais si quelqu'un dit que cela s'est produit en raison d'une certaine chaleur qui était encore demeurée dans le corps, cependant, pour l'écoulement de l'eau on ne peut pas nier qu'il y ait eu un miracle, puisque l'eau qui est sortie était très pure.
Et certes, cela s'est produit afin que le Christ montrât ce qu'il était, c'est-à-dire vrai homme. En effet un homme est composé de deux choses : d'éléments et d'humeurs. Un des éléments est l'eau ; et parmi les humeurs, il y a principalement le sang.
Ou bien cela est arrivé pour montrer que, par la Passion du Christ, nous obtenons la purification plénière de nos péchés et de nos taches. De nos péchés, certes par le sang, qui est le prix de notre rédemption - Ce n'est pas par des choses corruptibles, or ou argent, que vous avez été rachetés de votre vaine conduite, mais par le sang précieux comme d'un agneau sans tache et immaculé, le Christ. Mais de nos taches par l'eau, qui est le bain de notre régénération - Je répandrai sur vous une eau pure. - II y aura une source ouverte à la maison de David.
Et c'est pourquoi ces deux choses appartiennent de manière spéciale à deux sacrements : l'eau au sacrement du baptême, le sang à l'Eucharistie. Ou bien, l'une et l'autre appartiennent à l'Eucharistie parce que, dans le sacrement de l'Eucharistie, l'eau est mêlée au vin, bien que l'eau n'appartienne pas à la substance du sacrement.
Cela convient aussi à la préfiguration parce que, de même que du côté du Christ endormi sur la croix ont coulé le sang et l'eau dans lesquels est consacrée l'Église, de même du côté d'Adam endormi a été formée la femme, qui préfigurait l'Église elle-même.
La certitude de ce récit.
2459. Ici nous est donnée la certitude du récit, d'abord à partir du témoignage apostolique, ensuite à partir de la prophétie de l'Écriture [n° 2461].
2460. Concernant le premier point, il commence par décrire la convenance du témoin parce que CELUI QUI A VU A RENDU TÉMOIGNAGE, et c'est Jean lui-même - Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons. Après cela il ajoute la vérité du témoignage : ET SON TÉMOIGNAGE EST VRAI - Je dis la vérité, je ne mens pas. - Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. Et enfin il réclame la foi : ET CELUI-LÀ SAIT QU'IL DIT VRAI, POUR QUE VOUS AUSSI VOUS CROYIEZ - Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez'.
2461. Et non seulement cela est certifié par le témoignage apostolique, mais il ajoute la prophétie de l'Écriture, et c'est pourquoi il dit : CES CHOSES ONT ÉTÉ FAITES POUR QUE S'ACCOMPLÎT L'ÉCRITURE, étant donné que le POUR est pris comme consécutif, comme on l'a déjà dit plus haut. Et il indique deux autorités de l'Ancien Testament. L'une se rapporte à ce qu'il dit : ILS NE LUI BRISÈRENT PAS LES JAMBES, et se trouve au livre de l'Exode : Vous ne lui briserez pas d'os, à savoir à l'agneau pascal qui préfigurait le Christ, parce que, comme il est dit : Le Christ, notre Pâque, a été immolé.
Aussi a-t-il été voulu par Dieu que les os de l'agneau pascal ne fussent pas brisés pour donner à entendre que la force de l'Agneau véritable et sans tache, Jésus Christ, ne devait en aucune manière être brisée par la Passion. Aussi les Juifs pensaient-ils détruire par la Passion la puissance de la doctrine du Christ ; mais elle en a été plutôt affermie - Le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour nous il est puissance de Dieu. C'est pourquoi il dit plus haut : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez que Moi Je Suis.
2462. La seconde autorité se rapporte à ce qu'il dit : DE SA LANCE, [IL] LUI OUVRIT LE CÔTÉ. Et on trouve : ILS REGARDERONT CELUI QU'ILS ONT TRANSPERCÉ, là où le texte que nous avons dit : Ils regarderont vers moi qu’ils ont percé.
C'est pourquoi, si nous nous attachons à la parole du Prophète, il est manifeste que le Christ crucifié est Dieu. Car ce que dit le Prophète en la personne de Dieu, l'Évangéliste l'attribue au Christ. ILS REGARDERONT, dit-il, vers le jugement qui vient, ou bien ILS REGARDERONT convertis par la foi.
C. L'ENSEVELISSEMENT DU CHRIST
2463. L'Évangéliste, après avoir traité de la crucifixion et de la mort, traite ici de la sépulture du Christ, et montre d'abord la possibilité et la permission de l'ensevelir ; ensuite, le zèle de Joseph d'Arimathie pour s'occuper du corps [n° 2465] ; puis il indique le lieu de la sépulture [n° 2468] ; et enfin rapporte la sépulture elle-même [n° 2469].
Or... les Juifs... La particule Or rattache
un nouveau projet des Juifs à tout ce qu’ils avaient fait antérieurement contre Jésus. - Comme c’était la
préparation. Il n’y a pas d’article devant le mot grec correspondant à préparation : « parce que c’était une
veille de sabbat ». Voyez le verset 14 et le commentaire. Cette circonstance est très favorable à l’opinion que
nous avons essayé de défendre. Dans la Recepta et les ms. A, E, G, H, etc., l’incidente comme c’était la
préparation est renvoyée après le mot « sabbat » ; N, B, L, X, Y, etc., la placent au même endroit que la
Vulgate. - De peur que les corps ne restassent sur la croix. D’après la coutume romaine, les corps des
crucifiés demeuraient assez longtemps sur la croix. C’était souvent la putréfaction qui les en faisait
descendre, ou les bêtes fauves et les oiseaux de proie qui les en arrachaient : très rarement on les rendait à la
famille. Au contraire, la loi juive s’opposait formellement à ce que le cadavre d’un supplicié passât la nuit au
gibet. C’eût été une profanation pour la Terre sainte. Cf. Deut. 21, 12 et ss. ; Jos. Bell. Jud. 4, 5, 2 ; Philon, In
Flacc. - Pendant le sabbat. A cette circonstance générale s’ajoutait celle du sabbat, et d’un sabbat
extraordinaire, comme le dit la parenthèse pleine d’emphase : car ce jour de sabbat était solennel. C’était en
effet le samedi situé dans l’octave pascale, et les Juifs tenaient particulièrement à ce qu’il ne fût pas
déshonoré. Ils n’avaient pas craint de commettre les plus grands forfaits, et un détail de casuistique les
épouvante ! Cf. 18, 28. - Les Juifs demandèrent à Pilate. C’est la seconde requête qu’ils lui adressaient
depuis peu. Cf. 19, 21. - Qu’on rompît les jambes des suppliciés. Ce supplice, que les Latins nommaient
« crurifragium », était quelquefois infligé à part (Cf. Suétone, Aug., 67 ; Sénèque, De ira, 3, 32) ; mais on
s’en servait aussi pour hâter la mort des condamnés, quand on était pressé d’en finir : on compensait alors ce
qui manquait à la durée du crucifiement par un redoublement de souffrances. Cf. Lactance, Institi. div., 4,
26 ; Lepsius, De Cruce, 2, 14 ; Keim, Jesus von Nazara, t. 3, p. 509. C’est à coups de massue que l’on brisait
les os des jambes ; le patient ne tardait pas à expirer dans une affreuse agonie. Autrement, il pouvait vivre sur
la croix vingt-quatre, trente-six, quarante-huit heures, et même jusqu’à trois jours et trois nuits. Cette
prolongation du supplice de la croix était proverbiale. « Mourir à petit feu, faire traîner sa vie en longueur, se
consumer au milieu de supplices, périr membre après membre, et perdre son âme goutte à goutte ». Sénèque,
Epist. 101. - Et qu’on les enlevât : de leurs croix.
La préparation. Voir le verset 14. ― Etait très solennel, à cause de la fête de pâque qui tomba cette année-là en ce même jour. ― Qu’on leur rompît les jambes. « Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu’il accélérait la mort. Mais pour Notre-Seigneur, les Juifs étaient devenus plus cruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d’humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (ROHAULT DE FLEURY)
Marie de Magdala et les saintes femmes, qui venaient achever d’embaumer le corps de Jésus (cf. Mc 16, 1 ; Lc 24, 1) enseveli à la hâte à cause de l’arrivée du Sabbat le soir du Vendredi Saint (cf. Jn 19, 31. 42), ont été les premières à rencontrer le Ressuscité (cf. Mt 28, 9-10 ; Jn 20, 11-18). Ainsi les femmes furent les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 9-10). C’est à eux que Jésus apparaît ensuite, d’abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1 Co 15, 5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères (cf. Lc 22, 31-32), voit donc le Ressuscité avant eux et c’est sur son témoignage que la communauté s’écrie : " C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon " (Lc 24, 34. 36).