Jean 2, 5
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
La confiance de
Marie en son divin Fils apparaît ici dans toute sa beauté. Elle avait compris le Oui dissimulé sous un Non
apparent. Au reste, en mettant en tête de sa réponse un « pas encore » emphatique, Jésus avait montré qu’il
retardait simplement l’heure où il exaucerait la prière de sa mère. - Faites tout ce qu’il vous dira. Il y a une
grande énergie dans le mot « tout ». La Sainte Vierge voulait préparer les serviteurs à l’ordre extraordinaire
qu’elle attendait de Notre-Seigneur. Quoi qu’il vous commande, leur dit-elle, accomplissez-le sans hésiter.
Eût-elle agi de la sorte, si la réponse antérieure de Jésus avait été empreinte de la dureté que nos adversaires
veulent y mettre ? Il est remarquable que les paroles de Marie soient ici tout à fait les mêmes que celles du Pharaon aux Égyptiens à propos de Joseph. Gen. 40, 55.
Mysterium fidei! Si l'Eucharistie est un mystère de foi qui dépasse notre intelligence au point de nous obliger à l'abandon le plus pur à la parole de Dieu, nulle personne autant que Marie ne peut nous servir de soutien et de guide dans une telle démarche. Lorsque nous refaisons le geste du Christ à la dernière Cène en obéissance à son commandement: « Faites cela en mémoire de moi! » (Lc 22, 19), nous accueillons en même temps l'invitation de Marie à lui obéir sans hésitation: « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5). Avec la sollicitude maternelle dont elle témoigne aux noces de Cana, Marie semble nous dire: « N'ayez aucune hésitation, ayez confiance dans la parole de mon Fils. Lui, qui fut capable de changer l'eau en vin, est capable également de faire du pain et du vin son corps et son sang, transmettant aux croyants, dans ce mystère, la mémoire vivante de sa Pâque, pour se faire ainsi “pain de vie” ».
Marie est un signe lumineux et un exemple attirant de vie morale : « Sa vie seule est un enseignement pour tous », écrit saint Ambroise 183 qui, s'adressant particulièrement aux vierges, mais dans une perspective ouverte à tous, déclare : « Le premier et ardent désir d'apprendre, la noblesse du maître vous le donne. Et qui est plus noble que la Mère de Dieu ? Qui est plus splendide que celle qui fut élue par la Splendeur elle-même ? » Marie vit et met en œuvre sa liberté en se donnant elle-même à Dieu et en accueillant en elle le don de Dieu. Elle garde en son sein virginal le Fils de Dieu fait homme jusqu'au moment de sa naissance, elle l'élève, elle le fait grandir et elle l'accompagne dans ce geste suprême de liberté qu'est le sacrifice total de sa vie. Par le don d'elle-même, Marie entre pleinement dans le dessein de Dieu qui se donne au monde. En accueillant et en méditant dans son cœur des événements qu'elle ne comprend pas toujours (cf. Lc 2, 19), elle devient le modèle de tous ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent (cf. Lc 11, 28) et elle mérite le titre de « Trône de la Sagesse ». Cette Sagesse, c'est Jésus Christ lui-même, le Verbe éternel de Dieu, qui révèle et accomplit parfaitement la volonté du Père (cf. He 10, 5-10). Marie invite tout homme à accueillir cette Sagesse. C'est à nous aussi qu'elle adresse l'ordre donné aux serviteurs, à Cana de Galilée, durant le repas de noces : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5).
Marie est présente à Cana de Galilée en tant que Mère de Jésus et il est significatif qu'elle contribue au «commencement des signes» qui révèlent la puissance messianique de son Fils: «Or il n'y avait plus de vin. La Mère de Jésus lui dit: "Ils n'ont pas de vin". Jésus lui dit: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée"» (Jn 2, 3-4). Dans l'Evangile de Jean, cette «heure» signifie le moment fixé par le Père où le Fils accomplit son œuvre et doit être glorifié (cf. Jn 7, 30; 8, 20; 12, 23. 27; 13, 1; 17, 1; 19, 27). Même si la réponse de Jésus à sa Mère paraît s'entendre comme un refus (surtout si l'on considère, plus que la question, l'affirmation tranchante: «Mon heure n'est pas encore arrivée»), Marie ne s'en adresse pas moins aux servants et leur dit: «Tout ce qu'il vous dira, faites-le» (Jn 2, 5). Jésus ordonne alors aux servants de remplir d'eau les jarres, et l'eau devient du vin meilleur que celui qui avait été d'abord servi aux hôtes du banquet nuptial.
Les chrétiens savent que leur unité ne sera vraiment retrouvée que lorsqu'elle sera fondée sur l'unité de leur foi. Ils doivent surmonter des désaccords doctrinaux non négligeables au sujet du mystère et du ministère de l'Eglise et parfois aussi du rôle de Marie dans l'œuvre du salut 75. Les dialogues entrepris par l'Eglise catholique avec les Eglises et les Communautés ecclésiales d'Occident convergent de plus en plus sur ces deux aspects inséparables du mystère du salut lui-même. Si le mystère du Verbe incarné nous fait entrevoir le mystère de la maternité divine et si, à son tour, la contemplation de la Mère de Dieu nous introduit dans une intelligence plus profonde du mystère de l'Incarnation, on doit en dire autant du mystère de l'Eglise et du rôle de Marie dans l'œuvre du salut. Approfondissant l'un et l'autre, éclairant l'un par l'autre, les chrétiens désireux de faire ce que Jésus leur dira -comme le leur recommande leur Mère (cf. Jn 2, 5) -pourront progresser ensemble dans le «pèlerinage de la foi» dont Marie est toujours l'exemple et qui doit les conduire à l'unité voulue par leur unique Seigneur et tellement désirée par ceux qui sont attentivement à l'écoute de ce qu'aujourd'hui «l'Esprit dit aux Eglises» (Ap 2, 7. ll. 17).