Jean 21, 18
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
« Après que Pierre a répondu par
trois fois, comme il le devait, qu'il aimait le Seigneur, et après que Jésus lui a confié ses brebis, il lui parle
des souffrances qui l'attendent », disait S. Augustin, Serm. 253, 2, pour marquer l'enchaînement du récit. S.
Pierre a demandé de subir le martyre pour Jésus, 13, 37 ; sa prière sera pleinement exaucée. Aux paroles qui
instituaient le fils de Jean chef suprême de l’Église, Notre-Seigneur en associe d'autres (vv. 18 et 19) qui lui
prédisent la souffrance, et une mort tragique. - En vérité, en vérité... Ici, comme partout ailleurs dans le
quatrième évangile, cette formule caractéristique (voyez la note de 1, 52) sert d'introduction à une idée grave
et importante. - Lorsque tu étais plus jeune... Charmant tableau, dont Jésus emprunte les traits si familiers, si
pittoresques, aux usages ordinaires de la vie, ainsi qu'il aimait à le faire (voyez l'Evang. selon S. Matth. p.
97). C'est ce qu'exprime fort bien Maldonat, h. l. : « Jésus fait sans aucun doute allusion à ce qui a coutume
de distinguer la jeunesse de la vieillesse. Les jeunes sont normalement plus robustes et plus agiles que les
vieux. Ils se suffisent donc à eux-mêmes. Ils n’ont besoin de l’aide de personne pour satisfaire aux besoins
de leur corps. Ils s’habillent eux-mêmes, ils se dévêtent eux-mêmes. Ils font ce qu’ils veulent sans
conducteur, sans guide. Ils sont alertes et dispos. Les vieux, au contraire, à cause de l’âge, de la maladie ou
de la faiblesse, ont besoin de l’aide d’autrui pour se vêtir et se sustenter. C’est la même chose qui arrivera à
Pierre, comme le veut la nature ». S. Pierre se trouvait alors entre ces deux états, d'après le langage même de
Jésus : Quand tu étais plus jeune, quand tu auras vieilli... - Tu mettais ta ceinture toi-même comme font les
Orientaux pour relever leurs amples vêtements, lorsqu'ils veulent travailler, marcher, etc. Voyez notre Atlas
archéologique de la Bible, pl. 1, fig. 4, 5, 7. - Les mots tu allais où tu voulais expriment d'une façon
graphique la liberté d'allures et d'actions dont jouissent les jeunes gens. A cet âge de la vigueur physique et
intellectuelle, on ne dépend à peu près de personne. - Mais lorsque tu seras vieux : Lorsque S. Pierre aura
atteint cet âge de la dépendance universelle, dont les misères sont si spirituellement décrites au livre de
l'Ecclésiaste (12, 1-8. Voyez Laurens, Morceaux choisis de la Bible, Toulouse, 1869, p. 397 et s.). Il suit de
cette parole que Pierre était destiné à une assez longue vie. Cf. 2 Petr. 1, 14 ; S. Augustin et S. Jean
Chrysost., in h. l. - Tu étendras tes mains, et un autre... Autre détail vivant et plastique. Les bras faibles et
raidis d'un vieillard ne lui permettent que difficilement de se ceindre lui-même ; or quand on se fait rendre ce
service par un autre, il est nécessaire d'étendre les mains à quelque distance du corps, pour qu'elles ne soient pas attachées par la ceinture. Mais, les bras étendus offrent précisément l'attitude des condamnés au supplice
de la croix ; aussi est-il très probable, d'après l'interprétation commune des anciens, que Jésus faisait allusion,
par les mots tu étendras tes mains, non à une mort quelconque, mais au supplice que l'apôtre S. Pierre devait
endurer sur la croix. Tertullien, Scorp. 15 : « Pierre sera ceint par un autre quand il sera attaché étroitement à
la croix ». Cf. De Præscript., 35 ; Eusèbe, Hist. eccl., II, 25. De ces textes, il est intéressant de rapprocher
ceux des écrivains classiques, qui signalent « l'action d'étendre les mains » (Artimédon) comme un trait
caractéristique du crucifiement. Sénèque, Consol. ad Marc. 20 : « Ils déploieront les bras sur la partie
transversale de la croix ». Etc. - Et te conduira... Par opposition à tu allais où tu voulais. Du reste, l'antithèse
est parfaitement suivie d'un bout à l'autre de la phrase. - Où tu ne voudras pas c'est-à-dire à une mort cruelle,
qui fait frémir la nature, quelle que soit la générosité du cœur. « Car qui veut mourir ? Sûrement personne »,
S. Aug. Serm. 123, 2. « La mort ne plaît jamais à la chair ; et ne pas vouloir mourir à la chair lui est
apparenté », dit le chanoine Guilliaud d'Autun. Cela a été vrai même pour le Christ, ajoute-t-il. Cf. Marc. 15,
22 (et le commentaire), où l'on voit toute la force du verbe οισει (littéral. : il te portera, te traînera).