Jean 19, 4
Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
Pilate, voulant libérer le Christ, discutait avec les Juifs. C'est pourquoi l'Évangéliste montre d'abord comment il s'efforce de le libérer en le faisant voir aux Juifs - il montre cette manifestation, puis son effet [n° 2383] ; en second lieu, comment il s'efforce de le libérer en alléguant son innocence [n° 2384].
Pilate présente Jésus aux Juifs.
2380. L'Évangéliste montre d'abord l'intention de Pilate : en leur montrant Jésus, il avait l'intention de le libérer ; PILATE SORTIT DONC DE NOUVEAU, à savoir du prétoire, ET LEUR DIT, c'est-à-dire aux Juifs qui attendaient : « VOICI QUE JE VOUS L'AMÈNE DEHORS, et cela POUR QUE VOUS SACHIEZ QUE JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION]. » Pourquoi donc l'as-tu traité de manière honteuse, ô impie Pilate, sans cause ? Pour que les Juifs ne croient pas que je le relâche par faveur. En effet, quelle faveur est accordée à celui à qui sont infligés tant de coups de fouet ? Ou bien, pour que ses ennemis voient avec un très grand plaisir les outrages qu'il a subis et ne soient plus assoiffés de sang ; autrement dit : S'il était passible de mort, je le condamnerais comme je l'ai fait flageller. Cependant il a peut-être fait contre la loi des choses sans gravité, pour lesquelles il a seulement mérité la flagellation, mais non la mort.
2381. En second lieu, cela ayant été fait, on montre la manifestation du Christ. Pilate le présente dans l'état où il est tourné en dérision par les gardes pour qu'au moins ils se calment tandis qu'il sort vers eux, non pas dans la gloire du pouvoir, mais couvert d'opprobre - Puisque c'est à cause de toi que j'ai souffert l'opprobre, et que la confusion a couvert ma face. En cela nous sommes instruits, afin d'être prêts à supporter tous les opprobres à cause du nom de Jésus Christ - Ne craignez pas les opprobres des hommes, et n'appréhendez pas leurs injures.
2382. En troisième lieu est montrée l'explication de cette manifestation, et cela par les paroles de Pilate ; il leur a dit : « VOICI L'HOMME », parlant comme avec mépris de ce qu'un homme ainsi méprisé veuille usurper pour lui la royauté. Voici de quel homme vous croyez ces choses, de telle sorte que, selon cela, lui convient ce psaume : Moi je suis un ver, et non un homme. Si donc c'est le roi que vous haïssez, cessez désormais puisque vous le voyez déchu. Comme le dit Augustin« L'ignominie brûle, que la haine se refroidisse. »
2383. Ici est montré l'effet de la manifestation du Christ sur les Juifs parce que, si déchu et flagellé qu'ils le voient, leur haine ne se refroidit pas, mais brûle davantage et grandit. Aussi, QUAND LES GRANDS PRÊTRES ET LES GARDES L'EURENT VU, amené dehors, ILS CRIAIENT, DISANT : « CRUCIFIE-LE ! CRUCIFIE-LE ! » Ils le répètent à cause de la véhémence de leur désir. Et ils ne se contentent pas de n'importe quelle mort, mais ils réclament la plus infâme : celle de la croix - Condamnons-le à la mort la plus infâme.
Et l'Évangéliste dit : QUAND [ILS] L'EURENT VU, car à la vue de ce qui lui est odieux, le cœur de celui qui hait est davantage agité et enflammé contre lui - Sa vue même nous est à charge.
Pilate allègue l'innocence du Christ.
2384. L'Évangéliste montre ici comment Pilate s'efforce de libérer le Christ en alléguant son innocence. De là surgit une controverse, parce que Pilate allègue l'innocence du Christ et les Juifs réaffirment sa culpabilité [n° 2386].
2385. PILATE LEUR DIT : « PRENEZ-LE VOUS-MÊMES, ET CRUCIFIEZ-LE », autrement dit : Je ne veux pas être un juge inique, moi je ne le crucifierai pas ; vous, crucifiez-le si vous le voulez : MOI, JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION], c'est-à-dire aucune raison de le crucifier. Plus haut : Il vient, le prince de ce monde, et sur moi il n'a aucun pouvoir. - Celui que vous avez, vous, livré et renié devant Pilate, quand il jugeait lui-même de le renvoyer (...) .
2386. Mais les Juifs à nouveau réaffirment la faute du Christ ; d'où la suite : LES JUIFS LUI RÉPONDIRENT : « NOUS, NOUS AVONS UNE LOI, ET SELON CETTE LOI IL DOIT MOURIR, PARCE QU'IL S'EST FAIT FILS DE DIEU. » Ils semblent avoir compris à partir de la réponse de Pilate qu'il n'était pas contre le Christ à cause du crime d'ambitionner la royauté, [mais à cause d'autre chose] à partir de quoi ils croyaient que l'esprit de Pilate était extrêmement troublé, au point de faire périr Jésus. Et c'est pourquoi, comme si ce crime ne suffisait pas pour le faire mourir, ils croyaient que Pilate, en disant PRENEZ-LE VOUS-MÊMES, ET CRUCIFIEZ-LE : MOI, JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION], avait demandé si eux avaient selon la loi un autre crime dont il était condamnable et dont ils le condamneraient ; c'est pourquoi ils disent : SELON CETTE LOI, IL DOIT MOURIR. Ils avancent d'abord le crime du Christ contre la loi des Juifs, puis contre la loi des Romains [n° 2398].
Le Christ accusé de crime contre la Loi des Juifs. On montre d'abord ici l'accusation des Juifs contre le Christ, et ensuite l'effet de cette accusation dans l'esprit de Pilate [n° 2388].
2387. Le crime qui était imputé au Christ contre la loi des Juifs était QU'IL S'EST FAIT FILS DE DIEU, crime pour lequel ils le considéraient comme passible de mort. Plus haut : A cause de cela les Juifs cherchaient encore plus à le tuer : parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son père, se faisant l'égal de Dieu. - Ce n'est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, alors que tu es un homme, tu te fais toi-même Dieu.
Et ici ils disent : IL S'EST FAIT FILS DE DIEU, comme si cela n'était pas. Mais ce n'est pas contre la Loi, comme il le leur a prouvé plus haut, au chapitre 10, par ce psaume : Moi j'ai dit : vous êtes des dieux. En effet, si d'autres hommes, qui sont des fils adoptifs, se disent fils de Dieu sans blasphème, combien plus le Christ, qui est Fils de Dieu par nature ? Mais parce qu'ils ne comprenaient pas la génération éternelle, ils le tenaient pour un menteur et un blasphémateur, ce pour quoi quelqu'un, quel qu'il soit, encourait la peine de mort.
2388. L'Évangéliste montre ensuite l'effet de cette accusation dans l'esprit de Pilate ; et premièrement l'effet de la crainte. Aussi dit-il : LORS DONC QUE PILATE EUT ENTENDU CETTE PAROLE - à savoir qu'il se faisait Fils de Dieu -, IL CRAIGNIT DAVANTAGE en pensant que ce ne serait pas vrai [de sa part] et qu'il agirait mal s'il allait plus loin injustement contre lui. Par là était donné à entendre que les Gentils, en apprenant la trahison à l'égard du Fils de Dieu, ont craint - Seigneur, j'ai entendu parler de toi, et j'ai craint.
2389. Deuxièmement, il montre l'effet du doute et de l'investigation de Pilate. D'abord est exposée l'investigation de Pilate, puis le silence volontaire du Christ [n° 2391], et enfin la réprobation de ce silence [n° 2392].
2390. IL RENTRA DANS LE PRÉTOIRE, ébranlé par la crainte, ET DIT À JÉSUS, qu'il avait ramené avec lui : « D'OÙ ES-TU ? », voulant savoir s'il était Dieu, ayant une origine divine, ou s'il était un homme d'origine terrestre. À cela on peut répondre ce qui est rapporté plus haut, au chapitre 8 – Vous3 vous êtes d'en bas, moi, je suis d'en haut.
2391. Mais Jésus, parce qu'il ne le voulut pas, NE LUI DONNA PAS DE RÉPONSE, pour montrer qu'il ne voulait pas être vainqueur par des paroles et trouver des justifications, puisqu'il était venu pour souffrir. Et en même temps, il nous donne par là un exemple de patience, où s'accomplit ce qui est dit dans Isaïe : Comme un agneau devant le tondeur, il restera muet et n'ouvrira pas la bouche. Et il dit comme un agneau pour qu'on ne croie pas qu'il a gardé le silence comme s'il avait mauvaise conscience, étant convaincu de ses péchés, mais parce qu'il était doux, lui qui était immolé pour les péchés des autres.
2392. On montre ensuite comment Pilate blâme le silence volontaire du Christ, et il le fait d'abord par l'étalage de son pouvoir ; puis on montre la réponse du Christ à propos du pouvoir de Pilate [n° 2394].
2393. Donc, parce que le Christ ne lui a pas donné de réponse, Pilate, le reprenant, dit : « TU NE ME PARLES PAS ? TU NE SAIS PAS QUE J'AI LE POUVOIR DE TE CRUCIFIER ET LE POUVOIR DE TE RELÂCHER ? » - en quoi il s'est condamné lui-même. En effet, si tout était soumis à son pouvoir, pourquoi, alors qu'il ne trouvait en lui aucun motif d'accusation, ne l'a-t-il pas acquitté ? - C'est par ta propre bouche que je te juge, mauvais serviteur. - Ayant la puissance parmi les hommes, bien que tu sois mortel, tu fais ce que tu veux.
2394. Et parce qu'ainsi il se glorifie de son pouvoir, selon le psaume : Il se glorifie dans l'abondance de ses richesses, le Seigneur brise cela en disant : « TU N'AURAIS SUR MOI AUCUN POUVOIR, S'IL NE T'AVAIT ÉTÉ DONNÉ D'EN HAUT. » Aussi, comme le dit Augustin, le Christ, lorsqu'il se tait, se tait comme un agneau ; et quand il parle, il enseigne comme un pasteur. C'est pourquoi il instruit Pilate premièrement de l'origine de son pouvoir, puis de la grandeur de son crime [n° 2396].
2395. Quant au premier point, il dit : « TU N'AURAIS SUR MOI AUCUN POUVOIR, S'IL NE T'AVAIT ÉTÉ DONNÉ D'EN HAUT », comme s'il disait : Si tu parais avoir quelque pouvoir, ce n'est pas par toi-même que tu l'as, mais il t'a été donné d'en haut, c'est-à-dire par Dieu, de qui vient tout pouvoir - Par moi régnent les rois. Et il dit : AUCUN, c'est-à-dire si minime que soit ton pouvoir, puisqu'il avait un pouvoir limité soumis à un plus grand, celui de César - Moi je suis un homme soumis au pouvoir d'un autre.
2396. Et pour cette raison le Christ conclut : C'EST POURQUOI CELUI QUI M'A LIVRÉ À TOI, à savoir Judas, ou bien les princes des prêtres, A UN PLUS GRAND PÉCHÉ. Et il dit PLUS GRAND pour montrer que ceux qui l'ont livré, et Pilate lui-même, sont coupables de péché : mais ceux-là sont coupables d'un plus grand péché qui l'ont livré d'eux-mêmes et par jalousie ; tandis que lui, ce qu'il a fait, il l'a fait par crainte d'un pouvoir supérieur.
Par là aussi est confondue l'erreur des hérétiques qui disent que tous les péchés sont égaux : autrement le Seigneur n'aurait pas dit : A UN PLUS GRAND PÉCHÉ - Malheur à l'homme par qui le scandale arrive
2397. L'effet de la réponse du Christ est montré quand l'Évangéliste dit : DÈS LORS, c'est-à-dire à partir de maintenant, PILATE CHERCHAIT À LE RELÂCHER. Mais parce que, comme on l'a dit depuis le début, il s'efforçait de le relâcher, il convient mieux de dire DÈS LORS, c'est-à-dire pour cette cause, qu'il n'avait pas de péché, PILATE CHERCHAIT À LE RELÂCHER. Ou bien, plus haut, il tentait de le relâcher, mais DÈS LORS, c'est-à-dire à partir de maintenant, il cherchait absolument, et avec un esprit ferme, à le relâcher.
Le Christ accusé de crime contre la Loi des Romains
2398. Précédemment [n° 2386], les Juifs ont imputé au Christ un crime contre la Loi, crime dont Pilate semblait faire peu de cas, vu qu'il n'était pas soumis à la Loi ; c'est pourquoi ils imputent encore au Christ un crime contre la loi des Romains, pour presser davantage Pilate à le faire périr. Ils commencent par exposer le péril qui menace Pilate s'il relâche le Christ, puis ils en donnent la raison [n° 2400].
2399. L'Évangéliste dit donc qu'après, quand Pilate cherchait à relâcher le Christ, LES JUIFS CRIAIENT, DISANT : « SI TU LE RELÂCHES, lui qui se fait roi, TU N'ES PAS AMI DE CÉSAR », c'est-à-dire tu perdras son amitié. Car il arrive souvent que les hommes pensent des autres ce qu'eux-mêmes éprouvent.
Et parce qu'il est dit d'eux plus haut qu'ils préférèrent la gloire des hommes à la gloire de Dieu, ils pensaient aussi au sujet de Pilate qu'il estimait davantage l'amitié de César qu'une amitié juste, bien qu'il faille faire le contraire - Il est bon d'espérer dans le Seigneur plutôt que d'espérer dans des princes . Du reste, le Philosophe est d'avis que la vérité est plus digne d'honneur que les amitiés.
2400. Ils ajoutent la raison du péril qui le menace : « CAR QUICONQUE SE FAIT ROI SE DÉCLARE CONTRE CÉSAR. » En effet, c'est bien la nature du pouvoir terrestre de ne pouvoir supporter de partager avec un autre. Et c'est pourquoi César ne supportait pas qu'un autre domine - Ne recherche pas le pouvoir auprès des hommes, ni une chaire d'honneur auprès du roi.
Pilate présente Jésus aux Juifs.
2380. L'Évangéliste montre d'abord l'intention de Pilate : en leur montrant Jésus, il avait l'intention de le libérer ; PILATE SORTIT DONC DE NOUVEAU, à savoir du prétoire, ET LEUR DIT, c'est-à-dire aux Juifs qui attendaient : « VOICI QUE JE VOUS L'AMÈNE DEHORS, et cela POUR QUE VOUS SACHIEZ QUE JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION]. » Pourquoi donc l'as-tu traité de manière honteuse, ô impie Pilate, sans cause ? Pour que les Juifs ne croient pas que je le relâche par faveur. En effet, quelle faveur est accordée à celui à qui sont infligés tant de coups de fouet ? Ou bien, pour que ses ennemis voient avec un très grand plaisir les outrages qu'il a subis et ne soient plus assoiffés de sang ; autrement dit : S'il était passible de mort, je le condamnerais comme je l'ai fait flageller. Cependant il a peut-être fait contre la loi des choses sans gravité, pour lesquelles il a seulement mérité la flagellation, mais non la mort.
2381. En second lieu, cela ayant été fait, on montre la manifestation du Christ. Pilate le présente dans l'état où il est tourné en dérision par les gardes pour qu'au moins ils se calment tandis qu'il sort vers eux, non pas dans la gloire du pouvoir, mais couvert d'opprobre - Puisque c'est à cause de toi que j'ai souffert l'opprobre, et que la confusion a couvert ma face. En cela nous sommes instruits, afin d'être prêts à supporter tous les opprobres à cause du nom de Jésus Christ - Ne craignez pas les opprobres des hommes, et n'appréhendez pas leurs injures.
2382. En troisième lieu est montrée l'explication de cette manifestation, et cela par les paroles de Pilate ; il leur a dit : « VOICI L'HOMME », parlant comme avec mépris de ce qu'un homme ainsi méprisé veuille usurper pour lui la royauté. Voici de quel homme vous croyez ces choses, de telle sorte que, selon cela, lui convient ce psaume : Moi je suis un ver, et non un homme. Si donc c'est le roi que vous haïssez, cessez désormais puisque vous le voyez déchu. Comme le dit Augustin« L'ignominie brûle, que la haine se refroidisse. »
2383. Ici est montré l'effet de la manifestation du Christ sur les Juifs parce que, si déchu et flagellé qu'ils le voient, leur haine ne se refroidit pas, mais brûle davantage et grandit. Aussi, QUAND LES GRANDS PRÊTRES ET LES GARDES L'EURENT VU, amené dehors, ILS CRIAIENT, DISANT : « CRUCIFIE-LE ! CRUCIFIE-LE ! » Ils le répètent à cause de la véhémence de leur désir. Et ils ne se contentent pas de n'importe quelle mort, mais ils réclament la plus infâme : celle de la croix - Condamnons-le à la mort la plus infâme.
Et l'Évangéliste dit : QUAND [ILS] L'EURENT VU, car à la vue de ce qui lui est odieux, le cœur de celui qui hait est davantage agité et enflammé contre lui - Sa vue même nous est à charge.
Pilate allègue l'innocence du Christ.
2384. L'Évangéliste montre ici comment Pilate s'efforce de libérer le Christ en alléguant son innocence. De là surgit une controverse, parce que Pilate allègue l'innocence du Christ et les Juifs réaffirment sa culpabilité [n° 2386].
2385. PILATE LEUR DIT : « PRENEZ-LE VOUS-MÊMES, ET CRUCIFIEZ-LE », autrement dit : Je ne veux pas être un juge inique, moi je ne le crucifierai pas ; vous, crucifiez-le si vous le voulez : MOI, JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION], c'est-à-dire aucune raison de le crucifier. Plus haut : Il vient, le prince de ce monde, et sur moi il n'a aucun pouvoir. - Celui que vous avez, vous, livré et renié devant Pilate, quand il jugeait lui-même de le renvoyer (...) .
2386. Mais les Juifs à nouveau réaffirment la faute du Christ ; d'où la suite : LES JUIFS LUI RÉPONDIRENT : « NOUS, NOUS AVONS UNE LOI, ET SELON CETTE LOI IL DOIT MOURIR, PARCE QU'IL S'EST FAIT FILS DE DIEU. » Ils semblent avoir compris à partir de la réponse de Pilate qu'il n'était pas contre le Christ à cause du crime d'ambitionner la royauté, [mais à cause d'autre chose] à partir de quoi ils croyaient que l'esprit de Pilate était extrêmement troublé, au point de faire périr Jésus. Et c'est pourquoi, comme si ce crime ne suffisait pas pour le faire mourir, ils croyaient que Pilate, en disant PRENEZ-LE VOUS-MÊMES, ET CRUCIFIEZ-LE : MOI, JE NE TROUVE EN LUI AUCUNE CAUSE [DE CONDAMNATION], avait demandé si eux avaient selon la loi un autre crime dont il était condamnable et dont ils le condamneraient ; c'est pourquoi ils disent : SELON CETTE LOI, IL DOIT MOURIR. Ils avancent d'abord le crime du Christ contre la loi des Juifs, puis contre la loi des Romains [n° 2398].
Le Christ accusé de crime contre la Loi des Juifs. On montre d'abord ici l'accusation des Juifs contre le Christ, et ensuite l'effet de cette accusation dans l'esprit de Pilate [n° 2388].
2387. Le crime qui était imputé au Christ contre la loi des Juifs était QU'IL S'EST FAIT FILS DE DIEU, crime pour lequel ils le considéraient comme passible de mort. Plus haut : A cause de cela les Juifs cherchaient encore plus à le tuer : parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore il disait que Dieu était son père, se faisant l'égal de Dieu. - Ce n'est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, alors que tu es un homme, tu te fais toi-même Dieu.
Et ici ils disent : IL S'EST FAIT FILS DE DIEU, comme si cela n'était pas. Mais ce n'est pas contre la Loi, comme il le leur a prouvé plus haut, au chapitre 10, par ce psaume : Moi j'ai dit : vous êtes des dieux. En effet, si d'autres hommes, qui sont des fils adoptifs, se disent fils de Dieu sans blasphème, combien plus le Christ, qui est Fils de Dieu par nature ? Mais parce qu'ils ne comprenaient pas la génération éternelle, ils le tenaient pour un menteur et un blasphémateur, ce pour quoi quelqu'un, quel qu'il soit, encourait la peine de mort.
2388. L'Évangéliste montre ensuite l'effet de cette accusation dans l'esprit de Pilate ; et premièrement l'effet de la crainte. Aussi dit-il : LORS DONC QUE PILATE EUT ENTENDU CETTE PAROLE - à savoir qu'il se faisait Fils de Dieu -, IL CRAIGNIT DAVANTAGE en pensant que ce ne serait pas vrai [de sa part] et qu'il agirait mal s'il allait plus loin injustement contre lui. Par là était donné à entendre que les Gentils, en apprenant la trahison à l'égard du Fils de Dieu, ont craint - Seigneur, j'ai entendu parler de toi, et j'ai craint.
2389. Deuxièmement, il montre l'effet du doute et de l'investigation de Pilate. D'abord est exposée l'investigation de Pilate, puis le silence volontaire du Christ [n° 2391], et enfin la réprobation de ce silence [n° 2392].
2390. IL RENTRA DANS LE PRÉTOIRE, ébranlé par la crainte, ET DIT À JÉSUS, qu'il avait ramené avec lui : « D'OÙ ES-TU ? », voulant savoir s'il était Dieu, ayant une origine divine, ou s'il était un homme d'origine terrestre. À cela on peut répondre ce qui est rapporté plus haut, au chapitre 8 – Vous3 vous êtes d'en bas, moi, je suis d'en haut.
2391. Mais Jésus, parce qu'il ne le voulut pas, NE LUI DONNA PAS DE RÉPONSE, pour montrer qu'il ne voulait pas être vainqueur par des paroles et trouver des justifications, puisqu'il était venu pour souffrir. Et en même temps, il nous donne par là un exemple de patience, où s'accomplit ce qui est dit dans Isaïe : Comme un agneau devant le tondeur, il restera muet et n'ouvrira pas la bouche. Et il dit comme un agneau pour qu'on ne croie pas qu'il a gardé le silence comme s'il avait mauvaise conscience, étant convaincu de ses péchés, mais parce qu'il était doux, lui qui était immolé pour les péchés des autres.
2392. On montre ensuite comment Pilate blâme le silence volontaire du Christ, et il le fait d'abord par l'étalage de son pouvoir ; puis on montre la réponse du Christ à propos du pouvoir de Pilate [n° 2394].
2393. Donc, parce que le Christ ne lui a pas donné de réponse, Pilate, le reprenant, dit : « TU NE ME PARLES PAS ? TU NE SAIS PAS QUE J'AI LE POUVOIR DE TE CRUCIFIER ET LE POUVOIR DE TE RELÂCHER ? » - en quoi il s'est condamné lui-même. En effet, si tout était soumis à son pouvoir, pourquoi, alors qu'il ne trouvait en lui aucun motif d'accusation, ne l'a-t-il pas acquitté ? - C'est par ta propre bouche que je te juge, mauvais serviteur. - Ayant la puissance parmi les hommes, bien que tu sois mortel, tu fais ce que tu veux.
2394. Et parce qu'ainsi il se glorifie de son pouvoir, selon le psaume : Il se glorifie dans l'abondance de ses richesses, le Seigneur brise cela en disant : « TU N'AURAIS SUR MOI AUCUN POUVOIR, S'IL NE T'AVAIT ÉTÉ DONNÉ D'EN HAUT. » Aussi, comme le dit Augustin, le Christ, lorsqu'il se tait, se tait comme un agneau ; et quand il parle, il enseigne comme un pasteur. C'est pourquoi il instruit Pilate premièrement de l'origine de son pouvoir, puis de la grandeur de son crime [n° 2396].
2395. Quant au premier point, il dit : « TU N'AURAIS SUR MOI AUCUN POUVOIR, S'IL NE T'AVAIT ÉTÉ DONNÉ D'EN HAUT », comme s'il disait : Si tu parais avoir quelque pouvoir, ce n'est pas par toi-même que tu l'as, mais il t'a été donné d'en haut, c'est-à-dire par Dieu, de qui vient tout pouvoir - Par moi régnent les rois. Et il dit : AUCUN, c'est-à-dire si minime que soit ton pouvoir, puisqu'il avait un pouvoir limité soumis à un plus grand, celui de César - Moi je suis un homme soumis au pouvoir d'un autre.
2396. Et pour cette raison le Christ conclut : C'EST POURQUOI CELUI QUI M'A LIVRÉ À TOI, à savoir Judas, ou bien les princes des prêtres, A UN PLUS GRAND PÉCHÉ. Et il dit PLUS GRAND pour montrer que ceux qui l'ont livré, et Pilate lui-même, sont coupables de péché : mais ceux-là sont coupables d'un plus grand péché qui l'ont livré d'eux-mêmes et par jalousie ; tandis que lui, ce qu'il a fait, il l'a fait par crainte d'un pouvoir supérieur.
Par là aussi est confondue l'erreur des hérétiques qui disent que tous les péchés sont égaux : autrement le Seigneur n'aurait pas dit : A UN PLUS GRAND PÉCHÉ - Malheur à l'homme par qui le scandale arrive
2397. L'effet de la réponse du Christ est montré quand l'Évangéliste dit : DÈS LORS, c'est-à-dire à partir de maintenant, PILATE CHERCHAIT À LE RELÂCHER. Mais parce que, comme on l'a dit depuis le début, il s'efforçait de le relâcher, il convient mieux de dire DÈS LORS, c'est-à-dire pour cette cause, qu'il n'avait pas de péché, PILATE CHERCHAIT À LE RELÂCHER. Ou bien, plus haut, il tentait de le relâcher, mais DÈS LORS, c'est-à-dire à partir de maintenant, il cherchait absolument, et avec un esprit ferme, à le relâcher.
Le Christ accusé de crime contre la Loi des Romains
2398. Précédemment [n° 2386], les Juifs ont imputé au Christ un crime contre la Loi, crime dont Pilate semblait faire peu de cas, vu qu'il n'était pas soumis à la Loi ; c'est pourquoi ils imputent encore au Christ un crime contre la loi des Romains, pour presser davantage Pilate à le faire périr. Ils commencent par exposer le péril qui menace Pilate s'il relâche le Christ, puis ils en donnent la raison [n° 2400].
2399. L'Évangéliste dit donc qu'après, quand Pilate cherchait à relâcher le Christ, LES JUIFS CRIAIENT, DISANT : « SI TU LE RELÂCHES, lui qui se fait roi, TU N'ES PAS AMI DE CÉSAR », c'est-à-dire tu perdras son amitié. Car il arrive souvent que les hommes pensent des autres ce qu'eux-mêmes éprouvent.
Et parce qu'il est dit d'eux plus haut qu'ils préférèrent la gloire des hommes à la gloire de Dieu, ils pensaient aussi au sujet de Pilate qu'il estimait davantage l'amitié de César qu'une amitié juste, bien qu'il faille faire le contraire - Il est bon d'espérer dans le Seigneur plutôt que d'espérer dans des princes . Du reste, le Philosophe est d'avis que la vérité est plus digne d'honneur que les amitiés.
2400. Ils ajoutent la raison du péril qui le menace : « CAR QUICONQUE SE FAIT ROI SE DÉCLARE CONTRE CÉSAR. » En effet, c'est bien la nature du pouvoir terrestre de ne pouvoir supporter de partager avec un autre. Et c'est pourquoi César ne supportait pas qu'un autre domine - Ne recherche pas le pouvoir auprès des hommes, ni une chaire d'honneur auprès du roi.
Pilate sortit
donc. Cette fois donc est probablement une addition tardive ; la vraie leçon paraît être : et il sortit (d’après A,
B, K, L, X, II, etc ; N, D, T, etc, ont simplement sortit). - De nouveau : pour la troisième fois. Cf. 18, 29, 38.
- Voici que je vous l’amène. Pilate présente ainsi lui-même N.-S. Jésus-Christ aux Juifs, attestant que, par cet
acte de condescendance, il voulait les convaincre (afin que vous sachiez) qu’il était entièrement persuadé de
l’innocence de l’accusé. Voyez plus haut, 18, 38, une phrase à peu près identique ; mais le fier Ἐγὼ (moi, je)
du v. 38 est ici supprimé, et l’arrangement des mots rend la pensée un peu plus molle : on voit que le
« procurator » perd de son sang-froid.