Jean 21, 22

Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. »

Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. »
Louis-Claude Fillion
Si je veux... Jésus parle en Seigneur et affirme sa divine volonté. Cf. 17, 24 ; Matth. 8, 3 ; 26, 39, etc. La particule « si » laisse toutefois dans un vague mystérieux les desseins arrêtés du Maître. - Qu’il demeure, une des expressions favorites de S. Jean. Demeurer vivant sur la terre, par opposition à « suivre » au moyen d'une mort plus ou moins prochaine. Cf. 12, 34 ; 1 Cor. 15, 6 ; Phil. 1, 25. - Jusqu'à ce que je vienne... Dans le texte grec, au présent, littéral. : « tandis que je viens » : locution qui désigne moins un point précis de l'avenir, qu'un fait constamment et lentement en voie de s'accomplir (Westcott). La pensée générale de Jésus est très claire : Jean devra demeurer longtemps encore sur la terre ; mais les paroles sont de plus en plus vagues, puisque le Sauveur ne voulait pas révéler son secret à S. Pierre. De là les interprétations multiples des exégètes : Jusqu'à mon second avènement, jusqu'à l'établissement solide de l’Église, jusqu'à la ruine de Jérusalem, jusqu'à ce que je l'enlève par une douce mort, etc. Il nous paraît préférable de laisser la phrase dans sa généralité : « Jusqu'à mon avènement », quel qu'il soit. - Que t'importe ? Jésus refuse d'en dire davantage sur ce point, qui ne concernait que lui seul. - Toi, suis-moi. Les deux pronoms sont emphatiques, surtout le « moi » qui précède cette fois le verbe, du moins d'après la leçon la plus probable (א, A, B, C, D, Itala, Vulg., etc. ; plus haut, v, 19, Jésus avait dit : « Suis-moi »). Quoi qu'il en soit de ma volonté relativement à ton ami, pour toi tu n'as qu'une chose à faire : Suis-moi. Jésus est le chef suprême ; à lui le soin de distribuer les rôles dans son Église.
Fulcran Vigouroux
Qu’il demeure ainsi : qu’il reste en vie, par opposition à suivre Jésus par le martyre. ― Jusqu’à ce que je vienne… Les chrétiens croyaient que saint Jean vivrait jusqu’à la venue du Christ (saint Théophile). « Cette parole montre bien que le Christ pouvait revenir en Gloire dès la 1re génération chrétienne et que ce n’était pas une erreur de la part des Apôtres d’y avoir cru. Saint Pierre le dit explicitement dans les Actes (voir Actes des Apôtres, 3, 19-21, et note), s’adressant aux Juifs : « Faites donc pénitence et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés, afin que viennent des temps de rafraîchissement de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été prédit, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes, depuis le commencement du monde. (vérifier concordance) » Saint Pierre (Jean ?) montre bien ici que la conversion des Juifs était encore possible au temps des Actes des Apôtres et qu’elle aurait mérité à l’humanité le Retour en Gloire du Christ. CRAMPON dit à ce sujet : « La venue de ces temps heureux dépend de la conversion des hommes : elle est d’autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis (comparer à 2 Pierre, 3, 9). » Ce qui montre que la Parole du Christ à saint Jean peut s’entendre de manière obvie et littérale. Voir Matthieu, 16, 28 et 10, 23, qui annonce pareillement : « En vérité, je vous le dis : Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. » ― Que t’importe ce qui doit arriver à tes frères dans l’apostolat ? Songe à bien remplir la tâche qui t’est assignée. ― Toi, suis-moi : Jésus invite Pierre à le suivre dans sa mort sur la croix. Jésus prédit le crucifiement à Pierre (saint Augustin). Saint Pierre fut en effet crucifié à Rome en l’an 67 la tête en bas. Bien des années après la mort de saint Pierre, saint Jean fit remarquer que la prophétie de Jésus s’était accomplie.
Catéchisme de l'Église catholique
Enfin il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu’il ait un caractère personnel. Si les ministres du Christ agissent en communion, ils agissent toujours aussi de façon personnelle. Chacun est appelé personnellement : " Toi, suis-moi " (Jn 21, 22 ; cf. Mt 4, 19. 21 ; Jn 1, 43) pour être, dans la mission commune, témoin personnel, portant personnellement responsabilité devant Celui qui donne la mission, agissant " en Sa personne " et pour des personnes : " Je te baptise au nom du Père... " ; " Je te pardonne... ".