Jean 21, 1

Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Saint Thomas d'Aquin
LA TROISIÈME APPARITION DU CHRIST À SES DISCIPLES

2569. Ayant relaté les deux premières apparitions du Christ à ses disciples, l'Évangéliste rapporte ici la troisième apparition.

Et si nous regardons bien l'ordre et la fin de ces apparitions, il apparaît que, dans la première, il manifeste l'autorité de sa divinité en leur insufflant l'Esprit Saint ; dans la seconde, il révèle l'identité de sa personne en leur montrant ses cicatrices ; dans la troisième, il manifeste la vérité de sa Résurrection en mangeant avec eux.

Cette dernière partie se divise en deux ; en premier lieu l'Évangéliste montre ce que le Seigneur révéla de manière générale à plusieurs de ses disciples, puis en second lieu ce qu'il confia en particulier aux deux disciples qu'il aimait d'un amour de prédilection [n° 2614].

CE QUE LE CHRIST RÉVÉLA DE MANIÈRE GÉNÉRALE À SES DISCIPLES

Concernant cette première partie, il présente d'abord l'apparition elle-même, puis rapporte la manière dont elle se déroula [n° 2574], et enfin il donne une conclusion [n° 2613].

Il présente l'apparition sous trois aspects : le moment, le mode [n° 2572] et le lieu de l'apparition [n° 2573].

a) Le moment de l’apparition.

2570. Le moment, en effet, puisque l'Évangéliste dit APRÈS CELA (postea), c'est-à-dire après les événements déjà rapportés. Et il le dit à dessein parce que, comme nous l'avons dit, le Christ ne se trouvait pas continuellement avec ses disciples mais leur apparaissait à certains moments. La raison en est qu'il n'était pas ressuscité pour la même vie mais pour la vie glorieuse, celle où sont les anges et où seront les bienheureux - Excepté les dieux, c'est-à-dire les anges, qui ne vivent pas avec les hommes.

2571. Mais pourquoi l'Évangéliste ajoute-t-il ici ce récit après avoir plus haut donné une conclusion en disant : Ces choses ont été écrites ? À cela Augustin attribue une raison mystique : par cette apparition est signifiée la gloire de la vie à venir, où [le Christ] nous apparaîtra tel qu'il est. C'est pourquoi il a placé cette [apparition] après la fin, pour rendre plus évident le lieu où [le Christ] donnerait à percevoir cette [gloire].

b) Le mode de l’apparition.

2572. La manière dont Jésus apparut nous est donnée ici. C'est en effet le propre d'un corps glorieux, dans sa nature et sa puissance, de pouvoir comme il le veut se rendre visible et invisible à un corps non glorieux. C'est pourquoi il est dit : JÉSUS SE MANIFESTA, c'est-à-dire se rendit visible. On appelle encore cela « apparaître » ou, ce qui revient au même, « se manifester », comme on le lit dans les Actes des Apôtres : leur apparaissant pendant quarante jours. Car, comme le dit Ambroise , apparaît celui qui a le pouvoir d'être visible et invisible.

c) Le lieu de l’apparition.

2573. L'Évangéliste mentionne le lieu de l'apparition, PRÈS DE LA MER DE TIBÉRIADE, qui est la mer de Galilée, nommée ainsi à cause de la province de Galilée, mais appelée aussi de Tibériade en raison de la cité édifiée en l'honneur de Tibère César. En précisant cela, l'Évangéliste veut d'abord indiquer que la promesse faite aux disciples - Il vous précédera en Galilée - a été accomplie ; et encore, que le Seigneur avait bien chassé du cœur de ses disciples la crainte, afin qu'ils ne demeurent plus désormais enfermés dans leur maison mais avancent au loin, jusqu'à la Galilée.
Louis-Claude Fillion
Après cela : formule de transition familière à S. Jean. Cf. 5, 1 ; 6, 1 ; 7, 1, etc. Nous avons dit plus haut que lorsque le pronom y est mis au pluriel, elle dénote une succession moins immédiate des événements. - Jésus se manifesta. Autre expression aimée de S. Jean. Cf. v. 14 ; 7, 4, etc. Au chap. 2, v. 11, elle indiquait la manifestation du Messie par son premier miracle ; ici, c'est le dernier prodige qui est raconté. Jésus ressuscité n'était vu que de ceux auxquels il consentait à se montrer ; sans une faveur spéciale, le regard humain eût été impuissant pour l'apercevoir : il fallait donc qu'il daignât « se manifester ». Le mot est fort bien choisi. Cf. Marc. 16, 12, 14 ; Luc. 24, 34 ; Act. 13, 31 ; 1 Cor. 15, 5-8. - De nouveau. Allusion aux apparitions antérieures, 20, 19, 26. - À ses disciples. Cette fois, nous trouvons les disciples en Galilée, conformément à l'invitation de leur Maître (Matth. 26, 52 ; 28, 10). Ils durent quitter Jérusalem quelque temps après l'octave de la Pâque. Cf. 20, 26 et ss. Il est remarquable que S. Jean n'a écrit qu'une fois, 13, 16, le mot « apôtre » ; « disciple » est son nom favori pour désigner les amis de Jésus. - Près de (dans le grec, au-dessus de ; c'est-à-dire, sur la rive qui est plus élevée que le niveau des eaux) la mer de Tibériade. Au sujet de cette dénomination propre à S. Jean, voyez 6, 1 et le commentaire. S. Matthieu expose seulement les apparitions de Jésus en Galilée après sa résurrection ; dans S. Marc et S. Luc il n'est question que des apparitions de Jérusalem ; S. Jean a des unes et des autres. - Il se manifesta ainsi... Répétition solennelle, qui est bien dans le genre de notre narrateur. Le « ainsi » introduit le récit d'une manière pittoresque, et rappelle le passage 4, 6.