Jean 20, 8
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Alors... Septième et dernière circonstance de ce petit drame. S. Jean pénètre à son tour
dans la chambre sépulcrale (cette fois l’autre est omis à tort par la Vulgate. Cf. vv. 2, 4). - Il vit : il put
constater à son tour les faits exposés dans les vv. 6 et 7. - Et il crut. Il crut que Jésus était vraiment ressuscité
(S. Jean Chrysost., Euthymius, et la plupart des commentateurs), car il avait trois preuves indiscutables : la
pierre descellée, le tombeau vide, les linges mortuaires soigneusement mis à part. Selon d'autres, la croyance
de S. Jean aurait porté sur le caractère messianique du Sauveur (Cf. 19, 35) ; ou même simplement, suivant
une troisième opinion qui affaiblit singulièrement la pensée, sur la vérité de la nouvelle annoncée par
Marie-Madeleine, v. 2 (S. Augustin, Théophylacte, Erasme, Jansénius, etc). - Après de longues années le
narrateur se souvenait très vivement encore de cet instant décisif. Plusieurs interprètes ont supposé que
l'emploi du singulier (il crut) exclut positivement S. Pierre, car, dit l'un d'eux (Tolet, h. l.), « Si Pierre avait
cru alors, Jean ne se serait certes pas rendu à lui seul le témoignage de la foi » et ils ajoutent que le contexte
confirme leur hypothèse, puisque, aux vv. 9 et 10, nous retrouvons les deux apôtres associés de nouveau,
après cette formule qui semblait momentanément les séparer. Mais il est mieux de dire que S. Jean, en
parlant comme il l'a fait, ne songeait nullement à nier le caractère immédiat de la foi de S. Pierre ; il laisse un
instant son ami à l'arrière-plan, pour insister davantage sur ses impressions personnelles, sur son expérience
intime, et pour raconter à quelle occasion sa foi en Jésus était devenue parfaite. Cf. Luc. 24, 12, où l'on nous
montre S. Pierre, s'en retournant du tombeau : « Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé » ;
or « ses réflexions n'étaient point des pensées de doute, c'était une méditation pleine de foi sur un phénomène
surprenant et mystérieux ». Schegg, h. l.
La connexion entre la vision et l’écoute, comme organes de connaissance de la foi, apparaît avec la plus grande clarté dans l’Évangile de Jean. Selon le quatrième Évangile, croire c’est écouter et, en même temps, voir. L’écoute de la foi advient selon la forme de connaissance qui caractérise l’amour : c’est une écoute personnelle, qui distingue la voix et reconnaît celle du Bon Pasteur (cf. Jn 10, 3-5) ; une écoute qui requiert la sequela, comme cela se passe avec les premiers disciples qui, « entendirent ses paroles et suivirent Jésus » (Jn 1, 37). D’autre part, la foi est liée aussi à la vision. Parfois, la vision des signes de Jésus précède la foi, comme avec les juifs qui, après la résurrection de Lazare, « avaient vu ce qu’il avait fait, crurent en lui » (Jn 11, 45). D’autres fois, c’est la foi qui conduit à une vision plus profonde : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Enfin, croire et voir s’entrecroisent : « Qui croit en moi (…) croit en celui qui m’a envoyé ; et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » (Jn 12, 44-45). Grâce à cette union avec l’écoute, la vision devient un engagement à la suite du Christ, et la foi apparaît comme une marche du regard, dans lequel les yeux s’habituent à voir en profondeur. Et ainsi, le matin de Pâques, on passe de Jean qui, étant encore dans l’obscurité devant le tombeau vide, « vit et crut » (Jn 20, 8) ; à Marie de Magdala qui, désormais, voit Jésus (cf. Jn 20, 14) et veut le retenir, mais est invitée à le contempler dans sa marche vers le Père ; jusqu’à la pleine confession de la même Marie de Magdala devant les disciples : « j’ai vu le Seigneur ! » (cf. Jn 20, 18).