Jean 19, 37
Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Les Juifs, qui ne craignaient pas d'avaler le chameau et rejetaient le moucheron, après avoir audacieusement consommé un si grand attentat, manifestent des scrupules, des inquiétudes au sujet du jour du sabbat. «Les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du sabbat», etc.
Voyez ici combien est grande la force de la vérité; les Juifs eux-mêmes, par leurs efforts, concourent à l'accomplissement des prophéties: «Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier, et de même à l'autre qu'on avait crucifié avec lui. Puis étant venu à Jésus, et voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes; mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance».
C'est donc de ce côté ouvert que nos saints mystères tirent leur origine; lors donc que vous approchez de l'autel pour boire ce calice redoutable, approchez dans les mêmes dispositions que si vous deviez appliquer vos lèvres sur le côté même de Jésus-Christ.
C'est-à-dire, il ne l'a point appris des autres, il était présent, il en a été le témoin oculaire; «et son témoignage est véritable». Il fait cette réflexion à l'occasion de ce nouvel outrage fait au corps du Sauveur, et non après le récit de quelque prodige extraordinaire pour fixer davantage l'attention. Eu s'exprimant de la sorte, il ferme aussi par avance la bouche des hérétiques, prédit les mystères que l'avenir devait dévoiler, et arrête ses regards sur le trésor inépuisable qu'ils renferment.
Ce second témoignage est emprunté au prophète Zacharie.
Ce ne sont point les jambes des suppliciés qui devaient être enlevées, mais ceux à qui on les brisait pour les faire mourir devaient être détachées de la croix pour ne point profaner ce grand jour de fête par le spectacle de leur supplice prolongé sur la croix.
L'Évangéliste se sert ici d'une expression choisie à dessein; il ne dit pas il frappa ou il blessa son côté, mais il ouvrit son côte avec une lance, pour nous apprendre qu'il ouvrait ainsi la porte de la vie d'où sont sortis les sacrements de l'Eglise, sans lesquels on ne peut avoir d'accès à la véritable vie. «Et il en sortit aussitôt du sang et de l'eau». Ce sang a été répandu pour la rémission des péchés, cette eau vient semêler pour nous au breuvage du salut; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. Nous voyons une figure de ce mystère dans l'ordre donné à Noé d'ouvrir sur un des côtés de l'arche une porte par où pussent entrer les animaux qui devaient échapper au déluge, et qui représentaient l'Eglise ( Gn 6,16 ). C'est en vue du même mystère que la première femme fut faite d'une des côtes d'Adam pendant son sommeil ( Gn 2,22 ), et nous voyons ici le second Adam s'endormir sur la croix après avoir incliné la tête pour qu'une épouse aussi lui fût formée par ce sang et cette eau qui coulèrent de son côté après sa mort. O mort qui devient pour les morts un principe de résurrection et de vie ! Quoi de plus pur que ce sang? Quoi de plus salutaire que cette blessure?
Celui qui a vu ce miracle le sait, et son témoignage doit servir d'appui à la foi de celui qui ne l'a pas vu. Saint Jean confirme par deux-témoignages de l'Ecriture les deux faits dont il atteste la vérité. Après avoir dit: «Ils ne brisèrent point les jambes à Jésus», il ajoute: «Ces choses se sont faites afin que cette parole de l'Ecriture fût accomplie: Vous ne briserez aucun de ses os», etc. ( Ex 12,46 ). C'est ce qui était recommandé à ceux qui, dans l'ancienne loi, célébraient la pâque par l'immolation d'un agneau, qui était la figure de la passion du Sauveur. Saint Jean avait dit aussi: «Un des soldats ouvrit son côté avec une lance», et à l'appui il cite cet autre témoignage: «Il est dit encore dans un autre endroit de l'Ecriture: Ils jetèrent leurs regards sur celui qu'ils ont percé» (; prophétie qui annonçait que le Christ paraîtrait au monde avec cette chair dans laquelle il a été crucifié.
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. Voyez comme c'est concis, et comme c'est riche! Il est Dieu, et il est Père: Dieu par sa puissance, Père par sa bonté. Que nous avons de la chance: trouver un Père en la personne de notre Seigneur! Croyons donc en lui et attendons tout de sa miséricorde, parce qu'il est tout-puissant. Que personne ne dise: Il ne peut pas pardonner mes péchés. Comment, tout-puissant, ne le pourrait-il pas? Mais tu insistes: Moi, j'ai beaucoup péché! et je te réponds: Mais il est tout-puissant! Et toi: J'ai commis de si grands péchés que je ne puis en être délivré et purifié. Je réponds: Mais lui est tout-puissant!
La rémission des péchés. Si elle n'existait pas dans l'Église, il n'y aurait aucun espoir, car alors nous ne poumons aucunement espérer la vie future ni la libération éternelle. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait ce don à son Église.
Voici que vous allez venir à la fontaine sainte, que vous serez purifiés par le baptême, renouvelés par le bain salutaire de la nouvelle naissance. En remontant de ce bain, vous serez sans aucun péché. Tous les péchés passés qui vous poursuivaient seront détruits. Ils étaient semblables aux Égyptiens qui poursuivaient les Israélites jusqu'à la mer Rouge. Que veut dire: jusqu'à la mer Rouge? Jusqu'à cette fontaine, consacrée par la croix et le sang de Jésus Christ. En effet, nous appelons rouge ce qui rougeoie. Or, ne voyez-vous pas que tout ce qui touche à Jésus Christ est rougeoyant? Interrogez les yeux de la foi. Si tu regardes la croix, remarque le sang. Si tu vois celui qui est cloué, vois ce qu'il a versé. Le côté du Christ a été percé par la lance, et notre rançon en a jailli. Voilà pourquoi le signe du Christ imprime sa marque sur le baptême, c'est-à-dire sur l'eau où vous êtes plongés, comme si vous traversiez la mer Rouge.
Vos péchés, ce sont vos ennemis. Ils vous poursuivent, mais seulement jusqu'à la mer. Dès que vous y serez entrés, vous leur échapperez et ils seront détruits, de même que les Israélites s'échappèrent à pied sec, tandis que l'eau engloutissait les Égyptiens. Et que dit l'Écriture? Il n'en resta pas un seul (cf. ps 105,11).
Que vos péchés soient nombreux ou non, qu'ils soient grands ou petits: il n'en restera pas un seul.
La rémission des péchés. Si elle n'existait pas dans l'Église, il n'y aurait aucun espoir, car alors nous ne poumons aucunement espérer la vie future ni la libération éternelle. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait ce don à son Église.
Voici que vous allez venir à la fontaine sainte, que vous serez purifiés par le baptême, renouvelés par le bain salutaire de la nouvelle naissance. En remontant de ce bain, vous serez sans aucun péché. Tous les péchés passés qui vous poursuivaient seront détruits. Ils étaient semblables aux Égyptiens qui poursuivaient les Israélites jusqu'à la mer Rouge. Que veut dire: jusqu'à la mer Rouge? Jusqu'à cette fontaine, consacrée par la croix et le sang de Jésus Christ. En effet, nous appelons rouge ce qui rougeoie. Or, ne voyez-vous pas que tout ce qui touche à Jésus Christ est rougeoyant? Interrogez les yeux de la foi. Si tu regardes la croix, remarque le sang. Si tu vois celui qui est cloué, vois ce qu'il a versé. Le côté du Christ a été percé par la lance, et notre rançon en a jailli. Voilà pourquoi le signe du Christ imprime sa marque sur le baptême, c'est-à-dire sur l'eau où vous êtes plongés, comme si vous traversiez la mer Rouge.
Vos péchés, ce sont vos ennemis. Ils vous poursuivent, mais seulement jusqu'à la mer. Dès que vous y serez entrés, vous leur échapperez et ils seront détruits, de même que les Israélites s'échappèrent à pied sec, tandis que l'eau engloutissait les Égyptiens. Et que dit l'Écriture? Il n'en resta pas un seul (cf. ps 105,11).
Que vos péchés soient nombreux ou non, qu'ils soient grands ou petits: il n'en restera pas un seul.
Le mot parasceve, qui veut dire préparation, indique ici le sixième jour de la semaine, et on lui donnait ce nom parce qu'en ce jour, les Israélites devaient préparer une double provision d'aliments; parce que le lendemain était le grand jour du sabbat, à cause de la grande solennité de Pâque.
D'ailleurs la loi défendait que le supplice d'un homme condamné à mort se prolongent au delà du coucher du soleil. Peut-être aussi ne voulurent-ils pas être regardés comme des bourreaux ou des homicides dans ce jour de fête.
Pour complaire aux Juifs, les soldats percent de leur lance le corps de Jésus-Christ et poursuivent de leurs outrages ce corps même inanimé; mais cet outrage donne lieu à un miracle éclatant, car n'est-ce pas un véritable miracle que le sang coule d'un corps privé de la vie?
Ceux qui refusent de mêler l'eau avec le vin dans la célébration des saints mystères trouvent donc ici leur condamnation, car ils paraissent ne pas croire que l'eau ait coulé du côté du Sauveur. Essaiera-t-on de dire qu'il restait encore un léger principe de vie dans le corps de Jésus, ce qui explique le sang qui sortit de son côté; mais l'eau qui en sort maintenant est une preuve sans réplique qu'il était mort. Aussi l'Évangéliste prend-il soin d'ajouter: «Et celui qui l'a vu en rend témoignage».
Et ailleurs, l’Écriture dit encore… Il s’agit de Zacharie, 12, 10, où il est directement question du
Messie : les Rabbins eux-mêmes en conviennent, tr. Juccoth, 52, a. Cf. Apoc. 1, 7. La citation est faite assez
librement, et diffère soit de l’hébreu, soit des Septante. - Ils contempleront : regards de regrets et de désirs,
signe d’une prochaine conversion. - Celui qu’ils ont percé. Ce dernier mot était le principal pour S. Jean. En
grec, ils ont profondément percé, expression plus forte qu’au verset 34 (elle n’apparaît que deux fois dans le
N. T., ici et Apoc. 1, 7). Les traducteurs alexandrins ont beaucoup adouci la pensée (celui qu’ils ont bravé).
Voyez dans Zach. 12, 6-14, la suite si énergique de ce beau passage.
Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l’homme un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26-27). La conversion est d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs à lui : " Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis " (Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être séparé de lui. Le cœur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10) :
« Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37): sur l'arbre de la Croix s'accomplit l'Evangile de la vie
Au terme de ce chapitre, dans lequel nous avons médité le message chrétien sur la vie, je voudrais m'attarder avec chacun de vous à contempler Celui qu'ils ont transpercé et qui attire à lui tous les hommes (cf. Jn 19, 37; 12, 32). En regardant « le spectacle » de la Croix (cf. Lc 23, 48), nous pourrons découvrir dans cet arbre glorieux l'accomplissement et la pleine révélation de tout l'Evangile de la vie.
«Tu vois la Trinité quand tu vois la charité», écrivait saint Augustin.Dans les réflexions qui précèdent, nous avons pu fixer notre regard sur Celui qui a été transpercé (cf. Jn 19, 37; Za,12, 10), reconnaissant le dessein du Père qui, mû par l'amour (cf. Jn 3, 16), a envoyé son Fils unique dans le monde pour racheter l'homme. Mourant sur la croix, Jésus – comme le souligne l’Évangéliste – «remit l'esprit» (Jn 19, 30), prélude du don de l’Esprit Saint qu’il ferait après la résurrection (cf. Jn 20, 22). Se réaliserait ainsi la promesse des «fleuves d'eau vive» qui, grâce à l’effusion de l’Esprit, jailliraient du cœur des croyants (cf. Jn 7, 38-39). En effet, l’Esprit est la puissance intérieure qui met leur cœur au diapason du cœur du Christ, et qui les pousse à aimer leurs frères comme Lui les a aimés quand il s’est penché pour laver les pieds de ses disciples (cf. Jn 13, 1-13) et surtout quand il a donné sa vie pour tous (cf. Jn 13, 1; 15, 13).
La preuve la plus grande de la fiabilité de l’amour du Christ se trouve dans sa mort pour l’homme. Si donner sa vie pour ses amis est la plus grande preuve d’amour (cf. Jn 15, 13), Jésus a offert la sienne pour tous, même pour ceux qui étaient des ennemis, pour transformer leur cœur. Voilà pourquoi, selon les évangélistes, le regard de foi culmine à l’heure de la Croix, heure en laquelle resplendissent la grandeur et l’ampleur de l’amour divin. Saint Jean place ici son témoignage solennel quand, avec la Mère de Jésus, il contempla celui qu’ils ont transpercé (cf. Jn 19, 37). « Celui qui a vu rend témoignage — son témoignage est véritable, et celui-là sait qu’il dit vrai — pour que vous aussi vous croyiez » (Jn 19, 35). F. M. Dostoïevski, dans son œuvre L’idiot, fait dire au protagoniste, le prince Mychkine, à la vue du tableau du Christ mort au sépulcre, œuvre de Hans Holbein le Jeune : « En regardant ce tableau un croyant peut perdre la foi ». La peinture représente en effet, de façon très crue, les effets destructeurs de la mort sur le corps du Christ. Toutefois, c’est justement dans la contemplation de la mort de Jésus que la foi se renforce et reçoit une lumière éclatante, quand elle se révèle comme foi dans son amour inébranlable pour nous, amour qui est capable d’entrer dans la mort pour nous sauver. Il est possible de croire dans cet amour, qui ne s’est pas soustrait à la mort pour manifester combien il m’aime ; sa totalité l’emporte sur tout soupçon et nous permet de nous confier pleinement au Christ.
96. Un côté transpercé, une fontaine ouverte, un esprit de grâce et de prière. Les premiers chrétiens ont inévitablement vu cette promesse s’accomplir dans le côté transpercé du Christ, la source d’où jaillit la vie nouvelle. En parcourant l’Évangile de Jean, nous voyons comment la prophétie s’est accomplie dans le Christ. Nous contemplons son côté ouvert d’où jaillit l’eau de l’Esprit : « Un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau » (Jn 19, 34). L’évangéliste ajoute ensuite : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37). Il reprend ainsi l’annonce du prophète qui promettait au peuple une source ouverte à Jérusalem lorsqu’ils regarderaient celui qu’ils auraient transpercé (cf. Za 12, 10). La source ouverte, c’est le côté blessé de Jésus-Christ.