Jean 19, 40

Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts.

Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts.
Saint Thomas d'Aquin
2465. D'abord est exposée la matière qui servit à embaumer le corps, puis l'embaumement lui-même [n° 2467].

2466. La matière qui servit à embaumer le corps fut UN MÉLANGE DE MYRRHE ET D'ALOÈS que Nicodème apporta en grande quantité. Et c'est pourquoi l'Évangéliste fait mention de deux hommes : D'abord de Joseph qui prit le corps ; puis de Nicodème, qui apporta les aromates.

Or Nicodème est celui qui vint vers Jésus de nuit, avant la Passion, comme on le rapporte plus haut. Et il rappelle cela parce qu'il avait dit de Joseph qu'il était DISCIPLE DE JÉSUS, MAIS EN SECRET, PAR CRAINTE DES JUIFS, pour montrer que même celui-là [Nicodème], qui était disciple de Jésus, mais en secret, maintenant se montre en public, mais sans avoir encore la vraie foi en la Résurrection puisqu'il apporta UN MÉLANGE DE MYRRHE ET D'ALOÈS, comme si le corps de Jésus avait besoin d'être protégé de la putréfaction. À ce propos l'Écriture dit : Tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption.

Au sens mystique, il nous est donné par là de comprendre que nous devons cacher le Christ crucifié dans notre cœur avec l'amertume de la pénitence et de la compassion - Mes mains ont distillé la myrrhe.

2467. Après avoir donné la matière de la préparation, on montre la préparation elle-même. Là naît un doute ; car Jean dit qu'ils L'ENVELOPPÈRENT DANS DES LINGES, alors que Matthieu dit qu'ils l'enveloppèrent dans un linceul.

Réponse : il faut dire, selon Augustin, que Matthieu dit un linceul seulement parce qu'il ne fait mention que de Joseph, et celui-ci en apporta un seu1. Mais parce que seul Jean fait mention de Nicodème, il dit DES LINGES parce que Nicodème en apporta un autre. Ou bien il faut dire que nous appelons linge tout morceau d'étoffe fait de lin. Or le corps du Christ fut enveloppé de bandelettes, comme on le dit aussi au sujet de Lazare, parce que telle était LA COUTUME DES JUIFS POUR ENSEVELIR. Il y avait aussi un suaire posé sur la tête ; et c'est pourquoi Jean, englobant tout cela, dit : DES LINGES.

Et le fait qu'ils l'embaumèrent avec des aromates nous rappelle qu'en ces devoirs de piété il faut conserver la coutume de la nation, quelle qu'elle soit.
Louis-Claude Fillion
Ils prirent donc… Le verset 38 nous avait montré Joseph seul à l’œuvre ; Nicodème agit maintenant de concert avec son ami. - Et l’enveloppèrent de bandelettes. Cf. 11, 44 et le commentaire ; Luc. 24, 12. Les synoptiques ne parlent ici que du « sindon » ou grand linceul qui enveloppa tout le corps ; les ὀθόνιον étaient au contraire des bandelettes, dont chaque membre était entouré à part. - Avec des aromates ainsi qu’il a été expliqué au verset 39. - Comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs. Ce trait est ajouté pour les lecteurs non juifs. Les Israélites avaient, comme les Égyptiens et tous les peuples de l’antiquité, leurs coutumes funéraires spéciales ; les détails n’en sont pas très connus. Le verbe grec correspondant à ensevelir n’est employé qu’ici et Matth. 26, 12.
Fulcran Vigouroux
L’enveloppèrent dans des linges dont un grand Linceul, le Saint Suaire, exposé à Turin ; précieuse relique conservée jusqu’à nos jours, et dont l’authenticité est désormais scientifiquement bien établie. « Les observations les plus scrupuleuses s’accordent à faire reconnaître jusqu’à deux et trois cent mètres superficiels de linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dû être employés à l’ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée dans l’emploi des aromates prouve qu’on n’a pas dû épargner davantage les linges et les bandelettes, d’ailleurs nécessaires pour les maintenir. » (ROHAULT DE FLEURY.)