Jean 21, 11
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Pierre avait plus d'ardeur, et il met plus d'empressement à venir à Jésus-Christ: «Simon-Pierre ayant entendu que c'était le Seigneur, se ceignit de sa tunique (car il était nu) », etc.
Les autres disciples suivaient Pierre: «Ils lui dirent: Nous y allons aussi avec vous»; car ils ne formaient tous qu'une seule société, et voulaient tous ensemble être témoins de la pêche: «Ils s'en allèrent donc, et montèrent dans la barque». Ils péchaient pendant la nuit, parce qu'ils étaient encore dominés par la crainte des Juifs
Saint Jean dit: «Après cela», parce que Notre-Seigneur ne restait pas continuellement avec ses disciples comme auparavant. Il se sert de cette expression: «Il se manifesta», parce que ses disciples n'auraient pu le voir, s'il n'avait consenti à se rendre visible par un effet de sa bonté, puisque son corps était incorruptible. Il fait mention expresse de l'endroit où il leur apparut, pour nous montrer que le Sauveur avait diminué de beaucoup leurs craintes, puisqu'ils s'éloignent à une assez grande distance de leur demeure. En effet, ils ne restaient plus renfermés, mais ils allaient dans la Galilée, pour éviter tout danger de la part des Juifs.
Comme le Seigneur n'était pas continuellement avec eux, qu'ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit saint, qu'aucune charge ne leur avait été confiée, et qu'ils n'avaient pas autre chose à faire, ils se livraient à leurs occupations de pêcheur: «Simon-Pierre et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël, qui était de Cana, en Galilée (qui avait été appelé par Philippe), et les fils de Zébédée (Jacques et Jean), et deux autres de ses disciples se trouvaient ensemble. Simon-Pierre leur dit: «Je vais pêcher».
Tandis qu'ils se fatiguent ainsi avec le regret de ne rien prendre, Jésus leur apparaît: «Mais le matin venu, Jésus parut sur le rivage». Il ne se découvre pas tout d'abord, mais veut auparavant lier conversation avec eux. Il leur parle donc en premier lieu un langage tout humain: «Enfants, n'avez-vous rien à manger ?» Il semble, par cette question, avoir l'intention de leur acheter quelque chose; mais comme il les voit saisis de crainte, il leur donne un signe qui put le faire reconnaître: «Il leur dit: Jetez le filet à droite de la barque, et vous en trouverez», Les miracles se succèdent alors en grand nombre; le premier, c'est qu'ils prennent une quantité énorme de poissons: «Ils le jetèrent et ils ne pouvaient plus le tirer tant il était chargé de poissons». Dans la manière dont ils reconnaissent Jésus-Christ, Pierre et Jean font voir chacun la différence de leur caractère. Le premier était plus ardent, le second d'une intelligence plus élevée, l'un avait plus d'initiative, l'autre plus de discernement; aussi est-il le premier à reconnaître Jésus-Christ: «Le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre: C'est le Seigneur».
Un autre miracle les attendait sur le rivage: «Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils virent des charbons allumés», etc. Notre-Seigneur n'opère plus ici sur une matière préexistante, mais il fait quelque chose de plus merveilleux, il donne l'être à ce qui n'existait pas, et il montre ainsi qu'avant sa passion, c'était par suite d'une mystérieuse économie qu'il faisait ses miracles en se servant d'une matière déjà existante.
Il ne faut point entendre ces paroles dans ce sens, que le pain fut placé sur les charbons, mais voici ce que l'Évangéliste veut dire: «Ils virent des charbons allumés, et un poisson placé dessus, et ils virent du pain».
Les dernières paroles de l'Évangéliste semblaient indiquer la fin de son récit. Cependant il nous raconte encore comment Notre-Seigneur se manifesta près de la mer de Tibériade: «Après cela, Jésus apparut de nouveau près de la mer de Tibériade».
Si les Apôtres avaient agi de la sorte aussitôt la mort de Jésus, et avant sa résurrection, nous aurion s lieu de penser qu'ils cédaient au découragement qui s'emparait de leur âme. Au contraire, c'est après avoir vu Jésus-Christ sorti du tombeau plein de vie; c'est après avoir examiné les traces que les blessures avaient laissées sur son corps, c'est après qu'il leur a donné l'Esprit saint en soufflant sur eux, qu'ils redeviennent ce qu'ils étaient auparavant, pécheurs non d'hommes, mais de poissons. Je réponds donc qu'il ne fut point défendu aux Apôtres de pourvoir à leur subsistance par l'exercice d'un métier légitime, tout en sauvegardant la dignité de leur apostolat, s'ils n'avaient point d'ailleurs d'autres moyens d'existence. En effet, si saint Paul refusa d'user du pouvoir qui lui était commun avec les autres prédicateurs de l'Évangile, et voulut combattre à ses propres frais, pour ne point être un obstacle à la conversion des peuples complètement étrangers au nom de Jésus-Christ, en leur laissant supposer que l'intérêt était le mobile de sa prédication; si cet Apôtre, dont l'éducation avait été tout autre, par suite de ce principe, voulut apprendre un métier qu'il ne connaissait pas, afin qu'en vivant du travail de ses mains, il ne fût à charge à aucun de ceux qu'il enseignait, à combien plus juste titre saint Pierre, qui avait été précédemment pêcheur, pût-il reprendre le métier qu'il savait, si pour le moment il ne trouvait point d'autre ressource pour vivre. On me dira peut-être: Et pourquoi n'en a-t-il point trouvé, lorsque la promesse du Seigneur est formelle: «Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné comme par surcroît».Je réponds que le Seigneur a parfaitement accompli sa promesse, car quel autre a conduit les poissons dans les filets où ils ont été pris? Et très-certainement c'est lui qui permit que la nécessité contraignît ses disciples de retourner à la pêche, parce qu'il voulait les rendre témoins du miracle qu'il se proposait d'opérer.
Dans le sens mystique, cette poche miraculeuse est la figure du mystère qui s'opérera dans l'Eglise lors de la résurrection des morts. C'est à mon avis pour faire ressortir plus clairement ce mystère que saint Jean parait vouloir terminer son Évangile par cette réflexion qui devient comme l'introduction du récit qui va suivre et lui donne ainsi plus d'importance. Ce qui donne un nouveau caractère de vérité à ce sentiment, c'est que le récit évangélique paraissait terminé, et que ce fait est comme le commencement d'un nouveau récit. Les sept disciples qui prirent part à cette pêche sont, par leur nombre de sept, la figure de la fin du temps, dont la révolution s'accomplit dans un espace de sept jours.
Lerivage est comme la fin de la mer et figure la fin du monde. De même que Notre-Seigneur veut nous signifier dans cet endroit ce que sera l'Eglise à la fin du monde; ainsi dans une autre pêche qui a précédé, il a voulu nous figurer l'Eglise telle qu'elle est pendant cette vie. Aussi lors de cette première pêche, Jésus ne se tenait pas sur le rivage, mais montant sur une barque qui était celle de Simon-Pierre, il le pria de s'éloigner du rivage. Dans cette même circonstance, les filets ne sont pas jetés à droite de la barque, pour ne pas signifier les bons seulement, ni à gauche, pour ne pas figurer exclusivement les mauvais, mais indifféremment à droite ou à gauche: «Jetez, dit Jésus, vos filets pour pêcher», ( Lc 5) afin de figurer ainsi le mélange des bons et des mauvais, ici, au contraire, il dit: «Jetez votre filet à la droite de la barque», pour signifier seulement ceux qui se tiendront à la droite, c'est-à-dire, les bons exclusivement. Le Sauveur fit le premier miracle au commencement de sa prédication, et le second après sa résurrection. La première pêche représente le mélange des bons et des mauvais, dont l'Eglise est maintenant composée; et la seconde, les bons seulement, dont elle sera formée, pour l'éternité après la résurrection des morts, qui aura lien à la fin du monde. Ceux qui auront part à la résurrection du la vie (c'est-à-dire, ceux qui seront adroite), et qui sont morts dans les filets du nom chrétien, ne paraîtront que sur le rivage (c'est-à-dire, à la fin du monde après la résurrection). Aussi les disciples ne purent tirer les filets pour verser comme la première fois dans la barque, les poissons qu'ils avaient pris. Ces poissons qui sont pris à la droite de la barque, l'Eglise les conserve cachés dans le sommeil de la paix, comme dans les profondeurs de la mer, jusqu'à ce que le filet soit tiré sur le rivage. Dans la première pêche il y avait deux barques, et dans celle-ci, les disciples étaient à deux cents coudées du rivage; on peut dire que c'est la figure des élus des deux peuples, du peuple de la circoncision et du peuple des Gentils (comprenant chacun le nombre cent).
Dans la première pêche, on ne parle pas du nombre des poissons, et nous y voyons comme un accomplissement de cette prédiction du Roi-prophète: «J'ai voulu annoncer vos oeuvres, leur multitude m'a paru innombrable» ( Ps 39, 6). Ici, au contraire, le nombre est précisé, et il faut en donner la raison. Le nombre qui figure la loi est le nombre dix, à cause du décalogue; mais lorsque la grâce vient s'unir à la loi (c'est-à-dire, l'esprit à la lettre), le nombre sept vient s'ajouter au nombre dix. En effet, le nombre sept est comme le symbole de l'Esprit saint, qui est surtout l'auteur de notre sanctification. Cette sanctification se montre pour la première fois dans le repos du septième jour. ( Gn 2 ) Le prophète Isaïe fait l'éloge de l'Esprit saint, en énumérant ses sept dons ou ses sept opérations, ( Is 11 ) Lors donc qu'au nombre dix de la loi vient s'ajouter le nombre sept, symbole de l'Esprit saint; ces deux nombres réunis forment le nombre dix-sept; si l'on décompose ce nombre en commençant par l'unité et en ajoutant toujours à chacune de ces parties, depuis un jusqu'à dix-sept le nombre additionnel ou arrive au nombre total de cent cinquante-trois.
Il ne faudrait pas conclure de là qu'il n'y aura que cent cinquante-trois saints qui ressusciteront à la vie éternelle, car tous ceux qui ont part à la grâce de l'Esprit saint, sont compris dans ce nombre qui renferme trois fois le nombre cinquante, et de plus le nombre trois, symbole du mystère de la sainte Trinité. Or, le nombre cinquante est le produit du nombre sept multiplié par sept, et auquel on ajoute l'unité. Cette unité indique qu'ils ne doivent faire qu'un. Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste fait la remarque que les poissons étaient grands, car lorsq ue Notre-Seigneur eut dit: «Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir (en donnant l'Esprit saint qui devait la faire accomplir) »; il ajoute un peu plus loin: «Celui qui fera et enseignera sera grand dans le royaume des cieux» ( Mt 5). Lors de la première pêche, le filet se rompait en figure des schismes qui devaient déchirer l'Eglise. Ici, au contraire, comme les schismes seront impossibles dans la paix suprême dont jouiront les saints, l'Évangéliste a dû faire remarquer que, malgré le gra nd nombre et la grosseur des poissons, le filet ne se rompit point. Il semble faire allusion à la première pêche où le filet se rompit, et vouloir faire ressortir par cette comparaison la supériorité de la pèche actuelle.
On peut demander pourquoi Pierre, qui exerçait le métier de pêcheur avant sa conversion, revient à ses filets après sa conversion, alors que la vérité elle-même nous dit: «Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n'est point propre au royaume de Dieu».
Les disciples éprouvèrent de grandes difficultés dans cette pêche, afin qu'à l'arrivée de leur divin Maître, ils fussent remplis d'une grande admiration: «Et cette nuit-là ils ne prirent rien».
Ils purent donc reprendre sans aucune faute après leur conversion, des occupations auxquelles ils se livraient très licitement avant leur conversion. Voilà pourquoi Pierre, après sa conversion retourne à la pêche, mais Matthieu ne reprend point sa place au bureau des impôts, car il est des professions que l'on ne peut absolument, ou sans de grandes difficultés, exercer sans péché. Il faut donc que le coeur véritablement converti se détache complètement de tout ce qui peut l'entraîner au péché.
Mais pourquoi, pendant que ses disciples se consument en efforts au milieu de la mer, Jésus, après sa résurrection, se tient-il sur le rivage, lui qui, avant sa résurrection, marche sur les flots mêmes de la mer pour aller les trouver? La mer est la figure du siècle présent qui se brise au choc de l'agitation des événements et des flots de cette vie corruptible, tandis que la terre ferme du rivage est le symbole de la stabilité du repos éternel. Comme les disciples étaient encore au milieu des flots de cette vie mortelle, ils avaient à supporter les fatigues de la mer, mais notre Rédempteur, qui avait dépouillé la corruption de la chair, se tenait sur le rivage après sa résurrection.
C'est à Pierre qu'a été confié le soin de la sainte Eglise, et c'est à lui spécialement qu'il est dit: «Paissez mes brebis». Ce que le Sauveur lui dira bientôt en termes exprès, il le lui dit maintenant par les faits. C'est Pierre qui tire les poissons sur la terre ferme du rivage, parce que c'est lui qui montre aux fidèles l'éternelle et immuable patrie; c'est ce qu'il a fait par ses paroles, c'est ce qu'il a fait par ses Epîtres, c'est ce qu'il fait encore tous les jours par l'éclat de ses miracles. L'Évangéliste ne se contente pas de nous dire que le filet était plein de poissons, mais il en précise le nombre: «Il était plein de cent cinquante-trois poissons».
Multiplions le nombre sept et dix-sept par trois, et nous trouvons cinquante-un. Or, c'est dans la cinquantième année que tout le peuple se reposait de tout travail. Mais le véritable repos est dans l'unité, car le véritable repos ne peut se trouver au milieu des déchirements produits par la division.
C'est par ce miracle que Jésus, comme en beaucoup d'autres endroits, manifeste sa personne divine. Or, Jean reconnaît le premier le Seigneur, soit à cette pêche miraculeuse, soit au son d'une voix qui lui était connue, soit au souvenir de la première pêche.
Saint Jean dit que Pierre était nu par opposition aux autres vêtements dont il faisait usage. C'est ainsi qu'en voyant un homme couvert d'un simple vêtement, nous lui disons: Pourquoi donc êtes-vous ainsi nu? Ou peut aussi admettre que suivant la coutume des pêcheurs, il s'était dépouillé de tous ses vêtements pour pêcher plus librement.
Suivant sa coutume, l'Évangéliste commence par exposer le fait, puis il raconte la manière dont il eut lieu: «Or, il se manifesta de cette sorte».
Pierre vient à la rencontre de Jésus avec la même ardeur qu'il faisait éclater dans toutes ses actions: «Et il se jeta à la mer; les autres disciples vinrent avec la barque». Il n'est point cependant nécessaire d'entendre que Pierre ait marché sur les flots, il vint trouver Jésus, soit en nageant, soit en marchant dans l'eau, car on était près de la terre. «Car, remarque saint Jean, ils n'étaient pas éloignés de la terre».
Ou bien encore, ces deux cents coudées représentent les deux préceptes de la charité, car c'est par l'amour de Dieu et du prochain que nous approchons de Jésus-Christ. Le poisson rôti est la figure de Jésus-Christ dans sa passion; il a daigné se cacher dans les eaux du genre humain, il s'est laissé prendre dans les filets de notre mortalité; il a été pour nous comme un poisson par son humanité, et il est devenu pour nous un pain en nous fortifiant par sa divinité.
La Glose
Il y a ici une transposition évidente, car nous lisons à la suite: «En tirant le filet rempli de poissons». Voici l'ordre naturel de la phrase: «Les autres disciples vinrent dans la barque, en tirant le filet rempli de poissons, car ils n'étaient pas loin de la terre».
Pierre se ceignit aussitôt, par un sentiment de pudeur; il se ceignit d'un vêtement de lin dont les pêcheurs de la Phénicie et de Tyr s'enveloppent, et dont ils se couvrent, qu'ils aient ou non d'autres vêtements.
Pour leur prouver qu'ils ne sont pas dupe d'une illusion fantastique, il leur commande de lui apporter quelques-uns des poissons qu'ils avaient pris: «Jésus leur dit: Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre». Un troisième miracle fut que le filet ne se rompit point sous l'énorme quantité de poissons qu'il renfermait: «Simon-Pierre monta donc dans la barque, et tira à terre ce filet plein de cent cinquante-trois grands poissons. Et quoiqu'il y en eût un si grand nombre, le filet ne se rompit point».
Tant que dura la nuit, avant le lever du soleil de justice, qui est Jésus-Christ, les prophètes ne purent rien prendre, car bien que leurs efforts n'eussent pour but que la réforme du seul peuple juif, ce peuple ne laissait pas de tomber f réquemment dans l'idolâtrie.
Simon-Pierre
monta dans la barque : Toujours ardent, il est le premier à exécuter les ordres de son Maître. Il monta dans la
barque qui était maintenant amarrée tout auprès du rivage, il en détacha le filet et se mit à le traîner jusqu'à
terre. - Plein de cent cinquante trois gros poissons. Voyez dans notre Atlas d'histoire naturelle de la Bible, pl.
54-56, quelques poissons du lac de Tibériade. La quantité était associée à la qualité. En tirant les poissons du
filet, les apôtres les comptèrent à la manière des pêcheurs, et avec une admiration facile à comprendre, qui
perce à travers le récit. Les anciens auteurs ont aimé à interpréter spirituellement ce chiffre. Ils y ont vu, par
exemple, l'emblème de Dieu et de l’Église, 100 se rapportant aux gentils, 50 aux Juifs, 3 à la sainte Trinité
(Severus, Ammonius, Théophylacte, etc.) ; ou bien, la totalité du monde païen qui devait se convertir à
Jésus-Christ par l'intermédiaire des apôtres et de leurs successeurs. S. Jérôme, qui admet ce second symbole,
l'appuie sur l'idée, reçue alors chez les naturalistes, que toutes les espèces de poissons se ramenaient à 153.
« Ceux qui ont écrit sur la nature et les propriétés des animaux, tant en latin qu’en grec, desquels Oppianus
Cilix est le poète le plus savant, nous parlent des sortes de poissons qui ont tous été capturés par les apôtres,
sans en omettre une », S. Jérôme in Ezech. 47. Les modernes ont fait des applications plus arbitraires encore
prétendant que le chiffre 153 correspond exactement à la valeur numérique des lettres qui formaient le nom
hébreu de S. Pierre : Schimeon (=71) bar (= 22) Iona (=31) Képha ( =29). Voyez Keim, Jesus von Nazara, t.
3, p 564. S. Jean a simplement voulu relever par ce fait la grandeur du prodige. De même par le détail
suivant : « quoiqu'il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu ». C'est un pêcheur qui parle, et il certifie sous
cette forme négative que le filet se serait certainement rompu sans une intervention surnaturelle. Grotius a vu
dans ce détail le « Présage de l’unité admirable de ceux qui seraient rassemblés dans l’Église par le travail
des apôtres » : belle interprétation morale, mais surajoutée au texte.