Jean 20, 16

Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.
Saint Thomas d'Aquin
2513. L'Évangéliste traite ensuite de la reconnaissance du Christ par la femme, et d'abord de son appel quand Jésus dit « MARIE » à celle qu'il avait appelée plus haut du nom commun de « femme ». Ici, il l'appelle par son nom propre, MARIE, pour montrer la connaissance spéciale qu'il a des saints - Lui qui compte la multitude des étoiles et à toutes leur donne un nom. —Je te connais par ton nom ; et pour montrer que, bien que toutes les réalités soient mues par Dieu d'une certaine motion générale, cependant une grâce spéciale est nécessaire pour la justification de l'homme.

On voit ensuite l'effet de l'appel : ELLE, SE RETOURNANT, LUI DIT : « RABBOUNI ! » (CE QUI VEUT DIRE MAÎTRE).

2514. Mais est-ce qu'elle ne regardait pas vers le Christ qui l'avait appelée ? Je réponds : selon Augustin, il faut dire que ceci se réfère à la disposition intérieure de son esprit : en effet, d'abord lorsqu'elle se retourna physiquement (corpore) elle pensa que le Christ était ce qu'il n'était pas, à savoir le jardinier ; mais à présent, elle est convertie de cœur car elle a reconnu ce qu'il était.

On peut dire aussi qu'elle croyait qu'il était quelqu'un d'autre. C'est pourquoi tandis qu'il lui parlait, préoccupée de ce qu'elle portait dans son cœur, elle ne le regarda pas, lui, mais regarda tout autour, cherchant à voir un signe de celui qui avait été enseveli. C'est pourquoi le Christ, l'appelant de nouveau, l'appela par son nom propre en lui disant « MARIE », comme s'il lui disait : « Où regardes-tu ? Reconnais celui par qui tu es reconnue. » Et c'est pourquoi aussitôt, appelée par son nom, elle en reconnut l'auteur en disant « RABBOUNI ! » (CE QUI VEUT DIRE MAÎTRE), car c'est ainsi qu'elle l'appelait d'habitude.

En cela il nous est donné de comprendre que l'appel du Christ est la cause de notre justification et de la vraie confession.
Louis-Claude Fillion
Jésus lui dit : Marie (Mαριαμ ; c'est presque la forme hébraïque Miriam, םירמ ). Le terme général « femme », v. 15, n'avait rien dit au cœur de Marie ; son nom, doucement prononcé, lui va droit au cœur, et la tirera de son état abstrait. - Elle se retourna. Ne recevant d'abord pas de réponse, elle s'était retournée du côté du sépulcre (Cf. v. 14) ; car c'est au propre et non au figuré qu'il faut prendre cette expression (Patrizi : « Cela vient de la stupeur qui l’oppressait… revenant à elle-même » ; rien ne justifie un pareil sens). - Et lui dit. Les manuscrits א, B, D, L, O, X, Δ, Π, etc., les versions copte, syr., italique, etc., ajoutent : « en hébreu », sans doute d'une manière conforme au texte primitif. On peut déduire de ce trait la preuve historique que N.- S. Jésus-Christ et les siens parlaient entre eux habituellement l'hébreu, la langue principale et nationale du pays. - Rabbouni (dans le grec, ραββουνι) : « mon Maître ». On ne trouve qu'ici et Marc 10, 51 (voyez le commentaire), cet augmentatif de Rabbi. Marie, dans sa vive émotion, ne peut prononcer que cette parole ; mais on y lit toute son âme, avec ses sentiments de foi, d'amour, de douce joie, que la vue de Jésus-Christ faisait déborder. Son seul nom, prononcé avec la familiarité accoutumée du bon Maître, avait donc été pour elle une complète révélation. Et en effet, comme on l'a dit, la mémoire des sons est la plus tenace de toutes, et l'on reconnaît plus promptement et plus sûrement quelqu'un à sa voix, lorsqu'il lui donne une certaine expression, qu'au jeu de sa physionomie. Un nom peut devenir, et c'était bien le cas alors, « un souvenir, une histoire, une vie » (Le Camus, La vie de N.-S. Jésus-Christ, t. 2, p. 603). - La phrase « et s’approcha pour le toucher », qu'on lit dans plusieurs manuscrits grecs et latins à la fin du v. 16, est certainement apocryphe.