Jean 20, 17

Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Saint Thomas d'Aquin
2515. L'Évangéliste montre ici comment Marie est instruite par le Christ, d'abord par une interdiction, puis par une affirmation [n° 2519].

2516. Il nous rapporte d'abord son admonition puis en donne la raison. Le Christ admoneste Marie pour qu'elle ne le touche pas, en lui disant NE ME TOUCHE PAS. Bien qu'on ne lise pas ici que la femme voulut le toucher, selon Grégoire nous devons comprendre par là que Marie, prosternée aux pieds de Jésus, voulut embrasser les traces de celui qu'elle reconnaissait.

Et il donne ensuite la raison : CAR JE NE SUIS PAS ENCORE MONTÉ VERS MON PÈRE, ce qui semble indiquer qu'après sa Résurrection et avant de monter au ciel, le Seigneur n'a pas voulu être touché par les hommes ; mais on voit le contraire en Luc : Touchez et voyez qu'un esprit n'a ni chair ni os. Et si tu dis qu'il a voulu être touché par les disciples et non par les femmes, cela ne peut pas tenir, car Matthieu dit de Madeleine et des autres femmes qu'elles s'approchèrent et lui saisirent les pieds.

Il faut donc comprendre, selon le sens littéral, que cette femme vit deux fois les anges sur son chemin. D'abord avec les autres femmes elle vit un ange assis sur la pierre, comme le disent Matthieu et Marc. Puis à son retour elle vit deux anges à l'intérieur du tombeau, comme le dit Jean. De manière semblable, en chemin elle vit deux fois le Christ : une première fois dans le jardin, quand elle le prit pour le jardinier, comme on l'a vu plus haut ; une deuxième fois sur le chemin, quand elle courait avec les autres annoncer aux disciples ce qu'elle avait vu, afin qu'ils fussent plus affermis dans la foi en la Résurrection, et alors elles s'approchèrent et saisirent ses pieds, comme le disent Matthieu et Marc.

2517. Au sens mystique il y a deux raisons pour lesquelles le Christ n'a pas voulu être touché. La première, c'est que cette femme représentait l'Église des Gentils qui ne devait pas toucher le Christ par la foi avant qu'il ne fût monté vers le Père - L'assemblée des peuples t'environnera, et à cause d'elle remonte dans les hauteurs.

La deuxième raison est que, selon Augustin, le toucher est comme le terme de la connaissance. En effet, quand nous voyons une réalité, nous la connaissons d'une certaine manière ; mais par le toucher nous en avons une connaissance achevée. Or cette femme avait foi dans le Christ comme en un homme saint, et c'est pourquoi elle l'appelait « maître » ; elle n'était pas encore parvenue à le connaître comme égal au Père et un avec Dieu. C'est pourquoi il dit : « NE ME TOUCHE PAS, c'est-à-dire ne fais pas de ce que tu crois de moi la fin de ta connaissance, CAR dans ton cœur JE NE SUIS PAS ENCORE MONTÉ VERS MON PÈRE parce que tu ne crois pas que moi je suis un avec lui », ce que cependant elle crut plus tard. En effet, au plus intime de ses sens le Christ, d'une certaine manière, monta vers le Père, lui qui avait tant grandi en elle qu'elle le connaissait égal au Père.

2518. On peut dire aussi, selon Chry-sostome, que cette femme, voyant le Christ ressuscité, crut qu'il existait dans la même qualité de chair en laquelle il avait été auparavant, possédant une vie mortelle ; c'est pourquoi elle voulait être avec lui comme avant la Passion et, en raison de sa joie, n'imaginait rien de plus grand, bien que la chair du Christ, en ressuscitant, fût devenue bien meilleure. Aussi, voulant la faire revenir de cette compréhension, il lui dit : NE ME TOUCHE PAS ; comme pour dire : ne pense pas que j'aie dorénavant une vie mortelle et que je vive avec vous de la même manière qu'auparavant - Si nous avons connu le Christ selon la chair, ce n'est plus ainsi que nous le connaissons maintenant. C'est ce qu'il ajoute : CAR JE NE SUIS PAS ENCORE MONTÉ VERS MON PÈRE. Et ce n'est pas alors un avertissement mais la réponse à une question tacite, comme s'il disait : « Tu me vois demeurant ici, non que je n'aie pas une chair glorieuse mais parce que JE NE SUIS PAS ENCORE MONTÉ VERS MON PÈRE ». En effet, avant son Ascension, il voulut affermir dans le cœur des Apôtres la foi en sa Résurrection et en sa divinité.

2519. L'Évangéliste rapporte ici une recommandation affirmative. Et d'abord il montre la recommandation, puis la promptitude de Marie à obéir. Il dit donc : MAIS VA VERS MES FRÈRES, à savoir les Apôtres, qui sont ses frères par conformité de nature - Il dut en tout être assimilé à ses frères -, et par l'adoption de la grâce car ils sont fils adoptifs du Père dont lui-même est le Fils par nature - J'annoncerai ton nom à mes frères.

Il faut ici noter le triple privilège qui fut octroyé à Madeleine. D'abord un privilège prophétique, car elle a mérité de voir les anges ; le prophète, en effet, est l'intermédiaire entre les anges et le peuple. Ensuite, elle est au-dessus des anges, du fait qu'elle voit le Christ sur lequel les anges désirent se pencher. Enfin elle a reçu un rôle apostolique ; bien plus, elle est devenue apôtre des Apôtres en ceci qu'il lui fut confié d'annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur pour que, de même qu'une femme apporta au premier homme des paroles de mort, ainsi aussi une femme annonce la première à des hommes les paroles de vie.

2520. ET DIS-LEUR : JE MONTE VERS MON PÈRE ET VOTRE PÈRE -Je m'en vais vers celui qui m'a envoyé. - Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les deux.

Mais Arius a pris appui sur ce verset pour son erreur : parce que Jésus dit MON PÈRE ET VOTRE PÈRE, il a voulu conclure que Dieu est Père du Fils de la même manière qu'il est notre Père, et Dieu du Fils comme il est notre Dieu. Mais à cela on doit répondre que, manifestement, l'intention avec laquelle le Christ dit cela se comprend à partir des circonstances du discours. En effet il a dit plus haut VA VERS MES FRÈRES : ceux-là, le Christ les a pour frères en tant qu'il est homme - donc il dit ces paroles en tant qu'il est homme -, et selon cela le Christ est soumis au Père comme la créature au créateur ; en effet, le corps même du Christ est une certaine créature.

2521. Ou autrement, selon Augustinle Christ parle ici de lui selon l'une et l'autre nature. En effet, ce qu'il dit - JE MONTE VERS MON PÈRE ET VOTRE PÈRE - relève de la nature divine selon laquelle il a pour Père Dieu, avec qui il a même nature et auquel il est éga1. Et ainsi, il faut comprendre autrement MON et VOTRE : il est le mien par nature et le vôtre par la grâce ; comme pour dire : ce que vous êtes, des fils adoptifs par la grâce, c'est par moi que vous l'avez - Dieu a envoyé son Fils (...) pour que nous recevions l'adoption des fils de Dieu . - Ceux qu’il a connus par avance pour être conformes à l'image de son Fils, pour que celui-ci soit l'aîné d'une multitude de frères. Et ce qu'il dit ensuite - MON DIEU ET VOTRE DIEU - se rapporte à la nature humaine selon laquelle il est gouverné par Dieu. Il dit ainsi MON DIEU, à qui moi en tant qu'homme je suis soumis, et VOTRE DIEU dont je suis à votre égard le médiateur, parce que par lui nous sommes en paix avec Dieu, et ainsi il est « notre » Dieu - Justifiés par la foi, nous avons la paix par notre Seigneur Jésus Christ par qui nous avons accès à la grâce dans laquelle nous sommes établis, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire des fib de Dieu. - C'est Dieu qui se réconciliait le monde dans le Christ.

2522. On voit ensuite la promptitude de l'obéissance de Marie lorsque l'Évangéliste dit : MARIE-MADELEINE VINT ANNONCER AUX DISCIPLES : « J'AI VU LE SEIGNEUR ET VOILÀ CE QU'IL M'A DIT. » Elle VINT, du lieu où était l'espace du jardin devant la pierre du tombeau, ANNONCER AUX DISCIPLES - J'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis. - Ce que j'ai entendu du Seigneur Dieu des armées, du Dieu d'Israël, je vous l'ai annoncé.

II – LE CHRIST MANIFESTE SA RÉSURRECTION AUX DISCIPLES

2523. Après avoir traité des apparitions du Christ aux femmes, l'Évangéliste, dans cette partie, traite des apparitions faites aux Apôtres ; d'abord de l'apparition à Jérusalem à tous les Apôtres ensemble excepté Thomas, puis de celle qui eut lieu en présence de Thomas [n° 2551], et enfin, au chapitre 21, de celle qui eut lieu pour quelques-uns de manière spéciale près de la merde Galilée [n° 2569].

A. L'APPARITION À TOUS LES APÔTRES, EXCEPTE THOMAS

L'Évangéliste montre d'abord l'apparition du Seigneur, puis le doute d'un disciple [n° 2545].
Louis-Claude Fillion
Jésus lui dit... Cette parole de Jésus est assez obscure et difficile à expliquer ; elle a constamment embarrassé les exégètes (S. Cyrille en faisait déjà l'aveu), et occasionné bien des interprétations contradictoires. Comme d'ordinaire, les plus impatients ont tranché la difficulté à la façon d'un nœud gordien, en admettant une erreur de copiste à propos des mots ne me touche pas ; ils proposent de lire, sans que rien n'autorise une pareille hypothèse : « touche-moi » ; ou bien : « toi, touche-moi » ; ou enfin : « ne crains pas ». Nous n'entrerons pas, ce qui ne serait d'ailleurs ni intéressant ni profitable, dans le détail de toutes les interprétations qui touchent le fond même de cette phrase mystérieuse ; il suffira de citer les principales, parmi lesquelles nous ferons notre choix motivé. - D'abord, il ressort du texte même, que Marie-Madeleine, dès qu'elle eut reconnu Jésus, se jeta aussitôt à ses pieds et qu'elle voulait les tenir embrassés, adorant son Maître ressuscité, se livrant « à toute la joie de l'âme qui reprend possession d'un trésor perdu ». Le Camus, La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, t. 2, p. 603. Rien de plus naturel, au point de vue psychologique. Cf. Luc. 7, 36 et ss., pour la pécheresse qui ne diffère probablement pas de Madeleine, et Matth. 28, 9, pour les autres saintes femmes. Il serait peu naturel, au contraire, de supposer que ce geste de Marie avait pour objet la solution d'un doute : avait-elle vraiment Jésus devant elle ou un simple fantôme (Grotius, etc.)? Le « Rabbouni » prononcé avec tant de foi et d'énergie a renversé d'avance cette supposition. - Il faut encore noter que le sens exact du verbe n'est pas seulement « toucher », mais « s’attacher à, adhérer à quelqu’un » (Cf. Grimm, Lexicon, s. v.) ; ce qui suppose que Marie voulait goûter à son aise les charmes de la divine présence du Sauveur. Et voici que Jésus s'y oppose, qu'il calme d'un mot affectueux, mais énergique, ce saint enthousiasme ! Pourquoi donc, puisqu'il accorda à d'autres ce privilège dans le cours de la même journée ? « nous lisons que des femmes mêmes ont touché Jésus ressuscité, même avant qu'il fût monté vers son Père ; de ce nombre était Marie-Madeleine elle-même ; car Matthieu nous dit que « Jésus se présenta devant elles, et leur dit : « Je vous salue ». Alors, elles s'approchèrent et embrassèrent ses pieds, et l'adorèrent (Matth. 24, 9). » S. Augustin, Traités sur S. Jean, 121 n. 3. Voyez aussi Luc. 24, 39 ; Joan. 20, 27. Les rationalistes ont répondu à cette question par d'étranges conjectures, qu'il est bon de mentionner en passant, afin que personne n'ignore la faiblesse de leur système général, qu'ils ne peuvent appuyer que sur de pareilles preuves. Permettre ce contact eût été contre le décorum (Meyer) ; Jésus était devenu légalement impur par sa mort (von Ammon) ; les blessures que lui avaient faites les clous étaient encore très douloureuses (Paulus) ; il était encore tout spirituel et il ne devait reprendre un corps matériel qu'après son ascension (Weisse) ; ses membres de ressuscité étaient dans un état de transformation, et tellement délicats que tout brusque mouvement aurait pu les léser (Schleiermacher) ; Jésus devait immédiatement remonter auprès de son Père et il ne voulait pas qu'on le retardât (Baur) ; etc., etc. ! Voyez J.-P. Lange, Das Evang. nach Johannes, 3e édit., p. 403. Le contexte (je ne suis pas encore monté...) nous met sur la voie de la véritable explication ; car Jésus lui-même indique, par l’emploi de la particule car, qu'il y a une connexion intime entre le « Ne me touche pas » et les paroles suivantes : celles-ci motivent celles-là. Nous trouvons trois grandes interprétations basées sur ce juste principe. 1° D'après S. Jean Chrysostome, Théodoret, Théophylacte, Euthymius, Érasme, Jansénius, Tolet, etc., Notre-Seigneur aurait interdit à Marie de le toucher, parce que sa chair, désormais glorieuse, ne comportait plus de telles marques de familiarité. « Ne me touche pas comme tu avais coutume de le faire auparavant, car je ne suis pas ressuscité pour vivre familièrement et convivialement avec vous comme autrefois. Si je me manifeste à toi présentement, ce n’est pas parce que j’ai l’intention de demeurer ici avec toi, mais c’est à cause de votre foi et pour votre consolation que le fais ». Tolet, h. l. Ce sentiment nous paraît un peu forcé. L'acte de Marie n'était-il pas plein de respect ? 2° Suarez (In III p. D. Thom., disp. 49, lect. 3), Cornelius a Lap., Maldonat, Patrizi, Bisping, Reischl, donnent un commentaire extrêmement simple, mais qui pourrait bien être, ainsi que s'exprime Jansénius, « plus plausible que vrai », sans compter qu'il n'a aucun représentant parmi les anciens interprètes. Voici quelle serait la pensée de Jésus suivant ces auteurs : Tu as tout le temps de me témoigner ton affection ; car je ne suis pas encore sur le point de remonter au ciel, et j'ai même plus d'un jour à passer sur la terre. Par conséquent, « Tu auras suffisamment de temps pour me toucher souvent avant que je remonte vers mon Père. Ne me touche pas maintenant, ne t’accroche pas à mes pieds, mais va vite vers mes frères » (Maldonat). 3° Une troisième opinion, qu'adoptent beaucoup d'exégètes contemporains, et vers laquelle nous nous sentons porté après l'avoir trouvée de prime-abord assez spécieuse, s'appuie sur le passage suivant de S. Augustin, Traités sur S. Jean, 26, 3 : « A ton avis, je ne suis que ce que tu me vois ; ne me touche pas… Le Christ se laisse toucher par tous ceux qui le touchent bien, sachant qu’il monte au ciel, qu’il demeure en son Père, et qu’il lui soit égal »; et davantage encore sur une parole antérieure de N.-S. Jésus-Christ, 16, 16 « Vous me verrez, parce que je m'en vais auprès du Père ». Le divin Maître supposait alors que pour opérer une union complète entre lui et ses disciples après sa mort, la résurrection ne suffirait pas, mais qu'il faudrait de plus son retour au ciel par l'ascension ; c'est une pensée analogue qu'il exprime à Marie-Madeleine, présentant de nouveau et plus explicitement, l'ascension comme le début, comme la condition nécessaire des rapports intimes, mais d'une autre nature, qu'il aurait avec les siens. Marie « ne savait pas que l'heure du retour définitif de Jésus n'avait point encore sonné ; qu'il lui fallait aller au Père avant de revenir, et que l'intervalle entre la Résurrection et la Pentecôte n'était qu'un état transitoire, où il devait, par ses apparitions et ses disparitions successives, fixer définitivement la foi dans le cœur de ses disciples, et les préparer à sa venue réelle par l'effusion de l'Esprit-Saint. Ne cherche pas à me retenir, dit Jésus, l'heure n'est pas venue de me posséder définitivement ; je ne suis pas encore monté vers mon Père. Madeleine croit à tort que Jésus revient à ses amis pour toujours, et, transportée d'allégresse, elle semble dire que l'ayant retrouvé, elle ne le perdra plus. Or Jésus la tire de son illusion, en lui disant que s'il se montre, il ne reste pas encore, parce qu'il n'est pas allé au Père, d'où il doit faire descendre l'Esprit, qui le ramènera au milieu des siens, mais cette fois pour y rester jusqu'à la fin des siècles ». Le Camus, l. c., p. 603 et 604 ; voyez aussi les commentaires de Luthardt, de Schegg, de Curci, de Westcott, etc. - Je ne suis pas encore monté vers mon Père (beaucoup d'anciens manuscrits omettent « mon »). Quarante jours encore séparaient les deux glorieux mystères de la Résurrection et de l'Ascension. - Mais va vers mes frères. Nom si doux que Jésus daigne donner à ses apôtres, même maintenant qu'il est tout céleste, et même après leur lâche abandon. Cf. Rom. 8, 12 et ss. - Et dis-leur : Je monte... Le temps présent exprime la certitude et la proximité du départ : la terre n'est déjà plus la patrie du divin Ressuscité. - Vers mon Père et votre Père. « L'article n'est pas répété, afin de marquer que le même Dieu est père des chrétiens et de Jésus » (Fouard). Cette conséquence découle d'ailleurs de l'appellation de « frères » : ceux qui se la donnent entre eux ont le même père, quoiqu'il s'agisse évidemment ici de paternités bien distinctes. « Le Sauveur ne dit pas : notre Père. Il est le mien d'une manière, il est le vôtre d'une autre ; il est le mien par nature, il est le vôtre par sa grâce ». S. Aug., Traités sur S. Jean, 121, 3. - Vers mon Dieu et votre Dieu. C'est seulement en tant que Verbe fait chair que Jésus-Christ peut dire : Mon Dieu. Dans les épîtres de S. Paul on trouve assez souvent associés ces deux titres : « le Dieu et Père de N.-S. Jésus-Christ. » Cf. Rom. 15, 6 ; 2 Cor. 1, 3 ; 11, 31 ; Eph. 1, 3, etc.
Catéchisme de l'Église catholique
Si Pierre a pu reconnaître le caractère transcendant de la filiation divine de Jésus Messie, c’est que celui-ci l’a nettement laissé entendre. Devant le Sanhédrin, à la demande de ses accusateurs : " Tu es donc le Fils de Dieu ", Jésus a répondu : " Vous le dites bien, je le suis " (Lc 22, 70 ; cf. Mt 26, 64 ; Mc 14, 61). Bien avant déjà, Il s’est désigné comme " le Fils " qui connaît le Père (cf. Mt 11, 27 ; 21, 37-38), qui est distinct des " serviteurs " que Dieu a auparavant envoyés à son peuple (cf. Mt 21, 34-36), supérieur aux anges eux-mêmes (cf. Mt 24, 36). Il a distingué sa filiation de celle de ses disciples en ne disant jamais " notre Père " (cf. Mt 5, 48 ; 6, 8 ; 7, 21 ; Lc 11, 13) sauf pour leur ordonner " vous donc priez ainsi : Notre Père " (Mt 6, 9) ; et il a souligné cette distinction : " Mon Père et votre Père " (Jn 20, 17).

Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine : " Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu " (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.

Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher (cf. Lc 24, 39 ; Jn 20, 27) et le partage du repas (cf. Lc 24, 30. 41-43 ; Jn 21, 9. 13-15). Il les invite par là à reconnaître qu’il n’est pas un esprit (cf. Lc 24, 39) mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été martyrisé et crucifié puisqu’il porte encore les traces de sa passion (cf. Lc 24, 40 ; Jn 20, 20. 27). Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles d’un corps glorieux : il n’est plus situé dans l’espace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut (cf. Mt 28, 9. 16-17 ; Lc 24, 15. 36 ; Jn 20, 14. 19. 26 ; 21, 4) car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et n’appartient plus qu’au domaine divin du Père (cf. Jn 20, 17). Pour cette raison aussi Jésus ressuscité est souverainement libre d’apparaître comme il veut : sous l’apparence d’un jardinier (cf. Jn 20, 14-15) ou " sous d’autres traits " (Mc 16, 12) que ceux qui étaient familiers aux disciples, et cela pour susciter leur foi (cf. Jn 20, 14. 16 ; 21, 4. 7).