Jean 20, 11

Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.
Saint Thomas d'Aquin
La dévotion de cette femme, qui mérita la vision des anges, est mise en lumière de trois manières.

2491. Sa dévotion est mise en lumière en premier lieu par sa constance que, d'abord, le retour des disciples a rendue louable, car LES DISCIPLES, ne connaissant pas encore l'Écriture selon laquelle il fallait que Jésus ressuscitât d'entre les morts, S'EN RETOURNÈRENT CHEZ EUX, c'est-à-dire là où ils habitaient et d'où ils étaient venus au tombeau en courant. Jusque-là, en effet, dispersés en raison de la peur, ils ne demeuraient pas ensemble - Je frapperai le pasteur et les brebis du troupeau seront dispersées. - Les pierres du sanctuaire ont été dispersées à Ventrée de toutes les places.

En second lieu, sa constance est louable du fait qu'elle s'attarde : car MARIE SE TENAIT DEHORS PRÈS DU TOMBEAU, PLEURANT. En effet, après le départ des disciples, un amour plus fort et plus fervent maintenait en ce lieu cette femme qui par sa nature était plus faible.

2492. Mais il y a ici une question, car Marc dit que les femmes sortirent du tombeau ; elles y étaient donc entrées. Pourquoi donc Jean dit-il qu'elle SE TENAIT DEHORS ?

Réponse : il faut dire que le tombeau du Christ était creusé dans la pierre et qu'autour de lui se trouvait un jardin clos, comme on l'a vu plus haut. Parfois, donc, les évangélistes appellent « tombeau » seulement le petit lieu (loculum) où le corps avait été enseveli, et parfois tout le lieu qui était clos. Ainsi, lorsqu'il est dit qu'elles sortirent du tombeau, il faut le comprendre de tout le jardin clos. Mais ce qui est dit - MARIE SE TENAIT DEHORS - doit s'entendre : devant le lieu du sépulcre de pierre, mais cependant à l'intérieur de cet espace où les femmes étaient déjà entrées et où elle, Marie, se tenait en raison de la constance de son amour, constance qui avait enflammé son esprit - Soyez fermes et inébranlables, toujours abondants dans l'œuvre du Seigneur. - Nos pieds s'étaient arrêtés .

2493. En second lieu sa dévotion est mise en lumière par l'abondance de ses larmes, car elle pleurait - Pleurant, elle a pleuré pendant la nuit.

Il y a en effet deux genres de larmes : des larmes de componction pour la purification des péchés - Je laverai chaque nuit mon lit [de mes pleurs] ; j'arroserai ma couche de mes larmes - et des larmes de dévotion dans le désir des réalités célestes - Ils s'en allaient en pleurant, portant la semence, c'est-à-dire se hâtant vers les réalités célestes. Certes, Marie-Madeleine a abondé en larmes de componction au temps de sa conversion quand, en aimant la vérité, elle a lavé de ses larmes les taches de ses fautes, elle qui avait été pécheresse dans la ville - De nombreux péchés lui sont remis car elle a beaucoup aimé . Elle a encore abondé en larmes de dévotion lors de la Passion et de la Résurrection du Christ, comme on le voit ici.

2494. En troisième lieu sa dévotion est mise en lumière par la diligence de sarecherche. C'est pourquoi il est dit ET, TOUT EN PLEURANT, ELLE SE PENCHA ET REGARDA DANS LE TOMBEAU. Car ces pleurs provenaient du désir de son amour. En effet, la nature de l'amour est de vouloir avoir la présence de l'aimé, et s'il ne peut l'avoir en réalité, il la possède au moins par la connaissance - Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. Marie pleurait donc amèrement, car ses yeux qui cherchaient le Seigneur et ne le trouvaient pas se livraient aux larmes, souffrant encore plus de ce qu'il avait été enlevé du tombeau ; car il ne restait aucun souvenir d'un maître si grand, dont la vie avait été enlevée. Et c'est pourquoi, puisqu'elle ne pouvait l'avoir, voulant du moins voir le lieu où il avait été déposé, ELLE SE PENCHA ET REGARDA DANS LE TOMBEAU. Il nous est ici donné à entendre que nous devons regarder la mort du Christ avec humilité de cœur - Tu as caché ces choses aux sages et aux prudents et tu les as révélées aux tout-petits. ELLE (...) REGARDA, pour nous donner l'exemple de regarder sans cesse la mort du Christ avec les yeux de l'esprit. En effet, à celui qui aime il ne suffit pas d'avoir regardé une fois, alors que la force de son amour décuple son intention de chercher - Contemplant l'auteur de votre foi et qui la mène à sa perfection, Jésus, qui, au lieu de la joie qui lui était proposée, endura la croix dont il méprisa l'infamie.

ELLE SE PENCHA ET REGARDA, car la charité du Christ la pressait - La charité du Christ nous presse. Ou plutôt, selon Augustin, il y eut dans son âme un instinct divin pour qu'elle regarde et qu'elle voie quelque chose de plus élevé, à savoir les anges - Ceux qui sont menés par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.
Louis-Claude Fillion
Cependant Marie : petite transition qui nous remet sous les yeux l'héroïne du récit qui va suivre (v. 1-2). - Se tenait dehors est pittoresque. On voit Marie debout à l'entrée du sépulcre, clouée là, pour ainsi dire, par son affection et sa douleur ; car, même mort comme elle le croit, Jésus est tout pour elle. Son retour n'a pas été mentionné par le narrateur ; elle avait suivi les deux apôtres à quelque distance : la scène se passa aussitôt après leur départ. - Pleurant : à haute voix, comme l'exprime le grec. Marie s'abandonne librement à sa douleur. - Et tout en pleurant... Cette tournure semble marquer que la situation se prolongea quelque peu. - Elle se baissa, comme S. Jean, v. 5. - Et regarda dans le tombeau, comme S. Pierre, v. 6. Elle veut se rendre un compte plus exact de ce qui s'est passé dans l'intérieur du tombeau.