Jean 20, 24
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
2545. Après avoir parlé de l'apparition du Sauveur, l'Évangéliste traite à présent du doute d'un disciple. Il mentionne d'abord l'absence du disciple, puis l'annonce qui lui est faite [n° 2548], enfin son doute obstiné [n° 2549].
2546. Le disciple absent est présenté d'abord par son nom, THOMAS, qui signifie « abîme » ou « jumeau ». Or il y a deux choses dans l'abîme : la profondeur et l'obscurité. Thomas est donc abîme en raison de l'obscurité de l'incroyance qu'il porte en lui, et il est aussi abîme en raison de la profondeur de la miséricorde qu'il reçoit du Christ. Il est dit à ce propos dans le psaumeL'abîme de la profondeur, c'est-à-dire le Christ, appelle, en faisant miséricorde, l'abîme de l'obscurité, c'est-à-dire Thomas ; et l'abîme de l'obstination, Thomas, appelle en confessant [sa foi] l'abîme de la profondeur, le Christ.
Le disciple est ensuite décrit par sa dignité, UN DES DOUZE, c'est-à-dire des douze Apôtres, non qu'alors ils aient été douze, puisque Judas avait déjà péri, mais parce qu'il avait été choisi pour cette dignité que Dieu avait scellée du nombre douze - Il en choisit douze qu'il appela Apôtres. Et le Seigneur a toujours voulu que ce nombre demeurât intègre.
Enfin par la signification de son nom, APPELÉ DIDYME. Thomas, en effet, est un nom syrien ou hébraïque qui a deux significations : « jumeau » et « abîme ». Jumeau (geminus en latin) se dit Didymus en grec et donc, parce que Jean écrivit son Évangile en grec, il a écrit DIDYME. Et Thomas est appelé « jumeau » parce qu'il fut peut-être de la tribu de Benjamin dans laquelle certains, voire même tous, étaient appelés jumeaux. Ou bien cela peut se référer à son doute, car celui qui est certain se tient ferme d'un côté, mais celui qui doute choisit un côté en ayant peur de l'autre.
2547. Ce Thomas donc, N'ÉTAIT PAS AVEC EUX, à savoir les disciples, QUAND JÉSUS VINT : en effet, il revint plus tard que les autres qui étaient dispersés durant le jour, et il perdit ainsi la consolation de la vision du Seigneur, la bonne parole de la paix et le souffle de l'Esprit Saint. Nous apprenons par là que nous ne devons pas nous séparer de la communauté - Ne désertez pas notre assemblée, comme certains en ont la coutume. Mais comme le dit Grégoire, ce n'est pas arrivé par hasard, mais en vertu de la volonté divine, qu'un disciple choisi fût alors absent ; et ce fut selon l'économie de la miséricorde divine, c'est-à-dire pour que le disciple qui doutait, en palpant les blessures de la chair de son maître, guérît en nous les blessures de l'incroyance.
En cela apparaissent donc les signes les plus éclatants de la très grande miséricorde de Dieu. Premièrement, parce qu'il aime tellement le genre humain que parfois il permet que certaines tribulations arrivent à ses élus, afin que de là en résulte un bien pour le genre humain. C'est pour cela en effet qu'il a permis que les apôtres, les prophètes et les saints soient affligés - C'est pourquoi je les ai frappés par mes prophètes, je les ai tués par les paroles de ma bouche. - Si nous sommes dans la tribulation, c'est pour votre encouragement et votre salut ; si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation ; si nous sommes encouragés, c'est pour votre encouragement et votre salut qui s'accomplit par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous supportons.
Mais, et c'est plus admirable encore, il permet qu'un saint tombe dans le péché pour nous instruire. Pourquoi, en effet, a-t-il permis que des saints et des hommes justes aient gravement péché, comme David, qui fut adultère et homicide, si ce n'est pour que, instruits de ces exemples, nous soyons plus prudents et plus humbles ? Afin que celui qui estime tenir debout prenne garde de ne pas tomber et que celui qui est tombé s'efforce de se relever. C'est pourquoi Ambroise disait à l'empereur Théodose : « Tu as suivi en errant, efforce-toi de poursuivre en faisant pénitence. » Ainsi, comme le dit Grégoire, l'incroyance de Thomas a été plus utile à notre foi que la foi des disciples croyants.
2548. Parce que Thomas n'était pas venu aussitôt, LES AUTRES DISCIPLES LUI DIRENT DONC : « NOUS AVONS VU LE SEIGNEUR. » Et c'est bien selon l'ordre de la sagesse divine (ordinatione divina), que ce que l'un a reçu de Dieu, il le communique aux autres - Que chacun mette au service des autres la grâce qu’il a reçue. - Ce que j'ai entendu du Seigneur des armées, du Dieu d'Israël, je vous l'ai annoncé. -J'ai vu le Seigneur et j'ai eu la vie sauve.
2549. Là l'Évangéliste expose le doute obstiné de Thomas. Certes, Thomas pourrait avoir été assez excusable de n'avoir pas cru tout de suite, car, comme le dit l'Ecclésiastique, Celui qui croit trop facilement est léger de cœur. Mais tant investiguer, surtout lorsqu'il s'agit des secrets de Dieu, relève d'un esprit très grossier - De même que celui qui mange beaucoup de miel ne s'en porte pas bien, ainsi celui qui scrute la majesté sera écrasé par la gloire. - Ne recherche pas ce qui est plus élevé que toi et ne scrute pas ce qui est plus fort que toi. Mais médite toujours ce que Dieu a prescrit et ne sois pas curieux au sujet de ses œuvres.
2550. Au sujet de Thomas, il faut considérer qu'il fut résistant dans sa foi et irréfléchi dans sa demande. Résistant, certes, car il n'a voulu croire que grâce à une preuve sensible, et pas seulement d'un seul sens mais de deux : la vue - car SI JE NE VOIS PAS DANS SES MAINS LA MARQUE DES CLOUS - et le toucher - ET SI JE NE METS PAS MA MAIN DANS SON CÔTÉ, JE NE CROIRAI PAS. Et il manque vraiment de réflexion, car il demandait à voir les blessures pour confirmer sa foi, alors qu'il voyait plus, à savoir le relèvement de tout l'homme ressuscité.
Et bien que Thomas ait dit cela à cause de son doute, cela advint cependant de manière divine pour notre utilité et notre édification. Il est certain, en effet, que celui qui refit pleinement l'homme en ressuscitant aurait pu aussi faire disparaître les cicatrices des blessures ; mais celles-ci ont été gardées pour notre utilité.
B. L'APPARITION AUX APÔTRES, THOMAS ÉTANT PRÉSENT
2551. On traite ici de la seconde apparition du Seigneur, où il apparut à tous les disciples, Thomas étant présent. L'Évangéliste montre d'abord l'apparition du Christ, puis la confirmation accordée au disciple [n° 2555] ; enfin est récapitulé tout ce qui a été dit dans l'Évangile [n° 2567].
2546. Le disciple absent est présenté d'abord par son nom, THOMAS, qui signifie « abîme » ou « jumeau ». Or il y a deux choses dans l'abîme : la profondeur et l'obscurité. Thomas est donc abîme en raison de l'obscurité de l'incroyance qu'il porte en lui, et il est aussi abîme en raison de la profondeur de la miséricorde qu'il reçoit du Christ. Il est dit à ce propos dans le psaumeL'abîme de la profondeur, c'est-à-dire le Christ, appelle, en faisant miséricorde, l'abîme de l'obscurité, c'est-à-dire Thomas ; et l'abîme de l'obstination, Thomas, appelle en confessant [sa foi] l'abîme de la profondeur, le Christ.
Le disciple est ensuite décrit par sa dignité, UN DES DOUZE, c'est-à-dire des douze Apôtres, non qu'alors ils aient été douze, puisque Judas avait déjà péri, mais parce qu'il avait été choisi pour cette dignité que Dieu avait scellée du nombre douze - Il en choisit douze qu'il appela Apôtres. Et le Seigneur a toujours voulu que ce nombre demeurât intègre.
Enfin par la signification de son nom, APPELÉ DIDYME. Thomas, en effet, est un nom syrien ou hébraïque qui a deux significations : « jumeau » et « abîme ». Jumeau (geminus en latin) se dit Didymus en grec et donc, parce que Jean écrivit son Évangile en grec, il a écrit DIDYME. Et Thomas est appelé « jumeau » parce qu'il fut peut-être de la tribu de Benjamin dans laquelle certains, voire même tous, étaient appelés jumeaux. Ou bien cela peut se référer à son doute, car celui qui est certain se tient ferme d'un côté, mais celui qui doute choisit un côté en ayant peur de l'autre.
2547. Ce Thomas donc, N'ÉTAIT PAS AVEC EUX, à savoir les disciples, QUAND JÉSUS VINT : en effet, il revint plus tard que les autres qui étaient dispersés durant le jour, et il perdit ainsi la consolation de la vision du Seigneur, la bonne parole de la paix et le souffle de l'Esprit Saint. Nous apprenons par là que nous ne devons pas nous séparer de la communauté - Ne désertez pas notre assemblée, comme certains en ont la coutume. Mais comme le dit Grégoire, ce n'est pas arrivé par hasard, mais en vertu de la volonté divine, qu'un disciple choisi fût alors absent ; et ce fut selon l'économie de la miséricorde divine, c'est-à-dire pour que le disciple qui doutait, en palpant les blessures de la chair de son maître, guérît en nous les blessures de l'incroyance.
En cela apparaissent donc les signes les plus éclatants de la très grande miséricorde de Dieu. Premièrement, parce qu'il aime tellement le genre humain que parfois il permet que certaines tribulations arrivent à ses élus, afin que de là en résulte un bien pour le genre humain. C'est pour cela en effet qu'il a permis que les apôtres, les prophètes et les saints soient affligés - C'est pourquoi je les ai frappés par mes prophètes, je les ai tués par les paroles de ma bouche. - Si nous sommes dans la tribulation, c'est pour votre encouragement et votre salut ; si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation ; si nous sommes encouragés, c'est pour votre encouragement et votre salut qui s'accomplit par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous supportons.
Mais, et c'est plus admirable encore, il permet qu'un saint tombe dans le péché pour nous instruire. Pourquoi, en effet, a-t-il permis que des saints et des hommes justes aient gravement péché, comme David, qui fut adultère et homicide, si ce n'est pour que, instruits de ces exemples, nous soyons plus prudents et plus humbles ? Afin que celui qui estime tenir debout prenne garde de ne pas tomber et que celui qui est tombé s'efforce de se relever. C'est pourquoi Ambroise disait à l'empereur Théodose : « Tu as suivi en errant, efforce-toi de poursuivre en faisant pénitence. » Ainsi, comme le dit Grégoire, l'incroyance de Thomas a été plus utile à notre foi que la foi des disciples croyants.
2548. Parce que Thomas n'était pas venu aussitôt, LES AUTRES DISCIPLES LUI DIRENT DONC : « NOUS AVONS VU LE SEIGNEUR. » Et c'est bien selon l'ordre de la sagesse divine (ordinatione divina), que ce que l'un a reçu de Dieu, il le communique aux autres - Que chacun mette au service des autres la grâce qu’il a reçue. - Ce que j'ai entendu du Seigneur des armées, du Dieu d'Israël, je vous l'ai annoncé. -J'ai vu le Seigneur et j'ai eu la vie sauve.
2549. Là l'Évangéliste expose le doute obstiné de Thomas. Certes, Thomas pourrait avoir été assez excusable de n'avoir pas cru tout de suite, car, comme le dit l'Ecclésiastique, Celui qui croit trop facilement est léger de cœur. Mais tant investiguer, surtout lorsqu'il s'agit des secrets de Dieu, relève d'un esprit très grossier - De même que celui qui mange beaucoup de miel ne s'en porte pas bien, ainsi celui qui scrute la majesté sera écrasé par la gloire. - Ne recherche pas ce qui est plus élevé que toi et ne scrute pas ce qui est plus fort que toi. Mais médite toujours ce que Dieu a prescrit et ne sois pas curieux au sujet de ses œuvres.
2550. Au sujet de Thomas, il faut considérer qu'il fut résistant dans sa foi et irréfléchi dans sa demande. Résistant, certes, car il n'a voulu croire que grâce à une preuve sensible, et pas seulement d'un seul sens mais de deux : la vue - car SI JE NE VOIS PAS DANS SES MAINS LA MARQUE DES CLOUS - et le toucher - ET SI JE NE METS PAS MA MAIN DANS SON CÔTÉ, JE NE CROIRAI PAS. Et il manque vraiment de réflexion, car il demandait à voir les blessures pour confirmer sa foi, alors qu'il voyait plus, à savoir le relèvement de tout l'homme ressuscité.
Et bien que Thomas ait dit cela à cause de son doute, cela advint cependant de manière divine pour notre utilité et notre édification. Il est certain, en effet, que celui qui refit pleinement l'homme en ressuscitant aurait pu aussi faire disparaître les cicatrices des blessures ; mais celles-ci ont été gardées pour notre utilité.
B. L'APPARITION AUX APÔTRES, THOMAS ÉTANT PRÉSENT
2551. On traite ici de la seconde apparition du Seigneur, où il apparut à tous les disciples, Thomas étant présent. L'Évangéliste montre d'abord l'apparition du Christ, puis la confirmation accordée au disciple [n° 2555] ; enfin est récapitulé tout ce qui a été dit dans l'Évangile [n° 2567].
Or Thomas (formule de transition). C'est la troisième fois que l'apôtre S. Thomas (un des
douze) est nommé dans notre évangile. Cf. 11, 16 ; 14, 5. Il le sera bientôt une quatrième, 21, 2. Sur son
surnom de Didyme, voyez 11, 16 et l'explication. - N'était pas avec eux... Cette absence n'était due peut-être
qu'à un hasard providentiel ; il est possible aussi, comme on l'a conjecturé assez fréquemment de nos jours,
qu'elle provînt du découragement qui aurait envahi l'âme de S. Thomas après la passion de N.-S.
Jésus-Christ. Sombre et mélancolique par nature, il aurait fui la compagnie des apôtres le jour de la
résurrection, pour s'abandonner à ses idées noires dans la solitude.
Même mis devant la réalité de Jésus ressuscité, les disciples doutent encore (cf. Lc 24, 38), tellement la chose leur paraît impossible : ils croient voir un esprit (cf. Lc 24, 39). " Dans leur joie ils ne croient pas encore et demeurent saisis d’étonnement " (Lc 24, 41). Thomas connaîtra la même épreuve du doute (cf. Jn 20, 24-27) et, lors de la dernière apparition en Galilée rapportée par Matthieu, " certains cependant doutèrent " (Mt 28, 17). C’est pourquoi l’hypothèse selon laquelle la résurrection aurait été un " produit " de la foi (ou de la crédulité) des apôtres est sans consistance. Bien au contraire, leur foi dans la Résurrection est née – sous l’action de la grâce divine – de l’expérience directe de la réalité de Jésus ressuscité.